- Méchants ! Tuer les humains ! Tuer ! Méchants !

Apophis était fier de la création de Satan. Tout ce qu'il avait appris était en train de le rendre hargneux et agressif. Arès avait commencé à entraîner Hermès aux arts de l'épée et à développer sa puissance. Le nouveau Messager de la Vie et de la Mort prouvait tous les jours qu'il était très fort. Il parvenait à briser des pierres, à plier du métal à mains nues, et sa colère contre les humains le poussait à se dépasser.

- Il est stupide, soupira Arès, qui avait rejoint le couple. La première création de Satan est très intelligente, mais alors lui... une catastrophe...

- Les esprits faibles sont plus facilement malléables alors, tant mieux pour nous, rétorqua la femme d'Apophis.

- Surtout, Arès, qu'il est beaucoup plus puissant que le premier Messager de la Vie et de la Mort. La force l'emportera sur l'intelligence !, ajouta Apophis.

Ils entendirent un bruit et se tournèrent tous les trois vers Hermès. Il venait de briser deux pierres d'un coup de poing. Une force phénoménale...

- Bonjour Lóng.

- Bonjour Marie B.

Ho Sang venait de sonner chez son amie et elle était dans l'encadrure de la porte. La Chinoise avait décidé d'écouter son frère, son mari et Orlando. Elle venait donc discuter seule à seule avec la femme, afin qu'elles puissent s'expliquer.

- Tu veux entrer ?

- Sinon, on peut discuter sur le pallier, mais je ne sais pas si tes voisins seront d'accord, ironisa Ho Sang.

La remarque fit rire Marie B, qui se décala pour laisser la place à son amie et lui servit une bière fraîche. Elle attendit ensuite que la Chinoise lui parle.

- Orlando m'a dit que c'était compliqué pour toi, en ce moment. Que tu avais du mal avec tes nouveaux collègues...

- Tu as connu le racisme dans ta jeunesse. Moi, je le découvre aujourd'hui, soupira Marie B. Les humains me saoulent par leur intolérance, et les créatures par leur connerie de société figée.

- Les choses bougent, tu sais. Il faut juste laisser du temps aux gens, quelle que soit leur espèce. Regarde-nous, nous changeons nous-aussi ! Il y a dix ans, je ne serais jamais venue te parler sans qu'on m'y force !

- Amies pour la vie, murmura Marie B en enlaçant la Chinoise.

- Pour toujours.

Les deux femmes discutèrent encore durant un long moment, ne voyant pas le temps passer. Marie B expliqua pourquoi elle ne leur avait pas parlé du potentiel nouveau Messager de la Vie et de la Mort, et Ho Sang admit que cela venait d'une bonne intention. Ce fut lorsqu'Orlando et Shinji entrèrent qu'elles se rendirent compte des heures qui venaient de s'écouler, puisque les deux hommes revenaient d'un tournoi de cartes qui avait duré jusqu'à vingt-deux heures. Les deux femmes rirent de bon cœur en se rendant compte qu'elles avaient même oublié de manger. Ils dînèrent donc tous les quatre, trinquant à l'amitié. Marie B soupira. Elle aurait aimé que tous les humains soient comme sa famille de cœur, tolérants et ouverts à la différence.

- Ce midi, nous fêtons l'anniversaire de Lili en allant tous ensemble à la cantine ! Tu viens avec nous, Marie B ? Pour une fois, ça ne devrait pas creuser ton budget !

La femme leva les yeux vers sa collègue. Afin d'éviter de manger avec elles, elle avait prétendu devoir faire des économies. Mais elle ne pouvait pas les éviter cette fois-ci. Elle accepta donc l'invitation, et elles partirent vers le réfectoire.

- Je n'aime pas ce type, il est bizarre, murmura l'une d'elles.

- C'est vrai, en plus, il est moche, renchérit une autre.

- Il parait qu'il a couché avec une créature lors d'un déplacement pro...

- Franchement, c'est déjà bien qu'on les accepte, mais elles ne vont pas non plus nous voler nos mecs !

- Je croyais que tu le trouvais moche... Donc, personne ne t'a rien volé, rétorqua Marie B, sortant de son mutisme.

- Toi, t'as un problème avec les créatures. T'as couché avec une ou quoi ? Tu es toujours en train de les défendre !, demanda la dénommée Lili.

- J'ai surtout un problème avec l'intolérance, s'agaça Marie B.

- Ce n'est pas de l'intolérance de dire que ces gens sont bizarres. Ils ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas la même langue, ils boivent du sang !

- Tu manges bien du boudin noir et ta viande de bœuf saignante, grogna Marie B.

- Tu nous ennuies à la fin à toujours prendre leur défense ! Si tu n'étais pas humaine, on pourrait croire que tu serais... ça !

A cette phrase, Marie B sentit son sang bouillir. « Ça », c'était une partie d'elle. « Ça », c'était une espèce cousine de l'humain. « Ça », c'était aussi Wladimir, Rama, Luci, Uranie et tous ses autres alliés. Elle sentit ses yeux changer de couleur. Cet instinct animal commençait à prendre le dessus sur elle, et elle ne devait pas le laisser faire. Mais elle ne pouvait plus supporter les insultes de ses collègues. Elle décida de partir, et de téléphoner afin de demander immédiatement à son employeur de la changer de client, sous menace de démissionner. Elle se leva, mais une de ses collègues la retint par le bras.

- Allez, avoue. T'es amoureuse du musicien, le Wladimir Kergianov, c'est ça ? On a vu que tu avais cette musique sur ton ordinateur. C'est vrai que lui n'est pas trop mal, mais il pourrait laisser la place à d'autres musiciens. Des humains, comme nous !

- Espèce intolérante, hurla Marie B, en se dégageant de la main de sa collègue.

En un instant, elle se saisit de son couteau à steak et s'entailla la joue, avant de le jeter sur la table.

- Vous vouliez savoir pourquoi je défends les créatures ? Maintenant, vous savez !, hurla-t-elle, devant les yeux médusés de ses collègues.

Un homme tenta de l'approcher dans le but de la maîtriser, mais il s'arrêta net. Comme les autres, il fut sidéré par ce qui se passait devant ses yeux, et se recula. Le silence se fit dans la cantine. La plaie que Marie B venait de s'infliger était en train de se résorber, telle une créature.

- Tu as une tête de cadavre !, s'écria Ho Sang, en voyant Marie B.

Elle était la dernière à arriver. Les deux couples avaient prévu de se retrouver devant le cinéma afin de voir le dernier dessin animé de Disney.

- Je vais devoir changer de client, informa l'intéressée.

- Déjà ? Pourquoi ?, demanda Orlando.

- Parce que je leur ai montré mon vrai visage, mon appartenance à mon autre espèce...

Orlando soupira et la prit dans ses bras pour la réconforter. Malgré tous les efforts qu'elle tentait de faire, sa femme ne serait jamais complètement humaine. Elle avait beau tout essayer, elle restait également une créature. Et, même si cela n'était pas toujours simple pour eux, c'était ainsi qu'il l'aimait, elle, et son incroyable espèce.

- Et qu'avez-vous fait, ensuite ?, demanda la psychologue.

- J'ai changé de client. On m'a isolée dans un bureau pour éviter l'interaction avec les humains.

- Et cela vous plaisait-il ?

- Non. Mais je voulais faire plaisir à Orlando. J'ai changé de travail peu de temps après. En fait, j'ai fait du saute-moutons durant toute ma vie.

- Et maintenant ?

- Pour le moment, je suis une créature. Mais, avec moi, qui sait, cela pourra avoir changé d'ici la prochaine fois.

- Cette dualité est votre force.

« Et la source de tous mes ennuis », pensa le Messager. 

Et voilà pour la deuxième partie de ce chapitre !!!

Alors, que pensez-vous du petit Hermès et du clan de Satan ?

Et le racisme humain ? 

Le retour de l'amitié entre Ho Sang et Marie B ?

Comme toujours, n'hésitez pas à commenter, voter, blablater ^^

Demain, les deux parties du chapitre VI et une petite FAQ pour vous ;)

Sanguinement-vôtre,

Gothycka