🕸️CHAPITRE 7 🕸️

Si ce n'était pour l'air de jazz s'élevant subitement au milieu de la nuit, Ethan n'aurait certainement rien dit quant à la diversité des bruits étranges qu'il avait entendus jusqu'ici. Cependant, il n'y avait rien d'étrange dans le jazz si ce n'était que le disque n'aurait pas pu s'enclencher de lui-même et sa certitude ne fit que se confirmer lorsqu'il aperçut la silhouette de Margarette se dandinant au milieu du couloir.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-il alors à moitié endormi en la rejoignant tout en trainassant.

— Oh pardon. Vous ai-je réveillé ?

Un coup d'œil à l'horloge à sa droite lui fit comprendre qu'il était à peine trois heures du matin et un autre coup d'œil lui dévoila toute la satisfaction siégeant sur le visage de son hôtesse.

— L'avez-vous fait exprès ? se reprit-il à lui demander, comprenant qu'elle allait certainement éluder sa question comme la précédente.

— Pas du tout, mais il est vrai que votre présence m'était sortie de l'esprit.

Bien évidemment qu'elle mentait. Elle n'avait eu de cesse de le faire depuis que son regard s'était posé sur lui. Allez savoir pourquoi ! Avait-il offensé la dame d'une quelconque façon que ce soit ? Pas à sa connaissance. Il 'était même venu en personne afin de lui parler et ce n'était pas tout le monde qui se serait donné autant de peine. Alors quoi ? Que pouvait-elle bien lui reprocher ?

— Êtes-vous en colère contre moi d'une quelconque manière que ce soit ?

— Ne suis-je pas supposé l'être alors que vous débarquez comme une fleur dans ma vie ?

— Comme je vous l'ai dit : je suis simplement venu m'expliquer en personne, rien de plus. Je n'ai nullement l'intention de m'immiscer dans votre vite, Margarette. Je repartirai dès que tout sera en ordre.

— Très bien ! se réjouit-elle, Dans ce cas, répondez à cette question pour moi : Souhaitez-vous m'épouser ?

— Non, mais je...

— Moi de même, le coupa-t-elle, l'affaire est donc réglée. Vous pouvez repartir.

Mais Ethan ne bougeait pas et il n'avait, d'ailleurs, aucune intention de le faire. Tout était très loin d'être aussi simple que cela, bien qu'il aurait d'adoré que cela soit le cas.

— Je crains que cela ne soit on ne peut plus compliquer. Il y a, disons, certains enjeux gravitant autour de notre union, lui rappela-t-il.

Venait-il sérieusement de lui rappeler l'aspect financier de la chose en lui jetant au visage que ce mariage n'était rien de plus qu'une transaction financière ? Le culot avait donc un visage.

— Est-ce de l'argent que vous voulez ? pestiférait Margarette, piquée par ce douloureux rappel.

— Je vous demande pardon ?

— N'est-ce pas cela dont il est question tout compte fait ? Vous me parlez d'enjeux alors qu'en réalité vous ne vous souciez que de ceci.

— Croyez-moi, il y a méprise sur le sujet, tenta de justifier Ethan en rebondissant.

— Je suis parfaitement au courant de la manière dont ces présumées noces ont été arrangées. Je sais que j'ai été vendue, car il n'y a pas de termes plus exacts que celui-ci, par ma propre famille. Donc, dites-moi, monsieur Gainsbourg, à combien ai-je été estimée ? Combien vaut ma vie ? Sans doute pas grand-chose, puisque je suis une veuve éplorée, je n'ai par conséquent plus beaucoup de valeur.

Ethan ne savait quasiment rien de Margarette si ce n'était ce que tout le monde savait d'elle et aussi qu'elle avait déjà été mariée par le passé. Les rumeurs disaient d'ailleurs que son défunt mari fut emporté par la maladie après des semaines de souffrances et que Margarette était restée à son chevet, le veillant jusqu'au tout dernier moment. Quelle épreuve cela avait dû être pour elle. Si jeune et pourtant déjà... Il ne connaissait rien de son chagrin, mais il compatissait étrangement avec elle.

— J'ai comme l'impression que vous et moi n'arriverons jamais à nous comprendre. Pourtant, croyez en ma sincérité quand je vous dis ceci : je ne vous veux aucun mal, Margarette.

— Alors, répondez à ma question : pourquoi êtes-vous réellement venu jusqu'à moi ?

Il aurait pu lui mentir effrontément, car qu'aurait été un mensonge de plus à sa liste déjà conséquente ? Mais Ethan n'en fit rien. Il savait au plus profond de lui-même qu'il lui devait au moins la vérité sur ce sujet. La question était à présent : était-il à même de la lui donner ?

— À vos yeux, je suis peut-être un idiot, commença-t-il à avouer, mais je ne suis pas dénué de lucidité. Je sais, par expérience, que lorsque l'on vient aussi loin, c'est parce que l'on fuit quelque chose.

Et au vu de la réaction transformant le visage de la jeune femme, bien que cela fut très bref, Ethan savait qu'il avait raison à ce sujet. À son sujet.

— Et que fuyez-vous ? se décida-t-elle à lui demander.

— Le passé, se surprit-il à lui répondre dans un élan d'honnêteté.

Parce qu'il y avait des choses, des événements, que l'on préférerait tous oublier, et Ethan, comme tant d'autres avant lui et tant d'autres après lui, avait fauté. Pire encore ! Il avait véritablement pêché.

— Je suppose que nous avons cela en commun, vous et moi, lui dit-il en la fixant du regard.

— Vous pensez que je suis venue jusqu'ici, car je serai en fuite ? Quelle théorie intéressante que voilà ! Il me tarde de connaître les raisons qui vous font pencher vers cela.

— Même si je vous en faisais part, vous ne me donneriez pas raison. Tout ce que vous entreprenez ou dites est fait et calculé pour être en parfaite contradiction avec moi.

Margarette pouffa de rire.

— Vous vous donnez beaucoup trop d'importance, monsieur, répliqua la jeune femme.

— Parce que vous me laissez si peu de place pour exister, mademoiselle.

Et pourtant, ce n'était définitivement pas la place qui manquait dans cette grande et silencieuse demeure.

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