Chapitre 6 : Griffondor
Hermione s'étira dans ses draps, l'esprit embué, incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Où était-elle déjà ? Ses yeux s'ouvrirent sur une couette rouge, des rideaux rouges, une pièce rouge... Ses pupilles s'écarquillèrent d'horreur. Mais où était-elle bon sang ? Elle se redressa brutalement dans son lit en faisant tomber la couverture au sol. Des dizaines de lits, tous identiques (et tous rouges !) s'alignaient dans la vaste salle autour d'un poêle central où étaient suspendus quelques vêtements. Puis soudain tout lui revint en mémoire comme si une porte s'était subitement ouverte dans son esprit en y déversant un flot d'informations embrouillées.
La répartition venait de prendre fin. Dumbledore avait fini son discours où il avait insisté sur le fait qu'un certain couloir du troisième étage était interdit à tous les élèves (sauf les masochistes désireux de mourir dans d'atroces souffrances, mais Hermione ne se trouvait pas dans cette catégorie là !), ce qui avait tout de même intrigué la jeune fille. Néanmoins, tout le monde avait tranquillement rejoint la table correspondant à la maison dont il allait faire parti jusqu'en septième année. Harry était assit en face d'Hermione et portait un regard émerveillé sur chaque chose. La jeune fille, elle, arborait une mine blasée. Il faut dire que la nature de son nouveau voisin de table ne l'aidait pas vraiment à se réjouir. Ronald Weasley ! Avec un nom pareil il était passé en dernier lors de la répartition et Hermione l'avait presque oublié. Jusqu'au moment où il s'était affalé sur la chaise à côté d'elle en poussant un soupir de profond soulagement. Et maintenant il attrapait tous les mets comestibles qui passaient à sa portée, remplissant au maximum son assiette, ses mains et sa bouche à grand renfort de bruits de mastication très peu distingués !
Sa mission avait intérêt à rapporter quelque chose sinon elle regretterai toute sa vie ses moments gênants aux côtés des Griffondors ! Même le fantôme de cette maison paraissait cinglé (sa tête ne tenait même pas droite sur son cou tranché !).
La salle grouillait de discussions, de joie candide et de rires, ce qui encouragea la jeune fille à donner du sien pour y participer. Il était hors de question qu'elle soit la seule à déprimer ici ! Elle en profita donc pour engager la conversation avec Harry. Il lui apprit qu'il avait été élevé par son oncle et sa tante, loin de la magie, et qu'ils n'avaient pas été tendres avec lui. Même s'il ne souhaitait pas s'étaler sur ce sujet, son discours attendri la jeune fille qui se surpris à éprouver de la compassion pour celui qui avait mis fin au règne du Seigneur des Ténèbres. Mais elle se résonna ensuite en se disant que si ses parents ne lui avait pas tenu tête ils ne seraient jamais morts ! Après tout c'était Lord Voldemort qui aurait dû gagner, ses parents le lui avaient clairement expliqué !
Le dîner se poursuivit avec légèreté, chacun discutant de sa famille ou des cours à venir. Hermione entendit Harry demander à un grand frère Weasley (encore un !), qui était préfet, le nom d'un certain professeur au cheveux noirs et gras et au nez en bec de corbeau à la peau cireuse. Il s'appelait Rogue et enseignait les Potions, mais il était surtout le directeur des Serpentards. La jeune fille fronça les sourcils pour l'observer de plus près et decida que, malgré la noble maison qu'il avait à sa charge, cet homme ne lui plaisait pas. Quelque chose d'indescriptible dans son regard ou sa façon de bouger l'insupportait.
Vu la tête d'Harry, qui était lui aussi tourné vers le professeur, il devait sans doute penser la même chose. Hermione fût rassurée de se découvrir au moins un point commun qui la rapprochait du garçon avec qui elle devrait passer le reste de sa scolarité.
Hermione buta contre une chaise où étaient disposés ses vêtements quand elle sortit de son lit, encore peu habituée à la disposition assez serrée de la pièce pour permettre de caser les affaires de tout le monde. Elle qui avait une grande chambre rien que pour elle dans son manoir !
Des mouvements dans un lit voisin indiqua que ses pas n'étaient pas restés inaperçus et Hermione se dépécha de prendre ses affaires et de se réfugier dans la salle de bain, peu désireuse d'engager une conversation dès le matin alors qu'elle était encore dans les brumes du sommeil.
Hermione s'assit à la table des Griffondors en faisant attention à choisir une place à proximité du Survivant qui était malheureusement accompagné de son inséparable roux de copain ! Ce dernier semblait lui parler de bonbons ou de cartes à collectionner, elle n'était pas trop sûre. En même temps, vu sa proportion à se goinfrer de tout et de n'importe quoi, cette conversation ne l'étonnait même pas ! McGonagal, la directrice des Griffondors ne tarda pas à venir leur distribuer leurs emplois du temps. Ils commençaient justement avec un double cours avec elle et Hermione fût ravie de constater qu'ils partageraient cet enseignement avec les Serpentards, tout comme pas mal d'autres disciplines d'ailleurs !
Après avoir fini son petit déjeuner et tenté de faire la conversation avec une fille nommée Parvati, qui avait été séparée de sa jumelle hier, envoyée à Serdaigle, mais dont elle découvrit qu'elle n'avait aucun atomes crochus, la jeune fille se dirigea directement vers son prochain cours, laissant derrière elle les deux garçons, toujours plongés dans leur conversation au combien intéressante !
Quelques élèves étaient déjà rassemblés devant la porte de la salle de métamorphose quand elle arriva. Puis soudain celle ci s'ouvrit sans que personne ne se trouve derrière. Tout le monde écarquilla les yeux, encore peu habitués aux phénomènes de magie, pourtant nombreux à Poudlard. Même Hermione ne put s'empêcher de sourire : qu'est ce qu'elle adorait la magie ! La salle était vide mais les élèves s'y engouffrèrent, prenant déjà place sur les pupitres. Seul un chat gris rayé aux étranges marques rondes autour des yeux surveillait la salle et la jeune fille soupçonna qu'il n'était pas ici pour rien. McGonagal avait dû le poster là pour qu'il veille sur les élèves en attendant son retour.
Les autres petits sorciers arrivèrent au compte goutte et bientôt Drago et ses deux acolytes pénètrent eux aussi dans la pièce. Cela en coûtait à Hermione de faire comme s'il n'était pas là, comme si elle ne le connaissait pas, mais elle tint bon et engagea une conversation avec sa voisine de table, une Griffondor à l'air timide mais sympathique.
La cloche sonna le début du cours et le chat sauta du bureau pour se changer en leur professeur de métamorphose. Des exclamations impressionnées retentirent dans la pièce et McGonagal leur adressa un sourire flatté, l'un des seuls qu'elle leur donnerai durant toute l'année.
- Merci, merci ! Ceci est un aperçu de ce que vous pourrez faire si vous vous plongez avec acharnement dans la métamorphose et que vous poussez vos études jusque dans les confins de cet art !
Des murmures enthousiastes s'élevèrent, mais très vite interrompus par la métamorphe. Celle ci fit apparaître un texte au tableau et leur demanda de commencer par le copier avant de passer aux "exercices pratiques". Ce mot encouragea les élèves qui se précipitèrent sur leurs plumes et leurs parchemins pendant que McGonagal se retransformait en chat.
Soudain des bruits de course retentirent et la porte s'ouvrit à la volée sur un Harry et un Ron rouges de honte et de sueur, le souffle court d'avoir traversé la moitié du château en courant. Hermione leva les yeux au ciel. Bien sûr il fallait que ces deux là se fassent remarquer dès le premier cours ! Pourtant ce n'était pas faute de les avoir mis en garde sur l'horaire pendant le petit déjeuner...
Ses deux là étaient de vrais tocards : complètement irrécupérables ! Et dire qu'elle devrait se les trimballer pendant sept ans ! Enfin pour le moment ce n'était pas encore gagné.
McGonagal repris à nouveau sa forme humaine et attérit devant les deux garçons aux yeux plus grands que des soucoupes. Elle les sermona sur leur retard et les fit gagner leur chaise d'une voix sarcastique.
- Et c'est ça que j'ai à Griffondor cette année... l'entendit Hermione murmurer. Mais qu'est ce que je vais faire d'eux ?
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