1.

Cela faisait quatre mois et 28 jours que cette fichue guerre avait commencé. Environ quatre mois que les balles pleuvaient sans cesse au-dessus de la tête de Joshua. Le jeune homme avait tout juste 21 ans. Il les avait fêtés dans les tranchées avec une double ration de pain et quelques copains.

Joshua était trop sale pour son âge, trop maigre et trop triste. Avant tout ça, il espérait une vie meilleure dans sa ferme, avec une femme, des enfants et quelques poules. Il savait que là-bas chez lui, Marie l'attendait. Il s'était fiancé deux semaines avant la guerre le 14 juillet. Pour la fête nationale. Joshua aimait beaucoup parler de Marie à ses camarades, mais depuis quelque temps, il n'avait plus cœur à ça.

Noël approchait et il se remémorait silencieusement son dernier 25 décembre, le feu chaleureux qui brûlait dans le poêle, le foie gras de sa mère et le chapon préparé par Marie... Un rictus montait presque aux lèvres du trop jeune soldat. Comment avait-il pu se douter qu'un an plus tard, il passerait Noël dans la boue glaciale, des tranchées, entouré de rats et de jeunes hommes qui semblaient, déjà, ne plus l'être ? Nullement. Personne n'aurait pu croire à un changement si brutal. Pourtant, il avait eu lieu.

Le 24 décembre 1914, Joshua reçut une lettre de sa bien-aimée disant qu'elle pensait beaucoup à lui. Il lui répondit sans attendre par un filet de mensonges rassurants. Il lui dit que pour Noël ils allaient en ville, se reposer et manger un vrai repas, mais il savait pourtant qu'il n'aurait pas de 500 grammes de viande et, avec un peu de chance, 800 grammes de pain sec qu'il avait fini par apprécier. Il remis la lettre à son supérieur et, vers 14 heures, il tenta de dormir un peu. Cela fonctionna. Pour une fois, il dormit 12 heures.

Lorsqu'il se réveilla, l'un de ses coéquipiers brandissait son arme sur un allemand. Tout d'abord, il l'encouragea à tirer, puis il le vit devant lui ne se dresser pas le dangereuse ennemi qu'on lui avait décrit le balafré terrible monstre non... devant lui, se tenait un jeune homme, les mains levées en signe de paix, un jeune homme tout aussi blanche que lui peut-être un peu plus.

Au vu du risque qu'il venait de prendre, il le dévisagea un long moment, et lorsque son camarade Drama son fusil, il scanda "Ne tire pas !" Son ami, le regard étonné, répondit "Pourquoi !?" Joshua se leva et dit "C'est Noël." Avant de s'engager sur le "no man's land". Tous les conscrits le regardèrent avec peur jusqu'à ce qu'ils voient l'allemand s'avancer également. Lorsqu'ils se retrouvèrent face-à-face, l'Allemand tendit la main et Joshua la lui serra. Tout à coup, des deux camps sortirent des hommes, un peu inquiets au début, mais qui se détendirent à la vue des autres.

Lorsque les ennemis se virent, ils comprirent qu'ils étaient pareils et, sans parler mais se comprenant, l'Allemand sortit une photo de famille de sa poche, et Joshua fit de même. Chacun fouilla des mots dans la langue de l'autre et finit par se comprendre, par s'apprécier. Tout à coup, l'un des Français se mit à chanter dans une boîte de conserve, aussitôt suivi par les autres. On posa quatre manteaux par terre pour délimiter les buts, et ils jouèrent tous ensemble. Pour une fois, ce 25 décembre 1914, les troupes franco-allemandes menèrent leur propre guerre, celle du ballon, pour une journée. Ce fut la paix sans balles, sans morts.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, le 26 décembre arriva et le clan se sépara pour en former deux. Tapis dans son trou, Joshua pensait à son ami. Ils s'étaient photographiés ensemble et avaient ri pour la première fois depuis des lustres. Et maintenant, ils allaient s'entre-tuer.

Car aucun des deux ne revint de cette guerre.

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