XV. Rama / Partie 2

Rama était arrivé en trombe chez Marie B. Ne la voyant pas dans sa maison, et compte-tenu de l'heure, il pensa qu'elle devait être au cimetière. En y arrivant, il remarqua tout de suite la voiture de Satan. Il se dirigea vers l'entrée, qui était ouverte et vit, de dos, la créature menaçant une femme. Par chance pour lui, le vent fort soufflait vers lui, empêchant son ennemi de sentir sa présence. Il se glissa donc derrière Satan, sortant discrètement son épée de son fourreau.


Satan sentit la pointe d'une épée dans son dos. Il comprit qu'il avait perdu...

- Tu lâches cette humaine immédiatement !

- Rama ! Je ne pensais pas que tu serais là.

- Je suis plein de surprises ! Maintenant, tu la lâches !

Satan s'exécuta et Rachelle se précipita vers Marie B qui s'était arrêtée, choquée, en plein milieu du cimetière. Satan se retourna et enleva son épée de son fourreau. Un combat à l'épée commença entre les deux créatures.

- Qu'est-ce que tu fais ?, hurla Rachelle à Marie B. Viens ! Mais viens, enfin !

Mais la jeune femme ne bougea pas. Rama était venu la sauver, et il risquait maintenant sa vie pour elle. Elle n'avait pas le droit d'utiliser son pouvoir devant les humains et elle ne savait pas très bien le canaliser... Cependant, elle n'avait pas le choix. Satan était puissant et Rama commençait à fatiguer. Le cri sortit de la bouche de Marie B.

Entendant le cri de la jeune femme, Satan se rua hors du cimetière, poursuivi par les animaux nocturnes, chouettes et chauves-souris fonçant sur lui. Il fit démarrer en trombe sa voiture et se sauva, honteux et hargneux...

Aussitôt que Satan fut parti, Marie B cria à nouveau, attira les animaux à elle avant de les faire repartir. Elle se sentait fatiguée et crut qu'elle allait défaillir, avant de sentir l'odeur et les bras de Rama la soutenir.


- Il faut appeler la police !, s'exclama Rachelle à Rama, qui portait Marie B.

- Quelle bonne idée !, ironisa la créature. Non, cela ne servirait à rien. Vous allez rentrer tranquillement chez vous et moi, je vais m'occuper de la gamine.

- Vous êtes sûr que vous allez y arriver ?

- Non. Je pensais la mettre dans le jardin cul nu, enduite de miel pour attirer les fourmis !, rétorqua ironiquement Rama. Mais oui, bien sûr que je vais savoir m'occuper d'elle.

Il laissa Rachelle devant chez elle où Jigoro, inquiet, l'attendait. Il échangea quelques mots avec eux et partit chez Marie B, la jeune femme toujours dans ses bras.


Marie B se réveilla chez elle, dans son canapé, un goût métallique de sang dans la bouche. Elle entendit du bruit dans la cuisine et se roula sur le ventre pour regarder.

- Ça va mieux ma belle, on dirait !

Comme la jeune femme faisait la grimace, Rama ajouta :

- Oui, je sais, tu détestes l'idée de boire du sang mais, vu ton état, je n'avais pas le choix. Et tu n'as pas refusé.

- Je ne m'en souviens même pas...., murmura-t-elle.

Elle regardait Rama, qui restait à distance. La créature ne l'avait pas revue avant ce soir depuis deux ans et ils ne s'étaient pas quittés en bon terme.

- Tu veux t'asseoir à côté de moi ?, proposa la jeune femme.

Rama la rejoignit. Ils restèrent un instant silencieux, puis Marie B murmura :

- Merci Rama.

- Je t'avais promis de toujours veiller sur toi. Une promesse est un dû, je n'ai fait que le respecter. Je vais y aller, ajouta-t-il après avoir regardé la jeune femme.

Marie B le supplia presque :

- Non, reste, s'il-te-plait. Si tu peux me pardonner...

- Je pensais que c'était à moi de me faire pardonner...

- Disons que je pense qu'on est à peu près ex aequo!, s'exclama son amie. Je te dois la vie. Ce serait mal venu de ma part de te faire la tête en plus ! Tu m'as tellement manqué !

Elle entoura son ami de ses bras. Elle ne voulait plus le lâcher, elle ne voulait plus se séparer de lui.

- Wladimir t'a appris pour ma mère ?

- Oui. Mais je pense que tu n'avais pas vraiment envie de m'entendre...

- Je ne pensais pas que tu aurais pu comprendre.

- Détrompe-toi...

Marie B regarda son ami. Son visage, d'habitude souriant, s'était renfermé. Ses yeux semblaient humides. La jeune femme caressa avec un doigt le dessous de l'œil gauche de Rama. Une larme coula. Il voulut se lever, mais elle l'en empêcha.

- Parle-moi Rama. S'il-te-plait.

- Je n'aime pas parler du passé, rétorqua-t-il.

- Moi non plus, et pourtant tu connais tout de ma vie. Je t'ai tout raconté.

Rama soupira, regardant son amie. Ce qu'elle disait était vrai.

- A une seule condition, je veux un câlin.

La remarque fit sourire Marie B. Rama s'allongea et la jeune femme se nicha dans les bras de son frère d'armes. La créature commença son récit :

- Je suis né en mille huit-cent quatre-vingt-treize, dans le sud de la France. Mon père était de l'Empire allemand et ma mère du royaume de Suède-Norvège. Ils avaient quitté la Norvège peu avant ma naissance, à cause de la crise entre les deux royaumes de l'union. Ils étaient, avec le clan Kergianov, de fervents défenseurs des humains. Ils m'ont appris, avec ma petite-sœur, à apprécier cette espèce.

- Ta sœur ?, l'interrompit Marie B en relevant la tête.

- Oui, ma sœur, répondit Rama, en reposant la tête de la jeune femme sur son torse. J'avais sept ans et elle deux quand tout est arrivé. Un soir, plusieurs créatures sont entrées chez mes parents. Ma mère m'a caché dans un placard, car j'étais dans ma chambre. Ma petite-sœur était dans le salon. Je suis resté caché dans ce placard, les couvertures sur moi. Je n'ai senti qu'une odeur de sang. Le sang de mes parents, et cette odeur a stoppé tous mes sens. Parfois, je les entends encore crier. Ma mère a essayé de sauver ma petite-sœur. Je me souviens de leurs cris, du bruit de fer cognant le fer, des épées se tapant l'une contre l'autre. Une créature a ouvert le placard dans lequel je me trouvais et a retourné plusieurs couvertures posées sur moi. Mais mon père m'a sauvé en attaquant celui qui essayait de me trouver. Je ne me souviens pas combien de temps a duré cette attaque, mais je me revois être sorti de ma cachette quand j'ai senti de la fumée. Ils avaient mis le feu à la maison. Pour m'échapper, j'ai dû enjamber les corps de mes parents qui étaient lacérés, comme en lambeaux... Je n'ai rien fait...

Rama s'arrêta dans son récit. Son souffle était rauque. Marie B posa sa main sur le torse de son ami.

- C'est une famille humaine qui m'a recueilli. La famille de ma nurse. Ce sont les Kergianov qui, prévenus de la situation, m'ont pris chez eux. Dimitri est devenu mon tuteur créaturien. Je suis devenu un Kergianov. Wladimir, qui avait mon âge, est devenu mon frère d'armes. Natacha ne m'a jamais vraiment accepté, elle ne m'a gardé que par respect pour mes parents.

- Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé Rama ?

- Je ne sais pas. Je crois que je n'ai jamais pu aimer après la mort de ma famille. Jusqu'à il y a peu de temps...

- Alors, Uranie disait vrai ?

- Concernant mes sentiments à ton égard ? Oui, acquiesça la créature. Mais lorsque j'ai refusé ton couple, ce n'était pas de la jalousie. Je ne voulais pas que tu vives la même chose que Wladimir avec Blanche...

- Pourquoi ne m'as-tu rien dit concernant tes sentiments ?

- Crois-tu que ce soit facile d'aimer une personne sans retour ?

- Et toi, crois-tu vraiment que ce soit simple d'aimer plusieurs personnes en même temps ?, rétorqua Marie B.

Rama leva la tête, surpris par cette réponse.

- Bien sûr, j'aime Orlando. Je veux me marier avec lui. Mais sans toi, sans Wladimir, je ne suis plus rien. Oui, je suis bizarre, mais je t'aime et personne ne changera jamais ça.

- Moi aussi, je t'aime...

- Dis Rama, est-ce que je pourrai venir chez toi pour m'entraîner ?

- Bien sûr. Tu es la bienvenue quand tu veux ma belle.

- Merci Rama.

Marie B posa sa tête sur le torse de son ami et s'endormit. La créature se demandait, de son côté, quoi penser de ce que lui avait avoué la jeune femme, mais il était heureux. Il l'avait retrouvée. Et il se promettait de toujours la protéger. Comme il aurait dû protéger sa famille... et sa petite-sœur...

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