Chapitre 7 : Evan Atkins
Il s'était enfermé dans son bureau et souhaitait que personne ne vienne le déranger. Il était assis dans vieux fauteuil en cuir face à son immense bureau en bois de chêne. Sur ce dernier traînait papiers, crayons, lunettes, une lampe posée sur le bord prête à tomber à la renverse, ainsi qu'un verre vide qui devait être ici depuis un moment comme le reste d'un contenu commençait à moisir au fond, prenant une couleur grise, verdâtre. La poussière s'accumulait ça et là, et une plante mourrait dans un coin. La lumière entrait à peine pour cause que l'ouverture de la fenêtre était obstruée par une épaisse couche de végétation extérieure. Seule la petite lampe posée sur un coin de bureau laissait un filet de faible lumière éclairer le visage sombre d'Evan Atkins.
Ce dernier semblait en pleine réflexion, il ne bougeait pas d'un pouce et avait presque l'air sans vie tant sa respiration était calme. Quand soudain il ouvrit le premier tiroir de son bureau. Il fouilla un peu et jura quand son index rencontra malencontreusement une agrafe. Mais il finit par trouver ce qu'il cherchait, et sortir une photo qui devait déjà dater à en juger son état. Elle était petite, n'étant pas plus grande qu'une carte bancaire.
Sur celle-ci figurait le visage rayonnant d'une jeune femme. Elle était d'une extrême beauté et ne devait pas avoir plus de vingt ans. Ses cheveux châtains étaient attachés en une sorte de chignon dont quelques mèches folles s'en échappaient. Ses yeux couleur noisette semblaient regarder l'objectif avec amusement. Elle souriait, ses dents parfaitement alignées, ses lèvres rouges tranchant avec la pâleur de sa peau, elle respirait le bonheur et la joie de vivre.
Evan semblait être en admiration devant cette créature divine, un semblant de sourire flottait sur ses lèvres et dans ses yeux brillait une lueur de tendresse. Mais celle-ci, tout comme son sourire, s'éteignit peu à peu. Des larmes perlaient aux coins de ses yeux désormais. Une forte douleur s'engouffrait en lui, comme un vent froid s'engouffrait dans une grotte. Une tempête faisait rage dans sa poitrine, des torrents valsaient, des roches se fissuraient, se brisaient, ce petit monde s'écroulait.
La souffrance était toujours là, depuis des années déjà. C'était comme si le temps s'était arrêté en ce jour tragique où toute sa vie a basculé. Le magnifique ciel bleu des temps joyeux s'était assombri. L'éternel sourire avait disparu. Le monde était soudain devenu si noir, comme s'il n'y avait plus aucun échappatoire, la lumière s'était éteinte et le cahot faisait rage. Vivre ne représentait plus rien.
Pourtant ce n'était pas censé se passer comme ça, son avenir semblait prometteur, beau, heureux. Il allait de l'avant, il voyait loin, mais il n'a pas vu assez proche pour se rendre compte que le pire pouvait arriver. Tout s'est écroulé petit à petit. Il avait toujours tout réussi dans le passé, il n'était pas préparer à faire face à tout ça. Ses projets n'ont jamais abouti, se brisant un à un. Il y avait mis toutes ses économies, tous ses espoirs, toute sa volonté... et il ne lui restait pas grand chose, à peine de quoi vivre. La seule chose qui lui donnait encore envie de se battre, c'était elle. Elle était restée à ses côtés quoi qu'il arrive, elle croyait en lui, elle l'aimait. Et tant qu'elle était là cela pouvait aller, il arrivait à s'en sortir. Jusqu'au jour où...
Evan ferma les yeux respira un bon coup. Il retourna la photo, où une écriture soignée avait couché quelques mots. « Pour mon amour, je t'aime. Catherine. »
Il rangea la photo rapidement et poussa violemment le tiroir avant de le fermer à clé. Il ne voulait plus penser à elle, il ne voulait plus penser à toutes ces choses. Mais tout était gravé, chaque mots, chaque regard, chaque baiser, tout lui revenait en mémoire. Il n'en pouvait plus, c'était trop dur à supporter.
Sa tristesse fut soudain remplacée par une terrible colère et il fit valser tout ce qui se trouvait sur son bureau. Le verre se brisa, éclata en plusieurs morceaux tels des dizaines de diamants éparpillés sur le sol. La lampe laissait maintenant échapper une étrange lumière, donnant l'air de venir tout droit du sol. Evan se leva brusquement, avant de constater les dégâts, mais il s'en fichait. Tout pouvait être sens dessus dessous ça n'allait rien changer de toute manière.
Il était debout et regardait autour de lui cet endroit défait qui n'avait plus l'allure de grand chose, un peu comme lui, à son image en fait. Il étudia son physique dans une glace fixée au mur. Il était devenu tellement maigre, il flottait dans ses vêtements obligé de porter une ceinture bouclée au dernier cran pour maintenir en place son pantalon. Sa peau était d'une pâleur grisâtre, ses yeux cernés et avaient perdu de leur éclat. Il était dans un tel état, comment pouvait-il encore tenir debout ?
Evan donna un coup de poing dans la glace, en voyant son reflet si peu avantageux dans celle-ci. Elle se fissura tout autour de son poing. Il se lassa glisser tout au long de cette dernière pour se retrouver assis par terre. Ses jambes étaient repliées vers lui, sa tête dans ses bras... Il pleura. Il pleura longtemps, les larmes roulaient sur ses joues tels des torrents. Il pleura en silence, loin des regards trop curieux. Il pleura ayant besoin d'évacuer sa douleur. Il pleura mais il avait toujours aussi mal.
Plusieurs minutes passèrent dans un silence accablant. Il s'était calmé, avait l'esprit totalement vide, n'arrivait à penser à rien, la fatigue prenait de nouveau ses droits. Il avait mal à la tête, mal au cœur, mal partout. Même sa main lui faisait un mal de chien. Il la déplia sous ses yeux et eut la surprise de la voir en sang. Il venait juste de s'en rendre compte. Quelle idée aussi de frapper dans une glace ! Il allait falloir qu'il aille soigner ça...
Evan s'est donc relevé tant bien que mal, et est sorti de son bureau, sa main dans un sale état. Il ne savait même pas s'il y avait des pansements, des bandages et du désinfectant... et il savait encore moins où en trouver. Eh bien il ne lui restait plus qu'à faire le tour du manoir à la recherche d'une trousse de secours ou quelque chose comme ça. Il râla tout le long d'un couloir, suivi de profond soupirs... Cela allait être une grande partie de plaisir !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top