XVII. Trahison / Partie 2
Apophis, sa femme et Arès attendaient l'arrivée d'Uranie et de leur proie devant le château qui leur servait de repaire. L'excitation d'avoir enfin récupéré la première version les rendait euphoriques.
Apophis avait eu du mal à canaliser Aphrodite qui, excitée par la nouvelle, ne tenait plus en place tant psychologiquement que physiquement. Comme toujours avec elle, l'idée de la douleur et de du sadisme éveillait chez elle des pulsions érotiques que son mari avait du mal à refreiner. Pour la calmer, il l'entraina un peu à l'écart de leur ami, la porta sur un rebord de fenêtre et la pénétra violemment, faisant pousser des hurlements de plaisir à la femme. Leur étreinte sauvage dura une trentaine de minutes, durant lesquelles Arès feignait de ne rien entendre. Même si Apophis était son ami, il lui avait toujours préféré Satan, qui l'avait sauvé et qui avait beaucoup plus de classe et de distinction. Apophis était beaucoup plus bestial et, depuis qu'il avait trouvé Aphrodite, les choses ne s'étaient pas améliorées. Cette femme était, pour Arès, tout simplement cruelle et sadique et il n'appréciait pas sa compagnie. Lui-aussi détestait les humains par-dessus tout mais, comme son ancien maître, il savait le faire avec élégance. Il souffla en entendant le grognement rauque d'Apophis. La séance était terminée, et Aphrodite allait enfin se tenir tranquille pendant quelques minutes.
Le couple le rejoignit à temps pour voir arriver au loin la voiture d'Uranie. Tous les trois se précipitèrent à sa rencontre.
- C'est quand même surprenant. Il se fait tard et Marie B n'a répondu à aucun de mes messages et appels, expliqua Orlando à Shinji au téléphone.
- Elle doit être bien occupée avec Uranie ! C'est qu'elles ont beaucoup de choses à se raconter. Tu rentres demain soir à Alfort ?
- Non, en début d'après-midi. On pourra prendre le train tous les trois avec Ho Sang pour rentrer au village, si vous voulez ?
- Banco ! Rendez-vous à GDN !
Lorsqu'Orlando raccrocha, il se sentit stupide de s'inquiéter. Souvent, lorsque sa femme « devenait » une créature, elle prenait des habitudes différentes et d'autres horaires. Il aurait surement un message dans la nuit, ou le lendemain matin.
- Merveilleux !, s'exclama Apophis en ouvrant le coffre du véhicule.
Devant ses yeux ravis se trouvait la première version, toujours sous le coup des somnifères, roulée en boule dans le coffre, attachée et bâillonnée.
- Tu as dû lui mettre une sacrée dose, belle arachnide, constata Arès. Comme nous te l'avions demandé ?
- Oui... Vous n'allez pas la tuer, n'est-ce pas ?, demanda la femme, fébrile et inquiète.
- La tuer ! Comment tuer une telle espèce ?, s'écria Apophis. Nous avons besoin d'elle pour créer une nouvelle armée.
Uranie ne comprit pas ce que son interlocuteur venait de dire mais fut en partie rassurée d'apprendre qu'elle ne serait pas à l'origine de la mort de la femme. Cependant, elle se sentait responsable et craignait ce qui allait se passer par la suite.
Elle prit son téléphone pour contacter son mari. Il ne fallait pas que l'ancien tuteur créaturien de la femme ou son frère d'armes ne se posent de questions s'ils tentaient de la contacter et que, évidemment, elle ne répondait pas.
- Je viens d'avoir un message d'Uranie. Elle dit de ne pas s'inquiéter si Marie B ne répond pas. Elle a égaré son téléphone quelque part chez nous, informa Lucifer.
- Je vais finir par le lui greffer, soupira Wladimir. Elle sait que je déteste qu'elle ne l'ait pas sous la main.
- Elle est avec ma femme, tu sais. Elle ne risque rien. Enfin si, elle risque de prendre du poids, comme l'a dit Rama !
- Ne t'inquiète pas, mon frère, la gamine est en sécurité ! Ce n'est pas comme si elle était avec ses amis humains ! Elle est avec Uranie ! Elles sont toutes deux puissantes, que veux-tu donc qu'il se passe ?
- Je sais, Rama. Mais je ne supporte pas l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à Petit loup.
- Je me porte garant de mon épouse. Veux-tu que nous les appelions ?
- Non, Luci. Tu es gentil mais... je dois apprendre à me canaliser !
Wladimir se leva pour prendre les documents qu'ils avaient rédigés l'année passée pour la rencontre inter-espèces. Réfléchir à comment, quand et où faire la prochaine était le but de leur réunion, et cela l'aiderait à ne pas s'inquiéter inutilement pour sa protégée.
- Pardon, murmura Uranie à Marie B, caressant les cheveux de la femme encore endormie, et dont les liens avaient été ôtés.
Elle se leva et quitta la pièce sans meuble dans laquelle ils avaient déposé son ancienne alliée, à même le sol. Avant de refermer la porte qui menait à une salle adjacente, elle lança un dernier regard vers la femme, sentant une pression dans sa cage thoracique.
Elle était inquiète pour la femme, et une larme coula le long de sa joue, pour venir se glisser dans son décolleté. Elle n'avait toujours pas compris l'allusion d'Apophis et, même si elle savait que Marie B ne mourrait pas, elle commençait à avoir peur pour elle. Voulait-il tester le clonage sur elle ? Elle posa la question à Arès, se rapprochant de lui.
- Le clonage ? Bien sûr que non. Nous voulons une espèce supérieure !
Les yeux d'Uranie s'écarquillèrent. Elle avait soudain peur de comprendre leur projet complètement hallucinant.
- Ce n'est pas possible ! Ce n'est qu'une légende !
- Et la légende prendra vie sous nos yeux. Tu le verras dans très peu de temps, belle arachnide !
Marie B se réveilla couchée par terre dans une pièce vide et blanche. Elle ne se souvenait de rien depuis qu'elle avait bu ce thé immonde chez Uranie. Elle ne comprenait pas ce qu'était cette blague dérangeante et perturbante que lui faisait son alliée. Ses muscles étaient encore légèrement engourdis et elle entreprit de les masser avant de se lever et de se diriger vers la porte, qu'elle trouva close et sans poignet. Un immense miroir dominait le mur en face et elle se demanda s'il ne s'agissait pas là d'une fenêtre. Elle s'avança et donna un coup de poing dans la glace. Aucun doute, ce n'était pas du verre... et cela lui résistait très bien.
- Uranie !
Elle n'obtint aucune réponse et eut un très mauvais pressentiment. Elle se demandait qui pouvait se cacher derrière ce miroir, si ce n'était pas son alliée.
- Uranie ! C'est quoi ce jeu débile ? Réponds !
Mais le silence se fit plus pesant encore. Elle tenta de défoncer les murs, le miroir et même la porte mais, force fut de constater qu'ils étaient dans un matériau très résistant, y-compris pour elle. Cela ne pouvait être l'œuvre que du clan de Satan, seuls eux connaissaient la puissance des Messagers, s'ils en avaient réellement un autre.
- Je sais que vous êtes là ! Apophis, Arès ! Qu'est-ce que vous avez fait d'Uranie ?
- Elle nous a rejoints depuis longtemps, jeune fille. Qui nous a conseillé d'envoyer Aphrodite dans les bras de Rama, à ton avis ? Il nous fallait quelqu'un en qui tu avais confiance pour te conduire à nous ! Mais, elle n'a pas dû assez te droguer, nous ne pensions pas que tu allais déjà te réveiller...
La voix la fit sursauter et elle tenta de savoir d'où elle venait. Elle eut l'impression que les murs entiers étaient recouverts de micros, pour la déstabiliser. Elle ne voulait pas croire ce qu'Apophis lui disait mais, elle était bien obligée de se rendre à l'évidence. Uranie avait trahi le clan Kergianov, à commencer par elle...
Arès se tenait à côté de la deuxième version qui, à présent, le dépassait d'une tête, dans le couloir qui donnait sur la deuxième porte de la pièce dans laquelle ils avaient enfermé la première version. Il leva les yeux vers lui et lui demanda :
- Tu as bien compris ? Elle est réveillée, ce qui n'était pas dans nos plans d'origine et ne va pas te faciliter la tâche. Mais, tu ne dois pas la tuer.
- Je dois en faire une alliée.
- Bien. Elle va essayer de te convaincre qu'elle est du bon côté et implorer ton aide. Tu ne dois pas l'écouter. Tu ne dois pas faillir. Tu utilises la force s'il le faut, est-ce clair ?
La créature était agacée du réveil beaucoup trop rapide de la première version. Soit Uranie les avait trahis, soit elle était stupide, mais il penchait pour la première hypothèse, pour son plus grand déplaisir. Marie B ne devait pas influencer Hermès. Mais la réponse de la deuxième version le rassura quelque peu.
- Oui, mon oncle.
- Tu sais ce que tu as à faire ? Alors, vas-y !
- Bien, mon oncle.
Arès ouvrit la porte de la pièce dans laquelle ils avaient enfermé la femme. Il était temps de frapper car, à cinq ans et une vingtaine d'années physiques « humaines », Hermès commençait à développer de réelles capacités intellectuelles. Il ne serait bientôt plus aussi manipulable qu'avant voire, commencerait à douter.
- Le clan de Satan me semble très préoccupant, en ce moment, commença Lucifer. Ils ont vraiment l'air sûrs d'eux.
- Je n'arrive pas à savoir ce qu'ils veulent. Satan voulait récupérer Marie B mais, eux, s'ils ont réellement un deuxième Messager..., analysa Rama.
- Ils veulent achever l'œuvre de Satan, soupira Astéria.
Les quatre autres créatures se tournèrent vers elle, intriguées. Wladimir marmonna :
- Ne me dis pas qu'ils ont cette légende en tête ?
- Si. Ils veulent créer une nouvelle espèce, répondit la repentie.
- Ils ne sont pas assez tarés pour ça..., s'inquiéta Rama.
- Je crains que si.
Wladimir maudit sa protégée d'avoir égaré son téléphone. Il eut envie d'appeler Uranie pour contacter Marie B, mais se rétracta. Il était tard, et il ne servait à rien de paniquer les deux femmes.
Marie B eut envie de s'échapper lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir, mais resta figée en voyant quelqu'un dans l'encadrure. Son souffle fut soudainement coupé.
- C'est... impossible...
- Impressionnant, n'est-ce pas ?
Elle tourna la tête. Encore ces micros et la voix d'Apophis.
- Mais... tu devrais avoir cinq ans...
Elle le sentait. Cette odeur presque humaine, comme elle, ce sentiment... comme si, juste en le voyant, elle était connectée à lui. Il était de son espèce...
- Il a mûri beaucoup plus vite que prévu, en effet. Et, il est beaucoup plus puissant que toi. Je te conseille, jeune fille, de ne pas te battre. Cela ne servirait qu'à te fatiguer. Surtout que ces murs qui t'entourent sont isolés phonétiquement. Ton pouvoir ne te sera d'aucun secours. Laisse-le faire, et rejoins notre clan à ses côtés.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi ?
- Une nouvelle espèce.
- Nous en sommes déjà une !
- Tu n'as donc encore rien compris ? Nous voulons la Mort !
- Vous êtes tarés ! Et la consanguinité, vous ne connaissez pas ?, hurla la femme, dont la terreur se lisait dans les yeux. Ce n'est qu'une légende !
- Nous n'en avons que faire. Au stade d'une génération, cela n'est pas impactant.
Marie B ne répondit rien. Elle était choquée. Elle comprit pourquoi ils l'avaient enfermée dans cette pièce et paraissaient à peine gênés qu'elle soit déjà réveillée. Les dés étaient pipés. Elle regarda son demi-frère. Il était immense, bien plus grand que la plupart des créatures qu'elle côtoyait. « Facilement deux mètres vingt-cinq », pensa-t-elle. Une montagne de muscles, avec des yeux petits, mais semblables aux siens, si on enlevait le vert. Aucune trace de cheveux, et une barbe châtain foncé. « Impressionnant » était le seul mot qui lui venait à l'esprit pour le décrire.
- Laisse-toi faire.
Elle fut surprise de l'entendre parler. Il semblait avoir une vingtaine d'années. Peut-être pouvait-elle tenter de le raisonner.
- Quel est ton nom ?
- Hermès. Et toi, Marie B. Maintenant que les présentations sont faites, passons à l'accouplement.
La phrase fit tressaillir la femme et l'effroi dû se lire dans ses yeux, car il ajouta :
- Je saurai rendre ça agréable pour toi.
La femme se plaqua contre le miroir, le mollet droit à la parallèle du sol et la jambe gauche en appui, afin de pouvoir se servir du mur pour s'élancer.
- Ne m'approche même pas !
- Tu l'auras voulu...
Il fonça sur elle et elle sauta à temps pour l'esquiver. Comme elle, il était très vif. Elle devait gagner ce combat. Son avenir en dépendait...
Lorsque Ho Sang se réveilla, elle fut surprise de ne pas avoir de réponse de la part de sa meilleure amie aux messages qu'elle lui avait envoyés la veille. Elle lui en renvoya un nouveau, puis se dirigea vers la salle de bain pour se préparer. Après sa douche, elle revint dans la salle, où son mari mangeait.
- Tu ne trouves pas curieux que Marie B ne m'ait toujours pas répondu ?
- Je ne sais pas, on peut en parler à Or, si tu veux !
- D'un autre côté, si ça se trouve, elle n'a plus de batterie, ou alors elle s'est couchée il y a peu...
- On en parle à Or dans le train cet après-midi, d'accord ?
La Chinoise acquiesça et, après avoir avalé en vitesse un thé et des céréales, mit une veste légère et se dirigea vers son travail. Elle était rassurée après sa discussion avec son époux, il est vrai que leur meilleure amie, avec une créature de son propre clan, ne risquait rien.
- Tu sembles livide, Uranie, murmura Aphrodite. Moi, je trouve tout cela très excitant.
Avec Apophis et Arès, ils surveillaient tous les quatre le combat entre les deux Messagers. Cela faisait une bonne heure qu'il durait, mais les trois membres du clan de Satan ne semblaient pas se lasser. De son côté, Uranie ne supportait plus de voir Marie B répondre aux coups de son homologue, les rendre, tenter de parer la violence. Les coups de pieds, de poings s'enchainaient, inlassablement. La femme avait réussi à toucher Hermès à l'oreille droite, en sautant au-dessus de lui et lui assenant un coup avec sa jambe, ce qui avait quelque peu troublé la deuxième version pendant quelques minutes. Mais, aussitôt après avoir été sonné, Hermès avait enfoncé son poing dans l'abdomen de Marie B, l'envoyant valser contre le mur derrière elle. Uranie était désespérée, et voulait continuer de croire que celle qu'elle avait trahie avait encore assez de force, malgré le sang qui s'écoulait de sa bouche et de son nez. Elle avait tenté de se précipiter vers la porte pour aider son ancienne alliée, mais les trois créatures l'en avaient empêché, menaçant une nouvelle fois les vies de son mari et Rama.
- Je n'ai jamais voulu ça...
- Et, pourtant, c'est grâce à toi que tout est devenu possible !, répondit Arès.
- Ah, ça y est ! Il va passer à l'action !, les interrompit Apophis.
Marie B venait de s'écrouler à terre. Son corps était rouge de l'hémoglobine qui s'en échappait. Son ennemi l'avait mordue et griffée à de nombreux endroits. Elle avait bien tenté d'obtenir l'aide d'animaux mais, comme Apophis l'avait prévenue, l'isolation phonique de la pièce était remarquable, et cela n'avait fait que l'épuiser encore plus rapidement. Elle avait l'impression que ce combat durait depuis une éternité. Elle était à bout de force. Elle avait réussi à affaiblir Hermès, mais pas suffisamment. Il saignait également, cependant sa capacité de régénération semblait meilleure que la sienne.
En le voyant se rapprocher d'elle, déboutonnant l'attache de son pantalon, elle tenta de se lever, mais ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle sentit la peur l'envahir tandis qu'il plaçait ses mains de part et d'autre de sa tête. Elle essaya une nouvelle fois de le frapper, mais son coup de tête fit à peine ciller son adversaire, qui lui attrapa les deux mains et les plaça au-dessus d'elle. De sa main libre, il ôta son boxer et le lança derrière lui. Elle eut soudain peur. Elle était à sa merci.
Et voilà pour la deuxième partie de ce chapitre ! Et le dernier update avant mes vacances !!!
Alors :
- Que pensez-vous du plan du clan de Satan ? Y aviez-vous pensé ?
- Les tentatives d'Uranie ?
- Hermès ?
- L'inquiétude des humains ?
- Le coup de l'égarement de téléphone ?
Bref, je suis très curieuse pour cette partie, car je l'ai réécrite aux petits oignons juste pour vous ! Et j'espère avoir beaucoup de réactions alors : votez, commentez, hurlez, blablatez, faîtes grève ou révolutionnez !!!
A dans trois semaines pour la troisième partie ! Niark niark niark !!!!
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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