XII. Révélation / Partie 1
- Rama, action ou vérité ? Et évite de dire action, comme d'habitude !, demanda le Messager.
- Qu'est-ce qui a fait que tu es tombé amoureux d'elle ?, questionna Wladimir, avant que l'intéressé n'ait eu le temps de répondre.
- C'est ma fête, maugréa Rama.
- C'est toi qui as voulu jouer !, lui lança son frère d'armes avec un clin d'œil.
- Je crois que j'ai déteint sur toi avec le temps... C'est moi qui suis taquin, normalement...
- Allez, réponds ! T'auras le droit à un câlin !
- J'avais besoin de t'oublier, elle est tombée au bon moment. Belle, intelligente, sensuelle, cultivée...
- Manipulatrice, aussi !, ironisa le Messager.
- J'ai répondu, alors maintenant, j'ai le droit à mon câlin !
Il attira la femme à lui en riant. Mais, il se souvenait très bien qu'à cette époque il n'avait pas ri, bien au contraire...
- N'es-tu pas heureux à mes côtés ?, demanda Aphrodite, plongeant ses grands yeux clairs dans ceux de Rama.
L'homme était dans son salon, devant sa fenêtre, depuis près d'une heure. Muet, il se contentait de regarder dehors son parc que ses employés avaient nettoyé la veille. Il faisait beau, et il pensait à cette fameuse bataille d'eau qui avait mené, une éternité auparavant, à son union charnelle avec sa sœur d'armes. Il aurait voulu que rien de tout cela n'arrive, et qu'il n'ait pas besoin de se séparer d'elle comme il l'avait fait. Depuis ce déjeuner qui avait tourné court, et au cours duquel il avait mis à la porte Marie B et Wladimir, il ne cessait de revisualiser mentalement ces deux heures, tentant de voir à quel moment tout avait basculé.
- Bien sûr que si, ma chérie. Mais, parfois, ils me manquent. Cela va faire plus de trois mois que nous nous sommes fâchés, et je pensais naïvement qu'ils reviendraient vers moi...
Il enlaça sa dulcinée, la serrant fortement contre lui. Il avait besoin de se sentir aimé et accepté par elle. Il avait un tel vide en lui depuis ce jour tragique. Ni son frère, ni sa sœur d'armes ne l'avait rappelé et, tous les jours, il regardait en soupirant son téléphone, repensant à ces jours heureux où il recevait un nombre de messages hallucinants de la part de Marie B. Souvent pour ne rien dire, juste des messages humoristiques ou pour préparer une future soirée, trop souvent alcoolisées. Mais ces nouvelles innocentes et comiques rythmaient ses journées et, pour la première fois, il se retrouvait sans ses habitudes.
- J'ai le remède contre le mal d'amour... Viens avec moi et montons dans la chambre...
- Je pensais que vous vouliez détruire le clan Kergianov, mais entre Rama qui vit le grand amour et Wladimir qui couve le Messager..., commença Uranie.
- Attends ce soir, et tu auras ta réponse, fougueuse arachnide, l'arrêta Apophis. Regarde donc avec moi la création de Satan.
Hermès venait d'avoir trois ans et il ressemblait à un pré-adolescent humain classique, si on ne prêtait pas attention à son crâne qui ne possédait toujours pas de cheveux, sa force et sa stupidité. L'âge n'avait pas amélioré son quotient intellectuel mais, s'il était bête, il n'était pas non plus débile, et cela était bien suffisant. Apophis n'avait pas besoin d'un animal à l'esprit trop affûté, qui aurait pu se poser des questions sur les bienfaits de leurs actes. Les personnes stupides étaient beaucoup plus malléables. Sa force, elle, s'était multipliée, et Arès avait arrêté de l'entraîner après sa dernière blessure accidentelle. Une bête, voilà ce qu'ils avaient fait de cet enfant, et ce qu'ils comptaient faire de la première version du Messager de la Vie et de la Mort.
- C'est toujours le silence radio du côté de Rama ?, questionna Shinji.
Comme sa femme et Orlando, il avait vu l'impact que cette séparation avait sur Marie B et c'était la raison pour laquelle il avait proposé un week-end en camping à la mer. Le mois de juin était agréable, et ils avaient passé la journée sur la plage, à se promener en ramassant des coquillages ou à jouer aux raquettes, ce qui avait été quelque peu compliqué, compte-tenu du vent qui persistait, comme souvent, sur la côte picarde.
Ils étaient attablés dans un restaurant un peu en retrait du bord de mer, et avaient commandé des soles fraiches, accompagnés de riz et d'une bouteille de blanc sec. Un repas simple, agréable, qui devait permettre à chacun d'oublier le poids qui pesait sur Marie B et, par ricochet, sur eux.
- Wladimir est toujours présent, lui, répondit évasivement la femme, tout en entamant la découpe de son poisson.
Elle ne voulait pas parler de son frère d'armes. Elle souffrait toujours d'avoir été « remerciée » et était fâchée contre lui. En plus, elle ne souhaitait pas altérer la bonne ambiance qui s'était installée dans le quatuor avec ses problèmes personnels. Trop souvent, son statut hybride entre humanité et créature interférait sur ses proches, et cela n'était pas pour lui plaire.
- Ça fait du bien de manger du poisson frais ! Demain, on se commande un plateau de fruits de mer, c'est bon pour le moral !, s'exclama Ho Sang, soucieuse de détourner le sujet de discussion.
- Heureusement que Lóng est là pour avoir de bonnes idées, railla Marie B, en lançant un clin d'œil complice à sa meilleure amie.
Le dîner se déroula dans une bonne ambiance et, une fois fini et l'addition payée, le quatuor rentra à pieds au camping, profitant ainsi d'une dernière petite promenade digestive. De retour à leur tente, Orlando demanda à sa femme :
- Tu as eu des nouvelles de Wladimir ?
- Il nous souhaite un bon week-end, sinon oui, j'ai reçu tous ses sms !
- Il pouvait venir avec nous, au lieu de s'inquiéter seul.
- Je sais. Je lui ai proposé, mais il est sur une composition. C'est son boulot, tu sais...
Depuis la rupture avec Rama, Wladimir n'avait pas réussi à finir une seule partition. Il passait ses journées à stresser, entre l'abandon de son frère d'armes et le fait qu'il restait seul pour protéger Marie B. Il s'assurait régulièrement qu'elle allait bien, l'inondant de messages, auxquels elle continuait toujours, malgré une certaine lassitude, à répondre. Le clan Kergianov, au Ministère, était réduit en cendres, et il craignait toujours de ne pas être assez fort pour sa protégée. Il n'était pas très puissant, comparé à d'autres créatures. Quand son frère d'armes était à leurs côtés, il savait qu'il pouvait compter sur sa force. Les membres de la famille de Rama avait compté parmi les créatures les plus robustes que la Terre eut connues. Bien plus que celles de la famille de Satan ou que la sienne. Mais, il n'était plus là pour l'aider à défendre Marie B.
La créature saisit son archet et plaça le violon auquel il tenait le plus contre son cou. Il frotta les cordes, mais le son qui sortit de l'instrument ne lui plut pas. Exaspéré, il posa le violon à côté de lui et le regarda. Il s'agissait d'un Amati, créé par Andrea Amati lui-même, en 1549. Les ouïes en bois étaient parfaitement détaillées, la mentonnière et la touche en ébène assuraient un bon confort et une belle musicalité à l'instrument. Il avait été commandé par la créature César Thorsen, qui avait été un grand violoniste dans son temps, puis offert à Wladimir lorsqu'il avait seulement trois ans et que les héritiers de l'artiste avaient décelé chez lui la magie et la merveille de la musique qu'il commençait déjà à jouer. Si même ce trésor, ce cadeau auquel il tenait énormément, ne parvenait pas à satisfaire son imagination, il devait tenter une autre tactique. Il fouilla donc dans ses anciennes compositions, afin de trouver une possible inspiration. Mais, il avait beau relire toutes les notes de musique qu'il avait lui-même écrites, rien ne venait. Il avait la gorge sèche. Pour ne rien arranger, il avait aussi peur pour Rama. S'il lui arrivait quoi que ce soit, il aurait aimé pouvoir compter sur Aphrodite. Cependant, il n'avait pas confiance en elle.
- Déshabille-toi et allonge-toi sur le lit !, ordonna Aphrodite, une fois qu'ils furent dans la chambre.
Rama s'exécuta, soulagé. Il posa ses vêtements sur le fauteuil, avant de se poser sur le dos, un oreiller derrière la tête et le matelas lui calant les vertèbres. Le sexe était toujours un moment intense avec sa partenaire et cela lui évitait de réfléchir. Il avait besoin de se vider la tête et d'oublier, une fois de plus, ses anciens amis.
- Maintenant, tu vas m'attendre. Une dame soit savoir se faire désirer. Je reviens tout de suite, mon Amour. Pense à moi en m'attendant.
Avant de sortir de la chambre, elle ouvrit son peignoir de soie et dévoila à son amant sa nudité, ses seins ronds et parfaits, sa peau laiteuse, ses cheveux d'une blondeur angélique, tous ses atouts qu'elle possédait et qui rendaient fou Rama. Puis, elle traversa le couloir et descendit, à pas feutrés, les escaliers.
Devant un début de révolution de certains de mes lecteurs, voici une nouvelle partie ^^
- Alors, les regrets de Rama ?
- Des idées sur la destruction du clan Kergianov ?
- La sortie camping à la mer ?
- Les inquiétudes de Wladimir ?
- L'atout sexe d'Aphrodite ?
Comme toujours, n'hésitez pas à commenter, blablater, et voter si vous aimez ^^
S'il y a une nouvelle révolution, j'updaterai vite la partie suivante ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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