🕸️CHAPITRE 16🕸️
Les mystérieuses dispositions d'Ethan a demeuré énigmatique, malgré la pression qu'elle lui avait mise, avaient conduit Margarette a employé les grands moyens, car elle savait pertinemment que le jeune homme ne serait pas enclin à se confier davantage sur son étrange quête. Tout ce que Margarette savait et avait compris et qu'il s'agissait d'un secret et qu'il ne faisait plus aucun doute que ce secret concernait le manoir en lui-même.
Les premiers jours de sa venue, Ethan s'était confié en lui disant qu'il était venu jusqu'ici pour régler des affaires et que ces mêmes affaires touchaient de près comme de loin à sa propre famille et bien que Margarette fut longtemps persuadée qu'il ne pouvait s'agir que de leur potentielle union, la distance qu'avait mise le jeune homme entre eux lui démontra son erreur. Sa grotesque erreur. C'était à peine si Ethan la voyait comme une femme à part entière, bien qu'il lui assurât vouloir n'obtenir que d'elle... son amitié.
Mais comment être amie avec une personne ayant pour vous maints secrets ?
En outre, la conversation qu'elle eut avec ce dernier la veille fut comparable à la goutte d'eau faisant déborder le vase. C'en était trop. Il lui fallait comprendre. Le cerner même, car après plus d'un mois de cohabitation, elle n'en savait que trop peu.
Du coup, aux grands maux, les grands moyens... Margarette prit tout simplement la décision de le suivre lors de ses nombreuses sorties en ville.
Cachée sous un long manteau et un capuchon dissimulant son visage, Margarette prit soin de rester derrière chaque poteau, chaque pan de mur, chaque tonneau de la ville s'il le fallait afin qu'Ethan ne remarque en rien sa présence et il fallait dire que pour l'instant... les choses se déroulaient à merveille. L'espionné ne se doutait de rien et Margarette continuait de le suivre en toute discrétion.
Néanmoins, son enquête ne fit que tourner en rond. Ethan passa la grande majorité de sa matinée dans un bar près du port, pour ensuite se diriger vers la bibliothèque où elle le vit lire un ou deux ouvrages et enfin, vers les coups de midi, il erra sur la place du marché, saluant quelques passants qui avaient l'air de le connaître. En quelques semaines à peine, Ethan avait créé plus de liens avec cette ville et ses habitants que Margarette ne l'avait fait en venant habiter ici.
— N'êtes-vous pas lassée de votre petit jeu ? fit Ethan en se retournant sur lui-même.
Bien qu'il rencontrât le silence pour réponse, le jeune homme se tenait là, mains sur les hanches.
— Margarette...
Son cœur se mit alors à battre à vive allure. Comment avait-il su ? Qu'est-ce qui l'avait trahie ? Depuis quand le savait-il ? Faisait-il semblant depuis le début et l'avait-il fait tourner en bourrique dans toute la ville expressément ?
— Je sais que vous êtes là, montrez-vous.
Ou alors, peut-être testait-il sa théorie et ne possédait aucune preuve de sa présence ? Peut-être que si elle venait à ne pas se montrer, alors, il finirait par reprendre son chemin comme si de rien n'était ?
— Jouer à cache-cache à nos âges, ce n'est pas sérieux, insista-t-il.
Toutefois, Margarette, toujours accroupie derrière quelques caisses traînant ici et là, demeura silencieuse, voire immobile, craignant que le moindre mouvement puisse trahir sa position. Elle se contenta d'observer Ethan qui soupirait tout en se passant une main sur le visage avant que celui-ci ne s'en vienne vers elle.
— C'est ridicule ! grommela-t-il.
Finalement, il se pencha au-dessus de l'ensemble des caisses et trouva une Margarette, tout sourire.
— Oh ! Quel heureux hasard que de vous croiser ici. J'étais justement dans les parages afin de profiter d'une promenade... s'avança-t-elle à dire en se relevant.
— Vous ne venez jamais vous promener en ville, se précipita-t-il de lui signaler, comme si elle avait elle-même oublié ses habitudes.
— Eh bien, il n'est jamais trop tard pour changer d'avis, n'est-ce pas ? Je me disais, jusqu'à tout récemment, que justement, peut-être passais-je à côté de nombreuses choses et...
— Vous me suiviez.
— Pas du tout. Je vous l'ai dit, c'est un heureux hasard.
— Heureux hasard qui vous a conduit à vous accroupir derrière des caisses en bois, le tout en portant une sorte de manteau mystérieux ? Vous savez qu'il n'y a rien de plus suspect qu'une personne encapuchonnée ? La prochaine fois, vous devriez, je ne sais pas, essayer d'être vous-même par exemple !
Évidemment qu'Ethan ne gobait rien de ce qu'elle lui disait. Il savait qu'elle mentait tout comme il savait qu'elle le suivait depuis qu'il avait quitté le manoir tôt dans la matinée.
— Puis-je au moins savoir pourquoi vous vous donnez tant de mal ? la questionna Ethan en la fixant d'un air interrogateur.
— Je me donne le même mal que vous vous donnez lorsque vous ne voulez pas me parler, finit-elle par avouer.
— Nous y voilà donc. Voilà ce qui vous a suffisamment motivée à sortir de votre manoir si haut perché ! Donc, vous avouez que vous me suiviez.
— Est-ce un drame en soi ? En êtes-vous mort ?
— C'est un drame que vous vous mêliez de ma vie privée, oui.
— Oh ! Que ne faut-il pas entendre ? N'est-ce pas là l'hôpital qui se moquerait de la charité ? s'offusqua Margarette.
— Vous avez été claire quant aux limites que vous m'imposiez et j'ai fait de mon mieux pour les respecter. D'ailleurs, je continue de m'y employer. Par conséquent, j'attends à minima la même décence de votre part. Mais au lieu de cela, je vous retrouve accroupie à même le sol, cachée derrière de vulgaires caisses de marchandises ? Il me semble que l'hôpital qui se moque de la charité, c'est vous.
Est-ce que cette conversation allait finir comme toutes les autres ? Allait-elle finir en eau de boudin, chacun repartant de son côté, comme il était venu sans un mot de plus ? Pourquoi était-ce si difficile et si usant que de communiquer entre êtres de la même espèce ?
— Je n'ai pas le cœur à me chamailler avec vous aujourd'hui, finit par dire Ethan dans un soupir, Je vous apprécie énormément Margarette, vous êtes une femme... incroyablement mystérieuse et pourtant vous portez en vous une part d'ombre et de mystère terriblement attrayantes pour quelqu'un comme moi, mais comme je vous l'ai déjà dit : vous ne me rendez pas la tâche plus facile pour autant.
— Parce que je suis censée le faire ? Alors que vous avez tant de secrets pour moi ? Vous avez demandé mon amitié, Ethan, mais l'amitié doit avoir des fondations pour se construire et la loyauté en fait partie.
— Vous ai-je un jour été déloyal ? Vous ai-je causé le moindre tort ?
— Vous me mentez, et ce, depuis le premier jour.
— Ai-je une quelconque obligation d'honnêteté envers vous ? Vous ne l'êtes pas davantage avec moi que je sache, répondit-il sèchement.
C'était une vérité, certes, mais une vérité difficile à entendre pour Margarette. Depuis le jour où elle avait reçu cette fichue lettre de sa sœur, elle s'était mise en tête de trouver n'importe quelle excuse stupide ou prétexte idiot pour détester l'homme qui allait traverser l'océan pour elle. Car oui, au plus profond d'elle-même, la jeune femme fut persuadée qu'Ethan traversait le monde pour elle et que cela la rendait donc un petit peu unique.
Mais plus le temps passait et plus elle se rendit compte qu'Ethan Gainsbourg n'était pas venu pour ses beaux yeux marron, non... Il était venu jusqu'ici, car il avait un but bien précis.
"J'ai un secret à déterrer".
Cette phrase revenait sans cesse la hanter. Quel secret ? Quel était réellement son objectif en venant jusqu'ici et au final, la plus grande et la plus importante des questions : Qui était-il réellement ?
Elle pensait tout savoir de lui sans le connaître et elle s'apercevait qu'elle ne savait strictement rien et qu'outre être charmant, Ethan était le roi de la dissimulation. Un simple jeune homme venant d'une certaine élite sociale et ayant fait de grandes et prestigieuses études ne serait pas aussi doué que lui dans ce domaine.
C'était à se demander qui était l'homme à qui elle faisait face ?
— Écoutez, Margarette... reprit le principal concerné sur un ton plus calme et apaisé, Je...
Malheureusement, Ethan n'eut guère le temps de finir sa phrase, interrompu par les premières gouttes de pluie de la journée. Décidément, la météo de cet automne était bel et bien capricieuse.
— Nous devrions trouver un abri.
La prenant par la main et l'entraînant dans son sillage, Ethan et Margarette n'eurent d'autres choix que de trouver refuge dans le pittoresque hall d'entrée de l'auberge la plus miteuse de Tonelli. Elle sentait le moisi et peut-être même le chien mouillé. Dehors, en quelques minutes à peine, un déluge s'abat sur la ville, ne leur laissant pas l'occasion de retourner au manoir.
— Le chemin risque d'être boueux et glissant pour rentrer, on devrait attendre ici que cela se calme un petit peu, même si à mon humble avis... Cela risque de prendre plusieurs heures, signala Ethan.
Plusieurs heures. Cela sonnait comme le verdict d'une sentence pour Margarette.
— Je présume que cela nous laisse donc suffisamment de temps pour finir cette conversation interminable que nous avons mis en suspend vous et moi, lança Margarette en se retournant vers lui.
Bien qu'il fit une moue blasée, Ethan se rendit compte que finalement, avoir entraîné Margarette à le suivre ne fut sûrement pas l'idée du siècle s'il souhaitait avoir la paix. Néanmoins, il ne pouvait plus fuir. Ni elle, ni ses questions incessantes.
— Très bien. Vous voulez la vérité, Margarette ? Je vous donnerai la vérité, mais avant cela j'ai une condition.
— Je vous écoute, répondit-elle confiante.
S'approchant d'elle et se penchant légèrement en avant afin de se mettre à hauteur de son oreille gauche, il lui dit tout bas :
— Dites-moi votre secret.
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