Chapitre X : Enceinte - Partie 1/4

- Alors, ce safari ?, questionna Hélène.

- C'était... magnifique !, répondit le Messager. Et retrouver Uranie... elle est devenue bien plus qu'une alliée avec le temps ! Elle organise d'ailleurs une « soirée filles » chez elle, ce week-end. Je vais revoir la jeune Gaïa, depuis tout ce temps ! Si elle avait été humaine, j'aurais certainement pensé : elle doit avoir changé ! Mais non !

- Que représente-t-elle pour vous ?

- Beaucoup. Elle a « permis » à une époque de sceller les liens entre sa mère et moi.



- Je suis ravi que nous ayons enfin un peu de temps rien qu'à nous !, s'exclama Orlando.

- C'est vrai que cela va nous faire du bien, ma Licorne.

Ils marchaient l'un à côté de l'autre, profitant du sable chaud et de l'écume des vagues qui venait leur lécher les pieds à chaque pas. Cela faisait déjà trois jours qu'ils avaient débarqué à Pointe-à-Pitre, pour venir ensuite se réfugier près de Deshaies, plus au calme. Entre la plage qui se trouvait à cinq minutes à pieds de leur hôtel et la montagne qu'ils pouvaient rejoindre en une heure de voiture, le couple profitait pleinement de ce moment de quiétude.

- Qu'est-ce qui te tente pour ce midi, mon cœur ?

- Une montagne d'accras avec un bon verre de rhum ?

- Demande acceptée, répondit l'homme en l'embrassant.

A ce contact, Marie B eut un frisson. Cela commençait à faire trop longtemps qu'ils n'avaient plus pris le temps de vivre comme n'importe quel couple. Elle avait envie de tout oublier durant ces dix jours auprès d'Orlando, elle souhaitait juste être son épouse, juste cela. Ni Messager, ni Ministère, ni comtesse de Kergianov ou clan de Satan. Juste elle.

- On va au restaurant sur la plage ? C'était vraiment bon hier, proposa son époux.

Comme elle acquiesçait, ils s'installèrent sur une table, en dessous du parasol et commandèrent leur repas. Lorsqu'ils furent servis, Orlando demanda :

- Alors, comment te sens-tu ? Cela fait du bien, non ?

- Pourquoi me demandes-tu cela ?

Au ton qu'elle venait d'employer, la femme comprit directement que sa réponse était disproportionnée. Son époux avait bien le droit, et c'était même bien mieux, de s'intéresser à son bonheur. Une fois de plus, en ne voulant pas penser à autre chose qu'à l'instant présent, elle avait laissé son instinct guider ses réactions.

- Excuse-moi, ma Licorne... Je... je sais pas ce qui m'a pris...

Orlando observa son épouse, sans la moindre surprise. Cela faisait déjà plusieurs mois qu'il avait remarqué chez elle ce genre d'accès d'humeur ou de violence. Même s'il n'en comprenait pas la raison, il avait compris que, le plus souvent, elle réagissait trop vite et le regrettait immédiatement après.

- Cela fait déjà quelques temps que tu as ce genre de réaction, mon cœur. Tu es certaine que tout va bien pour toi ? Tu peux m'en parler, tu sais, je suis là pour toi.

- Ça va, ma Licorne. Je sais que je ne suis pas simple à vivre mais, je vais faire des efforts, je te le promets.

Au moins une promesse que je pourrais maintenir, pensa-t-elle immédiatement.

- Il y a bien une raison à ce problème, non ?, insista Orlando. Je peux t'aider, je peux tout entendre venant de toi, tu n'as qu'à juste me parler.

- Je ne sais pas. Un peu trop de stress accumulé ces dernières années, peut-être ?

- Dans tous les cas, si tu souhaites mon aide, je serai là. Et, quoi que tu fasses, je t'aimerai.

- Moi aussi je t'aime, ma Licorne... moi aussi...


- Alors, ces vacances ? C'était comment ?, demanda Rama, sitôt que le couple soit monté dans sa voiture, leurs valises posées dans le coffre.

- Géniales ! Merci de venir nous chercher à l'aéroport, d'ailleurs !, répondit Orlando.

- Le plaisir est pour moi ! Et, comme ça, je vous embarque pour le déjeuner chez moi avant de vous déposer chez vous !

Marie B était heureuse de retrouver son frère d'armes mais, au fond d'elle-même, elle espérait que Jigoro et Rachelle auraient l'idée de les inviter, en ce vendredi soir, avec Ho Sang et Shinji qui rentreraient de région parisienne, chez eux. Ainsi, elle pourrait s'éclipser et s'assurer qu'Hermès allait bien. Durant les deux semaines loin de lui, elle avait senti que lui-aussi était en proie à leur instinct.

- Je veux tout savoir ! Ce que vous avez fait, où vous êtes allés, ce que vous avez mangé..., commença la créature, tandis qu'ils pénétraient dans le manoir.

- Tais-toi, tais-toi, murmura, presque inaudiblement, Marie B.

- Pourquoi ça ?, questionna Rama, qui avait entendu.

- Je ne te parle pas !

Le hurlement de la femme surprit les deux hommes qui la regardèrent, choqués. Tandis qu'elle tentait de sortir de son manoir, la créature se précipita et lui attrapa le bras, la forçant à lâcher la poignée de la porte. Lorsqu'elle se tourna vers Rama, il vit ses yeux gris, symbole de sa véritable espèce, et comprit. Il devenait urgent pour lui d'appeler son frère d'armes et de prendre une décision concernant Hermès.


- Marie B !

Le jeune homme se précipita vers Marie B en cette soirée hivernale. Il s'était empêché de descendre de son grenier tant qu'Orlando avait été présent mais sentir et entendre sa demi-sœur sans pouvoir la serrer dans ses bras avait été très douloureux pour lui. Il avait senti durant les vacances de Marie B qu'elle avait été, elle aussi, victime de leur instinct à plusieurs reprises. Lorsqu'il la prit dans ses bras, il comprit que c'était l'endroit où il était le mieux, le moment où il se sentait le plus lui-même.

- Comment vas-tu, Hermès ?

- C'est plutôt à moi de te poser la question, Marie B. Il est de plus en plus puissant.

- Pour toi également...

- Sauf que moi, ici, je ne peux faire de mal à personne.

Hermès regretta aussitôt sa phrase lorsqu'il vit sa demi-sœur se détacher de lui et baisser les yeux, réprimant une larme qui tentait de couler. Lorsqu'il se rapprocha d'elle, elle eut un mouvement de recul qui le surprit. Avait-elle peur de lui ou d'elle ? Leur instinct semblait si puissant qu'il le craignait et ne trouvait aucune façon de le contrer.

- Je suis désolée, Hermès. Je ne veux pas te faire de mal...

- Je suis de ton espèce, Marie B. Tu ne pourras jamais me faire de mal.

La voir, la sentir perdue le déstabilisait au plus haut point. Elle était la personne qui le guidait, qui l'aidait presqu'au quotidien. Il ne savait pas ce qu'il ferait si elle-même ne trouvait aucune solution. Il la prit cependant à nouveau dans ses bras, même si elle tentait de le repousser. 

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