L'odeur désagréable qui se diffusait dans les couloirs de l'hôpital lui était insupportable. Il attendait depuis plus d'une heure que les médecins viennent l'informer de l'état de santé des deux femmes.
Il avait fait en sorte de tirer sur des zones du corps où il savait que leurs vies ne seraient pas en danger.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il était à bout de patience, l'un des médecins était venu l'informer qu'elles étaient toutes les deux sorties d'affaires.
Bien sûr maintenant il devait attendre qu'elles soient en capacité de répondre à ses questions. Le problème c'est que chaque seconde à attendre était une seconde perdue pour retrouver sa femme.
Il avait mis l'intégralité de ses hommes sur l'affaire et Vladimir s'était également proposé pour l'aider en fouillant chaque recoin de ses terres.
Sergueï s'était détaché de ses émotions et se savait capable du pire comme autrefois. Il perdait le contrôle et plus rien ne semblait vivre en lui. Seul le courant de ses veines semblait fonctionner, laissant un sang froid sillonner son corps pour le maintenir en vie.
- Je suis là.
Il quitta sa torpeur pour lever son regard froid en direction de Nikolaï.
- Je t'avais dit de la mettre à l'abri, lança-t-il en se levant de la chaise tout en regardant Tamara qui était toujours aussi livide et en état de choc.
Nikolaï le regarda avec une profonde gravité.
- C'est moi l'abri, conclut-il pour refermer cette parenthèse au plus vite. Est-ce que tu en sais plus ?
- Je sais seulement qu'elles sont sorties d'affaires, mais je n'ai pas pu les voir pour l'instant.
- Elle continue de prétendre qu'elle est ta femme, lança une voix féminine dans son dos.
Il se retourna vivement pour confronter cette voix familière.
- Galina ? Je peux savoir...
- J'adore me déguiser, répondit-elle en retirant le masque chirurgical. N'oublie pas qu'avant je faisais partie de tes hommes, même si je suis une femme. Je ne peux pas rester là sans rien faire. Alors j'ai emprunté des vêtements et j'ai joué l'infirmière.
Elle s'avança, l'expression grave.
- Elle lui ressemble, c'est déroutant et tu finis même par croire que c'est Alena, reprit-elle. Je lui ai posé des questions, j'ai essayé d'en tirer quelque chose, mais elle a presque réussi à me persuader que c'était elle.
Rictus aux lèvres, Sergueï n'eut pas besoin d'exiger quoi que ce soit de Galina qui lui indiqua immédiatement le numéro de la chambre.
Il entra en trombe dans la chambre et resta insensible à la ressemblance.
Il savait que ce n'était pas Alena et il n'avait plus besoin de l'étudier pour en être certain.
- Je te conseille de me dire où est ma femme avant que ma patience ait atteint sa limite, commença-t-il d'une voix menaçante. Je te donne moins de cinq minutes pour me le dire sinon je t'achève sur ce lit.
Elle le dévisagea en prenant une expression choquée et craintive.
- Sergueï, commença-t-elle avec une toute petite voix. Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ignore ce qu'il se passe mais je suis Alena.
Elle se tourna vers Nikolaï et Tamara.
- Tamara aide-moi s'il te plaît, dit-elle en l'implorant du regard. Il faut que tu lui dises que je suis Alena.
- Assez ! Intervint Sergueï à travers ses dents serrées. Arrête ton cinéma ! Dis-moi plutôt où se trouve ma femme.
- Je suis ta femme ! S'écria-t-elle les poings serrés. Que faut-il que je fasse pour le prouver ?
Sergueï sortit son arme et se gratta la tempe avec le bout du canon.
- J'ai pris la fuite, je suis partie de New York pour fuir Derek qui me frappait, je suis arrivée ici tu m'as hébergé et...
- Essaye plus fort trésor, n'importe qui aurait pu te donner ces informations à commencer par Anastasia et Derek, la coupa-t-il rictus aux lèvres, ne supportant plus de faire face à ce visage semblable à celui de sa femme.
Il s'approcha du lit en la regardant droit dans les yeux.
- Stanislas est parti faire les recherches que je lui ai demandé et dans moins d'une heure je connaîtrais ton identité alors soit tu me facilite la tâche en me disant ce que je veux savoir, soit je te fais exploser le crâne.
La bouche tremblante, comme si elle cherchait à ne pas exploser, elle se pencha en avant.
- Tamara m'a trouvé un travail au sein de ton entreprise et depuis ce jour je ne t'ai jamais quitté parce que je suis devenue ta soumise ! Sergueï c'est moi ! Alena ! Et tu m'as tiré dessus !
Elle se cacha le visage avec ses mains en sanglotant.
Sergueï se détourna en lâchant un juron.
- Par pitié Nikolaï ! Siffla-t-il ne me dit pas que tu la crois ?
Il secoua de la tête pour répondre avec une hésitation qui aussitôt menaça sa patience qui se désintégrait seconde après seconde.
- Je ne la crois pas Sergueï, mais avoue que ses réponses sont troublantes, répondit-il en plissant le front.
- Quand tout sera fini mon ami, il va falloir que l'on ait une grande conversation, s'enquit le chef de la mafia en s'approchant de lui, l'air menaçant. D'abord tu ne crois pas en mon histoire avec elle, ensuite tu me crois capable de la tuer et maintenant tu te laisses distraire par cette folle ?
- Tu es et tu seras toujours imprévisible Sergueï ! Il n'y a pas un seul de tes hommes qui ne craint pas cette partie de toi ! Je ne doute pas de toi, je rassemble dans ma tête chaque information qui peut être utile.
- Et moi je veux retrouver ma femme ! Répliqua-t-il d'une voix perçante de rage.
- C'est moi ta femme ! Se récria la jeune femme depuis le lit.
- Tu n'es pas ma femme ! Grogna-t-il froidement sans jamais élever le ton de sa voix. Je connais ma femme, je connais chaque détail d'elle. Je connais son corps millimètre par millimètre. Je sais comment elle s'adresse à moi, je sais reconnaître ses intonations de voix.
- Tu m'as laissé devant l'église pour que je rencontre une bonne sœur qui devait me donner des informations sur ma mère et tu m'as attendu dans la voiture. Sergueï c'est moi ! Je t'implore de me croire.
Sergueï respirait follement, et son torse se soulevait dangereusement. Des flashs commencèrent à apparaître devant ses yeux, l'obligeant à confronter le passé et le présent.
- Non, dit-il d'une voix sombre et basse en fixant les larmes qui roulaient sur ses joues. Je ne suis pas fou tu entends espèce de dingue ? Tu n'arriveras pas à me faire croire que tu es Alena.
- Tu m'as révélé notre mariage alors que je lisais ton contrat sur ton lit ! Je ne savais pas que nous étions mariés ! Si je n'étais pas Alena comment pourrais-je le savoir alors que ce soir-là nous étions seuls ?
Sergueï la dévisagea dans un silence glaçant, et sa gorge se serra, son coeur sursauta si violemment qu'il eut un mouvement de recul.
- J'ignore ce qu'il t'arrive Sergueï, dit-elle en sanglotant, mais c'est moi.
Une sourde et violente douleur lui vrilla les tempes et un son aigu lui couvrit les oreilles.
- Non, je ne suis pas fou ! Tu n'es pas elle !
- Sergueï comment elle pourrait savoir ça ?
- Je l'ignore, souffla-t-il sans jamais quitté cette femme du regard.
- Sergueï, murmura-t-elle en tendant sa main vers lui pour qu'il la saisisse.
- Anastasia n'aurait pas menti, elle a trop peur de mourir. Elle n'aurait pas inventé avoir vu cette femme avec Derek alors que Alena était avec moi à ce moment-là ! J'ignore d'où tu tiens ces informations mais tu n'es pas elle ! Hurla-t-il en bondissant vers le lit pour agripper sa blouse d'hôpital dans son poing.
Nikolaï s'approcha pour l'empêcher de faire une erreur mais Tamara lui barra le passage en appuyant ses mains sur son torse.
- Il a raison ! Sergueï a raison ! Ce n'est pas Alena.
Sergueï desserra sa prise en tournant vivement la tête vers la jeune femme.
Les deux hommes restèrent suspendus dans l'impatience de connaître les raisons qui poussaient Tamara à être du côté du chef de la mafia.
Elle se tourna vers le lit, l'expression tourmentée.
- Ce n'est pas Alena et je peux le prouver, commença-t-elle en avançant vers le lit. J'ai déjeuné avec Alena il y a quelques jours et nous avons parlé de ça, nous avons parlé de l'aveu de Sergueï sur leur mariage. Nous étions à l'extérieur à ce moment-là parce qu'il y avait du monde qui attendait pour entrer dans le café. Je crois que tu étais dans cette file d'attente et que tu nous as entendu.
Tamara marqua une pause sans jamais lâcher cette femme du regard.
- Mais ce n'est pas tout. Je peux prouver que tu n'es pas Alena.
Elle hésita quelques secondes, jetant des coups d'œil anxieux en direction de Sergueï.
- Tamara peut importe ce que tu t'apprêtes à dire, n'ai pas peur de le dire si ça peut sauver Alena.
- Je t'ai dit quelque chose à propos de Sergueï, déclara-t-elle en la regardant. Ce jour-là, je t'ai révélé quelque chose d'important à propos de ton mari. Je n'aurai jamais dû te le révéler et je t'ai fait promettre de ne rien lui dire tant qu'il ne t'en parlera pas de lui-même. Aujourd'hui je te demande de le dire parce que c'est l'unique façon de prouver que tu es bien ma meilleure amie. Répète ce que je t'ai dit et que nous sommes les seules à savoir à cet instant précis.
Celle qui clamait haut et fort qu'elle était Alena, planta son regard dans le sien et une lueur différente passa dans ses yeux puis elle serra les lèvres.
- Je t'ordonne immédiatement de révéler ce qu'elle t'a dit sur moi, exigea Sergueï. Je te rappelle que tu es ma soumise avant d'être ma femme, donc tu as pour ordre d'obéir à ton maître. Alors parle ! Prouve que tu es ma femme.
- Alena...
Des ricanements interrompirent Nikolaï.
- Alena par-ci...Alena par-là...
Ça y est...
Dents serrées, la jeune femme changea de visage.
- Il y en a que pour elle ! Dit-elle rageusement entre ses dents.
Tamara lâcha tout l'air bloqué dans sa poitrine et se retourna pour se réfugier dans les bras de Nikolaï.
- Enfin, souffla Sergueï froidement et en se redressant lentement. Alors, à qui je m'adresse ?
- Elena Layce, répondit-elle avec un sourire savoureux. La sœur jumelle d'Alena, cette très chère Alena. Vous devez avouer que vous étiez sur le point de croire que j'étais vraiment elle. Je me suis plutôt bien débrouillée, n'est-ce pas ?
- Un piètre jeu d'actrice raté, lâcha Sergueï.
Elle se rembrunit en lui lâchant un regard noir et il comprit aussitôt qu'elle ne voulait pas être en-dessous d'elle.
- Je pensais que les sœurs jumelles avaient un lien très fort, destinées à ne jamais vivre sans l'autre, lança Nikolaï froidement.
Elle ricana à nouveau.
- Alors nous allons dire que cela ne s'applique pas à moi et ma très chère soeur qui même en étant à des milliers de kilomètres de moi, a réussi à me gâcher l'existence.
- Explique-moi quel mal te ronge, trésor, lança Sergueï en esquissant une fausse moue de compassion.
Elle lui jeta un regard mauvais et détourna les yeux.
- J'ai appris à l'âge de dix-huit ans que ma mère avait accouché de jumelles et que parce qu'elle n'était pas capable d'assumer son rôle de mère pleinement elle a décidé d'en donner une à l'église Saint-Thomas, commença-t-elle d'une voix où perçait l'amertume. Vous imaginez le choc que j'ai reçu en apprenant que j'avais un double quelque part dans le monde, mais ce n'était pas tant ça mon problème. Mon problème c'est qu'elle n'a jamais supporté de l'avoir abandonné.
Un rictus amer aux lèvres, elle les regarda tour à tour.
- Elle était rongée par la culpabilité, elle était obsédée par l'envie de savoir ce qu'elle était devenue et si tout allait bien pour elle.
- Elle était ? S'enquit Sergueï en ne supportant plus de regarder ce visage qui brûlait de haine et identique à celui d'Alena jusqu'à sa voix.
Un sourire froid releva ses lèvres sèches.
- Elle est morte depuis six mois, répondit-elle sans émotion dans la voix. Un dramatique accident de voiture dans lequel j'ai survécu. Elle n'arrêtait pas de parler d'elle encore et encore et je ne supportais plus de l'entendre alors on s'est disputé et j'ai attrapé le volant et je l'ai tourné violemment. La voiture a terminé dans le lac et j'ai réussi à m'extraire mais elle n'a pas eu cette chance. Quel dommage.
Sergueï bondit en avant et lui attrapa le visage.
- Dis-moi où est ma femme ou je t'ouvre le ventre pour jouer avec tes entrailles, articulant d'une voix si menaçante qu'elle changea brusquement de visage.
- Je l'ignore, Derek l'a emmené avec lui après que j'ai enfilé ses vêtements dans l'église. Selon mes souvenirs il l'a frappé assez fort à la tête pour qu'elle perde connaissance.
Sergueï écrasa ses doigts dans ses joues et elle poussa un cri de douleur.
- Je...je sais qu'il a loué une maison à Moscou le temps de trouver un vol pour New York mais j'ignore où elle est ! Vous me faites mal !
Le visage tremblant de rage, il appuya sur ses mâchoires pour lui écraser la tête dans l'oreiller puis posa son arme sur son front.
- Tu ne peux pas me tuer, je lui ressemble comme deux gouttes d'eau, si tu fais ça, tu auras l'impression de la tuer elle ce que tu as déjà probablement fait en l'abandonnant. N'est-ce pas Tamara ? C'est bien ce dont elle avait peur dans cette file d'attente ? Qu'il l'abandonne.
Un rictus cruel aux lèvres, avec une froideur glaciale, le corps tremblant de fureur, il approcha son visage du sien et elle écarquilla les yeux.
- Anastasia n'avait pas menti, souffla-t-elle d'une voix entrecoupée par des respirations saccadées. Vous êtes le diable.
- Et tu n'as encore rien vu ! Dit-il entre ses dents.
Il relâcha son visage froidement en se redressant et rangea son arme.
- Merci pour ton information qui me sera précieuse pour la retrouver.
- Quelle information ? Je ne t'ai pas donné d'informations.
- Oh si...
Sergueï ouvrit la porte pour quitter la chambre à la hâte.
- Tu ne l'as retrouvera jamais !
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