Il est seize heures à ma montre. Je remonte la rue des paillassons pour rentrer chez moi et pouvoir me concentrer sur le devoir particulièrement compliqué que le maître nous a donné à faire. Je pousse doucement la porte d'entrée et ma mère, en pleurs, se jette dans mes bras. Je ne l'avais jamais vue pleurer et de la voir dans cet état était plutôt désagréable. Je la fais asseoir et je lui demande ce qui s'est passé. Elle ravale un sanglot et parvient à m'expliquer qu'on a retrouvé le corps de mon père, mort, au dernier étage de l'immeuble où il travaille en temps normal et que quelques instants après qu'ils l'aient découvert, son corps avait disparu. Cette confidence me fait l'effet de tomber du haut d'une falaise. J'ai cru un instant que j'allais m' évanouir, mais je suis restée debout, entre conscience et inconscience...Enfin, je parviens à articuler:" Est ce qu'on connaît la cause de sa mort ?" Maman secoue la tête en signe de dénégation. Soudain quelque chose se réveille en moi. Comme l'obstination de découvrir la cause de cette mort inattendue. Pendant le repas, j'essaie tant bien que mal de la calmer. Décidément elle n'arrive vraiment pas à assumer la nouvelle. Moi même, j'ai beaucoup de mal à me contenir,mais je sais que papa n'aurait pas voulu que l'on pleure. Parfois, j'ai l'impression de mieux le connaître qu'elle. Je suis allée au lit sans me brosser les dents. Au diable la propreté, dans ces circonstances on a plus envie d'aller au lit que de faire traîner. Je me suis endormie en espérant que tout ceci ne soit qu'un rêve.