Chapitre 12
En frappant quelques coups à la porte, Alena n'était pas très sûre sur l'identité de la personne qui allait lui répondre.
Après tout le mafieux l'avait laissée seule dans ce couloir espacé sans lui donner d'autres instructions.
La porte s'ouvrit précipitamment sur Tamara qui poussa un grand soupir de soulagement en la voyant.
- J'étais si inquiète, déclara-t-elle en s'écartant pour qu'elle entre.
- Tu n'imagines pas à quel point je le suis également, murmura-t-elle en s'arrêtant dans l'entrée pour contempler l'immensité de l'appartement luxueux.
- C'est...immense, commenta-t-elle en remettant une mèche inexistante derrière son oreille.
- Comment ça s'est passé ?
Alena la fusilla du regard.
- Tu m'avais promis de garder le silence.
- Oui je sais ! S'exclama-t-elle l'air désolé. Seulement Nikolaï me connaît trop bien pour savoir quand quelque chose ne va pas et je te rappelle que c'était le cas. Tu voulais partir et j'étais si inquiète que...
- Laisse tomber, la coupa-t-elle en se passant une main sur le front. De toute façon, je pense que je n'aurai pas pu aller bien loin.
L'esprit encore prisonnier, Alena descendit les quatre marches qui menaient au grand salon et décida de s'installer sur le grand canapé blanc en fixant le vue incroyable qu'offrait la grande baie vitrée.
- Nikolaï ne rentrera pas ce soir alors tu peux rester ici.
- Pourquoi j'ai l'impression que tu fais partie aussi du piège ? lança Alena en guettant la réaction de son amie.
- Il n'y a aucun piège Alena, s'empressa-t-elle de répondre sidérée par l'accusation.
- Dans ce cas pourquoi as-tu reçu l'ordre de m'attendre ?
- Je n'ai pas reçu l'ordre de t'attendre. Après ton départ, je me suis sentie mal et Nikolaï a décidé de me ramener. Nikolaï a prévenu Sergueï qui à son tour l'a prévenu qu'il te déposera ici.
Trop de doutes s'installaient dans sa tête et elle ne savait plus qui croire réellement.
- Alena je suis ton amie, insista Tamara en la voyant hésiter à la croire.
- Dans ce cas, explique-moi pour quelle raison tu m'as poussé dans ce monde si dangereux alors que tu savais très bien que...
- Parce que tu es en sécurité, répondit-elle en prenant un air grave qu'elle ne lui connaissait pas. Tu n'as pas l'air de t'en rendre compte et probablement que tu penses que je suis dingue, mais tu dois me faire confiance.
- Cet homme est dangereux Tamara ! Nikolaï est dangereux !
- Je le sais, mais pas comme tu le penses, répliqua-t-elle en s'installant à ses côtés. Et je crois qu'une part de toi sait que tu es en sécurité. Une part de toi t'empêche de fuir alors je t'en prie Alena, fais-moi un confiance.
- J'essaye de te faire confiance, mais il est peut-être temps de te mettre à ma place cinq petites minutes. Du jour au lendemain, je me retrouve au milieu d'une mafia dangereuse, dirigée par un homme qui semble sortir de l'enfer et toi tu me demandes de ne pas m'inquiéter.
Tamara posa sa main sur la sienne avec un doux sourire aux lèvres.
- Je te demande seulement de me faire un peu confiance et de te faire confiance aussi, insista-t-elle doucement.
Alena inspira profondément en rejetant la tête contre le canapé.
- Mon instinct me hurle de partir.
- Alors que fais-tu encore ici ?
Alena redressa la tête vivement pour lui jeter un regard hésitant.
- Je ne sais pas, marmonna Alena en retirant les chaussures à talons qui lui faisaient mal aux pieds. Peut-être parce que...encore une fois on ne m'a pas laissé le choix.
Tamara ébaucha une légère grimace puis se leva d'un bond pour se rendre jusqu'à la cuisine ouverte. Elle attrapa deux verres à pied et une bouteille de vin.
- Raconte-moi comment ça s'est passé.
Alena rougit et se surprit à vouloir effacer cette chaleur constante sur ses joues en y passant ses mains.
- Il m'a confirmé ce qu'il était, mais avant ça, il m'a menacé de me retrouver si jamais j'envisageais de fuir le pays. Ensuite il m'a traîné de force dans un restaurant et m'a ordonné de manger.
- Typique de Sergueï Azarov, mais je parlais plutôt de votre conversation en profondeur.
Alena serra les lèvres puis attrapa le verre qu'elle lui tendait pour boire une légère gorgée. Ensuite elle laissa son regard errer sur le sol en marbre.
- Il m'a dit que pour le reste, tu étais chargé de me le dire.
Tamara écarquilla les yeux, ayant l'air abasourdi par cette annonce. Étrangement, sa réaction rassura Alena car ça signifiait simplement qu'elle n'était pas de mèche avec Sergueï Azarov.
En fin de compte peut-être que Tamara voulait seulement bien faire en la poussant dans ce monde parallèle.
- Il t'a dit ça ? S'étonna-t-elle après s'être raclée la gorge.
- Oui et j'en ai assez d'être baladée comme si je n'étais pas capable d'accuser les coups, s'agaça Alena en fixant son amie droit dans les yeux. Je suis capable d'entendre bien des choses Tamara. La preuve ce soir ! J'ai été capable d'entendre que mon patron est en réalité un mafieux qui a du sang sur les mains !
- Tu as raison, admit Tamara d'une voix désolée. Seulement je m'étonne qu'il...
- Il m'a dit qu'il me voulait, et cela me paraît littéralement insensé, la coupa-t-elle en se levant pour arpenter le grand salon avec une démarche nerveuse.
- Tu doutes de tes charmes ? Parce que tu es une belle femme Alena et tu n'as pas l'air devoir confiance en toi.
- Je dis simplement qu'il y a des tas de femmes en Russie et qui plus est de son âge ! Pourquoi moi ?
Tamara plissa les yeux en s'installant sur le tapis moelleux.
- Tu ne parviens pas à y croire c'est ça ?
En effet. Alena ne parvenait pas à y croire. Elle ne parvenait pas à croire que cet homme ait pu poser les yeux sur elle, et de surcroît lui dire sans vergogne qu'il la voulait.
- J'ai l'impression que je suis un aimant qui attire les mauvais garçons.
- Sergueï Azarov n'est pas un mauvais garçon, c'est un homme qui sait ce qu'il veut et qui connaît notre monde bien plus que toi et moi.
- Ah tu le défends maintenant ?
- Je me dois de le faire un peu, avoua-t-elle en soupirant.
Alena retrouva le canapé pour s'y installer.
- Dis-moi ce que je dois savoir, je t'en prie, j'ai besoin de savoir. Qu'est-ce que tu sais que je ne sais pas ?
Tamara croisa les jambes sur le tapis.
- Sergueï Azarov est un homme très spécial, il excelle dans tous les domaines, commença-t-elle en reposant son verre de vin. Il domine chaque aspect de sa vie.
Alena fronça des sourcils.
- Ce n'est pas une surprise, je pense que je l'aurai deviné toute seule.
- Il domine chaque aspect de sa vie même dans sa vie privée, ajouta Tamara en la regardant droit dans les yeux comme si elle guettait sa réaction.
- Ce qui veut dire ?
Tamara se pinça les lèvres.
- Eh bien disons que ses relations avec les femmes ne sont pas...basiques...
Alena faisait de son mieux pour découvrir l'énigme qui se cachait derrière les lueurs hésitantes de son amie, mais elle ne l'aidait en rien à comprendre.
- Cela ne m'étonne pas, cet homme est loin d'être basique, mais je ne...
- Alena c'est un dominant, lâcha-t-elle subitement.
Un silence s'ensuivit et dans lequel Alena dévisagea son amie le cœur battant rapidement dans sa poitrine. À nouveau, Alena éprouva le besoin de protéger son esprit qui lui, commençait lentement à comprendre où elle voulait en venir.
- Un dominant ? Mais...mais dans quel sens ?
- Il domine ses partenaires, c'est un homme qui sexuellement ne se contente pas de quelque chose de platonique. Est-ce que je suis assez clair ?
Une chaleur étouffante la gagna et son regard tomba sur le sol. Sa tête se mit à tourner et se lever semblait être une très mauvaise idée.
- Alors c'est ça qu'il voulait que tu me dises ? S'entendit-elle murmurer.
- Je crois qu'il s'est dit que tu en avais suffisamment appris ce soir et que j'étais peut-être la bonne personne pour achever de te révéler sa véritable nature.
Alena releva les yeux alors que des points noirs dansaient devant elle.
- Donc tu es en train de me dire que la femme qui est venue me dire qu'il est un mafieux était...son ancienne soumise ?
- En effet, confirma-t-elle en sirotant tranquillement son verre de vin.
Le cœur battant à la chamade elle serra instinctivement les cuisses alors qu'elle se surprit à être sous l'effet d'une vive chaleur.
Elle s'agita dans le canapé, ne sachant pas comment répondre à cette information qui dépassait tout le reste.
- Tout va bien ? Demanda Tamara d'une voix inquiète.
- Je suis dépassée par toutes ces informations.
- Je peux comprendre, mais crois-moi avec le temps ça passera.
- Pourquoi j'ai l'étrange pressentiment que tu sais parfaitement de quoi tu parles ? C'est donc pour ça qu'il m'a dit et je cite " Tamara saura vous faire part de son expérience "
- Je n'ai honte de rien, parce qu'il n'y a rien de honteux là-dedans. C'est un choix. Je ne suis pas faite pour les relations traditionnelles. Je l'ai découvert dans les bras de Nikolaï.
Alena se contenta d'un bref mouvement de tête car elle n'avait pas envie de juger son amie. Ce n'était pas son genre. Ce qui mettait tous ses sens en alerte c'est qu'elle n'avait toujours pas bougé. Une fois de plus, au lieu de fuir elle restait assise à écouter son amie lui parler de ses pratiques sexuelles et celles du mafieux !
- Écoute Alena, maintenant tu sais tout sur lui, tu sais absolument tout. Si tu veux plus de détails je pense que c'est à lui de les donner.
Tamara se leva pour la rejoindre sur le canapé.
- Tu peux nier, mais je vois bien dans tes yeux que cet homme te trouble bien plus que tu le laisses prétendre, et si c'est la peur qui te paralyse, je te dirais simplement de vivre au jour le jour et voir ce que l'avenir va t'offrir.
Tamara lui prit la main et lui adressa un sourire rassurant.
- Mais quoi que tu puisses décider, sache que tu es en sécurité. Fais-moi confiance, tu es en sécurité. Sergueï Azarov ne te fera aucun mal, bien au contraire.
La jeune femme ne répondit pas ou du moins laissa seulement un sourire se glisser sur ses lèvres.
Au moins elle connaissait pratiquement tout de cet homme au regard métallique et c'est avec ce trop plein d'informations qu'elle décida de rentrer contre l'avis de Tamara.
Elle avait besoin d'être seule pour réfléchir et quand le taxi la déposa devant l'immeuble, Alena s'efforça à ne pas regarder sur le trottoir d'en face.
Elle se réfugia dans l'appartement et se déshabilla pour se glisser dans le lit. Elle espérait trouver le sommeil, mais chaque fois qu'elle fermait les yeux, le visage de l'homme s'imposait dans son esprit.
Elle frissonna à chaque détail qu'elle repensait encore et encore. Tout son être palpitait lorsqu'elle se rappelait de cette femme au visage tordu de rage qui était venue dans le seul but qu'elle disparaisse de la vie du mafieux.
Au petit matin, au lieu de se lever alors qu'elle entendait sa voix virile dans sa tête, Alena se cacha le visage dans l'oreiller et ferma les yeux.
Elle aurait dû se rendre à l'entreprise, mais elle savait que si elle faisait ça, elle lui confirmerait tout simplement qu'elle acceptait d'être à lui.
À cette pensée, elle sentit une brûlante sensation couvrir son échine et se leva d'un bond pour s'en débarrasser.
Elle jeta l'oreiller sur le lit et ouvrit la porte de sa chambre pour gagner le salon.
Enfermée dans une torpeur incessante, elle marchait sans regarder devant elle et le regretta l'instant suivant.
Elle rencontra un bloc d'acier qui la rattrapa par les bras et c'est horrifiée qu'elle releva la tête.
- Bonjour moy angel, déclara-t-il d'une voix suave...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top