7 octobre 1971

Marie éteignit la radio, la main tremblante. Elle n'aurait peut-être pas dû passer la soirée à écouter cette émission où le narrateur racontait de courtes histoires d'horreur avec une voix semblable à celle d'Hitchcock.

Ce ne sont que des histoires, Marie. Resaisis-toi et va te coucher.

Pourtant, le duvet sur ses bras était dressé en des milliers de minuscules pointes raides et elle se retournait à chaque pas. Peut-être parce que, pour la première fois de son existence, elle se retrouvait seule dans l'immense manoir familial. Ou peut-être tout simplement parce que cette fête que les américains appelaient Halloween et qui intrigait tellement sa soeur, Viviane, depuis que leur oncle avait effectué un voyage d'affaires à New York approchait à grands pas.

Après avoir allumé la lumière de l'entrée, elle éteignit la lampe du salon et se dirigea vers le miroir. Comme toujours, au moment de passer à côté de l'imposante glace, elle baissa les yeux, se concentrant sur les premières marches de l'escalier.

Cette fois-ci, encore plus que toutes les précédentes, elle voulait être absolument sûre et certaine de ne pas poser son regard sur le miroir. Ce n'était probablement qu'une superstition familiale mais Marie ne voulait pas en tester la véracité, pas ce soir-là.

Arrivée en haut de l'escalier, elle entendit un bruit derrière elle. Surprise, elle se retourna immédiatement. Il n'y avait rien.

Décidément, cette soirée spéciale contes horrifiques avait été une mauvaise idée. Surtout le soir où ses parents étaient partis au restaurant et où Viviane avait décidé de faire le mur pour rencontrer ce "Martin".

Du calme, Marie. Du calme.

Elle balaya ses angoisses et continua sa route. Il ne lui restait même pas dix marches pour atteindre le premier étage. D'ici quelques minutes, elle serait bien au chaud, entre son matelas et sa couette.

Un second bruit de fit entendre. Une fois de plus, elle ne put s'empêcher de regarder derrière elle. Il n'y avait toujours rien.

- Viviane? C'est toi?

Elle descendit alors quelques marches d'un pas hésitant.

- Viviane, c'est pas marrant! Sors de ta cachette!

Mais personne ne répondit. Sa voix semblait résonner dans le vide du grand manoir. Elle hallucinait, il n'y avait pas d'autre explication possible. Malgré tout, elle descendit encore quelques marches, juste pour être sûre.

Soudain, elle remarqua une petite boîte en bois ancien sur le marbre de l'entrée. Elle ne l'avait jamais vue. C'était sûr, elle devenait folle.

Afin de vérifier son hypothèse, elle dévala les dernières marches et saisit le petit objet. Il était bien dans ses mains. Elle pouvait le toucher, en observer les contours et même sentir l'odeur du bois maltraité par les années et l'humidité.

Elle l'ouvrit et une ballerine apparut, tournant sur elle-même au rythme d'une délicate musique. Derrière l'innocente statue, Marie pouvait voir un petit miroir. Au dessus était finement gravé dans le bois "toi qui me regardes, partage mon malheur".

À la lecture de l'inscription, Marie sursauta, il s'agissait exactement des mêmes mots que ceux qui surmontaient le miroir de l'entrée. Elle lâcha la boîte qui se cassa en touchant le sol. Désormais, la ballerine ne dansait plus, la musique avait cessé et le silence était son seul voisin.

Décidant de regagner sa chambre au plus vite, elle se retourna pour gravir les marches de l'escalier au plus vite. Cependant, elle n'était plus seule.

Un chien, trempé, la gueule débordant d'un liquide rouge qu'elle ne souhaitait pas identifier, descendait calmement les marches. Elle pouvait voir ses crocs un peu trop éclatants se dessiner sous la lumière artificielle.

Elle recula, tâchant de trouver son chemin jusqu'à la porte d'entrée. Mais la bête, malgré ses pas de velours, semblait plus rapide qu'elle. Elle se retourna alors et se jeta sur la poignée de la porte d'entrée.

Elle n'arrivait pas à l'ouvrir. Et tourner les clés dedans n'y changeait rien.

Marie se retourna de nouveau, pour faire face à la créature mais celle-ci avait disparu. A la place, il y avait une femme au teint blafard et aux yeux bleus perçants, presque blancs, qui contrastaient avec ses cheveux noirs comme la nuit.

Celle-ci tenait un immense couteau de cuisine dont elle planta la lame dans la poitrine de Marie. Le cri de cette dernière fit étouffé par son propre sang.

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