🕸️CHAPITRE 28🕸️

Profitant qu'Ethan soit reparti se coucher et parce que toute leur conversation lui paraissait encore irréaliste, Margarette s'était retranchée dans son bureau à la recherche de réponses. Ethan ainsi que d'autres membres de la famille Heelz croyaient dur comme fer à l'existence de ce puits à souhaits, ils avaient tous, à un moment donné, été tentés par celui-ci ou tout du moins par la promesse que ce dernier offrait : une chance de réparer une erreur ou pour les plus ambitieux, une occasion unique de réaliser l'impossible. Voilà donc ce pourquoi on se battait dans sa famille et ce pourquoi Ethan avait osé traverser le monde.

Alors, profitant que le manoir ait regagné un semblant de tranquillité, Margarette revêtit son manteau, chaussa ses bottes et partit une nouvelle fois vers ces bois qui semblaient être le gardien de ce puits. Cela paraissait presque trop facile qu'un tel artefact puisse exister à seulement quelques mètres d'elle. Comme si celui-ci n'attendait qu'elle.

Mais pouvait-elle seulement se laisser tenter et y croire ? Ce n'était rien de moins qu'une légende urbaine. Un mythe. Un conte pour enfant et elle était décidément bien trop âgée pour cela. Alors pourquoi ? Pourquoi éprouvait-elle cela ? Pourquoi était-elle si... Tentée.

— Vas-y. Tout ce que tu as à faire, c'est de te pencher et de formuler ton vœu. Il n'y a rien de plus simple... lui chuchota une voix bien trop familière à son goût.

— Non.

Margarette hésitait. Elle hésitait toujours. C'en était devenu maladif et ridicule. Tantôt la jeune femme faisait preuve d'une détermination sans faille, presque même était-elle trop farouche pour son propre bien et tantôt elle préférait rester dans son coin, recroquevillée. Comme si deux Margarette cohabitaient dans un même corps. Deux esprits différents. Deux personnalités désirant et désireuses de choses différentes.

— Il n'y a qu'une façon pour toi d'en avoir le cœur net. Si tu penses que ce n'est qu'un conte de fées, alors pourquoi ne pas tenter ta chance ? Tu es une femme intelligente et pragmatique, Margarette... Il n'y a qu'en faisant l'expérience que tu auras la preuve du résultat. Alors qu'attends-tu ?

S'approchant du puits et se penchant au-dessus de ce dernier, la jeune femme prit ce qui lui semblait être une éternité rien que pour fixer le fond. L'obscurité. Les profondeurs. Jusqu'où ce dernier s'étendait-il ? Elle se surprit alors d'y jeter une petite pierre récupérée à ses pieds et attendit... Mais aucun écho. Aucun son. Rien. Tout ce qu'elle eut en retour fut un pet au visage, une légère brise.

Le même genre de brise, froide et tirante, qu'elle eut la première fois qu'elle trouva Ethan à proximité du puits. Cela lui rappela alors cette rencontre du troisième type. Avait-elle halluciné à ce moment-là ou avait-elle réellement été en contact avec un fantôme ? Avec le fantôme ? Peut-être était-ce tout simplement un tour de son esprit tordu et fatigué, car il n'y avait rien de pire que la fatigue mentale et psychique pour vous faire croire à tout un tas de choses.

Même les plus grotesques.

Parce que oui, Margarette Heelz, toute femme pragmatique qu'elle fut, faillit croire en l'existence potentielle des fantômes. Cependant, elle-même ne le savait que trop bien pour en faire les frais quotidiennement, les fantômes n'étaient rien de plus, rien de moins qu'une construction de notre esprit pour nous permettre d'accepter l'inacceptable.

Tout comme elle savait que la « voix » de James qui résonnait en elle depuis plusieurs semaines maintenant n'était rien de moins que la voix de sa propre conscience, rongée par la culpabilité de son acte, de son geste. James était mort. Enterré. Son corps devait présentement pourrir sous terre, rongé par les vers et autres insectes répugnants... Il ne pouvait pas être... Eh bien, .

Alors quelle bizarrerie que de savoir que sa propre conscience avait choisi son spectre pour la convaincre de sauter le pas.

— Dans ce cas, fit finalement la jeune femme en prenant une grande inspiration, Je souhaite... Oui, je souhaite... Je souhaite que tout ceci s'arrête une bonne fois pour toutes.

Elle attendit, retenant son souffle, prête à avoir une réponse quasi divine et miraculeuse, mais encore une fois, rien ne se produisit. Margarette pouffa, seule.

— C'était à s'en douter. S'ils savaient, tous autant qu'ils sont, ils seraient alors irrémédiablement déçus. Ce n'est qu'un bête puits en pierre. Rien d'autre.

« Rien d'autre. » Ce furent ces deux derniers mots alors penchée au-dessus du vide abyssal. « Rien d'autre », voilà tout ce qui résonnait à l'intérieur d'un puits étrangement situé au fin fond d'une propriété jadis abandonnée.

Mais voilà tout le problème avec les croyances : elles prennent vie à l'instant même où l'on commence à leur donner ne serait-ce qu'un minimum d'importance et cela n'épargne pas les plus étranges d'entre elles.

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