XXII. Transgression / Partie 2
- Natacha, notre fils nous a invités. Viendras-tu ?
La comtesse se tourna vers son mari. Elle était une nouvelle fois plongée dans ses papiers, affairée à préparer une nouvelle cérémonie de la naissance, qui aurait lieu au Japon deux mois plus tard.
- Bien sûr. Pour une fois que je suis invitée quelque part. Je suppose qu'il y aura l'animal avec eux ?
Son époux leva les yeux au ciel, dépité. Décidément, sa femme ne pourrait jamais appeler cette enfant par son prénom et se décider à arrêter de lui gâcher la vie.
- Ecoute, Natacha. Ne t'avise pas de parler de la loi ou d'ennuyer Marie B. Sinon, je te préviens, ça va très mal se passer entre nous !
La comtesse se leva, lançant vers lui un regard hautain, avant de quitter son bureau. Elle se rendit dans sa chambre afin de chercher la tenue adaptée à une telle soirée. Elle avait envie de porter une tenue de cérémonie qui mettrait en valeur à la fois son rang et sa beauté. Ses longs cheveux bruns et ses yeux noisette se marieraient parfaitement avec la dernière robe qu'elle avait commandée à une styliste de Moscou. Sa couleur grenat lui allait au teint, le décolleté léger montrait la naissance de sa poitrine généreuse, la coupe sirène et l'échancrure sur le côté permettaient de mettre en avant sa silhouette gracieuse. Avec sa cape brodée, son épée, et son collier et sa chevalière qui montrait son rôle de membre permanent, elle serait parfaite. Elle sourit tristement en plaçant sa tenue sur son canapé. Elle le savait, elle n'aurait rien à dire pour que l'animal s'énerve tout seul.
- Tu as bien compris, n'est-ce pas ?
Hermès hocha la tête et son père le laissa seul dans sa chambre. Cela allait faire un an qu'il avait vu sa demi-sœur et il allait bientôt la revoir à nouveau. Il avait espéré pendant des mois que leurs retrouvailles seraient un moment de joie, où il aurait pu parler avec elle et apprendre à la connaître. Mais, depuis le vote de la loi, il savait qu'elle l'avait trahi. Elle s'était servi de lui, agissant ainsi en humaine, telle qu'elle avait été éduquée par cette espèce perverse et immonde. Elle avait joué avec son cœur et son âme, le laissant espérer un amour fraternel qui n'existait pas.
Il se leva, énervé et défonça la porte de sa salle de bain d'un coup de poing en hurlant. Il regarda le sang qui eut à peine le temps de s'échapper, avant que sa plaie ne se referme. La deuxième version n'essayait même plus de contrôler ses sentiments.
- Tu n'es qu'une traitresse ! Je te hais !
Il la sentait heureuse et épanouie, alors que lui était une bête traquée. Elle devait payer pour sa trahison. Et son clan aussi.
Marie B embrassa son mari, peu après avoir ressenti une immense douleur. Son demi-frère souffrait, elle le sentait mais, pour une fois, elle voulait juste se préoccuper d'elle et profiter d'une bonne soirée. Elle fit donc un effort pour ne rien laisser transparaître et pour que la rage d'Hermès ne lui gâche pas la fête.
- Passe un bon moment, ma chérie. Juste si jamais... mon téléphone est allumé et je serai à Alfort.
- Tu as vraiment peur qu'il y ait un problème, n'est-ce pas ?
- Disons que je sais que certains sujets sont... tendus...
- Ne t'inquiète pas, ma Licorne. Dimitri aura mis une muselière à son épouse !
Orlando regarda sa femme rire de ce rire communicatif qu'il lui aimait tant, et la suivit. Puis, il l'accompagna jusqu'à leur voiture et lui fit signe, tandis qu'elle partait chez Wladimir.
Elle était excitée par la fête qui devait avoir lieu le soir même. Pour une fois qu'ils ne se retrouveraient pas tous dans l'optique de créer, modifier, contrer des lois. Aujourd'hui, ils se voyaient pour faire une fête. Cela pouvait sembler stupide, une fête, mais cette idée ensoleillait le cœur de la femme. Elle avait envie de tout oublier ce soir. Sa mixité d'espèces, le deuxième Messager, la trahison d'Uranie, les reproches de ses proches humains... Elle avait juste envie de s'amuser et de retrouver la Marie B joyeuse et déjantée qu'elle était toujours au fond de son cœur.
Les invités étaient tous arrivés. Tous les principaux membres du clan Kergianov, dont Dimitri, sa femme, Uranie et son époux, Ulysse et son épouse, Astéria et Marie B. Wladimir et Rama avaient installé dans l'après-midi, avec l'aide de trois employés de ce dernier, les tables dehors, sous plusieurs tentures. Personne n'avait encore abordé de sujets fâcheux, et les deux hommes espéraient que ce serait ainsi jusqu'à la fin de la soirée.
- Tu t'amuses bien ?, demanda Rama à sa sœur d'armes, qui buvait un verre en dansant.
Elle enlaça son frère d'armes, qui la repoussa gentiment en lui murmurant :
- Nous ne sommes pas seuls, ma belle. Et certains ici ne comprendraient et n'accepteraient pas notre relation.
- Très bien. Je vais t'ignorer toute la soirée, alors. Comme ça, nous n'éveillerons pas les soupçons.
Elle était fatiguée par de longues nuits d'insomnies et elle avait rêvé de passer une soirée agréable. Mais, elle avait l'impression que, comme toujours, la vieille société créaturienne venait gâcher son plaisir.
Elle décida de s'éloigner un peu du groupe pour se promener. Elle avait mal au ventre. Hermès souffrait mais, elle sentait également beaucoup de rage en lui.
- Vas-y !, ordonna Apophis.
- Je te la ramènerai, père.
- Très bien. Nous t'attendrons ici pendant quatre heures. Si tu ne nous rejoins pas à temps, nous nous retrouverons à la cachette.
- D'accord, père.
Apophis regarda la deuxième version franchir d'un bond le mur et s'introduire ainsi dans l'enceinte du manoir de Wladimir, devant ses yeux émerveillés. Leur plan fonctionnait à merveille. Le propriétaire des lieux avait renforcé la sécurité de son domaine depuis l'attaque qu'ils avaient perpétrée avec Satan longtemps avant. Le mur faisait à présent cinq mètres de haut et, sur la totalité de cette muraille se trouvaient des capteurs. Mais, jamais la créature n'avait pensé que quelqu'un soit capable de franchir ainsi, juste en sautant, son rempart. Apophis non plus d'ailleurs. Hermès était vraiment formidable, et sa haine avait grandi depuis qu'il lui avait fait croire que sa demi-sœur ne l'avait pas défendu. La première création serait bientôt à eux.
- Petit loup n'est pas avec toi ?, demanda Wladimir.
- Non. Elle est partie faire un tour. Je crois qu'elle ne supporte plus les interdictions des lois créaturiennes, notamment vis-à-vis de nous.
- Je n'aime pas la savoir isolée.
- Elle a son épée, dont elle n'aura pas besoin. Nous sommes chez toi. Le seul prédateur naturel qu'elle a ici est en train de discuter avec Luci. Et, en plus, je surveille ledit prédateur, car ta mère semble en forme ce soir.
- Tu as raison, mon frère. Petit loup ira mieux après avoir retrouvé ses racines animales. Elle doit probablement être dans la forêt.
Les deux amis échangèrent un sourire et rejoignirent les autres membres du clan, trinquant avec Astéria pour que les choses s'arrangent et que le clan Kergianov se reforme sur de bonnes bases.
Malgré les innombrables odeurs de la forêt, Marie B le reconnut.
- Ce n'est pas possible, murmura-t-elle.
- Pourquoi donc ? Tu me croyais déjà mort ?
Elle se retourna et découvrit Hermès, une épée, adaptée à sa taille, à la main.
- Tu devrais te cacher. Une loi a été promulguée contre toi. Ils te tueront.
- Et cela te débarrassera de moi ? Tu serais trop contente.
Elle le regarda. Elle ne comprit pas immédiatement, mais se douta que le clan de Satan avait dû le liguer contre elle.
- Je n'ai jamais voulu cette loi, Hermès. Je me suis battue contre elle.
- Tu mens ! Maintenant, tu vas m'appartenir, que tu le veuilles ou non !
Et voilà, une partie en avance pour fêter la nomination du tome 2 au concours des Ficties Hiver 2017-2018 !
Alors :
- Que pensez-vous du raisonnement de Natacha ?
- Les relations entre Rama et Marie B ?
- Les réactions d'Hermès ?
- Des idées pour la suite ??? Je suis curieuse ;)
Prochaine partie vendredi, sauf changement de plan :p
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top