🕸️CHAPITRE 10🕸️
Ethan l'avait trouvée, là, à même le sol, trempée d'une sueur froide et complètement recroquevillée sur elle-même, tremblante. Il y avait autour, dispersés ici et là, des éclats de verre d'une cruche probablement tombée au sol. Que s'était-il donc passer ici ?
— Margarette ?
Il tenta de l'interpeller, mais en vain. Margarette n'était pas en état de lui répondre ou bien même de remarquer sa simple présence. Que lui dirait-elle si elle le voyait au cœur même de son intimité, dans sa propre chambre ? Certainement des mots peu gentils dont elle seule en avait le secret. C'était bien sa spécialité que de se montrer détachée et parfois même offensante.
— Venez, vous ne pouvez pas rester par terre. Je vais vous aider à vous relever.
Ethan passa ses bras à hauteur des jambes ainsi que du dos de la jeune femme, la prenant fermement contre lui. Par la suite, il la déposa délicatement dans son lit, comme si elle était soudainement devenue fragile, délicate. Précieuse.
De toute évidence, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il y avait quelque chose de briser chez cette femme.
— Puis-je faire quelque chose pour vous ? s'inquiéta Ethan.
Petit à petit, Ethan la vie sortir de sa torpeur, son regard se braquant sur lui et bien qu'il s'attendait à une parole peu reconnaissante, il n'en fut rien. Margarette hocha la tête et se contenta de garder le silence. Que pourrait-elle donc lui dire qui ne le convaincrait pas de sa démence ?
La folie étant le mal ayant guetté les Heelz depuis tant d'années déjà. Sans doute était-il temps que Margarette y succombe également.
— Dois-je appeler Béatrice ? Peut-être pourra-t-elle mieux vous épauler que moi ?
— N'en faites rien. Cela passera, finit-elle par sortir.
Ça a toujours fini par passer. Les migraines ou bien les hallucinations. Avec le temps...
— Cela va vous déplaire, mais je me refuse de vous laisser seule étant donné l'état dans lequel vous vous trouvez, signala le jeune homme en faisant le piquet à ses côtés.
— Et donc ? Que proposez-vous ? Me veiller toute la nuit ?
— Je sais que je suis probablement la dernière personne sur terre à qui vous souhaiteriez vous confier et je ne veux pas être celui qui vous force la main... Mais laissez-moi vous aider, Margarette. D'une quelconque façon que ce soit. Même si vous me commandez d'aller vous chercher une nouvelle carafe d'eau.
— Le feriez-vous le cas échéant ?
— Rappelez-vous : je n'ai aucun amour-propre. Si c'est ce que vous voulez, alors j'irai.
— Décidément... Vous êtes un bien curieux personnage, monsieur.
— J'essaie simplement, à ma manière, de vous montrer les joies que sont le fait d'avoir un ami, lui rappela-t-il tendrement.
Un ami. N'en avait-elle jamais eu un ? D'aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, Margarette avait pris l'étrange habitude de ne fréquenter que des personnes qui lui seraient utiles d'une manière ou d'une autre. Utiles à elle ou bien même aux intérêts de la famille. L'amitié véritable, telle qu'Ethan lui proposait, était une frivolité.
Alors quelle pouvait être l'étiquette à adopter quand un ami se présentait à vous de façon spontanée ?
— Je sais que notre relation, si tentée qu'il y en ait une, n'a pas commencé comme il le faudrait, mais sachez que ni vous, ni moi, ne sommes responsables des choix désastreux que nos familles ont faits pour nous. Tâchez simplement de retenir cela, poursuivit-il.
— Croyez-moi, je fais de mon possible pour vous dissocier du fait que vous êtes venu jusqu'ici avec pour prétexte de m'épouser. Ce genre de processus prend simplement du temps.
— Je sais et je vous offre toute ma patience.
— Alors pourquoi ai-je l'impression cela ne suffit pas et que vous attendez davantage de moi ?
Ethan marqua, sans le vouloir, un temps d'arrêt. Lui imposait-il ses désirs inconsciemment ? Pourtant, il faisait de son mieux pour lui paraître plaisant et même convenant. Il sortait de la maison, lui laissant tout l'espace et le temps nécessaires. Il ne l'approchait que dans de rares moments de solitude. Il avait maintes fois tenté d'entrer en communication avec elle et... Ah. Enfin, cela lui parvenait. Enfin, il comprit. Ethan comprit que tout ceci n'était guère suffisant.
— Peut-être avez-vous raison et peut-être qu'inconsciemment, je vous ai mis une sorte de pression et j'aurai envie de m'en excuser, mais je ne peux pas, finit-il par lui avouer.
— Pourquoi ? Cela est-il lié aux autres raisons de votre venue ?
— En partie, mais pas que. Tout comme vous avez vos secrets Margarette, j'ai aussi les miens.
— Je supporte alors que nous sommes coincés dans une certaine forme de silence.
— N'est-ce pas ce qui fait là notre deuxième point commun ? plaisanta la jeune homme.
Malheureusement, chaque secret avait son poids bien à lui et avec le temps, il devenait une charge bien trop lourde à porter. Même pour de petites épaules habituées.
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