Chapitre VI : Revanche - Partie 1/3
- Monsieur Thorsen !, ironisa le Messager en espionnant son frère d'armes, essayant son ancienne cape, grâce à Rob, son robot.
- Attends que je t'attrape, toi !
Il poursuivit la femme dans le couloir et la rattrapa avant qu'elle n'ait pu rejoindre l'escalier, plaçant ses bras sur la rambarde, derrière elle.
- Depuis combien de temps me surveilles-tu ?
- Ça te fait bizarre d'inverser les rôles, mon frère ?, ironisa le Messager avec un clin d'œil.
- Parfois, je me dis que je devrais te lancer par-dessus la rambarde et te tomber dessus ensuite. Ça te sonnerait au moins quelques secondes !
- Il y a d'autres façons de s'amuser avec une rambarde !
Elle découvrit sa main gauche, dans laquelle se trouvaient deux paires de menottes.
- Alors, Thorsen, que choisis-tu ?
Rama sauta sur le cou de la femme et la mordit à sang, ce à quoi elle répondit aussitôt. Thorsen... Il n'avait plus jamais quitté ce nom, même si, avec le temps, il y avait ajouté celui de Kergianov.
Hermès regardait sa demi-sœur qui corrigeait ses exercices de grammaire et de conjugaison. En presque une année, grâce à elle, il avait beaucoup appris. Sachant à présent lire et écrire en caractères latins, il pouvait se perdre durant des heures sur Internet, à la recherche de la connaissance. Bien souvent, les humains lui faisaient peur. Tant de guerres, de tortures, de massacres, de viols... tant d'exactions commises au nom d'un territoire, d'une couleur de peau ou d'un dieu. Ces images lui rappelaient celles que ses « parents » et son oncle lui avaient fait visionner durant ses premières années de vie. Les humains étaient fourbes, agressifs et violents. Mais, parfois, il se surprenait à rire de leur bêtise ou à être touché par eux. Un discours de paix, un regard de bonheur, la vue de l'amour qu'ils pouvaient se porter lui faisait penser que cette espèce n'était peut-être pas prédestinée à faire le mal.
- Les humains sont des animaux curieux, n'est-ce pas ?
Hermès se tourna vers Marie B. Souvent, il avait l'impression qu'elle lisait dans ses pensées, tant ce qu'elle répondait semblait en lien avec ce qu'il avait en tête.
- Ils ne sont pas génétiquement méchants, contrairement à ce que le clan de Satan a pu te raconter. Certains le deviennent, d'autres décident de faire ce qu'ils pensent être le bien, et la majorité se contente de vivre sa vie, ajouta-t-elle.
- Mais, comment sait-on ce qui est bien ou mal ?
- Bonne question ! Par notre éducation, nos convictions, notre morale, nos lois, notre empathie... C'est pareil pour les créatures ! Pour Natacha, je fais le mal car je pourrais nuire à la paix avec les humains. Pour moi, ce que je fais est bien ! Tout est une question de point de vue. Pour moi, il y a des principes à respecter : ne pas tuer, ne pas violer, ne pas faire de mal, sauf si, bien sûr, tu dois te défendre.
- Mais regarde. Mon oncle, Arès, voulait venger les morts de sa femme et son enfant...
- En s'en prenant à tout humain passant là, par hasard ? Des humains ont été également victimes de l'esclavage, et le sont malheureusement encore... Personne n'est responsable de ses ancêtres ou des autres membres de son espèce ! Heureusement.
La remarque rendit Hermès sceptique. Il n'avait jamais vu la vengeance de ce point de vue. Ne pas être responsable de ses ancêtres. Cela voulait dire qu'il n'était pas coupable d'être le fils de Satan. Alors, pourquoi ne pouvait-il pas vivre libre ?
- Tu seras notre guide vers la liberté et la vengeance, murmura, pour elle-même, Aphrodite.
Le test qu'elle venait de passer était positif. Son mari lui avait proposé de fêter l'évènement. Quel dommage qu'Arès soit en prison. Lui ne pourrait pas partager ce bonheur avec eux.
La femme mit une tenue saillante et descendit les escaliers pour rejoindre son époux. Elle aurait sa vengeance sur le clan Kergianov et sur Rama qui, en lui échappant deux fois, l'avait déshonorée. Apophis était plus sage et plus calme qu'elle. Elle était lassée d'attendre que ce plat refroidisse. Elle goûterait un hors d'œuvre de revanche dans les prochains mois. Pourquoi toujours attendre ? Sa condition allait bientôt lui permettre de sortir à nouveau dans les rues sans craindre d'être récupérée et mise en prison. Aucune violence ne pouvait à présent lui être faite.
- Uranie et Luci nous suivrons, c'est certain, approuva Wladimir.
- Astéria également. Elle a mal pris ta soudaine envie de t'asseoir au mariage mais elle reste de notre côté, ajouta Rama.
Le musicien émettait des doutes concernant la femme, mais faisait confiance à son frère d'armes, qui était un grand observateur.
- Nous pouvons agir dès la prochaine réunion si nous le voulons. Mais je crains que ça ne soit légèrement précipité...
- Pourquoi ne pas inviter nos trois convives pour la fête du printemps ?, proposa Rama. Il faudrait aussi que la gamine soit présente.
- Je n'ai pas envie que nous la mêlions encore une fois à ces histoires politiques complexes, le coupa le musicien. Elle a assez donné et elle donne encore trop avec Hermès.
- Je sais, mon frère, mais cela lui donnera la possibilité de retrouver une protection et de contrer les plans de la comtesse la concernant. La gamine doit être mise au courant ! Son avenir en dépend !
Wladimir détourna le regard vers le feu crépitant de la cheminée. Il crut voir au milieu des flammes sa protégée et se leva vivement, avant de se rendre compte de la réalité. Marie B était en danger, mais il ne laisserait personne lui faire de mal. Blanche avait péri dans les flammes. Il donnerait sa vie, s'il le fallait, pour sauver son Petit loup de ce sort tragique.
- Je suis certain que toi-aussi tu as remarqué le manège entre Rama et cet animal au mariage !, reprocha Natacha. Je suis certaine qu'ils ont transgressé la loi ! Et notre fils qui a repoussé cette pauvre Astéria...
- Pour une fois que tu aurais approuvé une union de sa part, c'est un comble, en effet, ironisa son époux.
- Cette femme est parfaite ! Belle, intelligente, sensible... On dirait son alter-égo féminin !, continua la comtesse, faignant de n'avoir rien entendu. Ils feraient un si beau couple, et un si beau petit...
- Ce qui te plait surtout chez elle, c'est que ce soit une créature. Tu n'as même pas relevé le fait qu'elle ait fait partie du clan de Satan, à une époque !
- Je connais son passé ! C'est moi qui ai accepté de la faire entrer dans notre clan, je te rappelle ! Et tout le monde peut commettre des erreurs !
- Alors avoue que tu t'es trompée concernant la gosse et mon fils adoptif ! Natacha, tu devrais appliquer tes conseils et ta façon de penser à toi-même pour commencer !
- Dois-je te rappeler tout ce que ton « fils adoptif » nous a caché et ce que cela a provoqué par sa faute ?
- Tout le monde peut se tromper, non ?
La comtesse, vexée et agacée, tourna les talons et claqua la porte du bureau de son mari. Cela faisait à présent plus d'un an que son fils avait renié son nom et elle se demandait ce qu'il inventerait encore pour lui rendre la vie impossible. Thorsen. Si elle avait un jour pensé que son fils adoré prendrait le nom de cette famille, qui avait été si importante pour elle, en reniant le leur. Natacha était tellement fière de ce qu'elle avait accompli dans le clan Kergianov, dans leur clan. Il fallait que son fils reprenne leur nom. De gré ou de force, il serait et resterait un Kergianov. Il ne pouvait devenir un Thorsen et laisser ainsi leur clan sans successeur. Que Rama veuille reprendre le nom de sa famille, très bien, mais pas son enfant.
- Astéria, ma chérie ! On dirait que tu tombes toujours bien ! Wladimir nous invite tous les trois à la fête du printemps chez lui, je viens de l'avoir au téléphone, annonça Uranie.
- Nous pourrons profiter de cette occasion pour faire notre annonce, mon cœur, proposa son mari.
Le petit surnom fit sourire tristement Astéria. Cela faisait tellement longtemps que personne ne lui avait parlé ainsi... et le dernier en date n'était pas quelqu'un de bien.
- Tu trouveras quelqu'un de bien, Astéria, la rassura la femme. Wladimir est un cas quelque peu compliqué, mais ce n'est pas la seule créature célibataire.
- Je ne te conseille cependant pas son frère d'armes. Uranie a testé, il est compliqué aussi !, ironisa Lucifer.
Son épouse rit à cette pique de son mari. Il lui avait pardonné son infidélité et sa trahison et, le soir du mariage de Lucas et Achille, pendant un slow, lui avait proposé de renouveler leur union.
- J'aimerais tellement rencontrer quelqu'un qui m'aime..., soupira Astéria.
- Et tu trouveras, l'apaisa Lucifer.
La femme ne savait pas que penser de cette affirmation, mais elle était déjà heureuse d'avoir été invitée par Wladimir. Au moins ne la rejetait-il pas.
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