Chapitre 29
Le trajet jusqu'à la villa s'était fait dans le silence et Alena sentait bien que la tension était palpable. Elle ne se sentait pas coupable de sa colère et savait d'où elle venait précisément. Alena devait se rendre à l'évidence, cette relation ne pourrait pas être paisible et sans difficultés. Le monde de Sergueï était compliqué, et si elle se laissait piéger par ces difficultés, elle ne pourrait pas vivre pleinement cette relation.
Le contrat ?
Elle brûlait de le lire mais tout en craignant de découvrir ce qu'il voulait qu'elle y trouve. Une réponse qu'elle redoutait autant qu'elle s'impatientait de découvrir.
Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans la villa et la tension n'en demeurait pas moins plus apaisée.
- Tu vas rester longtemps silencieux ou tu as l'intention de me dire quelque chose ?
- Je suis navré Alena, déclara-t-il sur un ton sincère tout en ôtant sa veste. Je suis préoccupé par un problème qui n'a rien à voir avec nous.
- Que se passe-t-il ?
Il soupira en se passant la main dans la barbe.
- Un homme en cavale qui a tué plusieurs personnes. Vladimir le traquait depuis plusieurs mois avant qu'il passe de mon côté. Je dois le retrouver.
- Est-ce que c'est un mafieux ?
- Non, juste un tueur, un criminel comme il y en a partout, mais j'ai laissé la situation perdurer et je le regrette. Il faut que je le traque. C'est moi qui suis à la tête du pays maintenant et je ne veux pas que ce genre d'individu salisse tout ce que j'ai bâti.
Alena retira son manteau en frissonnant.
- Est-ce qu'il est très dangereux ?
- Suffisamment pour que je m'en inquiète.
Elle ne doutait pas de ses compétences pour retrouver n'importe quel individu.
- Tu vas finir par le retrouver j'en suis persuadée.
Il hocha doucement la tête, l'air pensif.
- Quand je le retrouverai, je jouerai au boucher ça je te le garantis, dit-il sombrement.
Alena frémit instantanément en le suivant des yeux alors qu'il grimpait les quelques marches qui le séparaient du bar.
Le ventre noué elle le suivit les mains derrière le dos et se pinça les lèvres.
- Tu es sûr que ça n'a rien à voir avec moi ou Anastasia ?
- Anastasia n'est rien pour moi, répondit-il durement en plantant son regard dans le sien. Elle est terriblement jalouse tout comme les autres.
- Et pourquoi les autres ne se manifestent pas ?
- Parce que contrairement à Anastasia qui est guidée par son arrogance, elles me craignent donc elles restent cachées et attendent patiemment qu'il se passe quelque chose entre toi et moi. Ça n'arrivera pas.
Elle inspira profondément en passant sa main derrière son oreille. Il était dur, proche de celui qu'elle avait connu quelques jours plus tôt.
Elle marcha jusqu'à combler l'espace qui les séparait et toucha son bras avec une tendresse infinie.
Le mafieux posa son verre sur le bar et ouvrit son bras pour l'inviter à se glisser contre son torse.
- J'aurai aimé que cette soirée se passe différemment.
- La prochaine sera plus agréable je t'en fait la promesse, dit-il en plaquant un baiser dans ses cheveux. Tu as faim ? Tu veux manger quelque chose ?
- Non je n'ai pas très faim.
Normalement Sergueï aurait insisté pour qu'elle mange. Il lui aurait même ordonné de manger sans lui laisser le choix. Seulement ce soir il n'avait pas envie de la punir ni même la soumettre à la moindre de ses volontés. Pourtant il brûlait de la monter dans la salle de jeu pour l'attacher et la posséder jusqu'à l'aube. Ce soir il se contrôlerait parce qu'il voulait tout autre chose d'elle.
Il éprouvait le besoin de la serrer dans ses bras et de la réconforter.
Alena James était différente il le savait, mais il ne s'était pas préparé à ce qu'elle le soit totalement. Derrière cette façade douce et son regard brillant d'espoir se cachait une jeune femme sensible à trouver le bonheur autant qu'elle avait peur de l'obtenir.
Elle n'était pas bercée d'illusions, mais seulement désireuse de vivre autre chose que l'abandon qui était le point sensible de sa vie.
Sergueï se devait de se mettre en garde, et il savait que ça pouvait être aussi dangereux pour elle que pour lui.
Avec elle, le mafieux avait la dangereuse impression qu'elle faisait naître en lui des pulsions voire des obsessions inquiétantes.
Il termina son verre et fit craquer sa nuque pour essayer de détendre ses muscles totalement noués et douloureux.
- Je vais monter me changer et lire ce contrat.
Sans un mot, il la laissa partir tout en la suivant du regard. Elle s'arrêta à mi-chemin dans les marches et se retourna une grimace sur le visage.
- Je ne vais rien découvrir de grave ?
- Non, rien de grave, du moins ça ne l'est pas pour moi, répondit-il d'une voix rauque.
Elle plissa le front et monta en silence.
Pourquoi ne pas tout simplement le dire ?
Pourquoi attendre qu'elle le découvre ?
Ce n'était pas son genre de jouer aux devinettes. Il aimait l'honnêteté et c'est sans doute parce qu'il ne l'avait pas été qu'il voulait attendre qu'elle finisse de lire ce foutu contrat.
Sa détermination à la vouloir n'avait jamais été aussi forte que ce soir.
Son téléphone l'aida à rompre les pensées dangereuses qui s'entremêlaient follement dans son esprit.
- Quoi ?
- Et moi qui pensais que Tamara s'était fait des idées sur ton humeur de chien, lança Nikolaï sur un ton moqueur.
- Alena est toujours en vie si c'est ce que tu veux savoir.
- Que se passe-t-il ? Tu n'es pas comme d'habitude.
- Certains fantômes du passé ont eu la gentillesse de me rendre une petite visite ces derniers jours et j'essaye de m'en débarrasser, lâcha-t-il sur un ton faussement amusé.
Un silence s'ensuivit et dans lequel Sergueï se servit un autre verre.
- Si tu parles de ta famille et plus précisément de ta mère, je suis à ton écoute.
Sergueï leva les yeux au ciel.
- J'adore quand tu essayes de jouer le psychologue avec moi mon frère mais je te remercie, je vais me passer de tes conseils.
- Alena est en train de te rendre dingue.
- Sans déconner ! Toi aussi tu l'as remarqué ? Cette fille n'est pas en train de me rendre dingue, je suis déjà dingue ! Explosa-t-il en tâchant de maîtriser sa voix pour qu'elle ne porte pas jusqu'à l'étage.
Il posa ses doigts sur ses paupières en exhalant un soupir.
- J'ai besoin de tuer quelqu'un, lança-t-il en laissant sa paume de main retomber lourdement sur le comptoir de son bar. Trouve-moi n'importe qui que je pourrais massacrer.
- J'ai plusieurs noms en tête mais...
- Parfait, envoie-moi la liste.
Il raccrocha en poussant un juron et jeta son téléphone sur le comptoir.
Il termina son verre et monta l'escalier pour la rejoindre.
Allongée sur le lit, la tête surélevée sur plusieurs oreillers, elle tenait dans sa main le contrat qu'elle lisait attentivement. Cette image lui envoya une onde de désirs si violente qu'il dut serrer le poing pour l'endiguer.
Les jambes nues, ne portant qu'une chemise qui lui appartenait, il réalisa qu'elle n'avait pas besoin de porter de tenues plus légères pour qu'il ait envie d'elle chaque seconde de chaque minute.
- Où en es-tu ?
Elle sursauta en abaissant l'épaisse couche de papiers reliés.
- Tu m'as fait peur ! Bredouilla-t-elle en se redressant sur le lit.
Il resta à bonne distance, adossé au mur, les bras croisés.
- Je ne voulais pas te faire peur moya lyubov'.
Elle se redressa sur le lit en le dévisageant.
- J'en suis à la partie où tu m'informe que je peux choisir comment je peux t'appeler. Maître, monsieur ou rien du tout.
Sergueï leva un sourcil, étonné par son regard désireux.
- Tu n'as pas beaucoup avancé, lui fit-il remarquer sans jamais s'approcher d'elle par crainte de ne pas pouvoir contrôler l'intense désir qui commençait à monter crescendo.
- Je suis attentive à chaque détail qui pourrait m'aider à découvrir où se trouve ma réponse.
Alena souriait parce que ce soir, et malgré tout ce qui s'était passé au club, elle se sentait bien et plus détendue. Hélas ce sourire commença par disparaître doucement car le mafieux adossé au mur la regardait avec gravité.
Immédiatement son cœur s'accéléra mais pas de désir ni de passion. Il s'accéléra de peur.
Pourquoi avait l'air si grave tout à coup ?
Sur ses gardes, Alena retourna le contrat et le posa sur le matelas.
- Que se passe-t-il ?
- Je ne suis pas le genre d'homme qui attend patiemment que les gens devinent mes intentions, commença-t-il gravement. Je ne suis pas le genre d'homme qui manque d'honnêteté sur mes intentions. Ça ne me ressemble pas. Je ne fuis pas mes responsabilités.
Déroutée par ce ton puissamment grave et inquiétant, elle le dévisagea en ouvrant la bouche sans qu'aucun son trouve la force de sortir.
- Que se passe-t-il tu me fais peur Sergueï ?
- N'aie pas peur, je ne veux pas que tu aies pas je veux que tu me fasses confiance et je ne veux pas que tu paniques.
Comment ne pas paniquer quand elle avait l'impression que le diable la regardait...prêt à dévorer son âme ?
- Regarde à la fin du contrat, les cinq dernières pages plus précisément.
C'était indubitablement un ordre lancé avec gravité.
Alena s'empressa d'obéir et ouvrit le contrat les mains moites.
Elle tourna les pages à la hâte en levant quelques fois les yeux vers lui, terriblement inquiète par son regard grave.
Elle atteignit enfin la cinquième page en partant de la fin et la survola d'un regard anxieux. Son cœur se mit à marteler sa poitrine alors qu'elle lisait de façon désordonnée les mots inscrits sur ce papier immaculé. Son regard tomba sur les deux signatures en bas de page et bien qu'elle s'efforçait de comprendre, ce sont deux mots qui l'aidèrent à faire toute la lumière sur l'énigme posée par le mafieux.
Ce n'était pas marqué Alena James, mais Alena Azarov...
Elle pâlit en poussant un soupir incrédule puis releva la tête dans sa direction.
- Tu as compris ?
Alena aurait voulu lui dire oui, mais c'était comme si son esprit ne le voulait pas.
- Je n'ai pas cessé de te dire que tu étais différente, commença-t-il sur le même ton d'une gravité extrême. J'étais très sérieux et je le suis toujours. Cette conversation aurait dû avoir lieu le jour où tu as signé le contrat mais tu étais tellement anxieuse et transportée dans un autre univers que tu as signé sans même réellement regarder ce que tu signais.
- Sergueï c'est de la...folie, souffla-t-elle le cœur battant à tout rompre..
- Non, trancha-t-il d'une voix basse et dure.
- Tu m'as...tu m'as fait signer un contrat de mariage sans même me le dire. Ça veut dire que depuis plus d'une semaine je...suis...je suis...
- ...tu es ma femme en effet.
Alena poussa un hoquet, le visage de plus en plus livide. Des points noirs se mirent à danser devant ses yeux.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle en le dévisageant pour tenter de lire ce qui brûlait dans ses yeux.
- Je t'ai dit que tu étais différente et que je sentais au plus profond de moi que tu ne me donnerais ce que je veux et jusqu'ici je ne me suis pas trompé. Je ne regrette pas ce que j'ai fait.
- Ne trouves-tu pas ça un peu égoïste de ta part ?
- Qui a dit que je ne l'étais pas ?
Elle lui jeta un regard stupéfait.
- Je suis trop jeune pour me marier ! Je ne sais même pas ce que c'est le mariage !
Sergueï resta le plus impassible que possible. Il ne le prenait pas mal et s'était même attendu à cette réaction.
Elle était en train de paniquer et son teint livide en attestait.
- Le mariage est un engagement rien de plus, tout comme tu t'es engagé à devenir ma soumise.
- Tu sais bien que ce n'est pas la même chose, rétorqua-t-elle d'une voix tremblante d'émotions mêlées. Le mariage est un engagement pour une vie.
- Je le sais, et j'ai bien l'intention de tenir cet engagement.
Elle bondit sur le lit pour s'installer en tailleur, la respiration devenant de plus en plus rapide.
- Tu ne sais pas ce que l'avenir va te réserver et...
- Parce que tu sais ce qu'il va te réserver ? La coupa-t-il sombrement.
Elle baissa les yeux, le visage pétri dans la peur de répondre à cette question.
- Nous revenons au même problème Alena, commença-t-il d'une voix posée afin de ne pas la brusquer davantage. Tu t'imagines déjà que je vais t'abandonner et je devine que je viens de bousculer ce que ton cerveau avait déjà programmé.
Une larme coula sur sa joue et Sergueï comprit qu'il serait sans cesse confronté à ce problème s'il n'agissait pas tout de suite.
- Te dire encore une fois que je ne vais pas t'abandonner n'y changera rien, donc je ne vais pas le faire, déclara-t-il le plus doucement possible mais sur un ton impérieux. Tu es ma femme Alena et je ne regrette rien de ce que j'ai fait.
Elle voulut rétorquer mais il leva la main pour l'arrêter.
- Il faut que je t'aide à régler ce problème et tu n'as qu'une seule chose à me demander pour que ça se fasse et tu sais très bien laquelle.
Un silence s'ensuivit et dans lequel il pouvait entendre ses petites respirations tremblantes.
- Est-ce que tu veux oui ou non que je retrouve cette femme ? À la minute où tu me diras oui je ferais toutes les recherches possibles et inimaginables pour te donner ne serait-ce qu'un nom et un prénom. Ensuite tu seras confronté à un choix. Rester avec cette seule information ou me demander d'approfondir ces recherches pour que je découvre pour quelle raison tu as été abandonnée.
Il la rejoignit parce que ses larmes bien que silencieuses lui arrachèrent un pincement au cœur.
La vérité pouvait faire mal et il savait qu'il prenait un terrible risque que la situation empire si jamais les réponses n'étaient pas celles qu'elle voulait entendre.
- Je veux savoir, finit-elle par murmurer d'une voix inaudible.
Sergueï lui arracha un baiser en plaquant ses mains sur son visage plongé dans une tristesse infinie. Il resta là, sans jamais cesser de la regarder jusqu'à ce que son visage retrouve quelques couleurs rosées.
- Sergueï qu'as-tu fait ? Souffle-t-elle quelques minutes plus tard.
- J'ai fait ce que j'avais à faire et ma détermination demeure toujours la même. Je ne regrette pas mon choix, je regrette seulement de ne pas te l'avoir dit plus tôt.
- Et si un jour tu le regrettes ?
- Assez, ordonna-t-il d'une voix basse et presque caverneuse.
Il posa un baiser sur son front puis s'écarta d'elle sans la lâcher du regard.
- Dans la salle immédiatement, ajouta-t-il d'une voix si profonde et impérieuse qu'il eut peine à la reconnaître...
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