X. Scission / Partie 1
- Le clan de Satan est étonnement calme, ces derniers temps, constata Lucifer, tandis qu'ils sortaient d'une réunion du Ministère.
- Ils doivent attendre d'être à nouveau au complet, rétorqua Wladimir.
- Ou d'avoir créé un nouveau Messager de la Vie et de la Mort, soupira le Messager.
- Tu sais bien que c'est impossible ! Seuls Luci ou Astéria pourraient le créer !, s'exclama Rama.
- Je ne sais pas...
Une chose était sûre, ils sentaient tous que le vent allait tourner, et que le clan de Satan saurait, une fois de plus, faire un retour spectaculaire.
- Comment allez-vous revenir au Ministère ?, questionna Uranie.
- Comme un cheveu sur la soupe, répondit Apophis. Nous y avons des membres de notre clan, des alliés, et les autres créatures préfèreront savoir où nous sommes quand nous leur aurons révélé l'existence du deuxième Messager de la Vie et de la Mort.
- Mais, vous ne craignez pas d'être punis ?
- Pourquoi ? Nous ne l'avons pas créé, mais Satan. Et, on ne condamne pas un mort !
Uranie regarda Hermès à travers la fenêtre qui les séparait. Il avait encore évolué, et elle doutait une fois de plus de son choix. Elle ne se contentait pas de trahir son clan, elle était partie bien loin de tout ce pour quoi elle s'était battue jusque-là. Comme s'il avait pressenti ce qu'elle pensait, Apophis lui murmura à l'oreille :
- Et, sinon, j'ai entendu dire que Rama serait presque prêt à se mettre en couple avec Aphrodite...
La femme se retourna vers lui, puis détourna le regard. Une larme commençait à se former au coin de son œil droit. Ainsi, son ancien amant n'avait pas pu l'aimer, elle, mais il aimait déjà une créature qu'il connaissait à peine. Elle soupira. Elle avait pris la bonne décision. Celle de la vengeance.
Rama était en effervescence. Ce soir, pour la première fois depuis cinq mois qu'ils se fréquentaient, Aphrodite venait chez lui. Il avait beaucoup hésité avant de l'inviter. Il avait eu peur qu'elle n'aime pas son manoir, sa décoration. Elle n'avait pas de tatouage, excepté celui qu'elle avait eu, comme toutes les créatures, à sa majorité, et il ne savait pas si elle saurait apprécier l'univers de son salon de tatouage, qu'il avait créé au sein même de sa demeure. En fin connaisseur, il avait bien analysé son tatouage de la majorité, et il y avait lu le nom d'un membre du clan de Satan, à côté de celui de « Créature », le tout presque masqué par le castor du clan de Satan. La pauvre devait avoir craint, après son départ de ce clan, de modifier cette trace indélébile. Mais, Rama savait qu'il pourrait faire un travail magnifique pour reprendre cet animal-emblème et le modifier. Il savait également, après les heures de discussions qu'ils avaient passées, qu'Aphrodite n'avait jamais divorcé de son époux, dont elle craignait le courroux. Depuis cinq ans qu'elle avait enfin réussi à échapper au clan de Satan, la pauvre femme était restée terrée en Forêt Noire, loin de son époux et de ses alliés. Cette histoire avait profondément marqué Rama, qui voulait permettre à celle qu'il aimait de connaître enfin la paix et l'amour qu'elle méritait.
En entrant dans le salon, la créature regarda la nouvelle décoration, beaucoup plus délicate pour une femme si cultivée. Après avoir longtemps hésité quant à ce qu'il allait faire des quelques photographies de Wladimir et Marie B qu'il n'avait pas encore ôtées, il avait demandé à ses employés d'en monter la majorité au deuxième étage, dans une des chambres, à l'écart de sa vue et de celle de sa possible dulcinée.
A présent, il avait hâte de la voir, et de pouvoir enfin lui déclarer sa flamme. Tout était prévu : ses domestiques avaient fait une cuisine appétissante et pleine de bonnes odeurs, puis étaient partis en week-end, le bouquet de rose trônait sur la table de la salle, les chandelles étaient prêtes à être allumées, les draps de soie paraient le lit. Tout semblait parfait. Jusqu'à ce qu'il entende frapper à la porte.
- Tu penses qu'il va nous ouvrir ?, demanda Marie B.
Son ancien tuteur créaturien n'eut pas le temps de répondre, car leur frère d'armes apparut derrière la porte.
- Je suis occupé, déclara-t-il en les laissant entrer.
- Et nous, nous sommes préoccupés, rétorqua Wladimir. Je suppose que tu as eu vent, toi aussi, de la rumeur concernant le retour d'Apophis et Arès.
- Comme tout le monde au Ministère. Mais ce n'est pas ma priorité pour le moment.
- Tu rigoles, j'espère ?, s'exclama Marie B. Tu te souviens de ce que ça veut dire ? Un nouveau Messager !
Rama posa ses yeux sur elle. La revoir à nouveau, qui plus est chez lui, ravivait les blessures qu'elle lui avait, involontairement, infligées. Il voulait l'oublier, et voilà qu'elle franchissait le seuil de sa demeure. Il voulait vivre son amour pour Aphrodite pleinement, et celle qui l'avait détruit revenait.
- Ils feront leur retour dans deux mois. Tu as le temps avant de commencer à t'inquiéter, Marie B.
La remarque, l'utilisation de son prénom, et le ton qu'avait employés son frère d'armes surprirent la femme. Il avait promis de la protéger, et il se défilait. Elle n'eut pas le temps de répondre, qu'il ajouta :
- Loin de moi l'envie de vous mettre à la porte, mais j'attends quelqu'un. Nous nous verrons au Ministère.
Marie B soupira et partit vers la voiture de Wladimir, trainant les pieds dans les trois marches qu'elle descendit. L'ancien tuteur créaturien murmura à Rama avant de la rejoindre :
- Je sais que tu veux oublier Petit loup. Mais, tu n'étais pas obligé de la laisser tomber...
Rama les regarda partir. En son for intérieur, il savait qu'il serait toujours là pour eux s'ils étaient en danger. Mais, aujourd'hui, il n'y avait pas d'urgence, et il devait se reconstruire, et construire son couple.
- Je ne comprends pas ce qu'il se passe dans la tête de Rama, déclara Marie B.
- Il est amoureux. Il a envie de vivre avec Aphrodite cet amour qu'il a toujours cherché sans le savoir.
- Je ne la sens pas. Et je sens que Rama est en train de faire une énorme connerie...
Wladimir ne répondit pas, se contentant de regarder la route qui défilait devant eux. Lui aussi avait l'impression que leur frère d'armes prenait un mauvais chemin. Mais, à présent, Wladimir était seul pour défendre sa protégée, qui semblait déjà vulnérable.
Son téléphone sonna, et Marie B l'informa que c'était un appel d'Astéria. Il lui fit signe de ne pas répondre. A partir de maintenant, il n'avait plus le choix. Les problèmes amoureux de son frère d'armes ou les discussions qu'il avait jusque-là presque quotidiennement avec Astéria seraient mis entre parenthèses. Il ne restait plus que lui pour protéger celle qui se trouvait à ses côtés, les yeux dans le vide, complètement détruite...
Aphrodite se préparait pour aller chez Rama. Toilette, parfum, maquillage, elle n'avait rien laissé au hasard pour rendre fou son prétendant. Sa longue robe de soie couleur bleu ciel fendue sur le côté dévoilait une partie de ses longues jambes et le décolleté dans le dos la rendait sublime. Ses yeux clairs étaient parés d'un maquillage léger, et sa bouche d'un rose nacré. Elle avait attaché ses longs cheveux en un chignon décoiffé, mettant ainsi en valeur son port de tête et son dos. Une coiffure qu'elle espérait ne pas garder très longtemps. Elle savait que Rama la désirait. Elle regarda encore une fois son miroir et enfila des ballerines pour conduire jusque chez son prétendant. Ses talons aiguilles dans son sac, elle quitta la chambre d'hôtel qu'elle avait louée la veille.
Elle voulait Rama... et elle le posséderait.
Rama se regarda dans la glace et ce qu'il vit lui plut. Une belle créature mâle, sûre d'elle, les cheveux peignés, les yeux bleus étincelants. Rien à voir avec le reflet qui l'avait mis dans ses états quelques mois plus tôt, avant l'arrivée d'Aphrodite dans sa vie. Il tentait d'oublier le passage de Wladimir et Marie B quelques heures plus tôt. Que le clan de Satan fasse son retour au Ministère n'allait pas gâcher ce bonheur enfin découvert. Wladimir était un Kergianov, il était fort et saurait protéger sa sœur d'armes. Et puis, s'ils avaient vraiment besoin de lui, il serait là pour les aider. Mais, pour le moment, il avait d'autres préoccupations. Il espérait que son costume lui allait suffisamment bien. Il avait perdu l'habitude d'en porter, et se contentait bien souvent d'une paire de jeans et d'une chemise ouverte. Mais, aujourd'hui, pour elle, il avait envie d'être magnifique. Il avait les mains moites à l'idée de la déclaration qu'il allait faire à celle qu'il espérait être sa dulcinée.
Il entendit la sonnerie de son portail et la reconnut dans sa voiture de sport. Il actionna l'ouverture et descendit l'attendre à la porte.
- Quelle merveilleuse soirée m'offres-tu, déclara Aphrodite. J'ai passé un moment merveilleux à tes côtés.
Rama la regarda. Elle était plus belle que jamais, avec sa longue robe fendue sur le côté et son décolleté dans le dos. Tout dans la suggestion. Beaucoup plus fine et moins directe que sa sœur d'armes. Il se surprit à faire encore la comparaison entre les deux femmes. Il voulait se guérir et déclara à son invitée :
- Cette soirée me serait encore plus inoubliable si tu pouvais m'accepter comme compagnon de vie, belle Aphrodite.
- Depuis le temps que j'attendais cette déclaration... Bien sûr, mon Amour.
Ils se rapprochèrent, s'enlacèrent, laissant leurs lèvres se trouver et le désir monter en eux. Les draps de soie ne furent pas utiles cette nuit-là. La peau de mouton du salon, au bord de la cheminée, fut le seul témoin de leur union charnelle...
Marie B se réveilla en sursaut. Elle sentait que ce n'était pas dû à une de ses indénombrables insomnies. Elle était persuadée que Rama avait franchi le pas avec Aphrodite. Elle ne savait pas comment elle avait cette certitude, mais elle était sûre que c'était la réalité. Elle avait une boule dans le ventre et se leva sans bruit pour ne pas alerter son mari. Son corps était trempé de sueur et elle frissonnait. Elle se dirigea vers sa cuisine, traversant leur salle au souvenir et leur bureau mais, avant qu'elle ne puisse pénétrer dans la partie « jour » de la maison, elle fut prise de nausées et se précipita dans les toilettes. Fort heureusement, ils étaient éloignés de leur chambre, et le bruit peu délicat de ses vomissements n'atteignit pas aux oreilles de son époux. Une fois qu'elle eut rendu son dîner de la veille, elle tira la chasse d'eau et se dirigea en frissonnant dans la salle de bain pour se laver les dents. Tandis que la brosse électrique fonctionnait, elle regarda son reflet. Ses yeux étaient devenus verts et ses cheveux fins étaient collés à son visage par la transpiration, donnant presque l'impression qu'elle était chauve. Sa nausée lui revint et elle retourna en courant dans les toilettes. La bile lui brûlait l'œsophage et elle se demandait ce qu'elle pourrait bien avoir à vomir si cette envie lui reprenait plus tard. Elle tremblait, elle avait froid.
Elle avait soudain très peur pour son frère d'armes. Mais, elle ne savait pas de quoi...
Et voici la première partie de ce nouveau chapitre !
Que pensez-vous du trio Rama / Marie B / Wladimir ?
Le couple Aphrodite / Rama ?
Les peurs de Marie B ?
Les projets du clan de Satan ?
Comme toujours, n'hésitez pas à blablater, voter, tout ça ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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