Chapitre XI : Découverte - Partie 1/3
Le Messager soupira en entrant dans sa maison. Elle avait remercié Hélène pour tout, et elles avaient convenu de ne plus jamais se revoir. Elle n'avait plus le temps pour s'occuper uniquement d'elle. Elle monta dans le grenier, aujourd'hui juste rempli des documents créaturiens qu'elle gardait chez elle. A une époque, il avait été le théâtre d'un drame qu'elle n'avait jamais oublié.
- Tu as besoin de notre aide, c'est ça ?
- Oui, Rama. Je veux faire une surprise à Marie B ! Mais je ne vais pas y parvenir tout seul ! Shinji et Ho Sang seront chargés de l'occuper !
- Et c'est quoi, cette surprise ?
- Non, même à toi, je ne le dis pas ! Vous verrez sur place ! Le week-end du vingt novembre, ça vous va ?
- Parfait !
La créature raccrocha et se dirigea vers son salon de tatouages. Il devait exercer son art l'après-midi même, mais n'arrivait pas à se concentrer. Depuis la crise de larmes qu'avait eu sa sœur d'armes lors de la cérémonie de la natalité, qui avait eu lieu un peu plus de deux mois plus tôt, les nerfs de la femme ne s'étaient pas arrangés. Il avait eu plusieurs discussions, mais elle refusait toujours son aide et, malheureusement, Wladimir ne parvenait pas à trancher ce qui, pour le moment, lui liait les poings. Il soupira, ne sachant que faire. En théorie, il devait toujours attendre le feu vert de son frère d'armes mais là, il souhaitait que Marie B goûte au bonheur, loin de son demi-frère.
- J'enrage, je n'arrive pas...
- Je sais, Hermès, je sais. Je suis pareille, je ressens cela en moi et en toi... Respire un bon coup, ça va aller.
Le jeune homme arrêta les exercices de mathématiques sur lesquels il travaillait depuis plusieurs heures pour poser sa main sur celle de sa demi-sœur. Elle savait le calmer et ce, malgré l'instinct qui ne cessait de la harceler. Depuis qu'ils avaient fait le choix d'une étreinte, ils ne s'étaient pas retouchés sexuellement, et les sentiments qu'ils partageaient l'un pour l'autre n'avaient pas changé. Marie B était sa demi-sœur, elle l'acceptait, l'aidait, représentait une fenêtre sur le monde que son grenier et son enfermement ne lui permettaient pas. Grâce à elle, il avait compris qu'une personne sur cette Terre saurait l'aimer comme il était et pour ce qu'il était. Mais, qu'en serait-il des autres ?
- Tu sais, Hermès. Il faudrait peut-être qu'on demande de l'aide. Je sais que tu as peur, mais Wlad et Rama pourraient nous aider...
- Non. Ils préfèreront me sacrifier plutôt que de te voir malheureuse.
- Hermès, tu te trompes...
Il se remit sur ses exercices, ne préférant pas répondre à sa demi-sœur. Il craignait qu'elle n'ait trop confiance en ses amis et qu'elle ne se trompe. Et, si elle avait tort, ce serait lui qui serait sacrifié. Il préférait rester avec elle, juste elle, tous les deux, et personne d'autre.
Wladimir, inquiet par l'appel de son frère d'armes, venait de prendre sa voiture et de se diriger vers le manoir de Rama. Il savait que la créature se posait de très nombreuses questions sur leur protégée, en particulier depuis qu'elle lui avait parlé, complètement effondrée, et avait refusé son aide. Depuis ce jour, le tatoueur n'avait cessé de l'appeler pour tenter de forcer Wladimir à prendre une décision. Mais il ne parvenait pas à savoir quoi faire. S'ils laissaient Marie B ainsi, elle risquait de s'enfoncer de plus en plus dans cette animalité et cette rage, se perdant peut-être au passage. D'un autre côté, s'ils débarquaient chez la femme pour récupérer Hermès, ils risquaient de voir Marie B et son demi-frère se braquer, et de perdre la confiance de leur protégée. Aucune solution ne lui semblait bonne, et il commençait à se dire qu'il allait laisser son frère d'armes décider pour eux.
- Alors, tu as décidé quoi pour la surprise ?, questionna Shinji.
- C'est une surprise, justement !, répondit Orlando, lui faisant un clin d'œil. Contentez-vous de garder Marie B au chaud ici pendant toute la journée, d'accord ?
L'homme avait hâte que son épouse revienne de leur maison pour entrer chez Jigoro et Rachelle, qui se trouvaient en vacances. A partir de ce moment-là, Shinji et Ho Sang avaient prévu de l'occuper, et lui, avec Rama et Wladimir, de préparer la surprise pour Marie B. Il savait que cela lui ferait plaisir, car c'était une chose dont elle avait parlé depuis longtemps et qui était partie des conversations, comme souvent lorsque Marie B avait l'impression de demander quelque chose. Sa femme était fière et détestait avoir l'impression de « quémander », comme elle le disait si bien. Là, en prenant en mains cette surprise, il savait qu'elle serait heureuse. Et le bonheur de son épouse était son essence de vie, la raison même de chacun de ses jours passé à ses côtés.
- Ça va aller, ne t'inquiète pas, Hermès. Je pense qu'Orlando va me préparer une surprise dans le jardin, il sait que cela fait longtemps que je voudrais bétonner une partie, pour que ce soit plus simple pour nous.
A voir la tête que faisait son demi-frère et ses sentiments, elle savait qu'il avait peur. Pour la première fois depuis qu'elle le cachait, il allait se retrouver seul dans le grenier avec Orlando dans la maison, sans qu'elle ne soit présente.
- Il n'y aura aucun problème, Hermès. Je serai de retour ce soir, d'accord ?
- J'ai confiance en toi, Marie B. Vas-y, tu vas être en retard.
La femme acquiesça et descendit l'échelle, rejoignant la maison de Jigoro et Rachelle, à deux rues de là.
- Alors, quelle est cette surprise ?
- Vous saurez après, répondit Orlando. Tout d'abord, si vous pouviez me chercher, dans le bâtiment, la scie, la hache et la masse, ce serait top !
Une fois les deux créatures parties, l'homme regarda les planches de bois qu'ils avaient tous les trois mis dans la salle. Il était certain que la surprise ferait un grand plaisir à son épouse. Quelques années auparavant, elle avait eu l'idée d'aménager leur grenier pour pouvoir plus facilement stocker leurs affaires, en particulier celles de la société créaturienne, qu'elle devait cacher. Ça, ce serait un magnifique cadeau de Noël à l'avance, il en était certain.
Il se dirigea vers le grenier, tira l'échelle et commença à monter.
Hermès, enfermé dans son grenier, entendit le bruit de l'échelle que l'époux de sa demi-sœur venait de tirer. De peur, il se tassa sur le côté, et attendit, fébrile. Son téléphone portable glissait entre ses doigts épais et il ne parvint pas à taper le message à Marie B avant que la porte du grenier ne s'ouvre.
- Ça va pas...
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Marie B, réponds !, hurla Ho Sang, paniquée.
De la bouche de son amie commençait à sortir un mince filet de sang, tandis qu'ils étaient tous les trois en train de jouer à un jeu de société.
- C'est quoi les travaux d'Orlando ?
- Mais on s'en fout ! Tu as vu, tu craches du sang !
- C'est quoi ?, hurla la femme encore plus fort.
- Je ne sais pas !, cria la Chinoise.
- Le grenier...
Elle se leva précipitamment, et se dirigea en courant, le ventre douloureux, vers la porte. Hermès avait peur, elle le sentait.
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