VI. Fruit défendu / Partie 2
- Super idée, ce pic-nic ! Le déjeuner sur l'herbe version 2019 !, s'écria Marie B.
- Sauf que dans une certaine ancienne version, la femme était nue !, rétorqua Rama en riant.
- Tu veux que je chope un coup de soleil à la poitrine ou quoi ? Elle n'est jamais dehors !, s'esclaffa la femme.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Wladimir et moi pouvons te mettre de la crème solaire !
- Dans tes rêves, sac à puces ! Wlad, au secours !
Elle se cacha derrière son ancien tuteur créaturien au moment où Rama lui lançait l'eau contenue dans son verre, et ce fut Wladimir qui fut arrosé. La créature se leva, attrapa le pichet, et cria :
- Cours, mon frère ! Je ne vais pas te rater !
Le déjeuner tourna court et se transforma en bataille d'eau, où la bonne humeur et l'insouciance étaient au rendez-vous. Rama était content d'avoir envoyé en week-end l'ensemble de ses employés. Il pouvait ainsi profiter pleinement de ses amis.
Orlando sourit en lisant le message que venait de lui envoyer Shinji : « Ce soir, c'est plan à trois ! ». Après le départ de sa femme, l'homme était resté en région parisienne, et avait prévu de passer la nuit chez le couple. La soirée promettait d'être formidable. Les deux Chinois étaient d'excellents cuisiniers et prenaient toujours plaisir à faire découvrir de nouveaux plats, tous épicés et très bons, à leurs amis. Ils avaient un véritable sens de la réception même si, bien souvent, lorsque leurs invités, qui étaient neuf fois sur dix Orlando et sa femme, arrivaient, la table restait encore à mettre et le plat n'était pas encore fini de cuire. La plupart du temps, les deux couples mettaient la main à la pâte pour préparer les mets délicieux que les Chinois cuisineraient ensuite. En plus de cela, le message de Shinji était sans équivoque, la nuit serait mouvementée, bercée par les cris de Ho Sang. L'homme soupira. Un bon moment en perspective, malgré l'absence de sa femme.
- C'est malin, je suis toute crado maintenant !, dit en riant Marie B.
La bataille d'eau s'était prolongée et avait laissé place à une bagarre dans la boue qui s'était créée à cause de l'eau qu'ils avaient lancée. Ils étaient tous les trois marrons.
- Une bonne douche nous fera le plus grand bien, je crois, répondit Wladimir.
- Attends, poupée, je monte avec toi !
- Même pas en rêve, sac à puces !
Mais, lorsqu'elle pénétra dans sa douche, elle regretta que ses deux amis créaturiens ne soient pas là. Elle aurait aimé sentir leurs peaux contre la sienne, les gouttes d'eau retomber de leurs cheveux sur sa tête, la buée envahir leurs corps serrés dans cette douche spacieuse.
Elle soupira en regardant la glace qui se trouvait en face d'elle, tandis qu'elle actionnait seulement l'eau. Ils n'étaient pas là, avec elle, et c'était peut-être mieux comme ça. Une union charnelle était interdite, c'était la loi, et elle devait continuer à s'y plier.
- On se rejoint en bas, dans le salon ?, demanda Rama à son frère d'armes, qui était descendu une fois lavé.
- Je dois d'abord contacter mon éditeur au sujet de mes prochains concerts. J'appellerai depuis le salon et je vous rejoindrai après.
Rama valida la proposition et monta rapidement les escaliers. En passant près de la chambre de Marie B, il entendit qu'elle était sous la douche et fut tenté de la rejoindre. Mais il n'en fit rien et continua à traverser le couloir pour pousser la dernière porte à gauche, celle de sa propre chambre. Lorsqu'il en sortit, il perçut les bruits d'eau qui provenaient encore de chez la femme.
Il resta quelques secondes devant la porte, sa main sur la poignet, à hésiter sur ce qu'il allait faire. Après tout, sa sœur d'armes n'allait peut-être pas le rejeter. Il poussa délicatement la porte, qui n'était pas fermée et décida d'attendre Marie B dans sa chambre.
- Rama ! Que fais-tu là ?, demanda Marie B, sortant de sa salle de bain, le corps enveloppé dans sa serviette.
- Tu ne m'avais pas entendu ?
- Bien sûr que si, mais ça ne m'empêche pas de me demander pourquoi tu es là !
- Comme prévu, je viens te masser le dos.
La créature avait perdu un défi durant la bataille d'eau, et son gage était ce massage. Marie B s'allongea sur le lit, sa serviette nouée sur le côté cachant ses fesses. Son frère d'armes commença à lui caresser le dos. La femme sentit le désir monter en elle et voulut arrêter Rama. Il fallait qu'ils stoppent ce jeu de séduction avant de commettre l'irréparable...
- Ce n'est pas un massage, ça. Et là, ce n'est plus mon dos, Rama, murmura-t-elle.
- Et est-ce déplaisant pour autant ?
- Ce n'est pas ça, le problème.
La créature se décala et la femme se retourna, plaçant le drap sur son corps dénudé.
- Les lois créaturiennes interdisent tout contact charnel entre frères d'armes, de même qu'avec un tuteur créaturien.
- Et tu es d'accord avec ces lois, peut-être ?, demanda Rama.
Il s'était allongé et la femme avait posé sa tête sur son torse nu. Bien sûr qu'elle désapprouvait ses lois d'une autre époque. Mais était-ce une raison pour les transgresser ? Elle sentit les doigts chauds et doux de son frère d'armes sur son épaule. Elle avait envie de lui, elle avait envie de Wladimir. Et elle savait qu'Orlando était d'accord. Pourquoi donc se l'empêcherait-elle ? A cause de lois stupides écrites par des créatures d'un autre âge ? Elle commençait à se lasser d'être la gentille créature obéissant à toutes les règles.
- Et merde, qu'ils aillent se faire voir !, s'exclama-t-elle.
Elle ôta le drap qui cachait sa nudité et roula sur la créature. Le soleil baissait à l'horizon et le vent se rafraîchissant faisait voler ses cheveux courts. Rama décortiqua avec envie la femme. Elle était là, au-dessus de lui, nue, sa peau douce sur la sienne, ses yeux bleu-gris plongés dans les siens. Il sentait son odeur qui se modifiait légèrement sous l'emprise de l'envie. Le regard de la créature baissa sur la poitrine gonflée de Marie B. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs, plus désirable aussi. Il avança sa main droite vers elle, lui caressant le visage, comme pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Elle était bien là, au-dessus de lui, son souffle sur lui et un sourire aux lèvres.
- Transgression ?, souffla Rama.
- Transgressons.
La créature releva légèrement la tête, tandis que son amie se baissait vers lui, lèvres entrouvertes. Le baiser dans un premier temps timide, fut rapidement plus langoureux, leurs langues se rencontrèrent, et tous deux fermèrent les yeux pour profiter de l'instant. Les bras de Rama, qui enserraient la femme, se placèrent sur son fessier, caressant le corps de Marie B avec envie, avant que la créature ne touche le point de son plaisir et la fasse crier.
Wladimir entendit le cri de Marie B et écourta précipitamment son appel avec son éditeur, prétextant une urgence. Tandis qu'il grimpait l'escalier en sautant les marches, il espérait que Rama et elle n'avaient pas cédé à la tentation. Mais, lorsqu'il entra dans la chambre de la femme, dont la porte était restée ouverte, il vit sa protégée nue, allongée sur son frère d'armes.
- Rama, mon frère... Qu'est-ce que tu as fait ? Te rends-tu seulement compte ?, murmura-t-il.
- Au Diable les lois dépassées !, cria sa protégée.
Elle regarda Rama, l'embrassa et lui chuchota quelques mots. Puis, elle se leva, et s'avança vers son ancien tuteur créaturien, qui tenta de conserver son regard au niveau de la tête de la femme, et non de son corps nu dont il commençait à avoir envie.
- Viens avec nous, Wlad. Je vous veux tous les deux, lui souffla-t-elle, en lui prenant les mains.
La créature regarda sa protégée. Ses cheveux étaient humides et en bataille, sa peau ruisselait de centaines de perles de sueur, ses yeux brillaient plus que n'importe quelle étoile dans le ciel.
- Cela nous est interdit, tu le sais, lui chuchota-t-il, en lui caressant la joue.
- Et les lois sont faites pour être transgressées. C'est grâce à vous deux que j'ai appris ça.
Elle commença à déboutonner la chemise de son ancien tuteur créaturien et l'attira vers elle.
- Je ne sais pas..., soupira-t-il.
- Si tu as envie d'elle ? Ça fait des années que tu tentes de cacher tes désirs, mon frère. Lâche-toi, ne serait-ce qu'une soirée.
- Ça fait trop longtemps. J'ai peut-être oublié...
- Alors, laisse-moi faire, murmura Marie B.
En lui tenant la chemise, elle recula vers le lit, où Rama s'était décalé vers la droite, afin de permettre au duo de s'installer. Sur la pointe des pieds, elle apposa un baiser sur le menton de son ancien tuteur créaturien, qui baissa la tête vers elle, lui offrant ses lèvres. Ils s'embrassèrent longuement, et Wladimir, dans un premier temps frileux, commença à prendre goût à cet interdit. Les deux amants se posèrent sur le lit, à côté de Rama, qui regardait la scène, amusé.
- Prêt ?, demanda-t-elle à Wladimir.
- Je l'espère...
La créature se laissa guider par la femme et, à l'excitation de la situation, s'ajouta le plaisir trop longtemps oublié. Son souffle devint plus rauque, son rythme cardiaque saccadé. Il enlaça Marie B avec force, comme voulant être certain qu'elle n'était pas un mirage, que tout ce qui se passait à cet instant précis n'était pas un rêve, mais bien la réalité. Lorsque leur extase fut terminée, ils s'embrassèrent avec fougue une fois de plus, et la femme se glissa sur le côté, se retrouvant entre les deux créatures.
- Moi, je n'en ai pas fini avec toi, lui murmura Rama.
- Je l'espère bien.
La créature se leva et prit sa sœur d'armes dans les bras, avant de la poser sur le rebord de la fenêtre. La nuit venait de tomber et offrait les couleurs chatoyantes de la fin de journée. Leurs cris de plaisir les empêchèrent d'entendre que quelqu'un avait pénétré dans le domaine.
Uranie resta bloquée, le souffle court, devant la scène qui s'offrait à elle. En tant qu'alliés de Rama, son mari et elle avait le code du portail de la créature. Elle avait donc remonté l'allée qui menait au manoir et s'était garée sur le parking. A peine avait-elle mis un pied en dehors de son véhicule, qu'elle avait entendu des cris. Croyant au départ que quelqu'un était en danger, elle s'était précipitée devant le manoir. Et là, la vision qu'elle avait eu la paralysa. Marie B et Rama jouissait ensemble, au premier étage, sur le rebord de la fenêtre...
La colère s'empara de son cœur. Non seulement il l'avait oubliée, mais en plus il se permettait de transgresser les lois. Et pour qui ? Toujours pour Marie B. La seule personne pour laquelle il avait pu ressentir de l'amour. Ça en était trop pour elle. Elle le détestait et elle allait se venger de la pire façon qu'il soit...
Après une nuit d'ébats, les trois amis se couchèrent ensemble, dans le lit de Marie B, à l'aurore. Wladimir s'endormit juste après sa protégée, sa main tenant celle de la femme, qui s'était écroulée de fatigue sur le dos. Mais Rama avait du mal à trouver le sommeil. Il se tourna vers le duo et soupira. La femme avait posé ses jambes sur lui, comme pour l'empêcher de bouger et le garder près d'elle. De sa main droite, il caressa le visage serein de sa sœur d'armes, qui esquissa un sourire dans son sommeil. Puis, elle se tourna vers lui et se retrouva en position quasi fœtale. La vue de Marie B dans cette position lui fit mal. Il avait eu tort. Ce n'était pas du sexe qu'il voulait avec elle, mais son amour. Il avait juste envie de la prendre dans ses bras musclés, de poser cette petite tête aux cheveux trop fins sur son torse, et de respirer son odeur si particulière, ni créature, ni totalement humaine, qui savait tromper l'odorat de tous ceux de son espèce. Il se retourna pour tourner le dos à la femme et ne plus la voir, mais ce geste était vain. Cette nuit n'avait pas mis fin à ses sentiments pour sa sœur d'armes. Bien au contraire...
- Ça fait tellement de bien, murmura le Messager en se blottissant contre son frère d'armes.
- La preuve que nous savons aussi être doux, ma belle.
- Je t'aime, Rama, je t'ai toujours aimé.
- Je sais, je l'ai toujours su. C'était comme une flamme cachée en moi, qui maintenait mon amour pour toi. Tu as toujours su aimer plusieurs personnes en même temps. Ça fait partie de toi, et nous avons tous fini par t'accepter ainsi.
Le Messager s'endormit sous les caresses de Rama. Oui, elle avait toujours aimé plusieurs personnes... et toutes le lui avaient bien rendu...
Alors, pas de traumatismes ??? ;)
Qu'avez-vous pensé de cette transgression ?
Et la suite concernant Rama ?
La colère d'Uranie ?
J'espère pouvoir lire beaucoup de réactions !!! ^^
Comme toujours, n'hésitez pas à commenter, voter, blablater ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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