Partie 8.2 - Par Myfanwi
Les pierres qui recouvraient le dernier nain se mirent à fumer. L'heure était venue. Grunlek se tendit, et demanda à Balthazar de dire à l'orque qu'ils avaient un nouvel allié. Le nain avait mené la diplomacie aussi loin qu'il l'avait pu, il était temps de leur montrer que le faible oiseau captif de leur passé n'était plus si innofensif avec sa nouvelle aile d'acier.
Dans l'escalier, le mage s'exécuta. L'orque ne parut pas enchanté de la nouvelle, mais Balthazar trouva les mots pour l'exciter contre les trois autres nains, et en particulier le golem, qui représenterait pour la créature un défi sans pareil.
— On peut y aller maintenant ? supplia Théo dans la connexion mentale. Je veux les taper...
Le paladin se tenait juste dans l'obscurité derrière la porte ouverte, bouclier à la main. Il fit les yeux de chiens battus à Grunlek, qui s'était brièvement tourné dans sa direction.
— Charge celui avec la grosse masse, répondit le nain, lui donnant le feu vert tant attendu.
Worv tapa la masse au sol, puis son torse.
— Alors c'est réglé. Trois contre deux, ça ne devrait pas être trop dur.
— Parce que tu crois que je suis venu seul ? se moqua Grunlek. Mark, reste derrière nous en soutien.
Théo sortit tranquillement de l'ombre, l'armure étincelante, brillant de mille éclats. Sans se presser, il posa la pointe de sa grosse épée sur le sol et vint patienter à côté de Grunlek. Il jeta un regard noir à Worv pour tenter de l'intimider.
— C'est maintenant qu'on commence à changer les choses, annonça Grunlek.
Il fit un signe de tête à Théo, puis s'avança vers Lakr, le poing serré. Son bouclier se déclencha.
Théo, lui, fit quelques moulinets avec son épée avant de s'approcher de Worv, un sourire carnassier sur le visage. Enfin, les gens en avaient fini avec le blabla ennuyeux. Ce gars pouvait être l'oncle, le frère ou le fils de Grunlek pour tout ce qu'il en savait - après tout, il n'avait rien suivi -, mais il allait quand même lui exploser la tronche.
— J'ai un aveu à te faire, von Krayn, dit Lakr alors que Grunlek se rapprochait. J'ai jamais pu blairer ta sale gueule. Tu es pathétique et tu pues la couardise. On rend service à tout le monde en te faisant disparaître maintenant.
— Peut-être. Mais moi, au moins, quand je suis parti, on m'a quand même proposé de rester prince. Et toi, Lakr, on t'as proposé un rang dans la cour royale depuis ?
Il avait touché un point sensible. Lakr devint tout rouge. Avant qu'il ne puisse répliquer, Grunlek disloqua son bras et le frappa violemment vers le ventre. Lakr bloqua avec son bouclier, et explosa de rire, jubilant.
— Bien. Maintenant on va passer aux choses sérieuses, von Krayn. Je vais tellement t'éclater qu'il faudra appeler les services à merde pour récupérer ce qu'il restera de toi.
Dans un cri, il chargea le nain.
Worv, de son côté, se mit en position à son tour. Il referma la visière de son casque et laissa tomber le bout de sa lourde masse au sol. À une vitesse surprenante, le nain bondit pour prendre de l'élan et abattit l'arme de tout son poids sur Théo, qui ne s'était pas attendu à cette puissance d'attaque chez une hérésie d'aussi petite taille. Il réussit tant bien que mal à parer, mais tomba sur le côté. L'armure amortit le choc, fort heureusement.
Depuis le sol, il put voir le golem fumer dans le fond de la pièce. Un rougeoiement inquiétant émanait de sous ses plaques de roches. Il semblait préparer pour bientôt une attaque dévastatrice dont ils avaient intérêt à se méfier.
Théo l'ignora pour le moment et se jeta à son tour sur le nain. Son adversaire tenta de parer avec l'armure de son bras, mais le paladin avait prévu le coup. L'épée s'enfonça entre les interstices de son cou et de son épaule. Du sang gicla au sol. Worv recula contre un pillier, essoufflé.
— Ces humains, toujours plein de surprises... murmura-t-il. Eh bien Grunlek, on dirait que tu nous a remplacé, après tout ? Qui est ce guerrier ?
— Je suis Théo de Silverberg ! rugit le paladin. Et j'ai rien écouté !
— Tu vis dans un monde trop fermé, Worv. Prends note sur moi et mes amis, ça pourrait te servir un jour où l'autre.
De son côté, Shinddha mit son plan à l'oeuvre. Il commanda à Icy, qui s'était déplacé derrière Knurl, de geler la jambe du golem. Alors que la petite créature se concentrait, le nain bougea légèrement. Shinddha lui demanda de lever la tête. Knurl l'obervait intensément. Icy rit nerveusement. Le demi-élémentaire tenta de voler à sa rescousse. Malheureusement, la flèche ne toucha pas sa cible... Mais se planta dans l'épaule de Lakr qui avait reculé à ce moment-là, de manière accidentelle. Le nain cracha du sang, et se retourna vers lui.
— C'est exactement ce que je voulais faire ! se vanta-t-il auprès de Balthazar, alerté par sa panique quelques secondes plus tôt.
Lakr, lui, n'avait pas apprécié le geste. Son regard se tourna vers Grunlek, furieux.
— Tu as fait le choix de l'humanité, cracha-t-il. Tu les as choisi eux avant ton sang et ta patrie. Ce qui va arriver est ta faute, von Krayn.
— Tu parles de choix quand tout ce qui t'anime est ta vendetta personnelle, répondit Grunlek. Si je meurs aujourd'hui, tu crois que ça te permettra d'accéder au trône ? Tu n'auras rien gagné. Un pion parmi tant d'autres. Affronte les conséquences de ton égoïsme.
Grunlek frappa son bouclier, prêt à attaquer de nouveau. Il fut interrompu par la voix familière de Balthazar.
— Thonka thonka safara! Vrou da pariaaaa!
Euphorique, Balthazar grimpa sur le dos de l'orque, excité, qui chargea à toutes berzingues vers le golem au fond de la pièce. Le mage éclata d'un rire maléfique, qui fit douter un instant à ses compagnons que c'était toujours l'humain au contrôle du demi-diable. L'orque, cependant, se débarrassa bien vite de son poids.
Dragonosis bondit du sol, faisant tomber le mage de son dos, et se jeta sur Knurl, enfonçant la pierre sous son poing. Le golem donna un grand coup de hache devant lui, imperturbable. L'orque poussa un cri de douleur lorsque son bras se détacha et tomba au sol. La vision stoppa net l'enthousiasme du mage, qui réalisa brutalement qu'il se trouvait en plein milieu du champ de bataille, à découvert, et potentiellement dans un péril mortel.
Le demi-diable se retrancha derrière un pillier et observa le combat entre son nouvel allié et le golem. Sous la peau de pierre, il réussit à apercevoir quelques rares parcelles ouvertes organiques. Il avait donc un point faible, dans son dos, ce qui était plutôt une bonne nouvelle. Il hurla à l'orque de focaliser ses attaques sur cette partie et, s'il le pouvait, de lui arracher le coeur.
De son côté, le mage chargea une langue de flamme. Elle frôla dangereusement l'orque, qui réussit à s'éloigner tout de mêmes de son attaque. Knurl poussa un hurlement de douleur, et agrippa sa hache, dans le but évident de balayer tout ce qui se trouvait devant lui.
Derrière lui, Icy se rapprocha du golem pour tenter de le déranger et donner un avantage à ses alliés. Il ne s'attendit absolument pas à voir débouler sur lui la flèche de glace de son propre invocateur. La petite créature explosa dans une pluie d'énergie et de glace qui gela partiellement le bras du golem. Shin s'excusa à voix basse à son familier, qui lui en voudrait sûrement beaucoup la prochaine fois qu'il le ramènerait à la vie.
Le golem réussit malgré la diversion à frapper l'orque, lui ouvrant le ventre. L'orque ne se laissa pas abattre pour autant et continua à frapper sa cible. Le nain le frappa de nouveau et lui trancha une des tête. L'orque tomba lourdement au sol, vaincu.
— Nalash kra shtrak... murmura-t-il à l'attention de Balthazar.
— On se retrouvera dans une autre vie, salua le mage, un brin de tristesse dans la voix.
Théo profita de l'agitation pour attaquer de nouveau Worv, distrait pendant quelques secondes. Le paladin donna un coup de bouclier rageur et propulsa violemment le nain dans la fenêtre qui explosa sous l'impact. Le nain se retrouvait désormais dos au vide. Le paladin sourit sadiquement. Il leva sa jambe et donna un grand coup dans la poitrine du nain, qui bascula à l'extérieur et chuta dans le vide.
— Je ne savais pas qui t'étais, et j'en ai rien à foutre, conclut Théo, très satisfait de lui-même.
De l'autre côté de la pièce, Lakr se jeta de nouveau sur Grunlek, mais le nain l'évita habilement d'un pas sur le côté.
— Tu sais quoi ? Je n'ai pas besoin de ça, dit Grunlek, en jetant son bouclier à terre.
Il prit de l'élan et enfonça son poing de métal dans le torse de Lakr, qui tomba en arrière. Le nain tenta de parer un deuxième coup, mais l'aventurier le frappa dans le ventre. Lakr cracha du sang, instable sur ses jambes.
— Notre lutte ne sera jamais finie, cracha-t-il. Soit tu meurs, soit je meurs. Achève-moi, lâche.
Grunlek lui asséna un violent coup de poing dans le visage. Lakr s'écroula au sol, mort. Il le contempla un long moment, déçu de cette issue.
Cependant, il fut rapidement interrompu par Knurl. Le golem, fragilisé par la glace et le feu, se mit à convulser et tomba à genoux. Quelque chose pulsait à l'intérieur de lui. Balthazar, le plus proche, eut un très mauvais pressentiment.
— Shin, Théo, au secours ! cria-t-il, un brin paniqué. Faut le bazarder par la fenêtre avant qu'il explose ou je ne sais quoi. Éloignez-le de la grosse gemme ou on est tous dans la merde !
Le mage essaya de le bouger, en vain. Théo arriva en renfort et le saisit sous les bras pour le pousser, bientôt rejoint par Shin. Mark contourna Grunlek et Lakr et vint leur porter main forte. Leurs mains brûlaient sous la chaleur de son corps, mais ils n'abandonnèrent pas.
— Vous, humains, je vous anéantirai tous, dit-il sombrement.
— Tu n'extermineras plus personne, nain, répondit Balthazar. Retourne dans les abysses qui t'ont vu naître.
Théo réussit à le hisser sur le bord de la fenêtre et, avec l'aide de Shin, ils le propulsèrent dans le vide. Le nain tomba sur quelques mètres, avant d'exploser violemment. Les aventuriers se collèrent contre les murs pour éviter le retour de flammes alors que toutes les fenêtres explosèrent. Le manoir bascula sur le côté et, enfin, entama sa descente.
Les aventuriers attendirent nerveusement de voir s'ils allaient mourir, avant de pousser un soupir lorsque le bâtiment se stabilisa, prêt à descendre en douceur.
Théo se rapprocha de la gemme pour la saisir. S'il n'avait pas eu de richesses, il aurait au moins le plaisir de l'exploser. Shindda lui donna une tape derrière la tête pour le dissuader. Balthazar, lui, s'accroupit près du corps de Dragonosis et lui rendit les hommages à voix basse. Il décrocha un de ses bracelets et décida de le garder comme souvenir.
Grunlek s'assura qu'ils allaient tous bien, puis se rapprocha de Mark, et posa une main sur son épaule.
— Tu as été témoin de la décadence de notre race, et j'en suis désolé. Ton attitude, toutefois, me rend heureux. Même si j'ai le coeur lourd et que j'aurais aimé une autre issue, je sais qu'avec ton aide, les choses vont changer. Il y a toujours une autre solution.
Mark lui serra la main, souriant, puis le serra dans ses bras. Grunlek resta silencieux, surpris, puis lui rendit son étreinte.
Il suffisait parfois d'un brin de modernité pour abattre pour de bon le poids du passé et des traditions. Pour le meilleur ou le pire, seul le futur le déciderait.
FIN.
Merci à tout le monde d'avoir suivi cette troisième retranscription de live ! Nous espérons qu'elle vous a plu, et nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour la suite des aventures de nos compères aventuriers. Des bisous !
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