Chapitre 18: Une épave entre deux roches
Le lendemain du bal, Azra découvrit une feuille chiffonnée sous sa porte. Elle la prit entre ses mains et lut les quelques mots inscrits dessus. Un sourire éclot sur son visage et une larme naquit au coin de ses yeux. La jeune femme essuya furtivement la larme avec un soupir. Hywel était partie. Même si sa garde du corps ne lui avait pas dit qu'elle partirait dans la nuit, Azra s'en était douté. Hywel n'était pas une femme à aimer les adieux.
La jeune femme serra la lettre contre sa poitrine en fermant les yeux. Elle allait lui manquer. La garde du corps était devenue au fil des années son ombre. Hywel l'avait suivi, toujours en retrait, comme invisible dans son dos. Et pourtant, sa présence l'avait toujours rassurée. Azra n'avait pris conscience de ses sentiments qu'une fois Hywel au bord de la mort, mais elle ne parvenait pas à savoir si ses sentiments avaient éclot avant. Sans doute que non. Jamais la dirigeante de Méridia ne se serait permis de jeter un seul regard envers une femme des étages inférieurs.
Azra soupira, le cœur serré. Elle ferma la boîte de ses émotions et érigea ses barrières autour d'elle, s'interdisant de laisser le moindre sentiment l'atteindre. Elle plia soigneusement la lettre et la déposa dans son sac.
La jeune femme n'avait jamais eu l'occasion de retourner sur l'île Astrale depuis la mort de ses parents, trois ans plus tôt. Le peuple l'avait appelée à gouverner, et elle avait répondu à leur appel par devoir. Depuis, elle n'avait pas eu le moindre temps pour elle. Désormais, elle comptait bien profiter de la situation pour trouver des réponses à ses questions.
Azra s'assit sur le lit et ouvrit l'un des dossiers qu'elle avait emportés, traitant du naufrage de La perle d'azur, le bateau principal de la flotte de Méridia. Ses parents étaient décédés en mer, sur la côte de l'île Astrale. La jeune femme avait toujours pressenti que Svelina y était pour quelque chose. Quelques jours avant leur départ, son père avait reçu la doyenne et Azra avait entendu une discussion houleuse. La jeune femme ne se souvenait plus de la nature de la querelle, mais elle n'avait jamais oublié ce jour-là. Elle en était persuadée, Svelina était responsable de leur disparition.
Azra parcourut les éléments du dossier pour la centième fois. Les enquêteurs venus sur place avaient conclu à un accident, dû probablement à un brouillard intense. La jeune femme n'y croyait pas le moins du monde. Elle avait bien connu le capitaine du navire, et elle savait qu'il n'aurait pris aucun risque. De plus, il connaissait le trajet par cœur. Jamais il ne se serait élancé vers les roches en plein brouillard.
Selon le dossier, La perle d'azur s'était échouée à quelques kilomètres de la villa. Azra y serait en moins d'une heure. La jeune femme ferma le dossier et le rangea dans la faille de son sac. Même si elle n'oubliait pas son objectif en venant sur l'île, elle avait à cœur de découvrir la vérité. Pas un jour ne passait sans qu'elle ne pense à Drystan et Kyra Balcan.
***
Lorsqu'Azra arriva à la pointe d' l'île, elle s'arrêta au bord de la falaise. En bas, dans les rochers assaillis par les vagues, se trouvait l'épave de La perle d'azur. La jeune femme papillonna des cils pour chasser ses larmes. Voilà où étaient décédés ses parents. Cette vision lui donna le vertige, et elle eut l'impression de revivre l'annonce de leur mort.
Le regard du général la hantait encore. Un matin, alors qu'Azra venait à peine de se réveiller, il lui avait annoncé le naufrage. Le monde s'était écroulé sous ses pieds. Tout s'était enchaîné très vite ce jour-là, et la jeune femme avait l'impression que la vie s'était arrêtée pour elle depuis. Les royalistes avaient tenté de reprendre le pouvoir, en vain, et le peuple réclamait la fille du chef de la révolution. Beaucoup voulaient qu'elle dirige le pays, pour le symbole principalement, mais aussi car elle avait une place de choix dans le gouvernement. A ses dix-huit ans, après des années de formation politique, elle avait décidé de s'engager auprès du peuple. Jusqu'à la mort de ses parents, elle avait rencontré de nombreux villageois, prenant en compte leurs problèmes pour tenter d'améliorer leurs conditions de vie. De nombreuses mesures sociales avaient été prises grâce à elle.
Azra tenta de chasser ses pensées. Elle devait laisser derrière elle le passé, et pour cela, elle devait comprendre ce qu'il s'était passé ce jour-là. Après, elle pourrait se concentrer sur la rébellion.
La jeune femme observa le paysage rocheux autour d'eux. L'épave était inaccessible. Aucun sentier terrestre n'y menait, et la voie maritime était inaccessible à cause des rochers. La jeune femme observa les vagues s'écraser contre la falaise à plusieurs mètres en contrebas. Un seul moyen s'offrait à elle. Elle devait créer une faille pour s'y rendre.
Azra tira un sablier caché sous sa chemise. Elle l'actionna et la sève dorée commença à s'écouler goutte à goutte. Ses yeux se fermèrent. La création d'une faille-portail demandait de l'énergie, mais surtout de la concentration. La jeune femme visualisa le pont du bateau en contrebas, puis elle fit défiler le trajet de la falaise jusqu'à sa destination, comme si elle volait sur le dos d'un oiseau. Elle sentit la magie dans ses veines, faisant frissonner chaque parcelle de sa peau. Une explosion éclata dans sa poitrine lorsqu'elle réussit à créer le passage. La chaleur enveloppa son corps.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit la faille-portail devant elle, comme un miroir donnant sur un au-delà. La surface plane aux contours flous donnait sur le pont du bateau. Azra s'avança et pénétra dans le passage, puis elle eut l'impression de tomber en chute libre jusqu'au navire. Elle arriva pourtant en toute délicatesse dans la faille du pont.
Azra observa le bateau rongé par la mer et le temps. Le parquet était gondolé, craquelé et recouvert d'algues.. La jeune femme se dirigea prudemment vers le gouvernail sur le pont supérieur, évitant les trous béants aux quatre coins. Les corps et les affaires des morts avaient étés enlevés, mais Azra sentait encore leur âme imprégner les lieux. Elle avait l'impression que ses parents étaient tout proches, que leur voix transparaissait dans le bruit du vent. Sa gorge se serra. Trois ans s'étaient écoulés, mais la douleur pulsait toujours autant dans sa poitrine.
Lorsque la jeune femme arriva à la barre du gouvernail, elle remarqua qu'un morceau s'était brisé avec le choc. Il avait roulé sur le pont et s'était coincé entre la rambarde et le mat qui s'était abattu. Azra le prit entre ses mains et observa le morceau de bois vieilli. Si elle parvenait à trouver un liseur compétant sur l'île, peut être qu'elle arriverait à remonter le temps pour comprendre les raisons du naufrage. La barre du gouvernail était probablement la dernière chose qu'avait touchée le capitaine avant de mourir.
La jeune femme rangea le morceau dans son sac. Elle fit alors le tour du navire à la recherche du moindre indice, observant tous les recoins du pont. Elle ne trouva rien. Le vent siffla encore plus fort dans ses oreilles, comme s'il tentait de lui murmurer quelque chose. Azra soupira. Elle avait espéré trouver toutes les réponses à ses questions rien qu'en posant un pied sur l'épave. Sa tentative n'était pas aussi riche en découvertes qu'elle ne l'aurait voulu, même si le morceau du gouvernail restait un élément important.
Lorsqu'Azra retourna devant la faille, elle eut du mal à entrer. Le vent fouettait ses membres, glaçait sa peau, mais elle ne voulait pas partir. Jamais elle ne s'était sentie aussi proche de ses parents depuis leur mort. Elle entendait le rire cristallin de sa mère, la voix chaude et avenante de son père... Les souvenirs l'assaillaient sans relâche. Elle revoyait ses sorties au théâtre avec sa mère, ses parties de jeu des gemmes avec son père, leurs journées de fête aux festivals des saisons... Elle avait vécu dans un cocon de bonheur. Ce cocon avait éclaté, métamorphosant la jeune fille heureuse en femme autoritaire.
Azra se sermonna. Elle devait retourner au château et penser au présent, elle avait une alliance à former et une boussole à trouver. Une boussole qui permettrait de vaincre Svelina pour toujours. La jeune femme était persuadée que cet élément était la clé qui permettrait de résoudre tous les conflits qui étaient nés depuis la révolution.
Azra dut se faire violence pour pénétrer dans la faille. Elle avança tout de même d'un pas et se retrouva en quelques secondes à plusieurs mètres au dessus du navire. Du haut de la falaise, elle jeta un dernier coup d'œil à l'épave en contrebas. Elle laissa à cet endroit les fantômes de son passé.
***
Le soir, Azra se prépara pour les mondanités de cette fin de journée. Le roi Herlio l'avait invité à une soirée dans sa salle de casino. Elle enfila une robe longue, blanche, qui était fendue sur toute la longueur de la jupe. Après avoir remis ses bijoux et maquillé son visage de poudre dorée, elle jeta un regard au reflet que lui renvoyait le miroir. Le blanc avait toujours été sa couleur préférée. La jeune femme aimait la façon dont elle faisait ressortir le noir de sa peau.
Une fois prête, elle quitta sa chambre et se dirigea vers la salle du casino. Lorsqu'elle entra, Azra fut subjuguée par sa grandeur. Elle ne s'attendait pas à une pièce aussi vaste et pleine de monde. Une multitude de tables s'étalaient sur toute la longueur, et chacune d'elle était éclairée par un lustre circulaire. Toutes sortes de jeux étaient présents. Des jeux de hasard, de stratégie, de cartes, de plateau, de dés... Azra ne savait plus où donner de la tête. Elle entendait des joueurs crier leur victoire, d'autre s'emporter après leur défaite... Même si la consommation d'alcool n'était pas non plus autorisée par les prêtresses sur l'île, la villa possédait des passe-droits. De nombreux aristocrates sirotaient des coupes sans gêne. Svelina avait beau avoir de l'influence sur toutes les prêtresses du territoire, son pouvoir réel se concentrait sur Méridia. Les autres États avaient plus de liberté vis-à-vis de la religion. Le roi Herlio pouvait ainsi se permettre d'avoir des mœurs plus légères.
Azra circula entre les tables, s'attardant parfois devant une partie intéressante. Elle resta un moment devant deux hommes qui jouaient au jeu des gemmes. Son cœur se serra malgré elle. La jeune femme savait que c'était le jeu préféré d'Hywel, et elle lui avait même offert un plateau lors du festival du solstice d'été. Elle se souvenait encore de la réaction de sa garde du corps. Hywel avait eu du mal à cacher à joie et sa gêne. Pourtant, elle avait amplement mérité ce cadeau. Ce jour là, la jeune garde du corps l'avait sauvé d'un attentat royaliste. Azra n'oubliait pas ce qu'elle lui devait.
Le roi Herlio l'empêcha de voir la fin de la partie. Il arriva à ses côtés et ouvrit grand les bras pour lui faire une accolade.
— Ma chère Azra, ma joie ne fait qu'accroître chaque fois que je vous vois ! C'est un honneur d'avoir une personne avec autant de délicatesse que vous.
La jeune femme se retira avec un sourire gêné. Les accolades n'étaient pas chose courante à Méridia.
— Regardez qui m'accompagne ! poursuivit-il avec un geste théâtral.
Azra jeta un regard vers l'homme qui se trouvait à côté du roi. Niamh, la personne avec qui elle avait dansé la veille.
— Bonjour, dame Azra, dit-il en s'inclinant légèrement.
— Bonjour, Niamh.
La jeune femme n'ignorait pas ce que signifiaient les regards qu'il lui avait lancés la veille. Elle voulait à tout prix éviter qu'il ne s'imagine quoi que ce soit. Azra avait toujours aimé danser, et il avait été un très bon cavalier. Il n'était que cela et rien de plus, elle n'avait aucune envie de passer une soirée supplémentaire à ses côtés.
— Je vous prie de me pardonner, je vais devoir vous fausser compagnie, déclara-t-elle. Je viens d'apercevoir une vieille connaissance !
Azra leur laissa à peine le temps de répondre, elle s'élança vers une femme d'âge mûr à quelques mètres d'elle. Elle n'avait pas menti. Elle connaissait véritablement cette personne qui était reliée à son autre vie. Azra s'avança vers la femme, qui observait une partie de cartes un verre devant elle. Son style était parfaitement excentrique. Elle portait une robe de velours rouge, une écharpe en fausse-fourrure et un chapeau aux dimensions extravagantes, où une sculpture d'oiseau reposait. Avec son cigare à la main, elle souffla sa fumée en ouvrant sa bouche en forme de « o ».
Azra se souvenait que tout le monde la connaissait, et qu'elle connaissait tout le monde. Pourtant, elle ne parvenait pas à se souvenir de son nom. Son père l'appelait « la baronne ». La jeune femme s'approcha et toussota discrètement en arrivant à sa hauteur.
— Bonjour, madame la baronne, dit-elle.
La baronne leva un regard interrogateur vers elle. Son visage s'éclaira ensuite et elle lui accorda un immense sourire, dévoilant ses dents blanches.
— Tu es celle que tout le monde veut voir en ce moment, ma p'tite. Viens donc t'asseoir avec moi.
Elle tapota la chaise à ses côtés, et Azra s'y assit. C'était bien la première fois qu'on l'appelait « ma p'tite » depuis qu'elle avait été nommée dirigeante. La baronne était bien la seule à pouvoir se le permettre sans une once de gêne.
— Veuillez m'excusez, votre nom m'a échappé, avoua la jeune femme. Je sais pourtant que nous nous sommes déjà rencontrées lorsque j'étais adolescente.
— Je me nomme Béatia, mais tout le monde ici m'appelle « la baronne ». Et, oui, je me souviens bien de toi. Tu as bien changé ! Tu devais à peine avoir à peine dix-huit ans la dernière fois que je t'ai vu.
Azra sourit. Elle aussi se souvenait de cette femme étrange, aussi extravagante qu'attentionnée. La baronne lui avait offert une pince pour ses cheveux, lorsqu'elle avait été embêtée par le vent Astralien sur l'une des terrasses de la villa. La pince, sertie d'améthystes, reposait encore dans un coffre dans son bureau à la tour.
— Tous les aristo' du coin n'ont que votre nom à la bouche, déclara Béatia. Vos aventures ont fait le tour de la cour en moins d'une journée, ma p'tite. J'espère que vous ne teniez pas trop à votre tranquillité !
— Je ne compte pas rester ici trop longtemps. Méridia m'attend.
La baronne haussa un sourcil, puis elle but une gorgée du liquide ambre dans son verre. Elle grimaça en tirant la langue.
— Ce rhum est immonde ! pesta-t-elle. Pour ce qui est de Méridia, je crains que votre retour prenne un peu de temps. J'ai bien connu Svelina dans ma jeunesse, et cette femme là est une vraie vipère. Elle défendra bec et ongle la royauté, surtout après avoir perdu une bataille telle que la révolution.
— Et moi, je défendrai mon pays et mon peuple autant qu'il le faudra. Jamais je ne la laisserai à la tête de l'État, ni elle ni Erwin.
Devant la ferveur d'Azra, Béatia sourit. Elle roula son cigare entre ses doigts avec un petit rire.
— Ravie de te l'entendre dire, ma p'tite. Cette garce n'a rien à faire à cette place là.
La baronne se détourna légèrement et se concentra à nouveau sur la partie de cartes de la table d'à côté. Azra suivit son regard. Deux hommes et trois femmes jouaient, misant des sommes astronomiques. Béatia toussa lorsqu'un homme retourna ses cartes. La femme aux cheveux rouges choisit de miser davantage de pièces à cet instant.
Les sourcils d'Azra se froncèrent devant ce manège. Elle observa la partie attentivement, son regard passant de la table à la baronne. La jeune femme remarqua que la baronne toussait lorsque le jeu de l'homme était mauvais, et qu'elle tapait ses longs ongles contre le verre lorsqu'il était bon. Béatia et la femme aux cheveux rouges étaient de mèche.
— Vous trichez, murmura Azra.
Le sourire de la baronne s'agrandit davantage, creusant les rides aux coins de ses yeux.
— Tu es observatrice, j'aime ça !
Béatia ne fut pas gênée le moins du monde d'être prise sur le fait. Au contraire, elle ne nia même pas.
— J'aide cette jeune demoiselle, en effet. On partage la mise en cas de victoire.
Azra croisa ses bras sur sa poitrine. S'il y avait bien une personne sur l'île à pouvoir lui accorder des renseignements, c'était bien la baronne. La jeune femme repensa au morceau du gouvernail dans son sac. Béatia connaissait tout et tout le monde, elle devait forcément connaître quelqu'un capable de l'aider.
— Connaissez-vous un liseur compétent ? demanda Azra.
— Bien sûr. Il y en a un dans la ville même, à deux pas de la villa. Il habite une grande maison au bord du lac des eaux roses.
Le cœur d'Azra se réchauffa. Elle avait enfin une lueur d'espoir. Peut-être que le liseur parviendrait à découvrir la cause du naufrage, et même à prouver la culpabilité de Svelina. La jeune femme l'espérait.
Azra quitta alors la baronne, puis elle souhaita une bonne nuit au roi en prétextant un mal de tête pour justifier son départ.
***
Le lendemain matin, Azra résista à l'appel de sa visite prévue chez le liseur. Même si résoudre l'affaire sur la mort de ses parents la hantait, le plus important était qu'elle se retrouve à la tête de Méridia. Elle devait trouver le moyen de vaincre Svelina. Et ce moyen, elle était persuadée qu'elle le trouverait.
Avant la révolution, une coupe de verre permettait d'anéantir les pouvoirs de celui qui buvait dedans. Cette coupe était cachée dans une faille à mouvement perpétuel, dont la localisation changeait tous les ans. Le seul moyen pour la trouver était une boussole.
Si Svelina était dépossédée de ses pouvoirs, la menace qu'elle représentait disparaîtrait. Finies les paralysies qu'elle employait. Azra et ses troupes parviendraient bien plus facilement à reprendre le pouvoir. Pour cela, il fallait trouver la coupe de verre, et donc trouver en premier lieu la boussole.
La boussole avait été volée par le père de la jeune femme pendant la révolution. Azra savait qu'il l'avait cachée sur l'île Astrale, mais elle n'avait aucune idée du lieu précis. Pourtant, elle était certaine qu'il lui avait laissé un indice. Drystan Balcan n'aurait jamais laissé une telle question sans réponse.
Azra éplucha chaque mot de du testament qu'il lui avait laissé. Assise dans son lit, encore en tenue de nuit, elle tournait les pages du document. Elle était persuadée que la clé se trouvait entre ces lignes, cachée derrière les lettres d'encre. Elle tenta de trouver une formule particulière, une suite de chiffres, mais rien ne lui sauta aux yeux. Si la réponse à ses questions était cachée dans ce morceau de papier, il était bien caché.
Après des heures de recherches, Azra sentit la rage et la peur l'envahir. Elle balança les feuilles d'un geste brusque puis plongea sa tête entre ses mains. Les yeux fermés, elle tenta de se reprendre en prenant de longues inspirations.
La coupe était son seul espoir de vaincre Svelina et de retrouver le pouvoir. Sans la boussole, il était impossible de la trouver. Le testament était l'unique chose qui pouvait lui donner un indice sur sa localisation. Pourtant, elle ne trouva rien. Et si elle s'était trompée ? Si la réponse ne se trouvait pas dans le testament en lui même, mais dans l'un des objets qu'il lui avait légué ? Non. Ce qu'elle avait reçu de lui à sa mort était sans importance. Un secret d'État aussi important ne pouvait pas se trouver dans une montre à gousset ou un bureau. Seul un document officiel tel que le testament pouvait lui offrir des réponses.
Azra se concentra aussi fort qu'elle le pouvait. Elle devait trouver cette boussole. Pour le peuple. Pour elle. Mais aussi pour Hywel et toutes les victimes des prêtresses.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top