Wladimir et Rama eurent à peine le temps de rattraper le Messager, dont les jambes venaient de se dérober sous elle.

- Que se passe-t-il ?, demanda l'ancien tuteur créaturien.

- Tant de douleur.., murmura la femme, le souffle coupé.

- Tu as quoi ?, demanda Orlando, choqué.

- Tu plaisantes ?, enchérit Ho Sang.

Marie B avait téléphoné à son mari au lendemain de la fête pour lui annoncer qu'elle avait mal tourné mais, ne lui avait pas dit en quoi, préférant le faire de visu. En rentrant chez elle, à Maisons-Alfort, elle avait découvert que leur couple de meilleurs amis était présent, ce qui ne l'avait guère étonnée, étant donné l'appel qu'elle avait effectué.

- Non, ce n'est pas une plaisanterie. Cette vieille garce allait le tuer !

- Et toi ? Tu t'es mise au travers pour le sauver..., commenta son mari.

- C'est tout à ton honneur, Marie B. Mais, que va-t-il se passer pour toi, maintenant ?, questionna Shinji.

- Je l'ignore. La réunion exceptionnelle du Ministère à mon sujet a été fixée à la fin de l'année.

Son mari hésita sur ce qu'il devait dire. Il était choqué de ce qu'il venait d'apprendre mais ne savait pas quoi en penser. Il avait l'impression que ce destin avait été tracé et que, depuis que son épouse avait été connectée à son demi-frère, il n'avait fait qu'attendre ce jour où elle lui aurait annoncé cette nouvelle. Il ne savait plus s'il devait être fier de ce qu'elle avait fait, inquiet pour la sanction qu'elle aurait, être en colère après Natacha ou rêver de tuer ce Hermès qui avait gâché la vie de sa femme.

- Et, en attendant, ma chérie ?

- Wlad et Rama réfléchissent à un moyen d'alléger la peine...

Orlando soupira. Ce qu'il avait craint été arrivé. Sa femme avait transgressé la loi pour sauver le deuxième Messager. Et, à présent, elle allait devoir payer.

- Je pense qu'il serait mieux pour la gosse qu'elle ne vienne pas aux deux prochaines réunions du Ministère, conseilla à son fils, Dimitri.

La créature était rentrée en Russie et avait profité d'un instant de calme, où son épouse était partie visiter des membres de leur clan, pour appeler Wladimir.

- Nous ne viendrons pas non plus, Rama et moi. Petit loup est maintenant en danger. Nous ne savons pas si Hermès a rejoint le clan de Satan.

Lorsqu'il raccrocha, Dimitri poussa un long soupir avant de saisir sa veste pour partir se promener dans leur domaine. Il avait besoin d'air frais pour réfléchir à ce qu'il devait et surtout, pouvait faire pour Marie B. Pour sa promenade, il emmena avec lui ses trois chiens qui profitèrent de l'instant pour courir et se défouler à leur guise, provoquant chez leur maître sourire et mélancolie. La protégée de son fils était comme ses animaux, elle avait besoin de grand air et de liberté. Sa place n'était pas dans une prison, sous prétexte qu'elle n'avait pas voulu sacrifier une bête de son espèce.

Apophis prit dans sa main la puce électronique. Déjà un mois qu'ils traquaient, sa femme et lui, la deuxième version, et celle-ci s'était montrée bien plus intelligente qu'elle ne le laissait présager six ans plus tôt. Il leur avait échappé plusieurs fois en se cachant dans des bois fréquentés par des humains et, à chaque fois qu'ils s'étaient approchés de lui, il s'était placé près des Hommes, empêchant un enlèvement. Les deux créatures avaient arrêté cette course, car elles risquaient de se faire repérer par le Ministère en louant des chambres d'hôtel, puisqu'aucun de leurs alliés n'habitaient la région. Elles avaient remarqué qu'il restait dans un seul lieu boisé depuis deux semaines et Apophis était remonté en Haut-de-France pour l'attraper enfin.

La douche était gelée pour l'homme. La deuxième version était parvenue à arracher la puce électronique qui permettait de le retrouver. Il était en fuite et, sans cette aide, et avec le risque de se faire repérer par les autres créatures, Apophis et son épouse mettraient un temps considérable à le retrouver. De plus, il en était persuadé, il devrait le dresser à nouveau.

Hermès se cachait depuis maintenant trois mois dans des forêts. Cependant, il le savait, bientôt sa vie serait en danger avec l'ouverture de la chasse. Il l'avait appris dans des documentaires. Ses parents et son oncle l'avaient toujours cru stupide et l'avaient laissé des heures devant son ordinateur. Il y avait appris beaucoup de choses... mais ne savait toujours pas lire et écrire, que ce soit le créaturien ou les langues humaines. Pour se fondre réellement aux Hommes, il avait besoin de ces données et de vêtements « normaux », et non son jean fait par son oncle et son T-shirt sale. Avec l'hiver qui approchait, il craignait de mourir de froid et de faim. Les fruits sauvages et les plantes et racines comestibles allaient se faire de plus en plus rares.

Il attrapa quelques légumes qu'il avait volés dans une poubelle, en s'infiltrant de nuit dans un village proche. Ils étaient pourris, mais représentaient sa seule source de nourriture pour la journée. Il s'assit sur une souche et commença à manger, lorsqu'une biche s'approcha de lui. Il le savait, il n'avait pas le même pouvoir que sa demi-sœur concernant les animaux mais, ils ne le craignaient pas et semblaient apprécier sa compagnie, tout comme lui aimait être proche d'eux, se sentant moins isolé. Il tendit au bestiau un morceau de carotte, qu'il attrapa et mâcha à côté de lui. La lune était haute dans le ciel et la biche partit en courant en entendant les prédateurs nocturnes se rapprocher d'eux. Hermès ne bougea pas et se contenta de regarder arriver vers lui un renard, qui se posa sur ses pieds, les lui réchauffant.

Le jeune homme soupira. Il ne pourrait pas survivre ainsi très longtemps. Il ne buvait plus de sang depuis plusieurs mois, la chasse allait commencer, les vivres se tarir et il avait la peur au ventre chaque fois qu'il pénétrait dans les villages pour fouiller les poubelles des humains. Si un seul d'entre eux sortait à ce moment-là et voulait l'arrêter pour se vandalisme, que ferait-il ? Il ne serait pas même capable de s'expliquer. Une seule solution s'offrait à lui : il devait retrouver sa demi-sœur pour qu'elle lui vienne en aide.

- C'est très mal parti pour Marie B, informa Uranie à Rama. Le Ministère, avec Natacha en première ligne, est très colère contre elle. Je veux vous aider à la défendre. J'ai une dette envers elle, et envers toi. Il est temps pour moi de la payer.

La femme était arrivée chez son ancien amant après la dernière réunion de l'assemblée à laquelle ils n'avaient pas participée. Elle avait été choquée de voir à quel point le Ministère tout entier semblait braqué contre celle qui avait, disaient-ils, trahi. Elle avait fait son choix. Elle paierait la dette qu'elle avait envers son alliée, quelqu'en soit le prix qu'elle devrait payer pour cela.

- Alors, reviens ici la semaine prochaine. Nous allons garder la gamine avec nous durant toute la semaine précédant la réunion exceptionnelle.

L'homme l'avait invitée à entrer chez lui et ils discutaient dans la salle, une tasse de thé à la main. Elle lui avait expliqué tout ce qui s'était dit lors de la dernière réunion, tentant de n'oublier aucun détail, afin qu'il puisse avoir une vue, la plus globale possible, de la situation.

- Je serai là.

- Merci, Uranie.

- Ma dette envers Marie B est loin d'être payée. Comme celle que j'ai envers toi ou Wladimir. Mais, même sans cela, j'aurais été de votre côté. Astéria veut également nous rejoindre. Elle aussi s'est attachée au Messager.

- Si nous réussissons à la tirer des griffes de Natacha, nous serons quittes.

- Non, Rama, nous ne le serons jamais. Car ce que Marie B a fait, c'était un acte d'amour. Moi, c'était un acte de haine.

- Une haine guidée par l'amour, Uranie. Va rejoindre ton mari avant qu'il ne s'inquiète pour toi !

Uranie sourit et se dirigea vers la porte, son téléphone à la main pour appeler Astéria. Rama la regarda partir. Deux alliées de plus pour sa sœur d'armes. Mais, ce serait insuffisant face à la comtesse de Kergianov.

Marie B regarda son portable. Son mari s'inquiétait pour elle, tout comme Ho Sang et Shinji. Elle répondit à leurs messages, se voulant rassurante, puis rejoignit Wladimir, Rama, Uranie et Astéria en bas de l'hôtel.

- Quoi qu'il se passe, Petit loup, nous serons là pour toi, murmura son ancien tuteur créaturien en la prenant dans ses bras.

- Nous sommes un trio, et nous le resterons.

Uranie et Astéria partirent peu avant eux. Elles avaient un rôle important à jouer et en mesuraient l'ampleur. Celui d'attirer la compassion de leurs alliés vis-à-vis de Marie B. Elles discutèrent donc avec un bon nombre d'entre-eux, de leur clan ou des clans alliés, jusqu'à ce que la cloche retentisse.

- Nous appelons l'accusée, Marie-Béatrice, le Messager de la Vie et de la Mort, déclara Natacha, qui présidait la réunion.

Marie B pénétra dans la salle du Ministère, encadrée par son ancien tuteur créaturien et son frère d'armes. Tous les trois avaient revêtu leurs tenues de cérémonie pour l'occasion et leurs capes volaient derrière eux tandis qu'ils avançaient. L'heure avait sonné. Il était temps pour elle d'assumer ses actes.

Et voilà, le tome 2 est fini ^^

Alors : 

- Que pensez-vous des inquiétudes des humains ?

- Le sort d'Hermès ? 

- Des idées sur la suite pour Apophis et Aphrodite ?

- Des idées sur le sort de Marie B ?

- D'autres idées ???? ;)

Comme toujours, n'hésitez pas à voter, papoter, commenter... ^^

Ce tome est fini ! On se retrouve l'année prochaine pour le 3 ^^

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka