XXI. Rébellion / Partie 3
Wladimir et Rama avaient convié leurs principaux alliés deux jours avant la réunion exceptionnelle du Ministère, pour tenter de les rallier à la cause de leur protégée. Entre les réunions du Ministère, et les deux jugements, qui avaient permis de condamner Arès, Apophis et sa femme, le clan Kergianov ne s'était jamais autant retrouvé. Le musicien et son frère d'armes gardaient l'espoir que l'assemblée verrait en le deuxième Messager un être vivant, et non une arme dangereuse à détruire. En argumentant auprès de leurs proches, ils allaient donc tenter de contrer Natacha.
Alors que le musicien accueillait leurs premiers invités, Rama rejoignit Marie B dans sa chambre. Il fut surpris, en la voyant, de sentir en elle de la douleur. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le front.
- Ça se passera bien, ma belle.
- Et s'ils refusent de s'allier à nous ?
- Wlad et moi seront là pour toi.
- Je ne veux pas vous entrainer avec moi dans mes erreurs. J'ai déjà l'impression d'y entrainer Orlando et mes amis...
- A l'heure du choix, chacun est libre. Nous étions libres de ne pas suivre ton intuition. Nous le sommes toujours, d'ailleurs. Comme les humains sont libres de se séparer de toi, si ta vie ne leur convient pas.
- Tu resteras avec moi, cette fois ?
La créature la serra davantage dans ses bras, les firent glisser sous ses fesses et la porta, plaçant ainsi le visage de la femme face au sien.
- Je ne te laisserai plus jamais, gamine.
La femme passa ses bras autour du cou de son ami. Elle avait déjà deux alliés avec elle. Elle ne serait plus jamais isolée et vulnérable.
Tandis que Polymnie, son époux, Astéria, Lucifer et sa femme étaient déjà installés dans le salon, Wladimir ouvrit la porte à son père. Dimitri l'enlaça et lui murmura.
- J'ai dû mentir à ta mère mais, elle est très en forme. Je pense avoir deviné pourquoi tu nous as invités, et c'est peine perdue.
- Une cause n'est perdue que le jour où plus personne ne se bat pour elle, mon père.
Dimitri observa son fils. Au contact de Rama et de Marie B, il avait pris de l'assurance et un certain sens de la répartie. Il avait également été contaminé par leur sens de la rébellion et de la transgression. La créature craignait que les trois amis aillent un jour trop loin, comme ça avait déjà malheureusement été le cas par le passé.
- Suis-moi. Les autres sont dans le salon. Et Rama et Petit loup ne vont pas tarder à descendre.
- Attendez deux secondes. En gros, vous voulez contrer la clef de voute de notre clan, la comtesse de Kergianov. Et, en plus, vous voulez épargner la vie d'une machine de guerre, analysa Ulysse.
- On peut résumer ça ainsi !, ironisa Rama.
- Vous êtes complètement inconscients, tous les trois !, s'exclama Lucifer. Ce serait porter un coup à notre clan et laisser un danger public en liberté ! Et sous quel prétexte ? Sur une intuition de Marie B !
- Ce n'est pas une simple intuition, rétorqua Wladimir. C'est son pouvoir !
Il regretta aussitôt ce qu'il venait de dire car, immédiatement, les autres créatures le harcelèrent de questions.
- Ce pouvoir a été découvert lorsqu'Aphrodite a essayé de me tuer, il y a deux ans et demi. C'est grâce à sa connexion que Marie B a senti que j'étais en danger. Nous avons caché toute cette histoire dans le but de la protéger.
Les invités furent mécontents de ne pas avoir été dans la confidence, mais Astéria demanda :
- Et tu penses réellement, Marie B, que cette connexion ne peut pas être utilisée par le deuxième Messager pour t'induire en erreur ? C'est un membre du clan de Satan, ne l'oublie pas. La traîtrise est l'une de leurs armes favorites.
- Oui, j'en suis sûre.
- Pour ma part, je reste convaincu qu'exécuter cet animal est la façon la plus simple, la plus rapide et la plus sûre de mettre un terme à cette menace.
- Mais Ulysse, c'est un enfant !, s'écria sa femme. Hors de question de le mettre à mort.
- Je te soutiendrai, Marie B. Je te suis redevable et te dois bien ça, déclara Uranie.
- Et vous ?, demanda Wladimir au reste des invités.
Un silence pesant se fit, durant lequel chaque créature réfléchissait et tentait de prendre la décision qui lui semblait « la moins pire ».
- Je sais ce qu'est la rédemption, déclara Astéria. Je vous suis pour le moment mais, je serai la première à le tuer s'il nous attaque.
Polymnie se joignit à la femme, tandis que les trois autres étaient en désaccord.
- Si tu te trompes, et que cet animal est dangereux, nous le regretterons tous, expliqua Lucifer.
- Nous nous verrons après-demain au Ministère, petite fille. Mes fils, veillez bien sur elle.
Lorsque les invités furent repartis, Marie B soupira. Ils avaient trois alliés de plus mais, cela serait-il suffisant pour contrer les envies de meurtre de la comtesse ?
- C'est parfait, répondit Apophis au téléphone. Surtout, votez en faveur de cette loi.
Il remercia intérieurement Natacha pour cette loi contre la deuxième version. Hermès se rapprochait trop de la première version. En très peu de temps, elle avait réussi à semer le trouble dans son esprit. Une fois la loi votée contre lui, la deuxième version se sentirait trahie. Et, il serait alors prêt à récupérer Marie B.
- La loi a été adoptée à une large majorité, annonça Lucifer, qui présidait la séance.
Marie B crut qu'elle allait défaillir et s'agrippa à son frère d'armes. Ça y est, Natacha avait eu ce qu'elle voulait, et la chasse à l'animal allait pouvoir commencer. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle et Rama qui la rattrapait. Avec Wladimir, ils la firent sortir de l'hôtel particulier. Le vent était glacial et l'ancien tuteur créaturien couvrit leur protégée avec son manteau.
- C'est pas possible... Ils n'ont pas pu...
Elle tomba par terre, sur les genoux, ses mains enfouissant son visage à la vue des autres créatures qui sortaient petit à petit de l'hôtel particulier et regardaient la scène, intriguées. Wladimir et Rama posèrent un genou à terre pour se mettre à la hauteur de leur amie, tout en tentant de la cacher.
- Je suis désolé, Petit loup. On aura tout essayé pour contrer cette loi.
La douleur de la sentence se fit trop grande pour la femme. Elle n'était elle-aussi qu'un animal, au même titre que son demi-frère. « A quoi bon lutter ? », pensa-t-elle. « Tu seras la prochaine sur la liste ». Elle ne put se retenir davantage. Elle leva la tête vers le ciel et hurla de ce cri strident dont tant avait peur. Les oiseaux de la nuit l'entourèrent, cachant à tous, hormis à ses deux amis, sa détresse.
- Elle devient de plus en plus dangereuse et incontrôlable, commenta Natacha, qui observait la scène de loin.
Depuis que Marie B avait failli la faire tuer par ces animaux, elle se méfiait et maintenait ses distances. A ce moment précis, elle craignait que la femme ne soit plus capable de contrôler elle-même ce pouvoir si dangereux.
- Je crois que tu en as assez fait pour aujourd'hui, Natacha, rétorqua son époux. Laisse la gamine tranquille. Ne détruis pas une fois de plus le bonheur de notre fils.
La comtesse le toisa, agacée. « Comment ose-t-il ? », pensa-t-elle.
- Notre fils, comme tu dis, aurait pu être heureux, si elle n'avait pas été là. Elle l'a détourné de son devoir !
- Natacha, ne commence pas. Tu sais que cette discussion va très mal se terminer, comme toujours. Tu ne vois donc pas que tu l'as détruite ? Cela ne te satisfait donc pas ?
« Elle n'aurait pas dû être à détruire, elle n'aurait jamais dû exister », pensa la femme, tout en regardant les chauves-souris qui tournaient, telle une nuée, autour de Marie B, son fils et Rama. « Mais, maintenant, je dois réparer les ignominies de Satan, quel qu'en sera le prix à payer ».
Une goutte de sang s'échappa de la narine gauche d'Hermès. Sa demi-sœur allait très mal, il le sentait, son ventre se tordait douloureusement depuis de nombreuses minutes. Il voulait tenter de la rejoindre, contre l'avis de ses parents. Il devait comprendre les causes de ce désarroi. Il était certain que cela devait avoir un rapport avec lui, ou alors, elle avait un problème grave. Il avait déjà ressenti sa douleur, mais jamais à ce point depuis qu'ils avaient voulu tuer ses amis. Même lorsque... elle n'avait pas eu mal, elle avait eu peur. C'était donc obligatoirement une menace très forte qui la rendait aussi confuse et ravivait chez elle ses instincts d'animal.
Hermès se décida. Il se leva de son lit, prit son épée, qu'il mit dans son fourreau et se glissa doucement jusqu'à l'entrée. Mais, au moment où il voulut sortir du repaire, son père l'interpela :
- Tu peux toujours essayer de la retrouver, Hermès. Mais, si j'étais toi, j'écouterais d'abord ce que j'ai à te dire.
Et voilà, comme promis, la dernière partie de ce chapitre ^^
Alors :
- Que pensez-vous de la réunion ?
- La loi anti-Hermès ?
- La technique d'Apophis ?
- Natacha ?
- Des idées de ce qu'Apophis va dire à Hermès ? ^^
Prochain chapitre lundi ou mardi ;)
Si vous avez aimé, n'hésitez pas à voter ! Et sinon, j'adore toujours autant vos blablatages ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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