Une grande agitation régnait chez Emilie et Sam Uley, et pour cause: pas moins de trente personnes se serraient dans le salon. Il y avait bien sûr le jeune couple, plus la meute entière, nous les Cullen, Billy, Sue...Et même Charlie à qui il n'était plus nécessaire de cacher quoi que ce soit.

Vivre avec Sue ne l'avait pas préservé des secrets de la Push et des Cullen. Toutefois il avait fini par s'y adapter, et même avec brio contrairement à ce que l'on aurait cru.

Cela avait bien sûr posé problème aux Volturis qui l'avaient appris, on ne savait pas comment d'ailleurs... Toujours est il qu'un message aux menaces à peine voilées était arrivé chez nous, le motif de cette réunion pour tout dire, c'était un message d'Aro:

Mes très chers amis, ( j'allais te le dire!)

Je n'ai pas la moindre envie de laisser le malheureux malentendu qui nous a tant divisé l'année dernière, interférer avec les relations amicales que je souhaiterais renouer avec votre clan. ( tu sais bien cirer les bottes dis donc!) Aussi veuillez encore accepter mes plus plates excuses pour les désagréments occasionnés par notre venue. ( va en paix Aro! Je te l'ai déjà dit! Toutefois tu devrais peut-être éviter de parler de « désagrément » si tu rencontres Tanya et Kate!) Je serais ravi de revenir vous dire tout cela de vive voix, ainsi que prendre de vos nouvelles et celles de votre magnifique petite Renesmée. ( Nous on se passe très bien de toi! Avait hurlé Jacob). Par contre nous avons un problème concernant Charlie Swan...

Sam et Jacob avait achevé de lire la lettre, ce fut Charlie qui demanda:

- Donc en gros, Aro exige que je devienne vampire ou que je disparaisse?

Mais Sam éclata de rire, à la surprise générale,

- Aro n'a rien à exiger, tu ne dépends pas de lui! Carlisle, à quelle adresse devons nous répondre? Charlie fait partie de notre meute, et que je sache nous ne sommes pas sous l'autorité de nos ennemis mortels!

La meute acclama bruyamment ses paroles, Bella et Edward ajoutèrent qu'ils pouvaient compter sur nous, c'était totalement vrai.

Mais je remarquais que quelqu'un n'avait pas pris part à l'enthousiasme général, Seth Clearwater bien sûr restait en retrait. Il avait même tressaillis aux mots « ennemis mortels ».

Lorsque tout le monde se pressa autour de Jacob pour participer à la rédaction d'une réponse qui promettait d'être assaisonnée, il se leva discrètement et sortit.

Je croisais alors le regard de Leah, elle n'avait rien raté non plus et me fit signe de me lever. Nous attendîmes quelques secondes avant de suivre Seth dehors.

Je l'aperçus le premier, quelques dizaines de mètres à notre droite, il semblait se diriger vers la plage, Leah passa devant moi et se transforma. Je la suivis.

Le chemin menant à la push était totalement désert hormis Seth et nous deux, il n'avait fort heureusement pas remarqué que nous le suivions.

Lorsque la plage se dessina devant nous, Seth l'avait déjà atteinte et se tenait assis à une dizaine de mètres de l'eau. Il avait les yeux fermés, la tête rejetée en arrière, face au ciel. Il pleurait, son visage était déformé, pareil à celui d'un mourant qui agonise, éclairé par la lune. Si bien que je n'avais aucun mal à détailler ses traits.

Il resta ainsi immobile pendant quelques minutes, le reflet de la lune sur les vagues éclairait son visage d'arabesques mouvantes.

Soudain il bougea et nous crûmes une fraction de seconde qu'il nous avait vu, mais ce n'était pas le cas. Il fixait à présent le sable et semblait dessiner dessus avec ses doigts. Il mettait beaucoup de soins à ce qu'il faisait de toute évidence. Leah m'attira à l'écart:

- Laissons le repartir avant nous, chuchota-t-elle, il faut que nous puissions voir son ouvrage.

Cela dura prés d'une heure, avant que Seth ne se décide enfin à repartir.

Lorsqu'il eu disparu sur le chemin, Leah me suivit jusqu'à la plage, là où son frère était resté si longtemps.

Nous restâmes alors figés.

Le dessin était magnifique, gravé dans le sable et rehaussé de galets blancs minuscules, il brillait à la lueur de la lune, une enluminure d'une beauté absolue, pour un être qui me fit frémir de dégout et d'horreur. Seth avait de graves ennuis, il n'y avait plus de doutes possibles.

Il avait écrit, dessiné sur le sable de la plage, un mot que même nous vampires haïssions:

« Jane »