Chapitre XIX : Arès - Partie 1/3
Arès se redressa, s'asseyant sur son lit. Il faisait intérieurement le bilan de tout ce qui s'était déroulé durant ses cinquante années d'emprisonnement. Tout ce qu'il avait raté, par la faute de la comtesse de Kergianov et des deux Messagers. Certes, Jupiter l'avait tenu au courant des agissements du Ministère, lors de chacune de ses visites mensuelles, mais il n'avait jamais eu la véritable carrure d'un chef de clan. Il n'avait jamais été qu'un pion. Mais, dans un peu moins d'un an, la peine d'Apophis toucherait à sa fin. Et ce serait le retour, au complet, du clan de Satan au Ministère.
Arès était enfermé dans la prison depuis 2024 et, en ce début de 2031, cela faisait aujourd'hui sept années entières qu'il se trouvait entre ces quatre murs. Certes, cela aurait pu être bien pire s'il s'était trouvé dans une cellule humaine. Les créatures avaient l'avantage de suffisamment respecter les leurs pour leur offrir un certain confort, même lorsqu'ils avaient été condamnés. La pièce dans laquelle il était retenu faisait une petite dizaine de mètres carré. La porte blindée se situait sur un des murs et, à l'opposé, se trouvait un lit une personne. Contre le mur sur lequel était la porte, une petite douche et des toilettes permettaient d'avoir un minimum d'intimité, puisqu'elles n'étaient pas visibles depuis la fenêtre. Au bout du lit, devant une fenêtre avec des barreaux très serrés était située une table avec une chaise, qui lui permettait de se poser pour lire ou manger. Les murs de pierres gris clair étaient maintenus vierges par la créature, qui ne voulait pas reproduire dans cette cellule son lieu de vie.
Le bruit du verrou se déclencha, le faisant légèrement sursauter et il leva les yeux vers la porte pour entrevoir sa geôlière.
- Arès ! Une visite pour toi. Ton chef de clan est là. Tends tes mains, que je te ligote.
- Comme si je ne connaissais pas la procédure, Zénona.
Il obtempéra, laissant la femme passer autour de ses poignets les menottes. Il ne savait à rien de tenter quoi que ce soit contre elle, il le savait très bien. Même s'il parvenait à la maitriser, il ne pourrait pas sortir du château Thorsen. Thorsen. Rien que le fait d'être emprisonné dans le château au nom de cette famille ennemie l'agaçait profondément. A l'époque où il avait dû faire sa cérémonie de passage, dans ce même domaine, ce nom n'avait pas eu la même incidence sur lui. En 1830, il était bien différent qu'aujourd'hui.
Avec sa geôlière, ils descendirent du quatrième étage du château pour se rendre au troisième. Ce dernier étage était entièrement dévoué aux chambres des prisonniers, et le deuxième comportait à la fois les salles d'audience, où les détenus pouvaient recevoir de la visite, les cuisines, ainsi que de nombreuses pièces utiles au bon fonctionnement du lieu. Quant au premier étage, il servait de logement aux gardiens et à ceux qui géraient le lieu ainsi que le Ministère, qui, au nombre soixante-dix, venaient des vingt clans existant. Tout comme dans la salle de réception du rez-de-chaussée, inspirée de la mode de Versailles, le carrelage des étages était d'un blanc immaculé, exactement comme le plafond et les moulures qui s'y trouvaient, et les murs en pierres gris clair. De très grandes fenêtres étaient présentes et, malgré les barreaux, elles permettaient la diffusion d'une lumière agréable toute l'année.
Jupiter attendait, comme chaque mois, dans une des salles de visite du château Thorsen. Il n'aimait pas se trouver là, auprès d'Arès, comme cela ne lui plaisait pas de voir Apophis et Aphrodite. Même si la créature noire était bien mieux éduquée, elle n'en restait pas moins dangereuse et dominante. Ne sachant que faire en l'attendant, il leva les yeux autour de lui, décortiquant les moulures qui se trouvaient au plafond, représentants les emblèmes des différents clans ayant existé jusqu'à présent. Le castor de Satan trônait parmi elles, aux côtés de l'ours des Thorsen et du loup des Kergianov ou encore de l'araignée de l'ancien clan Aken, dont il avait, à une époque, fait partie, avant de rejoindre Satan.
Alors que la porte s'entrouvrait sur Zénona, Jupiter se leva pour accueillir Arès, lui tirant une chaise et attendit que la femme referme pour entamer la conversation.
- Arès, je suis ravi de constater que tu es toujours en pleine forme.
- Cesse tes élucubrations, Jupiter ! Quelles sont les nouveautés au Ministère ?
- Il semblerait, de ce que j'ai pu voir, que la comtesse de Kergianov soit fâchée avec son époux.
- Tu crois ou tu en es sûr ?
- Il me semble. Enfin, mais comment pourrais-je être certain de cela ?
- Je ne sais pas, en utilisant ton intellect, par exemple... Ce n'est pas compliqué à voir, ce genre de choses ! Bon... et sinon ? Des nouvelles de la nièce de Satan ?
- Elle grandit...
Lorsqu'Arès leva une nouvelle fois les yeux au ciel, Jupiter vit bien qu'il était énervé, mais ne savait que lui dire pour lui faire plaisir. Il n'avait jamais été doué pour observer les gens. Lui, son domaine, c'était la poésie créaturienne et les nouvelles technologies. Il avait été choisi par Apophis uniquement parce qu'il était assez malléable pour le remplacer dans ce travail sans risquer de prendre les rênes du clan.
- Bon, alors ? Tu rêves ou quoi ?
- Je pense qu'elle sera bientôt récupérable pour notre clan, Arès.
- Très bien, cette enfant sera fort utile à Apophis.
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