C H A P I T R E 5 : R E P A R O



Les allées qui menaient aux dortoirs n'avaient jamais été aussi sombres que cette nuit là. Les chandeliers suspendus dans l'infinité des ténèbres semblaient à peine briller. Les statues dont les visages étaient effacés par l'obscurité observaient cette jeune femme qui venait de chuter pour la troisième en plein milieu de la galerie des portraits.

— Levez vous voyons ! Scanda une vielle statue dont personne ne connaissait le nom.

— Retrouvez vos appartements sur le champs ! avant que je n'avertisse Madame Maxime, répondit une autre.

Alors tant bien que mal, la silhouette se leva et se précipita vers l'escalier au bout de la galerie où elle disparu de la vue de ces gargouilles.

La respiration de Béatrice était saccadée, elle sentait son coeur s'emballer et pour la deuxième fois depuis le début de l'année, un mal de tête horrible torturait son esprit.

— Les dortoirs ne sont plus très loin Béatrice, tiens bon, se répéta-t-elle en serrant les poings et les dents.

Dans un dernier effort, elle se redressa, habitée par une rage qui lui avait été inconnue jusqu'a présent. Son corps, pourtant endolorit depuis plusieurs heures, devint délicieusement léger. Ses pensées furent soudainement claires. Ses yeux s'ouvrirent, ses pupilles se dilatèrent. L'escalier où elle était assise à peine quelques instants au paravant semblait minuscule. Un vent glacial faisait flotter ses cheveux d'or dans la nuit d'encre. Elle volait. Prise de panique, Béatrice tourna la tête à gauche puis à droite pour s'assurer que personne ne l'avait vue. Par on ne sait quel miracle, sa vision s'aventura dans les moindres recoins de la cage d'escalier qu'elle venait de fracasser ainsi que de la galerie des portraits. Les montagnes des Pyrénées s'étalaient à l'infini, les jardins brillaient de mille feux comme à leur habitude, pas même un chat ne rodait dans les parages.

« Comment vais je faire pour redescendre maintenant ? » se demanda-t-elle, presque furieuse. À ce moment même tout s'arrêta. Un orage éclata, elle cru entendre un rire, puis son corps atterrit sur le sol immaculé. Affolée, elle se contenta d'un rapide « Reparo ! » Qu'elle lança par dessus son épaule puis fuit.

Une fois dans son lit, Béatrice essaya de trouver le sommeil comme si de rien n'était. Seul soucis, ce n'était pas le cas et cette expérience qui ne l'avait pas laissée indifférente continua de la hanter pendant des heures et des heures. Un éclair illumina le dortoir entier, tout le monde dormait paisiblement, sans se douter ce qu'il venait de se passer. Béatrice soupira, se redressa et déchira plusieurs feuilles de son livre de divination. « personne ne se doutera jamais qu'il s'agissait de moi » se persuada-t-elle en lançant une série de « reparo » nonchalamment.

Rosa dormait sur le lit de droite, sa couverture ne recouvrait que la moitié de son corps et ses ronflements tonitruants faisaient presque trembler le sol. Lentement, Béatrice arrangea le couvre-lit de son amie en chuchotant.

— Bien heureusement que Norbert nous a sortit du pétrin dans lequel tu nous as tous mis tout à l'heure, n'est-ce pas Rosa ? 

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