Partie 2.1 - Par Juliabakura
Partie 2
Par Juliabakura
Cela faisait de longues minutes, peut-être une heure, que les aventuriers avaient été accueillis par le bourgmestre Arwen, qui les avaient accueilli chaleureusement. Alors qu'Icy vaquait à ses occupations, en promenade dans les alentours, le groupe fit connaissance avec les villageois.
Bob était en train d'aider au buffet, et de goûter accessoirement, Grunlek à ses côtés. Le nain regardait un peu ce qu'il y avait à manger, et proposa d'aider à la cuisine. Il trouvait que tout n'était pas super organisé et qu'il manquait des choses. Peut-être de l'araignée à la bière. Il se dirigea vers le cuisinier pour lui refiler quelques conseils, mais surtout pour obtenir quelques informations de manière non chalante sur le dit manoir qu'ils venaient d'acquérir : à quoi il avait servi auparavant par exemple, et surtout à qui il appartenait avant.
Arwen l'entendit et lui fit signe d'approcher. Le bourgmestre se tourna pour pointer le flanc de la montagne, où, en hauteur à une centaine de mètres, un magnifique manoir était perché, attendant son heure.
— Ceci est un sanctuaire pour les aventuriers. Il vous revient de droit, assura le bourgmestre. Vous n'avez rien à craindre, maître nain.
Grunlek, un verre d'hydromel à la main qui lui avait été servi très gentiment, avait l'air sceptique. L'homme poursuivit pour tenter de le convaincre.
— Il paraît qu'il y a des choses précieuses à l'intérieur. La rumeur prétend même qu'il y a des serviteurs qui l'entretiennent depuis des années, par tradition. N'importe qui ne peut pas y aller. Il paraîtrait même qu'il y a une énorme gemme de pouvoir à l'intérieur.
Un diamant d'innocence... pensa Théo qui avait entendu la conversation, avant de croise le regard de Balthazar, qui semblait penser la même chose. Le mage songeait à un piège pour les aventuriers naïfs et commençait à s'inquiéter de ce cadeau qui avait tout pour être empoisonné.
Théo fit un pas en avant pour s'incruster dans la conversation.
— Est-ce que vous faites cela chaque année ? Est-ce qu'il y a d'autres aventuriers qui sont venus réclamer ce dû avant nous ?
— Non, seigneur paladin, voyons. Rares sont les aventuriers qui pénétrent ces terres, il faut dire que Entreterre est un peu isolé. Mais nous avons entendu parler du retour d'aventuriers dans le royaume et cela nous a intrigué. Nous n'étions pas certains, il y a eu des histoires un peu contraire. Nous avons dépéchés quelques messagers pour courir à travers le royaume pour essayer de vous retrouver. Et il semblerait que ce soit le cas. Nous avions peur que vous arriviez en retard, vous savez la fête du printemps passe si rapidement et nous aurions été tellement attristés que vous n'acceptiez pas cette invitation. Mais vous êtes là, heureusement. Le sanctuaire et là pour vous !
— D'accord... répondit simplement Théo face à cette grande tirade qui ne répondait nullement à sa question. On peut manger d'abord ?
Il prit une assiette afin de manger une saucisse tranquillement en espérant pouvoir régénérer un peu de magie au cas où les événements se passaient mal, comme c'était souvent le cas lorsqu'ils étaient impliqués. Le paladin restait méfiant. Les gens ici agissaient étrangement, presque trop... Trop. Il se tournait à droite, on lui tendait de la nourriture, il se tournait de l'autre côté, un pichet d'eau. Il commençait à se demander si le buffet n'était pas empoisonné, et s'apprêtait à le remarquer avant de voir sur Shin s'était déjà empiffré de cinq pommes. Il grogna.
Il ne savait pas qui étaient ces gens, mais leur insistance à les pousser vers cet étrange manoir ne lui plaisait pas.
— On devrait aller voir tout de suite pour en avoir le coeur net, glissa-t-il à Balthazar.
Le pyromage lui lança un regard désapprobateur et l'ignora. Il ne voulait pas aller au manoir de suite et foncer tête baissée dans les emmerdes. Il voulait manger le délicieux poulet qu'un homme lui proposait et faire comme si cette cérémonie était absolument normale. Il se tourna vers d'autres personnes attroupées autour d'un grand coffre. Lui aussi avait le droit à son quart d'heure de gloire !
— Eh là ! messieurs dames ! Qu'est-ce que vous regardez dans ce coin ? Puis-je vous renseigner ?
— Oh oui, monsieur ! Vous êtes un magicien, pas vrai ? Où est-ce que vous vous êtes fait ces cicatrices sur votre visage ?
— Oh.. bwahaha ! rit Balthazar, arrogant, en secouant la main. Une estafilade, obtenue en combattant fièrement des bandits...
— Quel menteur, chucota Shinddha qui l'avait entendu.
— Mais vraiment, ce n'est rien, une petite histoire de rien du tout. Ça s'est soigné, regardez ! Il n'y a que le vêtement qui est arraché plus bas. Mon ami paladin qui a des pouvoirs curatif, m'a soigné.
— Seigneur mage, appela une jeune femme. Est-ce que je puis vous demander... Si je peux disposer de votre manche pour la rafistoler ? Ça serait un plaisir pour moi !
— Ça serait avec grand régal. Mais répondez d'abord à ma question, ma mignonne. Qu'y-a-t-il dans ce coffre ?
La jeune femme sourit, charmée.
— Nous espérons que la fête puisse se poursuivre dans la nuit. Nous avons disposé ici des tentures, pour au cas où le vent se lève et que nous ayons besoin de nous couvrir.
— Je vois, sourit le mage, qui aurait préféré y trouver huit milles pièces d'or. La fête dure de ce fait jusqu'au petit matin ? Et quand sommes-nous sensés investir le manoir ?
— Vous pouvez l'investir pendant la fête, si vous voulez. Mais nous devons faire le tour par la montagne, où se trouvent des marches légèrement perchées, un peu glissantes. Faites attention évidemment. Il paraît qu'il y a des gens qui se sont gravement blessés en ne faisant pas attention. Mais ça, ce sont juste de petites histoires. Vous, vous êtes forts, ça n'arrivera jamais.
Balthazar rit de bon cœur avec la dame, en tentant de cacher qu'ils étaient parfaitement capable de glisser sur ces marches et de se briser la nuque.
Soudain, un cri rauque provint du puits, suivi d'exclamations outrées.
— Oh mais c'est dégoutant ! Qui c'est qui a fait ça ?! À qui est cette chose ?
Shin se cacha légèrement comme pour dire que ce n'était pas sa faute, alors que Théo soupira en pensant qu'Icy avait peut être déféqué dans le puits. Et il n'était pas loin de la vérité. Icy se tenait debout sur le rebord du puits, en train de se soulager la vessie. Shin ne trouva pas cela choquant, car c'était un petit être d'eau qui urinait de l'eau, que ce n'était pas grave et que ça allait rafraîchir l'eau. Bob et Grunlek se retinrent d'exploser de rire.
Se rendant compte de l'attention sur lui, Icy se retourna vers la foule et lui adressa un grand sourire, avec des dents cristallisées.
Shin essaya d'argumenter avant que la situation ne dérape.
— Ce n'est que de l'eau fraiche. Nous allons pouvoir rafraîchir les boissons à l'intérieur, comme de la cervoise ! s'enthousiasma-t-il, ce qui ne sembla pas convaincre grand monde. Ça ne reste que de l'eau ! Je vous jure !
Arwen se retourna et demanda aux autres :
— Euh... c'est un... C'est euh... C'est quoi ?
Shin continua d'une voix un peu débile :
— De quoi ? Mais c'est Icy enfin, vous ne le connaissez pas ? Regardez ! Il a fait ces merveilleuses statues de glace !
Théo s'imagina des peluches de la petite créature qu'ils pourraient mettre en vente pour récolter plus d'argent, alors que Balthazar était plié en deux de rire.
— Non ! reprit Shin, en voyant un des villageois approcher pour se débarrasser de la créature. Mais il fait ça pour la fête ! C'est la fête n'est-ce-pas monsieur Arwen ?
— Est-ce que c'est culturel, maître archer ?
— Complétement ! s'emporta le demi-élémentaire, avant d'entendre son ami demi-diable hurler de rire. C'est une forme de respect pour mon peuple. Ma tradition demi-élémentaire... Urine dans le puits du voisin pour donner bonheur.
Grunlek se mit à imaginer tout le village en train de se retrouver autour du puits pour uriner à l'intérieur.
— Si vous le désirez, nous allons procéder au rituel, tous ensemble, continua l'archer. Et pas de honte, nous sommes tous faits pareil.
Arwen sentit immédiatement que ce dernier le prenait pour un idiot. Pour une grosse endive même. Un grand vent plana sur l'ensemble de la fête. Théo était las. Étant donné la tenue de l'archer, ils étaient sûrs de ne pas être réinvités l'année prochaine. Un froid resta présent dans les alentours, alors qu'Icy fit un signe militaire à son maître.
Les villageois finirent par se disperser à contre coeur et la fête reprit, malgré ce petit accident diplomatique.
Le mage s'apprêtait à se resservir un verre de vin quand, à flanc de montage, sous le manoir, il vit des silhouettes se dessiner. Elles se détachaient légèrement de la roche, en nombre, très agiles et venant de toute évidence dans leur direction. Ils devaient être facilement une demi-douzaine. Balthazar pouvait presque percevoir une sorte de tenue de camouflage sur leur corps, pour ressembler à des rochers. Le mage était circonspect. Si tout le monde vaquait à ses occupations, il craignait un coup dans le dos depuis le début. Les gens qui les accueillaient, les invitaient... Ce n'était pas normal.
Immédiatement, il alla prévenir ses compagnons, Théo et Grunlek, qui se trouvaient assez proches. Par ailleurs Shin en plus d'être trop loin, se faisait disputer par le bourgmestre pour le coup d'éclat d'Icy.
— Bob ? Tout va bien ? questionna le nain à voix basse.
— Qu'est-ce qu'il a encore ? râla le paladin. Il a avalé une olive de travers ?
— Euh... reprit le mage en continuant de plisser les yeux, avec sa paire de lunettes qu'il venait d'enfiler, vers le flanc de montagne. Ok. Soit les rôdeurs sont devenus plus agiles et magiciens pendant que je n'étais pas là, soit y a un truc qui va pas avec ce flanc de montagne. On dirait qu'il y a des gens qui l'escaladent, mais en sens inverse... En pierre ou déguisés en pierre.
Grunlek et Théo ne comprirent aucun mot du mage, jusqu'à ce qu'un cri résonne sur le flanc de la montage :
— JE VEUX DU SANG ET DES LARMES !
Les villageois se retournèrent. Les aventuriers virent se détacher de la montagne des silhouettes menaçantes et des épées énormes, ainsi que des créatures affreuses qui plongeaient depuis la roche vers Entreterre. Un cheval qui se trouvait sur leur chemin se retrouva littéralement coupé en deux, imposant un silence.
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