Projets
Virginia avait expliqué à Kathryn qu'elle lui avait attribué une chambre qui n'était jamais occupée et qui se trouvait bien loin des appartements du gouverneur pour qu'elle soit la plus tranquille possible. Elle avait ainsi répondu à la question silencieuse de la jeune fille qui redoutait d'occuper les pièces où avait vécu Lady Sarah.
Coiffée et habillée d'une très jolie robe beige et blanche, Kathryn rejoignit le gouverneur, le Commodore et son fils ainsi que Christian d'Alderley qui se trouvaient tous dans la salle à manger. Christopher sursauta en apercevant la jeune fille : enfin vêtue comme il se doit et non plus avec des habits d'homme, Kathryn était resplendissante.
Cela ne fit qu'augmenter la fureur du jeune homme qui remarqua bien vite le regard avide du Comte de Windlesham.
Après le repas ce dernier demanda l'autorisation au gouverneur d'emmener Kathryn dans le parc pour y effectuer une petite promenade. Pour respecter les règles de bienséance, le gouverneur, Andrew Tyndall et Christopher suivirent Christian d'Alderley et Kathryn de loin de telle sorte à les voir mais sans pouvoir entendre leurs conversations.
La jeune fille ignora royalement le geste du Comte de Windlesham qui l'invitait à prendre son bras et pendant plus de dix minutes elle fixa le chemin droit devant elle sans ouvrir la bouche. Au loin Christopher Tyndall observait attentivement les faits et gestes de Kathryn et il était enchanté de constater qu'il y avait bien plus qu'un froid entre les deux fiancés.
Le jeune homme savait parfaitement que Christian d'Alderley avait déjà rompu plusieurs contrats de mariage et il espérait bien qu'il renonce à celui qui devait le lier à celle qu'il convoitait.
Il remarqua ensuite que Kathryn avait consenti à tourner la tête vers le Comte de Windlesham et il était très facile de remarquer qu'elle était furieuse.
Christopher ne se trompait pas, Kathryn n'arrivait plus à se contenir et à cacher sa colère.
- Pourquoi voulez-vous m'imposer ce mariage ? Je ne vous connais pas et je n'ai que seize ans.
- Il en aurait été ainsi même si vos parents étaient encore en vie.
- Non ! Jamais mon père n'aurait fait une chose pareille !
- C'est pourtant ce qu'il a fait. Ecoutez, je conçois que tout ceci est très rapide pour vous et je tiens à ce que tout se passe pour le mieux. Je vous laisserai le temps nécessaire avant que nous ne célébrions notre union et je veux que vous appreniez à me connaître. J'attendrai que nous soyons de retour en Angleterre et que vous soyez parfaitement installée dans ma propriété.
- Je ne veux pas vous connaître et je ne veux pas devenir votre femme !
- Voyons Kathryn...
- Ne m'appelez pas par mon prénom !
Pendant une heure Christian d'Alderley tenta de dérider la jeune fille en lui racontant diverses anecdotes à son sujet mais Kathryn persista à ne plus lui adresser la parole et à tourner la tête afin de ne pas devoir le regarder. Quand ils rentrèrent dans la demeure du gouverneur, la jeune fille prétexta avoir mal à la tête et elle se réfugia dans sa chambre et elle refusa d'en sortir pour le dîner.
Virginia vint la voir à plusieurs reprises et quand elle vint préparer son lit pour la nuit la domestique déposa sur la table du salon un paquet volumineux qui attira l'attention de Kathryn
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un présent de votre fiancé.
- Vous pouvez lui retourner, je n'en veux pas. S'il pense m'acheter avec des cadeaux il a tort ! Il n'y a vraiment pas moyen de rompre ce fichu contrat ?
- J'ai bien peur que non. Vous devriez dormir à présent.
Kathryn dormit très mal et le lendemain matin elle était épuisée. Une nouvelle fois elle refusa de rejoindre le gouverneur et son fiancé dans la salle à manger. Virginia vint lui apporter un plateau contenant de quoi se restaurer mais la jeune fille grignota à peine.
- Voyons Mademoiselle Kathryn, vous devez manger. Et vous ne devriez pas rester enfermée dans votre chambre.
- Vous avez raison Virginia. Je vais aller demander à mon cher fiancé de m'amener à la forteresse.
Kathryn s'habilla rapidement, aidée par la domestique puis d'un pas décidé elle pénétra dans la salle à manger et elle se dirigea rapidement vers Christian d'Alderley.
- Emmenez-moi voir les prisonniers.
- Je vous demande pardon ?
- Vous avez très bien compris. Je veux voir Thomas Stanford et Peter Hawkins. En privé.
- C'est hors de question. Une jeune fille comme vous n'a pas à...voulez-vous lâcher cette épée immédiatement ?
Kathryn avait remarqué que le Comte de Windlesham avait une épée accrochée à sa ceinture : elle s'en été saisie rapidement et elle avait posé la pointe de l'arme sur la gorge de son fiancé.
- Vous allez m'emmener là-bas et vous me laisserez voir ces deux hommes.
Dérouté par l'attitude de la jeune fille, Christian d'Alderley finit par céder quand il comprit que Kathryn était sérieuse. Il essaya cependant de comprendre les motivations de Kathryn mais celle-ci refusa obstinément de lui répondre.
Résigné, le Comte songea que la jeune fille s'était peut-être liée d'amitié avec les deux pirates et qu'elle souhaitait les voir encore une fois avant leur exécution. Il se dit alors que voir les deux hommes derrière les barreaux et comprendre qu'ils étaient irrémédiablement condamnés lui ferait peut-être ensuite plus facilement accepter sa situation et leur future union.
Christian d'Alderley demanda sa voiture et quand Kathryn se présenta sur le perron de la maison, il lui tendit la main pour l'aider à monter dans le véhicule. Avec un geste de dégoût, la jeune fille accepta à contre cœur et elle retira ensuite ses doigts rapidement tout en se félicitant d'avoir mis des gants.
Le trajet fut court jusqu'à la forteresse et Kathryn sentit l'appréhension la gagner lorsqu'elle franchit l'imposante double porte qui en interdisait l'accès. La cour intérieure était très sale, les pavés disparaissaient sous une couche importante de terre et de boue et au milieu se tenait la grande potence qui permettait de pendre sept personnes en même temps.
La jeune fille essaya de ne pas penser à ce qui risquait d'arriver si elle ne parvenait pas à faire sortir Thomas et Peter de cet horrible endroit. Mais dans sa tête l'image du fils de Samuel Hawkins avec une corde rêche autour du cou vint très vite la hanter et Kathryn accéléra le pas en essayant de réprimer ses tremblements.
Christian d'Alderley la mena vers un couloir très sombre, après avoir descendu plusieurs marches d'escalier glissantes et, quand ils furent à proximité des différentes cellules, le Comte s'arrêta brusquement.
- Je ne pense pas que...
- Je vous ai demandé de me laisser seule. De toute façon ces deux soldats me surveilleront, c'est bien ce que vous voulez ?
- Je vous attends en haut. Ne soyez pas trop longue. Les deux hommes que vous cherchez se trouvent dans le dernier cachot.
Tandis qu'elle avançait avec précaution sur les dalles de pierre, Kathryn observait attentivement l'endroit où elle se trouvait : elle remarqua que la plupart des cachots étaient très sales et que les prisonniers avaient le visage creusé et semblaient épuisés.
Avec une certaine appréhension, elle se dirigea vers les cellules situées à l'extrémité du couloir tandis que certains détenus sifflaient sur son passage. Thomas et Peter sursautèrent quand ils virent la jeune fille derrière leurs barreaux et ils se précipitèrent vers la grille qui les séparait d'elle.
- Kat ? Que fais-tu là ?
- Je...je vais vous faire sortir d'ici. Je ne veux pas que...que vous soyez exécutés.
- Tu as été amenée chez les Tyndall ?
- Non...chez le gouverneur Beckett.
- QUOI ?
Le regard furibond de Thomas arracha une grimace à l'anglaise et elle se demanda si elle devait expliquer aux garçons sa situation compliquée.
- Le Commodore a voulu le prévenir que j'étais toujours en vie et...
- Et Christopher, il a fixé la date de votre mariage ?
La voix hargneuse de Peter fit sursauter Kathryn et elle le regarda terriblement accablée.
- Non... je...mon père avait pris des dispositions dans son testament et je...je suis fiancée au Comte de Windlesham. Il...loge chez le gouverneur pour le moment et je...moi aussi je dois rester là-bas...
Incapable d'aller plus loin, la jeune fille éclata en sanglots.
Peter et Thomas se dévisagèrent un instant puis ce dernier reprit la parole :
- Virginia est toujours là ?
- Oui...
- Tu n'as rien à craindre d'elle, elle est très gentille.
- Je sais.
- Kat, il y a en ville des hommes qui travaillent pour Samuel. Va les voir, demande leur de l'aide. Va à la Cave du Pirate, c'est une taverne qui est tenu par une amie. Elle s'appelle Jane et elle pourra te mettre en contact avec les bonnes personnes.
- D'accord. Mais... Comment vais-je faire ? J'ai déjà dû supplier Christian d'Alderley pour qu'il accepte de me conduire jusqu'ici...
- Christian d'Alderley ? Christian d'Alderley est ton...fiancé ?
- Oui...Tu le connais ?
Peter Hawkins se renfrogna un peu plus.
- J'en ai entendu parler.
- Il est présent à Port Saint-Mary pour quelques mois, il doit régler quelques affaires pour son père. Ensuite...
- Il t'emmènera en Angleterre ?
- Je n'ai pas l'intention de le suivre et encore moins de l'épouser !
- Kathryn ?
La voix du Comte de Windlesham résonna dans le couloir sombre et la jeune fille sursauta.
- Je préférerais être ici avec vous que de devoir supporter la présence de cet homme. Mais je vous promets que je vais tout faire pour vous permettre de sortir.
- Kat, tu as une idée de...de la date qui a été fixée pour notre exécution ?
- John Beckett veut attendre. Pour punir Samuel et pour que vous ressentiez la peur de mourir. Il n'a pas supporté ta trahison Thomas et il...
- Kathryn il suffit, je vous attends.
- Oh mon Dieu je hais cet homme !
La jeune fille s'apprêtait à tourner le dos aux deux pirates quand Peter agrippa sa main à travers les barreaux et il la fixa intensément.
Kathryn cru qu'elle allait défaillir tant le regard du jeune homme était déstabilisant.
Le fils du capitaine semblait sur le point de dire quelque chose mais quand le Comte de Windlesham insista une nouvelle fois pour que Kathryn revienne vers lui, il relâcha brusquement sa main.
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Ici Christopher n'est pas un gentil contrairement à VRO...
Et vous allez encore en entendre parler.
Bon, Kathryn est dans une sale situation on dirait...
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