Partie 5 - Par Myfanwi

Partie 5

Par Myfanwi

L'ombre menaçante qui s'était penchée sur le rebord du manoir commençait à inquiéter sérieusement les aventuriers, toujours en train de galoper à vive allure en-dessous. Elle semblait être sur le point de leur jeter quelque chose, et ils ne comptaient pas attendre stupidement de voir ce dont il s'agissait pour agir.

Shinddha saisit le grappin et la corde qu'il tenait toujours dans les mains et l'arma tant bien que mal sur son arc. Il renforça ensuite son arme avec de la glace pour lui donner plus de précision.

Alors que Grunlek et Balthazar discutaient du meilleur angle de tir, Théo, qui n'avait pas quitté le manoir des yeux, écarquilla soudainement les yeux. Il tira les rênes de son cheval.

— Écartez-vous du chemin ! Il y a un gars qui tombe du ciel !

Lumière fit une embardée sur le côté et renâcla nerveusement. Balthazar fit de même de son côté. Shinddha décida de sauter de sa monture dans un geste désespéré, pour tenter de réceptionner le malheureux. Le demi-élémentaire lâcha son grappin et bondit dans les airs. Ses bras s'enroulèrent autour du corps de l'inconnu, ralentissant sa chute, mais entraînant également l'archer à sa suite.

Shin voulut se retourner pour atterrir sans trop de dégâts, mais fut interrompu lorsque son regard se posa sur la grosse gemme de pouvoir que l'étranger tenait entre les mains.

— Je suis vraiment désolé ! cria l'homme.

Le demi-élémentaire tenta de lâcher prise, mais trop tard. Une gigantesque impulsion énergétique l'envoya voler plusieurs mètres plus loin avec l'homme, toujours dans ses bras, alors que les chevaux de Théo et Balthazar s'éloignaient au triple galop, paniqués. Les deux aventuriers eurent bien du mal à les calmer.

Lorsqu'ils se retournèrent, un enchevêtrement de racines, de plantes et de verdure sortait du sol, comme si la nature avait décidé de pousser en quelques secondes. Shin était tombé dedans la tête la première, ce qui lui avait évité une mort certaine, mais il peinait à se redresser, enchevêtré dans les végétaux.

— Bob ! Brûle les plantes ! hurla Théo.

— Hein ? Mais pourquoi ? T'es malade, Shin est là dedans !

— Ah, c'est vrai, je l'avais oublié lui...

Grunlek se frappa le front, consterné.

Dans les feuillages, Shin se débattait pour se libérer des multiples racines qui lui maintenaient les bras et les jambes. Un reniflement lui indiqua que quelqu'un se trouvait non loin. Il ouvrit de grands yeux plein d'espoir.

— Eden ? C'est toi ! Va chercher les autres.

La louve de Grunlek pencha la tête sur le côté, surprise par ce buisson parlant. Elle renifla une nouvelle fois la végétation, se retourna, fit ses besoins, gratta le sol et partit dans la direction opposée, au grand désespoir du demi-élémentaire qui n'était pas plus avancé dans toute cette histoire.

Balthazar, Grunlek et Théo reprirent contenance. Le mage se tourna vers le tas de feuilles, puis vers le manoir, qui continuait son inexorable avancée. S'ils s'arrêtaient, ils risquaient de le perdre une nouvelle fois.

— Grunlek, je te laisse mon cheval. File-moi le grappin et libère Shin. Rejoins-nous dès que tu peux. On va continuer à suivre le manoir avec Théo. Fais gaffe, c'est sûrement un coup des orques. Ça sent la diversion.

— Je ne sais pas, avoua Grunlek en descendant. Je pense que les orques et ce gars ont été envoyés par quelqu'un d'autre.

— On n'a pas le temps de discuter !

— Si, on a le temps, grogna le paladin. Grunlek est le seul à savoir manier le grappin, tu restes derrière pour sauver Shin et tu nous rejoins. Et puis je prends pas de démons sur mon cheval de l'inquisition, d'abord.

Balthazar protesta vivement, mais Théo resta sourd à son appel et s'éloigna au galop. Grunlek eut à peine le temps de bondir derrière lui. Il lança un regard désolé au mage alors qu'il disparaissait à l'horizon, à la poursuite du manoir volant. Le mage jura de lui brûler les fesses à la seconde où ils auraient un instant de répit.

Dépité, il se dirigea vers le tas de végétaux pour tenter d'aider son ami. Il l'aperçut plus bas, coincé dans la végétation. L'homme tombé du ciel s'en était tiré également, lui aussi enchevêtré. Balthazar banda sa volonté et fit apparaître quelques petites flammèches, pour tenter de libérer un chemin, si possible sans provoquer un grand feu de joie qui n'aurait sans doute pas été une bonne nouvelle pour l'inconnu et le demi-élémentaire.

Fort heureusement, il réussit à garder le plein contrôle sur ses pouvoirs. Il dégagea rapidement une sortie pour les deux hommes. Balthazar les aida à s'extirper du piège végétal. Ce qu'il restait de la gemme de pouvoir tomba tristement au sol, entièrement vidée de son énergie.

— Vous êtes qui, vous ? demanda le mage à l'inconnu. Sacrée chute que vous avez fait là.

— Je suis un des serviteurs qui s'occupe du manoir. Ils ont... Ils étaient... C'était un orque avec deux têtes...

— Du calme, vous êtes sauvé, respirez.

— Non, attendez... Mon ami, il est toujours en haut, supplia-t-il. Vous devez l'aider. Il se cache.

Balthazar garda son sang froid.

— Combien il y avait d'orques là-haut ?

— Je ne sais pas trop. On a été assommés, et je me suis réveillé dans la cave. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé ensuite. Il y a eu une voix très, très sombre, apparemment pleine de colère, et à ce moment-là, on m'a donné un coup de pied. Et la suite, vous la connaissez.

— Remerciez mon compagnon, c'est grâce à lui que vous êtes toujours vivants. Une dernière chose, cependant. Cette gemme de pouvoir, comment avez-vous appris à vous en servir ?

— Je ne le sais pas. Elle était déjà fissurée quand on m'a balancé du manoir avec.

— L'orque à deux têtes ?

— Non, ce n'était pas lui. L'orque à deux têtes, il fait des bruits de chaînes.

Balthazar resta dubitatif face à cette explication plus que floue. Il avait la forte impression qu'il ne tirerait rien de plus de lui. D'un geste de main, il lui pointa la route.

— Continuez vers le sud, vieil homme. Vous tomberez sur un village, des gens pourront vous y aider.

— Je vous remercierai jamais assez. Merci infiniment.

Alors qu'il s'éloignait sur le chemin, Balthazar se tourna vers Shinddha, assis au sol, qui reprenait son souffle.

— Bon boulot, mon gars. C'était impressionnant.

— Ça ? se vanta l'archer. C'était rien du tout. C'est juste mon talent naturel.

— Tu ne devrais pas trop provoquer le destin comme ça, toi et moi, on sait que ça ne dure jamais bien longtemps. Allez grouille, on doit rattraper les autres.

Le demi-diable remonta à cheval et tendit la main à son complice, qui se hissa derrière lui. Les aventuriers se lancèrent au galop pour rejoindre leurs amis aussi vite que possible.

À l'horizon, le manoir semblait s'avancer au-dessus d'une colline. Ce serait probablement leur seule chance de monter à l'intérieur. Balthazar talonna sa monture pour accélérer.

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