Chapitre XI : Découverte - Partie 2/3

- Bordel !

Orlando manqua de tomber de l'échelle, qu'il dévala à la hâte, tandis qu'il venait de voir un inconnu dans la pénombre de son grenier. Par réflexe, conditionné par les risques qu'encourait son épouse depuis qu'ils se connaissaient, il saisit un couteau qui se trouvait dans la cuisine et hurla :

- Descendez !

La personne obéit et, lorsqu'elle fut sur l'échelle, l'homme hurla davantage. Ce n'était pas possible, celui qu'il avait devant les yeux était censé être mort. Il entendit la porte d'entrée de la maison s'ouvrir avec fracas, et les voix de Rama et Wladimir.

- Que se passe...

Le musicien ne finit pas sa phrase. Debout, dans le couloir qui menait à l'espace nuit, se trouvait Hermès, menacé par Orlando. Et le demi-frère de Marie B semblait aux proies du même instinct dévastateur que la femme. Il saisit avec précipitation Orlando pour l'attirer vers eux et le mettre à l'abri du jeune homme. Malgré les quelques secondes qui s'écoulèrent, les deux créatures comprirent immédiatement qu'Hermès était potentiellement dangereux, et ne savait pas plus que Marie B contrôler son instinct.

- Calme-toi, jeune homme, murmura Wladimir. Nous ne te ferons aucun mal.

- C'est quoi ce bordel ?, hurla Orlando.

- On se calme, tout le monde se calme !, ordonna Rama. Il n'est pas dans son état normal. Il peut craquer à n'importe quel moment.


Hermès regardait les trois personnes, paniqué et dominé par son instinct. Il avait peur, peur qu'ils ne le tuent. Sa survie dépendait de son aptitude au combat. Il fondit sur eux.

- Stop !

La voix de sa demi-sœur, qui s'était élancée entre lui et les créatures et l'humain, l'arrêta. Haletant, il la regardait. Il ne comprenait pas. Elle lui avait dit qu'il serait en sécurité.

- Calme-toi, Hermès. Je t'en supplie...

De l'hémoglobine barbouillait son visage, et il sentait que, si elle avait peur, elle était également totalement sous domination.

- Ils vont me tuer.

- Non, Hermès. Calme-toi... C'est notre instinct. Ne l'écoute pas...

- Et s'ils me tuent.

- Ils ne le feront pas... Domine-toi, je ne peux pas me contrôler et te contrôler en même temps...


La scène qui se déroulait devant ses yeux était à la limite du traumatisme pour Orlando. Non seulement Hermès n'était pas mort mais, il vivait chez eux et partageait avec son épouse cette chose que Rama avait nommé « instinct », et qui la poussait régulièrement à tout détruire autour d'elle. A moitié hagard, il écouta la conversation entre les deux, n'en comprenant pas un mot, le créaturien lui étant toujours interdit. Sa femme était en mauvais état, ses yeux gris, le sang continuait de s'écouler entre ses lèvres.

- Ecoute-nous...

- Ne m'approchez pas !

Hermès menaçait clairement de s'en prendre à Rama, qui ne bougea pas. Il ne pouvait pas laisser sa sœur d'armes seule avec cette grenade dégoupillée. Il devait la sortir de là.

- Hermès, contrôle-toi...

- J'ai peur...

La femme se plaça devant lui et, lâchant son ventre douloureux, elle posa ses mains sur les joues du jeune homme.

- Nous sommes des Messagers, pas des animaux, tu te souviens ?

- Je n'y arrive pas...

- A deux, nous pouvons tenter...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que son demi-frère tenta de l'esquiver pour frapper Rama, qui s'écarta au dernier moment de la trajectoire de son poing.

- Cassez-vous !

- Nous ne te laisserons pas !, hurla son époux.

Dans un geste de désespoir, avant que son instinct ne prenne totalement le dessus sur elle, elle saisit la table de la cuisine et l'envoya sur ses amis et son mari. Au moins ne seraient-ils pas au cœur de leur combat...


- Orlando, que se passe-t-il ? Marie B est...

Shinji ne finit pas sa phrase. Devant lui, un véritable désastre se présentait. La cuisine avait été quasiment intégralement détruite, la hotte ne tenait plus que par un côté, certains meubles jonchaient le sol en morceaux. Et, au milieu de ce dédale, Marie B, en sang, tenait dans ses bras un homme qu'il reconnut immédiatement comme étant son demi-frère, censé être mort.

Il retint son épouse, qui venait d'arriver et tentait de se précipiter vers eux, et se dirigea vers Orlando.

- Quelqu'un pourrait nous expliquer ?

- Expliquer quoi ?, hurla Orlando. Que Marie B nous a menti ? Qu'Hermès n'est jamais mort ? Qu'il vit ici ? Qu'ils viennent de détruire, sous nos yeux, la cuisine ?

- Calme-toi, jeune homme...

- Ah toi, Wladimir, ne viens pas me chercher ! Vous n'avez pas eu l'air surpris de le voir ! Vous saviez tout, c'est ça ? Et, comme d'habitude, moi, je suis le dernier au courant ?

- Nous avions de forts doutes, mais Marie B n'a pas souhaité nous en parler. Elle a voulu nous protéger...

- Ou le protéger, lui ?, questionna Ho Sang, sortant de sa torpeur.

- Nous sommes dans la pièce, grogna Marie B. Oui, j'ai voulu le protéger, et vous protéger. Tant que vous ne saviez rien, vous n'aviez rien à cacher.

- Ils vont me faire du mal...

- Non, Hermès. Personne ne te veut de mal, ici, le rassura Rama. Mais la situation n'est plus viable, pour ta demi-sœur comme pour toi. Tu vas venir chez moi.

Comme le jeune homme levait des yeux paniqués vers elle, Marie B ajouta :

- Fais-lui confiance, d'accord ? Tout va bien se passer pour toi...

- Et pour toi ?

- Ne t'inquiète pas...

Elle regarda son mari et ses amis. Une discussion s'imposait à eux, elle allait devoir tout leur expliquer. Wladimir bougea les chaises pour les placer dans le salon, et proposa :

- Nous allons tous nous poser et parler calmement, d'accord ?

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