Chapitre 5

Je me suis trouvé un coin tranquille, loin de tout. Je suis dans la nature, allongé dans l'herbe gelée. Le froid ne m'atteint plus, et puis cela ne devrait pas tarder.

Le ciel est étonnamment dégagé pour une matinée de janvier. Autour de moi, de timides chants d'oiseaux résonnent.

Je ferme les yeux, apaisé.

Je refuse de rester dans ce monde sans ce qu'il est vraiment. Continuer à regarder la vie défiler, être spectateur. Voir une révolution se mettre en marche, pour se disperser. Je ne pourrais pas le supporter.

Je préfère imaginer un monde libre, où tout le monde aurait le droit de faire ce qu'il veut. Aucune restriction, des visages souriants, partout. Aucune limite, plus rien ne nous ferait peur. Nous braverons les limites de l'inconnu, nous défierons les étoiles, nous évoluerons. Nous traverserons des guerres, et des périodes de paix.

C'est le monde que j'imagine. Pas parfait, mais je veux que mon vœu se réalise.

Sinon tout ce que j'aurais accompli ne servirait à rien. Ma destinée tracée au moment où le marchand de glace me donna de l'Aurore serait effacée, juste balayée.

Je veux qu'on se souvienne de moi. Je pense à mon action, connue bien des années plus tard.

J'aimerais que les manuels d'histoires disent que j'ai aidé à changer l'histoire, que j'ai aidé cette fille si particulière à braver le Système, juste en lui parlant. Je veux qu'on écrive sur moi, qu'on ne m'oublie pas.

Le Marchand de Bonheur. Ca serait mon titre. J'aurais distribué le bonheur au monde entier. En échange de ma vie.

Ce surnom me fit rire, mais je suis déjà faible et rire me fait tousser.

Du sang macule ma main.

Un bruit me fait sursauter et la peur me traverse. On m'aurait retrouvé ? Non, non je ne veux pas ! Je recule du mieux que je peux mais ce n'est pas un humain qui surgit des fourrés mais un cerf, majestueux, aux bois puissants, à la robe brune. Il me fixe un instant et détale.

Et c'est là que je comprends. La vie continuera sans moi.

L'avenir est incertain, et je ne serais pas là pour le connaître. Peut-être que des guerres ébranleront la Terre, peut-être que la liberté gagnera. Mais le monde restera peut-être le même.

Mon cœur se serre. Pourquoi je fais ça ? Je pourrais vivre, cette idée révolutionnaire dans un coin de la tête pour toujours. Mes soucis envolés.

Mais je ne veux pas vivre comme ça, ce n'est pas réellement une vie. Et puis ma décision est prise depuis longtemps.

Je lève les yeux sur le soleil, et je ferme les yeux. Mes forces me quittent lentement, mais le sourire reste gravé sur mon visage.

Je ne saurai pas l'avenir. Je quitte ce monde, pour le meilleur, ou pour le pire.

Mais...Qui a dit que la mort était un malheur ?

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