XXI. Rébellion / Partie 1

Wladimir parvint à s'échapper de la table sur laquelle l'avaient entraîné Rama et le Messager, et chercha du regard où ses amis avaient bien pu lancer sa chemise. Quand il l'eut enfin retrouvée et enfilée, il se posa à côté d'Uranie, Lucifer et Astéria, qui discutaient.

- Ça fait du bien de leur échapper, parfois ?

- C'est sûr, Uranie. Je suis content de voir que certaines choses ne changent pas !

- Comme quoi ?, demanda Astéria, glissant doucement sa main sur celle de l'homme.

- Petit loup et son esprit rebelle !

Il regarda le Messager embrasser Rama et ce, malgré l'interdiction qui était toujours en vigueur. Les frères et sœurs d'armes, tout comme les anciens tuteurs, avaient obtenu le droit de se mettre en couple, du moment qu'ils n'étaient pas de la même famille. Mais, ils devaient théoriquement rester discrets, à l'inverse de ce qu'il se passait sous ses yeux. La rébellion du Messager n'avait plus jamais connu de limite depuis la triste année 2025.



Marie B était satisfaite de voir Lucifer discuter à nouveau avec sa femme. Cela ne signifiait pas que le couple allait vivre une seconde vie mais, au moins, l'homme avait fait l'effort d'engager une discussion. En plus, elle avait vu ce geste hautement symbolique des papiers du divorce déchirés. Au moins, elle n'aurait plus à s'inquiéter pour Uranie, et cela la rassurait. Elle se surprit à sourire, soulagée et heureuse pour ses deux alliés.

Cependant, au moment où elle commençait à se sentir mieux, elle croisa le regard de la comtesse de Kergianov. Elle eut l'impression désagréable que son sang se figeait dans ses veines. Avec toute cette histoire de potentiel divorce entre Uranie et son époux, elle n'avait pas eu le temps de parler du sort de son demi-frère avec ses deux amis. A présent, il était trop tard. La cloche retentissait le début de la réunion du Ministère.


Dimitri présidait l'assemblée en ce frais mois de janvier. Il effectua le bilan de l'année précédente, avec notamment les naissances et les décès des créatures des vingt clans.

- Devant ces nouvelles, plutôt encourageantes et positives, puisque nous avons quinze naissances pour seulement deux décès, je vous présente, au nom de l'ensemble des créatures, mes vœux les plus sincères en ce début d'année. Pour l'occasion, comme tous les ans, un buffet dinatoire vous sera proposé à la fin de la réunion.

Les créatures étaient d'un naturel posé, et à cheval sur leur dignité. Cependant, comme à chaque fois, cette annonce fut accueillie par le bruit des épées. Le comte attendit que cela cesse pour continuer :

- Je vous propose de passer aux lois et donc, de céder la parole. Qui aurait une proposition de loi ?

Il soupira en voyant son épouse se lever et se diriger vers lui. Les ennuis n'allaient pas tarder à arriver.

Marie B regarda Natacha se diriger vers la tribune. Elle était presque sûre que la créature allait parler d'Hermès et du clan de Satan. Mais, elle espérait se tromper. Elle commença à stresser, ressentant de la douleur en son sein.


Hermès était entraîné lorsqu'il ressentit une boule dans le ventre. Il n'en avait pas parlé à ses parents, car il craignait qu'ils ne s'en prennent à sa demi-sœur. Aussi, il feignit de ne rien avoir pour ne pas que son père puisse se douter de quelque chose et continua à frapper dans le sac qui se trouvait devant lui, sous le regard d'Apophis, qui le guidait, lui intimant parfois d'aller plus vite ou de taper plus fort à des endroits bien précis. Avec cette douleur lancinante, il s'acharna tellement qu'il parvint à crever le sac de frappe et son contenu s'échappa sur le sol en béton du sous-sol, sous l'œil ravi de son paternel. Mais, rien n'arrivait à calmer le jeune homme et il continua à cogner des blocs de ciment qui se trouvaient à sa disposition, encore et encore.

Il ressentait le stress de la femme et avait envie de la voir pour lui parler. Il devait trouver un moyen de la retrouver et ce, sans alerter ses parents, pour éviter qu'ils ne s'en prennent à elle une fois encore.


- Je voudrais revenir sur les évènements de l'automne dernier, qui ont conduit à la condamnation d'Arès et à la dissolution partielle du clan de Satan au Ministère, déclara la comtesse, imposant à Jupiter de remplacer Apophis. Nous devons prévoir une peine pour les autres membres de ce clan qui ont participé à ces actes odieux !

- Je suis d'accord avec Natacha !, s'écria Polymnie. Nous ne devons pas laisser ce genre d'actes impunis ! Ne pas parvenir à les retrouver ne veut pas dire ne pas les punir ! Nous ne sommes pas la justice humaine !

- Et pourquoi ne pas condamner Apophis et Aphrodite à la même peine qu'Arès ?, proposa une créature.

- Je propose que le tribunal créaturien se retrouve dans deux semaines pour condamner Apophis et Aphrodite !, annonça Lucifer.

Les rumeurs parcoururent l'assemblée, la plupart positive à cette demande, mais Marie B n'y prit pas attention. Elle restait fixée sur la comtesse et espérait juste qu'elle ne parlerait pas d'Hermès.

- Très bien, accepta Dimitri. Le tribunal créaturien se retrouvera dans dix jours pour décider du sort d'Apophis et Aphrodite.

- Ce point étant fixé, j'ai une proposition de loi à faire. Je propose la mise à mort de la deuxième création de Satan !, ajouta Natacha.

- Non !

Le hurlement fit taire l'ensemble des créatures du Ministère. Marie B s'était levée, fébrile, en entendant cette annonce qu'elle redoutait tant.

- La peine de mort est interdite chez les créatures, ajouta-t-elle.

- Sauf qu'il n'a jamais été reconnu comme l'un des nôtres, rétorqua la comtesse. Ni comme un humain. Ce n'est qu'un animal aux yeux de la société.

Rama dût rattraper sa sœur d'armes et lui placer une main devant la bouche pour l'empêcher de commettre une erreur.

Devant la scène chaotique qui s'offrait à lui, Dimitri demanda le report de la discussion au mois suivant, lors d'une réunion exceptionnelle, clôturant ainsi, pour le moment, ce sujet potentiellement gênant.


A la fin de la réunion, Wladimir et son frère d'armes entrainèrent Marie B avec eux pour la ramener chez son ancien tuteur créaturien. Tout le long du trajet, la femme resta silencieuse.

- Elle veut le tuer. Purement et simplement, grogna-t-elle, une fois dans le salon.

- Il faut la comprendre. Pour une fois, elle n'a pas complètement tort, expliqua Rama. Il est dangereux pour les Hommes comme pour les clans pro-humains.

- Il n'est pas naturellement méchant ! Il a pris un mauvais chemin mais, il peut toujours faire marche arrière. Si tous ceux qui s'étaient trompés devaient mourir, alors Natacha devrait être une des premières !

- Je crains que tu aies trop foi en lui, rétorqua Wladimir. C'est normal, il est de ton sang mais, tu ne dois pas te laisser aveugler.

- Alors, toi aussi, tu es d'accord avec ta mère ! Il est différent donc, on le tue ! Alors, tuez-moi, moi-aussi !

- Petit loup...

Le musicien tenta d'attraper sa protégée, mais elle le repoussa et s'écarta de lui.

- Laissez-moi !

Elle gravit en courant les escaliers et se réfugia dans sa chambre. Elle avait mal.


Apophis observait Hermès lorsque sa femme le rejoignit. Elle voulut lui parler, mais il lui fit signe de se taire. Aphrodite voulut rétorquer, mais il la fixa de ses yeux dont le marron semblait presque noir, et cela suffit à son épouse pour ne pas pousser plus loin la discussion, et s'en aller, boudeuse. L'homme ne la regarda même pas. Il suffirait pour lui de la rejoindre un peu plus tard et de la faire jouir pour qu'elle cesse ses enfantillages. Cela avait toujours été ainsi entre eux, et ils se satisfaisaient de cette relation.

Son regard se porta à nouveau sur la deuxième version. C'était la seconde fois de la journée que le jeune homme semblait bloqué et préoccupé. Il l'entendit murmurer « Elle a mal ». Apophis eut du mal à se concentrer tant sa joie était grande. Il se précipita aussitôt à l'intérieur pour prévenir sa femme. Un tel miracle était à peine croyable. Hermès semblait ressentir les sentiments de la première version. Il leur avait caché ce don, et ils allaient l'utiliser à son insu pour piéger le premier Messager.


- J'ai eu Marie B au téléphone. Elle est en pleine crise de nerfs, expliqua Orlando à Ho Sang.

Ils s'étaient vus pour aller au cinéma, leurs conjoints étant tous deux absents pour le week-end.

- Il faudrait qu'elle pense à se ménager... et à nous ménager... Elle ne se rend pas compte que nous, nous continuons à vieillir. Bientôt, cette vie rock'n roll ne sera plus adaptée. Et, pourtant, tu sais combien je tiens à elle.

L'homme hocha la tête. Leur meilleure amie avait raison. Le rythme effréné de sa femme était celui d'une créature, et non d'un humain standard. Il ne savait pas comment il parviendrait à la suivre pendant encore plusieurs années.

- Vous en avez déjà parlé, Or ?

- Pas vraiment. Je pense qu'elle évite d'y penser. Elle a déjà du mal à combiner ses deux modes de vie. Et je pense que je vais attendre que l'histoire du deuxième Messager soit réglée avant de l'ennuyer avec ça...



Et voilà, la première partie sur trois de ce chapitre, retravaillé spécialement pour vous ce week-end, est là ^^

Alors : 

- Que pensez-vous de la proposition de loi de Natacha ? Va-t-elle être votée, à votre avis ? Y aviez-vous pensé ?

- Les réactions de Rama et Wladimir ?

- Orlando et Ho Sang ?

- Les réactions de Marie B ?

- Apophis ? Que va-t-il faire, selon vous ? 

Comme toujours, blablatez, commentez, râlez, votez... ^^

Prochaine partie... vendredi ou samedi, selon mes envies (ou le spam XD) ^^

Bon début de semaine à tous !

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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