Ce matin Barnabé veut me faire comprendre quelque chose. Il se comporte vraiment bizarrement. C'est normal il faut qu'il s'habitue, il n'est là que depuis hier. Mais je sens qu'il y a autre chose. Une chose qui n'a rien à voir avec le fait d'avoir changé de maison. Je me rends à l'école l'esprit préoccupé par le drôle de comportement qui affecte Barnabé. Si bien que je ne me rends pas compte que Jacinthe est sur le chemin, en sens inverse, évidemment. Je lui rentre dedans sans le faire exprès: " regarde où tu mets les pieds, l' handicapée." je lui répond, du tac au tac, " j'tais rien demandé, le champignon." Bien entendu, cela a fini en bagarre et le proviseur a contacté nos parents. La mère de Jacinthe pardonne sa fille, comme toujours, la chouchoute et la félicite parce qu'elle m'a " laminé " comme elle dit. Mais moi je me fais punir et n'ai plus le droit de sortir pour quelque raison que se soit. Je rentre à la maison et m'installe devant la télévision. Bien sûr, maman me hurle dessus je perds mon calme et réplique que si elle ne m'avait pas dit de courir pour ne pas être en retard, je ne serais peut-être pas entrée en collision avec elle. Après l'avoir insultée de tous les noms, je me retrouve seule dans ma chambre. Et là, je me souviens de Barnabé. Il est tout seul tout triste, dans sa maison. On dirait qu'il a un désir qui n'est pas satisfait. Il a pourtant tout ce qu'il lui faut. Dès qu'il m' aperçoit, il se pose sur mon bureau et attrape la photo de papa dans son bec. Il me la secoue sous mon nez. Là, il y a vraiment quelque chose qui cloche. Il est complètement maboul. Je vais voir dans le dictionnaire la définition du mot " hirondelle". Le résumé dit très clairement que l' hirondelle est un oiseau passereau à dos noir, à ventre blanc et à queue échancrée, qui capture les insectes au vol. Elles migrent des régions tempérées vers les tropiques en automne et reviennent en mars - avril. Elles gazouillent ou trissent. En tout cas, on est en juin, c'est donc impossible que se soit la migration, elles sont déjà revenues de leur voyage. Mais plusieurs autres petites lettres qui ne veulent rien dire sont écrites en dessous de la définition. Pourtant, en regardant de plus près, je me rends compte que c'est un message codé. Je mets deux heures à déchiffrer le message. Il est écrit : "certaines hirondelles ont la capacité surprenante de pouvoir communiquer avec les morts, grâce à des messages écrits par les vivants." Je murmure : incroyable. Et je m' évanouis, les émotions fortes, très peu pour moi.