- Quel âge me donneriez-vous ?, demanda soudain Marie B.

- Je ne sais pas... Début de trentaine ?, supposa Ho Sang. En même temps, on sait tous que tu vas avoir trente-cinq ans dans deux mois !

- Pourquoi te poses-tu la question ?, s'étonna Orlando.

- Imagine que je sois créature. Cela voudrait dire que vous vieillirez alors que moi, j'aurai toujours en apparence une trentaine d'années. Et que vous mourrez bien avant moi...

- Sympa l'ambiance !, ironisa Shinji.

- Tais-toi et laisse-la parler !, ordonna Ho Sang. Tu ne comprends pas que cela soit inquiétant pour elle !

- Vous seriez toujours avec moi, malgré ça, si c'était le cas ?

- Comment ça ?, demanda son mari.

- Si mon apparence ne change plus, vous me rejetterez ou vous resterez proches de moi ?

- Mais enfin ! Bien sûr qu'on restera avec toi !, s'exclama Orlando.

- Et toi, tu devras supporter les vieux et leurs couches !, ironisa Ho Sang.

Tous les quatre rirent de bon cœur et Marie B fut rassurée. Au moins, eux ne l'abandonneraient-ils pas.

- Tu aimes quand je t'attache, n'est-ce pas ?, demanda autoritairement Aphrodite.

Rama était étonné par sa dulcinée. Elle n'avait jamais été aussi loin dans la domination et l'avait ligoté à chaque pied du lit à l'aide de menottes en métal. Sa tête n'était plus posée sur l'oreiller moelleux, mais directement sur le matelas. Ses bras et ses jambes étaient dans l'impossibilité totale de bouger, tant elle avait tendu ses muscles. Mais, une fois la surprise passée, il se dit que le moment promettait d'être merveilleux. Dans les yeux de sa dulcinée se lisait une envie qu'il n'avait encore jamais décelée auparavant.

- J'aime que tu sois aussi entreprenante, ma chérie, lui répondit-il.

Le regard de la femme changea, ses sourcils se froncèrent, et elle se rapprocha de Rama pour lui cracher :

- Ne m'appelle plus ainsi, chien de Kergianov ! Je suis à un autre, et je vais finir le travail inachevé de Belzébuth !

Elle se releva du lit, toujours vêtue de son peignoir aguichant, et se dirigea vers la porte de la chambre, sous le regard étonné de son amant. Lorsqu'elle revint, elle posa son sac à main sur la table de chevet et en sortit délicatement un poignard et d'autres objets que son amant ne put pas voir. Rama commença à douter de ce qu'il avait, jusque-là, pris pour un simple jeu...

- Ça ne va pas, Marie B ?, questionna Ho Sang. Tu es livide...

- Je ne sais pas... J'ai un mauvais pressentiment...

- Tu dis ça tout le temps depuis plusieurs mois, rétorqua son mari. Il serait peut-être temps d'apprendre à être zen...

Elle acquiesça. Elle avait mal au ventre très souvent ces derniers temps et était trop tendue, tout ça à cause de son frère d'armes. A chaque fois, elle avait l'impression que Rama s'enfonçait un peu plus dans un jeu dangereux et dans un couple nocif. Elle avait eu le sentiment de ressentir sa première fois avec Aphrodite. Elle avait régulièrement l'impression de partager les troubles et les doutes de son frère d'armes. Mais, elle ne voulait pas informer ses proches de tous ces moments qu'elle vivait. Elle-même doutait de son bien-être psychologique et se demandait si elle n'était pas en train de se découvrir une maladie peu sympathique.

Elle soupira et sourit à son époux. Après tout, la seule chose que risquait son frère d'armes, en ce moment, c'était de l'oublier...

- Je sais que tu veux comprendre ce qu'il se passe..., murmura calmement Aphrodite à Rama, qu'elle était en train de bâillonner. Je suis déjà à une autre créature, que tu connais bien... Apophis. J'ai été chargée de te séparer de la première version du Messager. C'était tellement simple... Tu voulais tellement l'oublier...

Avec le poignard, tout en continuant de lui parler, la femme commença à lui entailler les avant-bras. Rama avait envie de crier mais les sons qui provenaient de sa gorge ne pouvaient sortir de sa bouche, et semblaient se perdre dans sa détresse.

- Tu reconnais ça ? Je les ai découverts dans ta cave. De véritables engins de torture...

Rama reconnut aussitôt les séparateurs qu'il avait enlevés à sa sœur d'armes quand elle avait voulu connaître sa résistance. Il voulut bouger, mais les menottes étaient trop solides pour lui, et ses muscles tendus ne lui offraient aucune possibilité de mouvement. Son ancienne maîtresse avait véritablement pensé à tout pour venir à bout de sa puissance naturelle. Il avait, à sa demande, envoyé ses employés en week-end le matin-même. Il observa sa tortionnaire placer avec un doigté parfait les écarteurs dans ses avant-bras et vit le flot d'hémoglobine couler inlassablement de ses veines tranchées. Sa fin était proche, il le sentait, et personne ne serait là pour le secourir cette fois-ci...

- Je ne me sens vraiment pas bien, réitéra Marie B. Je sens qu'il y a quelque chose de bizarre...

Dans la tente, elle s'était levée pour bouger un peu. Elle avait l'impression d'être oppressée, que sa cage thoracique allait exploser.

- Arrête avec des intuitions, Madame Irma, lui conseilla en plaisantant son mari. Bon, on va sortir un jeu, ça va t'occuper l'esprit.

Il enlaça sa femme, lui apposa un baiser sur le front et pénétra dans la partie « nuit » de la tente pour récupérer un jeu que tous appréciaient, un jeu de plateau de stratégie très mignon, avec de belles illustrations et deux pandas qui rappelaient toujours à Ho Sang et Shinji leurs origines chinoises. Une fois le jeu sorti, tous les quatre déplièrent le plateau, posèrent les cartes, les dés et les pièces sur leur table. Chacun choisit son plateau individuel. Le jeu pouvait commencer, pour le plus grand plaisir des trois humains, et au soulagement de Marie B, qui était lasse de s'inquiéter inutilement pour son frère d'armes.

- A la base, je devais juste te fâcher avec Wladimir et la première version du Messager de la Vie et de la Mort, puis te quitter, continua d'expliquer Aphrodite. Mais, tu étais trop attaché à eux et, surtout, Wladimir couve toujours sa petite protégée. Ta mort les détruira psychologiquement... et la première version sera à notre merci. Le clan Kergianov est déjà détruit, grâce à toi...

Elle trancha vivement les aines de la créature avant de placer les séparateurs, prenant une attention toute particulière à ce que les artères soient bien prises dans les outils de torture. Puis, elle se leva pour contempler le spectacle. La vue de cette créature qu'elle avait toujours détestée et qu'elle avait réussi à piéger la réjouit. Elle avait tranché les artères et les veines de ses avant-bras, de ses aisselles et de ses pieds. Elle n'avait pas touché à celles qui étaient au-dessus de ses côtes, ni celles du cou, car elle avait envie qu'il souffre et qu'il ait le temps de se voir mourir.

Aphrodite saisit son téléphone pour appeler son mari, et se plaça devant la fenêtre, qui offrait une meilleure vue sur la créature, qui se vidait doucement, mais dans un flot incessant, de son sang, nu, dans son lit, dans la position d'un crucifié.

Apophis s'approcha d'Uranie, qui observait toujours Hermès.

- L'heure de ta vengeance a sonné.

- Comment cela ?

- Aphrodite vient de m'appeler. Elle vient de tuer ton ancien amant.

La femme le regarda, choquée. Elle eut soudain envie de hurler sa douleur et sa colère. Elle voulait tuer cette créature qui la regardait, un sourire aux lèvres.

- Tu ne pourras pas me tuer. Je suis plus puissant que toi, et j'ai Hermès avec moi. Et, ne t'avise pas de nous accuser. Tu as fait partie de ce complot. Tu es aussi coupable que nous, aux yeux des autres créatures.

Elle détourna la tête, les yeux embués par les pleurs. Elle n'avait jamais voulu la mort de Rama et, pourtant, elle l'avait ce soir sur la conscience. Elle était la seule responsable et, pourtant, elle ne pouvait plus faire marche arrière...

Devant la révolte qui grondait sur la partie précédente, voici celle-ci !!!

Et pour la suivante, vous devrez attendre dimanche ou lundi ahaha !!!! c'est pire, non ? :p

- Alors, que pensez-vous d'Aphrodite ???

- Le plan du clan de Satan ? 

- Le sort de Rama ? 

- Uranie ?

- Le mal-être de Marie B ? 

- Des idées pour la suite ???? :p

Comme toujours, votez, commentez, hurlez, manifestez !!! ^^

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka