Mizuki et Akiko passent le portail. Elles observent autour d'elles et remarquent que la pièce a clairement changé. Les murs sont argentés, grands et mieux construits que leur petite cabane. Le sol est recouvert de moquette grise. La pièce contient une seule et unique table, qui est, malgré la taille de la pièce, très grande. Des bancs sont disposés autour de la table.

Les deux jeunes filles remarquent la présence d'autres personnes, ou créatures, autour de la grande table. Elles parlent entre elles. Comme Mizuki et Akiko, elles sortent de l'ordinaire.

Les deux sœurs s'avancent alors vers le groupe.

-Hey... vous savez où on est ? demande Mizuki.

Akiko sautille sur place.

-Ouais, et vous êtes qui ?

Le groupe se retourne en entendant la voix des deux sœurs. Une grande dragonne bleu turquoise prend la parole avant tout le monde.

-Ah, salut ! Vous êtes des participantes vous aussi ? Venez vous asseoir ! dit joyeusement la créature.

Mizuki se perd dans ses pensées. "Participant" ? Elle n'a jamais demandé à participer à quoi que ce soit, dans ses souvenirs. Puis, un homme aux cheveux noirs et bleus lève sa tête de la table et se tourne lentement vers Mizuki.

-Qui c'est encore... marmonne celui-ci avant de se mettre à regarder le plafond sans raison.

Mizuki le regarde avec surprise. Quelle étrange personne.

-Laisse, il fait son dépressif, répond la dragonne en levant les yeux au ciel.

Mizuki va s'asseoir à côté d'Akiko, qui a déjà pris place. Elle s'étire légèrement, pensive, puis reporte à nouveau son attention sur la dragonne. Celle-ci sourit gaiement et lève sa petite patte en l'air.

-Déjà, moi, c'est Ryoka Amatsuki, mais tu peux m'appeler par mon prénom ! Et vous deux, vous vous appelez...? demande Ryoka.

Mizuki sourit à son tour.

-Je m'appelle Mizuki Soyami, et voici ma petite sœur, Akiko. Enchantée, Ryoka ! répond Mizuki. Dis-moi, sais-tu où on est ? Cet endroit est vraiment étrange, et il ne m'inspire pas confiance... Et, est-ce que tu sais qui sont les autres personnes présentes aussi ? Et euh... comment s'appelle l'homme de tout à l'heure ? lui demande Mizuki, très rapidement.

Ryoka pouffe légèrement à son bombardement de questions soudaines, mais se reprend vite.

-Houlà, tu es allée vite ! Mais je vais te répondre ; nous sommes dans un manoir. Un manoir dans un monde que nous ne connaissons pas. Et les 17 autres personnes avec nous, ce sont les autres participants. Et l'homme... Déjà, c'est un garçon, il n'a que 14 ans, et il s'appelle Suichiro. Il est déprimé d'être ici... répond-t-elle à Mizuki.

Mizuki met sa main sur son menton, baisse la tête et se met à réfléchir.

-Un manoir...? Mais à qui ? Et pourquoi... pourquoi on est là ? D'où viennent les autres... ? J'ai beaucoup trop de questions dans la tête... pense-t-elle.

Elle relève la tête et se tourne vers Ryoka.

-Est-ce que c'est tout ce que tu sais à propos du manoir ?

La dragonne baisse la tête. Un silence gênant s'installe entre les deux personnes, puis Ryoka finit par prendre la parole.

-... Non. Je n'en sais pas plus que ça. Désolée, moi aussi je me pose des tas de questions... dit-elle avec une pointe d'inquiétude.

Mizuki acquiesce doucement et caresse légèrement le dos de Ryoka avec sa main, comme pour la rassurer.

-Eh, ça va. Je sens que tu es inquiète. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu veux m'en parler ? lui demande Mizuki.

Ryoka se redresse légèrement et reprend son sourire habituel.

-Non, c'est bon, ne t'inquiète pas !

Mizuki soupire de soulagement et esquisse un sourire sincère à son tour.

-Tant mieux alors, dit-elle en murmurant.

Puis, Mizuki remarque qu'Akiko est en train de sauter partout dans la pièce, ses griffes de chat accrochant tout sur son passage. Oh non. Le quart d'heure de folie ! Elle l'a oubliée. Mizuki se lève alors très vite et se met à courir derrière sa sœur, espérant la rattraper avant qu'elle ne fasse plus de dégâts.

Mizuki finit par attraper sa queue et la bloque au sol. Elle la maintient ainsi pendant cinq minutes pour qu'elle se calme. Quand elle est enfin apaisée, elle relâche son emprise sur elle et souffle. Akiko semble déjà fatiguée d'avoir couru autant.

Alors que Mizuki traîne cette dernière vers la table, elle sent une main se poser sur son épaule. Elle regarde derrière elle, mais n'aperçoit personne.

-J'ai dû halluciner... fichu stress, pense Mizuki.

Quand cette dernière se retourne, elle se retrouve nez à nez avec une jeune femme. Elle a les yeux bleus, aussi clairs qu'un ciel d'été, ainsi que des cheveux violets soigneusement tressés. Son corps est transparent, comme de la brume. Elle fait penser à un fantôme, un esprit, mais en pacifique.

Mizuki sursaute à nouveau et se met devant Akiko pour la protéger. Elle sort ses griffes, prête à intervenir si l'esprit venait à toucher sa sœur ou à faire autre chose de méchant.

À sa grande surprise, l'esprit rigole doucement. Elle s'approche encore plus des deux sœurs.

-Pourquoi tant d'hostilité ? Calme-toi, je suis gentille. Pour les rassurer, l'esprit lève les mains en l'air pour montrer qu'elle est de leur côté, tout en souriant.

Mizuki prend la main d'Akiko et recule légèrement avec elle, toujours méfiante.

-Qui es-tu ? demande Mizuki avec méfiance.

L'esprit se rapproche à nouveau.

-Ça, je te le dirai tout à l'heure. En attendant, va t'asseoir à la grande table avec ta sœur. S'il te plaît. demande l'esprit, d'un ton un peu plus autoritaire.

Mizuki n'aime pas trop qu'on lui donne des ordres, mais s'assoit quand même, avec Akiko à côté d'elle.

L'esprit s'assoit sur une chaise au milieu d'une des rangées de bancs. Tous les regards se posent sur elle, et des chuchotements se font entendre aux quatre coins de la table : "Qui est-elle ?" ou encore "Que vient-elle faire ici ?"

L'esprit toussote pour attirer l'attention des personnes autour d'elle. Le silence s'installe enfin dans la pièce.

-Bonjour à tous, et bienvenue dans le manoir des esprits, commence-t-elle. Je suis heureuse de vous voir ici. Avant de tout expliquer, je vais me présenter.

Mizuki sourit. Elle va enfin savoir qui elle est.

-Je suis Seishin, la propriétaire actuelle de ce manoir. dit-elle en souriant.