- J'ai pris ma décision, annonça Marie B à son mari.
- Laquelle ?, demanda-t-il, tandis qu'il dessinait sur son ordinateur.
- Je vais secouer les puces de Rama !
- Tu lui as pardonné ?, la questionna-t-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
- Comme m'a dit Ho Sang, quand on aime, on pardonne.
Orlando se leva et la prit dans ses bras. Il savait que sa femme irait beaucoup mieux après avoir retrouvé son frère d'armes, et il ne souhaitait que son bonheur.
Wladimir attendait Marie B à la gare. Elle lui avait demandé la veille de se rendre avec elle chez leur frère d'armes. Cet appel l'avait transporté de joie, et il espérait que le fait de voir la femme allait créer un électrochoc chez Rama. Il n'avait pas prévenu la créature de la venue de sa sœur d'armes dans ce but.
- Merci, Petit loup.
- Ne me remercie pas maintenant, je ne sais pas si je vais réussir quoi que ce soit...
- Je sais que tu es capable de beaucoup de choses ! Et, tu as connu plus de personnes éméchées que moi, avec tes soirées à la fac ! Tu sais mieux les gérer !
Rama était enfermé dans son manoir. Presque cinq mois s'étaient écoulés depuis la fin rocambolesque de sa relation avec Aphrodite, qui avait failli lui coûter la vie. L'été avait cédé sa place à l'automne, et l'hiver frappait à la porte. Il se sentait toujours mal. Il avait recréé la chambre de Marie B telle qu'elle était avant qu'il ne soit jaloux de sa relation avec son mari. Il avait redécoré la chambre de son frère d'armes également. Il se posa sur le lit de la femme, cet endroit où il l'avait aimée charnellement, cette envie qu'il avait eu pour elle et qui avait contribué à son éloignement progressif d'elle. Il avait tellement envie de la voir, de lui parler. Mais, il ne savait pas s'il trouverait les bons mots pour s'expliquer et s'excuser. Il regarda la photographie de la cérémonie de passage de Marie B, qui était posée sur la table de chevet, et soupira. Ses inquiétudes étaient vaines, elle ne reviendrait pas vers lui, elle ne franchirait plus la porte de son manoir. Il avait déjà bu une bouteille entière de rhum depuis qu'il s'était réveillé dans son canapé, trois heures auparavant et, même si les créatures tenaient beaucoup mieux l'alcool que les humains, ce rythme effréné commençait à se sentir sur lui. Sa capacité de régénération était beaucoup moins bonne, d'autant qu'il n'absorbait plus assez de sang et mangeait très peu. Physiquement, il avait quelque peu maigri, son visage commençait à se creuser, sa voix à trembler. Il n'était que l'ombre de celui qu'il avait toujours été.
Il entendit sonner et reconnut la voiture de Wladimir garée dans l'allée. Il descendit dans l'escalier et ouvrit à son frère d'armes. Il soupira :
- Tu as dû voir Marie B aujourd'hui. Tu as encore son odeur sur toi. J'aurais tellement aimé pouvoir la sentir en vrai.
- Alors, ne me mets pas à la porte, cette fois-ci.
Wladimir s'écarta, dévoilant la femme derrière lui, qui venait de parler. Rama ne sut que répondre. Il aurait eu envie de la prendre dans ses bras, mais se ravisa, se contentant de les laisser entrer.
Cela faisait plusieurs heures que Marie B était arrivée avec son ancien tuteur créaturien chez leur frère d'armes, et elle avait l'impression que rien n'avançait. Rama était mou, effacé et lorgnait trop souvent à son goût sur la bouteille d'alcool qui se trouvait à côté d'elle. Il ne ressemblait plus à la créature qu'elle avait aimée. Un an et demi s'étaient écoulés depuis qu'il s'était éloigné d'elle, et cette période restait marquée sur lui. Elle ne le reconnaissait pas, et ce Rama commençait à l'énerver. Elle leva les yeux vers Wladimir et lui demanda :
- Wlad, tu peux sortir et nous laisser un instant, s'il-te-plait ?
La créature la regarda. Il ne savait pas ce qui allait se passer, mais il savait que l'imprévisible Marie B pourrait peut-être faire un miracle. Il sortit et s'installa dans son ancienne chambre, heureux de constater que Rama la lui avait réappropriée.
- Bon. Alors. Tu vas continuer à chouiner ou tu vas te bouger ?, questionna la femme. Et c'est quoi cette histoire d'alcoolisme ? Depuis quand tu bois pour oublier ?
- Je ne sais pas. Je ne mérite pas le bonheur.
La réponse de son frère d'armes énerva Marie B. Il valait mieux que ça, elle le savait. Il déprimait parce qu'il avait cru trouver l'amour et s'était trompé. Cela arrivait à beaucoup de gens. Il s'en voulait de l'avoir abandonnée, là où l'ancien Rama se serait battu pour la retrouver. Et c'était ce Rama, le fougueux, le combattif, celui qui rebondissait sur les épreuves qu'elle voulait retrouver.
- Tu n'es qu'une merde !, hurla-t-elle.
La créature leva les yeux vers elle, et une larme se détacha de son œil gauche pour couler le long de sa joue. Voyant que les insultes ne fonctionnaient pas, la femme décida d'une autre stratégie.
Wladimir avait entendu ce que sa protégée venait de crier à leur frère d'armes. Bien qu'il ait une entière confiance en elle, il décida de redescendre. Une fois aux pieds de l'escalier, il hésita quelques instants à pénétrer dans le salon mais se ravisa. Il avait demandé pendant des semaines à Marie B de venir avec lui discuter avec Rama car il connaissait ses méthodes expéditives et peu conventionnelles. S'il se mêlait à leur conversation, il risquait de l'empêcher de remuer la créature. Il décida donc d'attendre dans l'entrée, derrière la porte du salon. Ainsi, il serait prêt au cas où il aurait à intervenir rapidement...
- Tu voudrais que je te refasse confiance ! Mais comment le pourrais-je ?, cria Marie B. Tu m'as trahie ! Mais réponds, bordel !
Rama ne leva pas même les yeux sur elle. Ça en était trop.
- Mais comment ai-je pu te prendre comme frère d'armes ? Tu n'es pas capable de me protéger ! Tu es une larve ! Regarde-toi un peu !
La créature ne réagit pas. Marie B ne voulait pas en arriver à ce stade mais, elle n'avait pas le choix.
- Comment ai-je pu espérer que tu me protègerais ? Tu n'as même pas été capable de sauver ta petite sœur ! Tu as laissé Belzébuth lui planter un poignard dans le cœur ! Ta propre sœur ! Ton propre sang ! Et tu n'as rien fait pour elle !
L'accusation de Marie B frappa Rama en plein cœur. Comment pouvait-elle dire ça ? Il lui avait confié combien la mort de sa sœur avait pu le hanter dans sa vie. Il avait eu confiance en elle et, elle le trahissait. Il se sentit mal, oppressé. D'un bond, il saisit son épée et fondit sur la femme, qu'il entraîna dans sa chute sur le carrelage. Sa lame était sur la gorge de Marie B. Il sentit la colère et l'incompréhension monter en lui...
- As-tu eu des nouvelles de Marie B ?, demanda Shinji à Orlando.
L'homme leva les yeux de sa main et, tout en piochant une carte et engageant ses terrains, répondit à son ami.
- Non, mais je ne veux pas la déranger. Et je pense que ça doit bien se passer. Sinon, tu la connais, elle serait déjà revenue en mode furie !
Tous deux rirent en continuant leur partie de cartes. La femme n'était pas du genre à prendre des pincettes, et cela ne l'aurait nullement gênée de partir en claquant la porte.
- Enfin !, s'exclama Marie B, toujours menacée par son frère d'armes. Je te retrouve enfin ! Combatif et instinctif ! Jusqu'où fallait-il aller, franchement ?
Rama la regarda. Ainsi, tout ce qu'elle lui avait dit n'était que mensonge, qu'une machination pour le mettre en colère et le réveiller.
- Tu ne croyais pas ce que tu m'as dit, c'est ça ? Tu as juste voulu me faire réagir..., soupira-t-il.
- Je ne suis pas le genre de personne qui exploite les faiblesses et rompt promesses et confiance, tu le sais.
- J'aurais pu te tuer...
- Ça, ça m'étonnerait, déclara Wladimir.
Dans la précipitation et la douleur, Rama n'avait pas prêté attention à la lame qui se trouvait sur son épaule, contre son cou.
- Vous avez manigancé ça tous les deux ?
- Non. Tu sais bien que ce n'est pas le genre de Wlad. Mais, je dois dire que je comptais sur ses réflexes.
- C'est comme avec tes méthodes, mon frère. Je désapprouve la technique mais, j'avoue que le résultat est là. Petit loup a réussi à te toucher et à te faire enfin réagir.
Il rengaina son épée, tandis que son frère d'armes déposait la sienne à côté de Marie B, toujours allongée sous lui.
- Merci, ma belle.
Elle l'attira vers lui et il s'allongea sur ce petit corps qui l'avait tant torturé par le passé.
- De rien, Rama. Je serai toujours là pour toi. Maintenant, tu n'as plus qu'à arrêter tes conneries avec la boisson et reprendre un peu de poids !
La créature ferma les yeux et profita de cet instant. Il avait enfin retrouvé ses amis et, plus encore, il s'était retrouvé lui-même.
Le passage à l'année 2022 se passa, de manière surprenante, bien. Le vingt-deux janvier arriva et, avec lui, la première réunion de l'année pour les membres du Ministère. Le temps était froid et sec, permettant aux créatures de se retrouver dans la cour de l'hôtel particulier avant d'entrer dans la pièce. Marie B et Wladimir arrivèrent et rejoignirent les membres de leur clan, qui étaient proches du portail d'entrée. Tous avaient fait le déplacement et Lucifer, Uranie, Dimitri, Natacha, Ulysse, Polymnie, Astéria et Aphrodite discutaient.
En voyant arriver le duo, Dimitri s'écria :
- Ce n'est pas possible ! Ne me dîtes pas que Rama ne viendra pas !
Apophis et Arès se regardèrent avec un sourire complice. Wladimir allait enfin devoir dévoiler la mort de son frère d'armes, et le premier Messager de la Vie et de la Mort serait bientôt à leur merci. Leur plan avançait à la perfection.
- Franchement, lorsqu'une créature ne vient pas quatre fois de suite au Ministère, c'est qu'elle est soit en fuite, soit morte, déclara Aphrodite, tandis que tous entamaient leur marche vers l'hôtel particulier.
- Et ça t'arrangerait, n'est-ce pas ?
Les membres du clan Kergianov se retournèrent vers Rama, qui venait d'arriver. La surprise se vit sur le visage de celle qu'il avait cru aimer.
- Tu devrais rejoindre ton clan, maintenant, ajouta-t-il.
- De quoi parles-tu ?, demanda Astéria.
- Du clan de Satan, qu'elle n'a jamais quitté.
Uranie tenta de canaliser ses émotions. Elle n'était pas censé savoir que Rama était mort et essayait de faire son deuil seule, depuis six mois, s'en voulant tous les jours et, le voilà qu'il réapparaissait tout à coup.
- Tu mens, Rama ! Tu veux te venger parce que je t'ai plaqué, rétorqua Aphrodite.
Elle était sidérée. Elle était persuadée de l'avoir tué au mois de juillet, et voilà qu'il se trouvait devant elle. Il ne pouvait pas l'accuser de tentative de meurtre, mais toute leur stratégie pour détruire le clan Kergianov tombait à l'eau...
- Je pense que chacun ici sait que je ne suis pas ce genre de mâle, tu sais. Arrête ton cinéma, et pars retrouver ton clan !
- Je l'avais dit quand tu es arrivée. Je ne te croyais pas, ajouta Astéria, furieuse.
- Dîtes-moi que c'est faux !, grogna Natacha.
La fierté d'Aphrodite était en train de s'échapper. Elle devait rentre de soigner sa sortie.
- Toi, tu nous appartiendras bientôt, Messager de la Vie et de la Mort. Et quant à toi, cria-t-elle à Rama, je te tuerai à petit feu et tu me supplieras ! Et toi aussi, Wladimir ! Je vous ferai souffrir jusqu'à ce que vous ne vous souveniez même plus comment vous vous appelez !
Marie B s'avança vers la créature et lui rétorqua sèchement, ses yeux virant au gris, une phrase qui allait devenir le symbole du retour du clan Kergianov et une des emblèmes du Messager :
- On ne m'appelle pas, on me supplie.
Et voici la fin de ce chapitre !!!
- Qu'avez-vous pensé de la méthode de Marie B ?
- Le retour de Rama ?
- Que va faire le clan de Satan, à votre avis ?
- Et Uranie ?
- Des idées pour la suite ? Je suis joueuse ^^
Comme toujours, commentez, blablatez, révoltez-vous, votez... ^^
A très vite,
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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