L'expédition (3ème partie)

Pendant quelques minutes, Christopher tâtonna dans l'eau chaude à la recherche de la petite cavité qui était dessinée sur la carte. Puis, il poussa un cri de surprise quand il sentit sa main partir dans le vide.

Thomas, Peter et Kathryn l'observer avec attention puis, ébahis, ils virent, enroulés autour de ses doigts une longue chaîne en or à laquelle était accrochée une petite clé. Peter la saisit rapidement des mains de Christopher et il l'examina avec attention. Thomas s'approcha de lui et il contempla à son tour l'objet.

- Tu as une idée de ce qu'elle peut ouvrir ?

- A part un coffre...mais lequel ? Et où ?

Oh, attend, il y a...des chiffres gravés dessus.

- Oui je vois. Qu'est-ce que c'est ? Une date ? La position d'un navire ?

- Aucune idée. Mais une chose est certaine, la légende de Lord Ascott est peut-être bien réelle. Allons voir mon père.

Kathryn, Peter, Thomas et Christopher se remirent en route. Le fils du Commodore fit alors un signe à la jeune fille pour qu'elle approche de lui et il lui demanda si elle avait réfléchi à leur discussion.

- En effet. Mais je veux savoir ce que vous avez en tête.

- Rien de sournois je vous assure. Je pense que si vous vous faites arrêtée, vous n'échapperez pas à un procès. Grâce aux relations de mon père, je peux vous offrir un très bon conseiller qui saura argumenter parfaitement, vous défendre et faire abandonner les charges qui pèseront contre vous.

- Je n'ai pas d'argent Monsieur Tyndall. Comment voulez-vous que...

- En parlant pour moi.

- Quoi ?

- Je devrais moi-aussi prouver que je n'ai commis aucun acte de piraterie. Si vous témoignez en ma faveur, je serais libre également. Naturellement vous devrez en échange expliquer dans les détails les actes de Monsieur Stanford et surtout des Hawkins père et fils.

- C'est bien beau tout cela mais ensuite ? Que vais-je devenir ? Je n'ai ni argent ni famille.

- La maison de mon père est vaste. Vous pourrez vous adonner à la lecture ou la peinture en toute tranquillité.

- Et vous seriez près à me loger, me nourrir et défendre mes droits gracieusement ?

- Je pense que votre malheur et les pertes que vous avez subies ne me permettent pas d'exiger quoi que ce soit de vous. Je suis également certain que votre père ne vous a pas laissée sans le sou. Par les relations de mon père et celles du gouverneur Beckett, je peux mandater quelqu'un pour faire des recherches à Londres. Je sais également pour avoir entendu John Beckett en parler, que votre famille est unanimement appréciée à Londres. Je doute fort que vous soyez laissée à votre triste sort et que personne ne vous vienne en aide.

Kathryn observa le jeune homme avec attention : Thomas lui avait parlé de Christopher et il lui avait bien recommandé de se méfier de lui et la jeune fille était perdue. Elle savait que Thomas n'appréciait pas le fils du Commodore et elle se demandait si son antipathie à son sujet ne venait pas de ses mésaventures à Port Saint-Mary S'il est vrai que Christopher s'était introduit dans sa chambre sans en demander l'autorisation, elle devait reconnaître qu'i n'avait depuis lors plus rien fait de déplacé à son égard. Kathryn se demanda alors, vu sa situation précaire, s'il ne valait mieux pas en effet qu'elle se trouve sous la protection d'un homme comme le gouverneur ou le Commodore Tyndall.

C'est dans un état second que la jeune fille suivit ensuite ses compagnons pour rejoindre Samuel Hawkins et ses hommes. Ils arrivèrent non loin de l'endroit où ils avaient laissé les chaloupes près de quatre heures après les avoir quittées. Thomas s'arrêta net quand il se rendit compte qu'il ne percevait aucun bruit. D'un geste impérieux, il fit signe à Kathryn se rester derrière lui puis il avança prudemment le pistolet à la main, immédiatement imité par Peter et Christopher.

La jeune fille sentit ses mains devenir moites et elle tendit l'oreille. Mais la jungle était calme, bien trop calme pour que cela soit réel. Le petit groupe arriva en vue des chaloupes qui étaient vides. Peter, Kathryn, Thomas et Christopher regardèrent autour d'eux mais ils ne virent aucune trace du capitaine du Storm et de ses hommes. Seules de nombreuses empreintes de pas leur prouvaient qu'ils avaient bien été là quelques heures auparavant avec eux.

Thomas se tourna alors vers Peter l'air agacé :

- Ecoute, j'ai bien compris que ton père était angoissé à l'idée de revenir ici mais quand même il aurait pu...

- Plus un geste ! Déposez vos armes immédiatement !

Les quatre jeunes gens se tournèrent alors vers les arbres et les fourrés d'où sortaient peu à peu de nombreux soldats anglais.

- Je suis le fils du Commodore Tyndall ! Ne tirez pas, je suis leur prisonnier !

Sans que Kathryn puisse faire un geste, Christopher la tira avec elle vers les hommes de la Royal Navy. Le jeune homme lui chuchota alors à l'oreille :

- Soit tu m'obéis, soit je te laisse entre leurs mains. Et crois-moi je ne ferai rien pour te défendre.

Puis il indiqua d'une voix forte aux soldats que Kathryn était aussi retenue contre son gré par Samuel Hawkins. Celui qui commandait le détachement de la Royal Navy acquiesça de la tête et il fit signe à Christopher de se mettre sur le côté. C'est ainsi que Kathryn remarqua que Samuel Hawkins et ses hommes étaient tous solidement ligotés un peu plus loin. Le fils du Commodore n'eut ensuite aucun remord à expliquer que Thomas était un traître et que Peter était un dangereux pirate. Kathryn voulut protester mais elle se retient quand elle sentit une petite lame lui effleurer le cou.

- Oh non Kathryn, c'est terminé, tu vas rester sagement avec moi maintenant. J'avoue que la présence des hommes de mon père est une bénédiction, je n'imaginais pas qu'ils nous retrouveraient aussi vite ! Maintenant, écoute-moi bien ma jolie : à dater de ce jour, tu es ma fiancée. Lorsque nous rentrerons à Port Saint-Mary, j'annoncerai la bonne nouvelle à mon père mais, comme je suis un homme prévenant et que je ne tiens pas à te brusquer, je l'informerai que notre mariage ne sera célébré qu'à tes dix-huit ans. En attendant, tu vivras chez nous et tu seras traitée comme une princesse.

- Qu'est-ce que vous dites ? Oh...je comprends à présent pourquoi vous aviez envie de me sauver la mise ! Jamais je ne serais votre femme Monsieur Tyndall, jamais !

- C'est ce que nous allons voir ma chère. Je pense que vous n'avez pas trop le choix, votre situation n'est pas des plus...enviables.

Ecœurée, Kathryn observa les soldats amener vers la rivière deux autres chaloupes qui avaient été soigneusement cachées puis tous les pirates furent contraints d'y monter. Christopher embarqua avec Kathryn dans la dernière embarcation tout en la tenant fermement par la main.
Peter la dévisagea totalement dégoûté, convaincu que la jeune fille s'était alliée au fils du Commodore.

Christopher afficha un regard triomphant durant tout le trajet nécessaire pour rejoindre les navires restés en mer. Il s'amusa à dévisager Thomas et Peter d'un air narquois puis il échangea quelques mots avec l'homme qui avait dirigé l'expédition anglaise. Il apprit avec satisfaction que le reste de l'équipage du Storm avait été tué et qu'il n'y avait aucun prisonnier. Christopher prit également un malin plaisir à enlacer la taille de Kathryn et à faire en sorte que Thomas et Peter remarquent son geste. Les poings serrés et le regard noir du fils du capitaine Hawkins enchantèrent Christopher qui continua de deviser gaiement avec les soldats anglais. Kathryn quant à elle essayait en vain de se dégager de l'étreinte malsaine du jeune homme mais très vite, elle sentit son poignard dans le bas de son dos et elle renonça à se débattre.

Les pirates furent enfermés dans les deux navires anglais tandis que Christopher rejoignit le Storm accompagné de l'officier anglais. Peter et Thomas furent également amenés sur le bateau de Samuel Hawkins et le fils du Commodore prit la peine de les enfermer et de vérifier lui-même qu'ils ne pourraient pas s'échapper. Alors que Christopher s'apprêtait à laisser les deux hommes, Peter l'interpella et le menaça des pires représailles s'il s'en prenait à Kathryn.

- Voyons mon cher, quelle idée ! je ne ferai jamais de mal à ma future femme...

Thomas et Peter dévisagèrent Christopher totalement ahuris et ce dernier savoura l'effet que sa petite phrase avait eu sur les deux hommes. Il les salua ensuite gaiement et il claqua la porte de la cale où il avait enfermé les deux pirates. Peter s'agita dans tous les sens pour tenter de se libérer mais les cordes qui le maintenaient prisonnier étaient trop serrées et il ne réussit qu'à s'écorcher la peau. Il hurla de rage contre Christopher puis il ferma les yeux et il tenta de se calmer. Le jeune homme n'arrivait pas à croire que le fils du Commodore avait réussi à manipuler Kathryn à ce point et il était dévasté à l'idée que l'anglaise allait devenir sa femme.

- Tu l'aimes vraiment...

- A quoi bon, elle me déteste. Elle m'a déjà giflé et elle a menacé de me tuer.

- Ce n'est pas ce que disait l'Ancêtre.

- Comment cela ?

- Tu ne comprends pas ? Il m'a raconté que Kathryn t'avait provoqué lorsque tu es revenu un jour sur le bateau après avoir passé du temps en compagnie d'Annabel Fowlers à Corral Bay.

- Que...Attends un peu, il t'as dit quoi le vieux ?

- Kathryn sait ce qu'il s'est passé. Pourquoi a-t-elle aussi mal réagi à ton retour à ton avis ?

- Mais je...

- Elle est jalouse Peter...

- Non tu te trompes. Je...je l'ai emmené une fois à l'extérieur de la ville pour lui apprendre à tirer. Je l'ai embrassée et elle m'a giflée, elle m'a rejeté.

- Tu t'y prends mal avec elle.

- De toute façon, c'est trop tard. Ce...cet abruti lui a mis je ne sais quoi en tête et...Morbleu, elle va devenir sa femme !

- Tu peux empêcher cela si tu le veux vraiment.

- Ah oui ? Je ne vois pas comment, surtout en étant ici...

- J'ai confiance en elle. Je suis certain qu'elle ne va pas obéir à Christopher. J'ai glissé la carte et la clé dans la poche de son pantalon juste avant que nous ne soyons emmenés par les soldats.

- Tu as fait...QUOI ? Thomas, tu aurais pu m'en parler avant ! Imagine que Kathryn les donne au gouverneur !

- Non elle ne le fera pas. Tu la côtoies depuis six ans mais malgré ça tu la connais bien mal. L'Ancêtre avait raison, il y a décidément beaucoup de choses que tu ne comprends pas. 

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