Épilogue
Je m'étirai avant de me lever du fauteuil. J'allai face à la grande baie vitrée. J'étais inquiète. Après tout le temps passé à Thiercelieux, l'apparent calme qui régnait me rendait nerveuse.
Quand j'avais vu mon frère s'avancer vers moi, je m'étais sentie en sécurité comme avant. Il m'avait longuement serré dans ses bras avant de nous faire monter dans une voiture. À ma grande surprise, la conductrice n'était personne d'autre que la jeune femme qui était venue me chercher à l'orphelinat avant la partie. J'étais méfiante mais Victor semblait lui faire plus ou moins confiance.
Nous avions roulé à toutes vitesse avant d'arriver ici dans le sud, chez une résistante. Je ne l'avais que très peu vue car après une journée, elle était partie pour affaires. Mon frère m'avait révélé que si nous avions pu nous enfuir, c'était grâce à Athenais. Difficile de l'accepter après avoir passé plusieurs années à m'efforcer de la haïr mais je m'habituais à cette idée.
Cela faisait plus de deux semaine que nous étions dans cette maison et Arthur se renfermait sur lui-même. J'étais la dernière personne au monde à pouvoir condamner cela mais je le sentais vraiment torturé. Il ne parlait à personne, regardait dans le vide pendant des heures et ne mangeait plus. Mon frère essayait de lui faire la conversation mais cela ne servait à rien. Mon ami se morfondait.
Alors que j'allais me coucher, j'entendis des sanglots provenant de la salle de bain. Oubliant toute délicatesse, j'ouvris la porte avec fracas et trouvai le blondinet en pleurs. Il essaya de me dire quelque chose mais ne put formuler une seule phrase cohérente. Je me sentais assez gênée face à cette fragilité, je ne savais pas quoi faire. J'avançai lentement vers lui et lui frottai le dos. C'était ce que mon frère aurait fait s'il avait été à ma place.
Arthur s'agrippa à ma taille et se laissa aller. Le lendemain, nous ne parlâmes pas de cet incident mais cela avait dû l'aider car il semblait apaisé. Une troisième semaine défila avec une lenteur affolante.
Arthur ne tenait plus en place. Il passait la majorité de son temps à se plaindre ou à s'agiter. Victor ne le supportait plus et malgré toute sa patience, se retenait de ne pas le frapper. Freja nous délivra de cette situation. Elle arriva dans le salon avec une télécommande dans les mains.
- Tu veux qu'on regarde la rediffusion de la partie ? J'dois rendre ultra bien à l'écran j'l'avoue mais pas sûr que ça m'intéresse.
- Ferme là ou je te la fais avaler cette télécommande, grogna Victor calmement.
J'eus un sourire de connivence avec celui-ci. Le blondinet l'intercepta et gonfla les joues vexé d'avoir été mouché. Cela agrandit encore plus mon sourire.
Freja sans se démonter, mit la télévision sur la chaîne principale.
- Regardez.
Il y avait un reportage sur les évènements de ces derniers jours. J'écarquillai les yeux.
- Il y a maintenant un mois, un groupe terroriste a frappé la France à plusieurs endroits. Il s'est attaqué à plusieurs ses symboles. Le Loup-Garou, les Conseillers et l'Empereur ainsi que des citoyens innocents. Alors que Gabriel Thessalis et Jakob Regnier venait de remporter la quarante-quatrième partie de Loup-Garou, plusieurs conseillers ont été attaqué et assassiné froidement ainsi que des techniciens chargé du bon fonctionnement de la partie. Tout de suite, nos envoyés spéciaux vont nous expliquer ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit où tout à basculé.
Les différents reporters racontèrent que tout cela avait été planifié depuis plusieurs mois par un groupe organisé. L'Empereur était mort mais les terroristes avaient été arrêtés par la police et était interrogé en ce moment. Je crus halluciner en voyant une image montrant le Maître du Jeu défendant les gagnants des jeux becs et ongles contre des villageois devenu fous. Je ne comprenais rien. L'Impératrice, un technicien, Arthur et moi étions toujours portés disparus. Il y aurait un vote national dans trois mois pour décider de qui succédera à Nathaniel à la tête du gouvernement. Un certain Lysandre Farraize, un gagnant d'une ancienne partie de Loup-Garou, se présentait face à plusieurs hommes politiques plus ou moins célèbres.
Les informations s'accumulaient dans mon esprit et je n'arrivais pas du tout à faire le lien entre elles. Arthur semblait encore plus perdu que moi. Les résistants avaient-ils atteints leur but ou pas ? Qui était actuellement à la tête de la France en attendant l'élection ? Il allait y avoir des élections ?! Mais... Mais ? C'était une bonne nouvelle, supposais-je. Je mis mon cerveau en pause et me levai pour aller me passer de l'eau sur le visage.
- Ça a pas de sens, souffla Arthur qui m'avait suivi. T'sais qui est Lysandre ? C'est le Mdj de notre partie, le mec qui a pris soin de moi, un résistant. Qu'est-ce qu'il fout à la TV ? Ça a pas de sens du tout cette histoire. J'croyais que les résistants devaient tuer les gagnants du jeu, c'est même pour ça qu'il m'a dit de partir. Et finalement, il sauve les deux zouaves et est candidat pour devenir.. Président ? Roi ? Empereur ? Ça a aucun putain de sens ! C'est quoi c'délire ?! Ça a vraiment pas de sens...
Plus il parlait, plus il s'énervait. Cela le frustrait de ne pas comprendre et de ne pas savoir. N'ayant pas plus d'informations que lui, je lui tapotai juste l'épaule gentiment. Heureusement pour sa santé mentale, un homme se présenta devant la porte de la maison le lendemain matin.
Il portait un costume chic, des cheveux savamment coiffés et une paire de lunettes de soleil sur le nez. Il me rappelait vaguement quelqu'un. Quand Arthur l'aperçut, il eut un mouvement d'arrêt avant de faire un pas vers l'inconnu. Il était bouleversé et fit un câlin viril à l'homme. Je compris vite grâce à son énergie qui crépitait que c'était le fameux Lysandre, notre Maitre du Jeu. Il serra la main de Victor et celle de Freja avant de se présenter et expliquer la raison de sa visite.
- Je ne sais pas si vous regardez encore la télévision alors je vais vous faire un résumé des derniers événements. Sans langue de bois. Les Pères de la Résistance préparent un plan depuis plusieurs mois, voir des années. Ils ont mis en place deux missions en parallèles. Si presque tout le monde était au courant de la première, peu de la deuxième. Le soir de la fin de la partie du Loup-Garou, ils ont envoyé plusieurs personnes assassiner, détruire les symboles de l'Empire. Nous savions que jamais le peuple accepterait de se soumettre à nous volontairement alors la deuxième mission consistait à prendre la place des gardes et tuer, emprisonner toutes les personnes chargées de la seconde mission.
Il nous laissa un moment pour digérer ses informations. Il enleva sa paire de lunettes avant de continuer. Ses yeux vairons nous scrutaient l'un après l'autre.
- Nous avons éliminé toutes les personnes capables de nous barrer la route avant de passer à ceux qui s'en étaient occupés. Maintenant, nous avons carte libre pour prendre le gouvernement en charge. Même si les Français ne votent pas pour moi ce dont je doute, les autres candidats sont tous de notre côté.
- Du coup, z'êtes pas mieux que l'Empire... Vous remplacez un homme venu à la tête de notre pays par un coup d'état par.. un autre homme qui viendra à sa tête grâce à un coup d'état ?
- Nous ne sommes pas le bien et nous l'avons jamais été, mais nous sommes toujours une solution préférable aux anciens dirigeants. Toutes les nations sont et ont toujours été basées sur un océan de sang Arthur.
Le blondinet semblait tourmenté. Le regard de Lysandre me mettait plus que mal à l'aise. Cet homme était le cruel Maitre du jeu et je ne l'oubliais pas. Mon frère ne prononçait pas le moindre mot, les yeux dans le vide.
- Tu comptes nous tuer ?
- Oui.
- Hein ?
- Je plaisante.
- Très drôle.
- Je sais.
Arthur et Lysandre se sourirent tendrement. Rien qu'à leur échange, on sentait leur affection.
- Cependant, je dois vous faire passer pour morts. En tout cas toi et Mariane. Je vais vous emmener sur une île avec plusieurs personnes dans le même cas. L'Impératrice et les gagnants y sont.
- Tu ne les as pas sauvés ?
- Si, mais... J'ai le regret de vous annoncer que des terroristes nous ont trouvés et nous ont lâchement exécutés, grimaça-t-il. J'ai dû beaucoup insister pour la mise en place de cette île.
- Pourquoi tu les a sauvés eux ? Leur vie valait plus pour toi que celle des villageois présents ?
- J'ai toujours été un grand tricheur à ce jeu. Je suis d'avis que tous les moyens sont bons pour arriver à la victoire et l'ai toujours été. Mon père était du même avis. Ils avaient gagné. Les tuer aurait été la pire des injustices pour celui que j'étais enfant. C'est une raison plutôt puérile mais c'est la mienne, sourit-il. Ma berline nous attend dehors et nous amènera au port où nous nous séparerons.
- Tu ne viens pas avec nous ?
- Non désolé, j'ai beaucoup de choses à faire, mais ne t'inquiète pas gamin, nous nous reverrons.
Victor avait l'air de croire aux paroles de l'homme, car il nous demanda de nous préparer à partir. Nous n'avions aucune affaire personnelles donc ce fut rapide. Sur le port, Lysandre se sépara de nous après avoir discuté avec mon frère en privé et dit au revoir à Arthur.
- Tu auras une surprise de taille sur l'île ! lança-t-il alors que le bateau s'éloignait.
Le trajet dura environ trois heures. Trois heures où Arthur ayant de mal de mer passa à verdir. Quand le bateau s'arrêta sur cette fameuse île, je pris le temps de l'observer avant de descendre. Elle était assez rocheuse et composée de pentes escarpées. Le capitaine de l'embarcation déposa plusieurs provisions pour les habitants de l'île. Il revenait tous les mois pour nous approvisionner. Nous le laissâmes à ses occupations et avançâmes jusqu'au centre de l'île où un homme inconnu venait à notre rencontre.
Il s'appelait Marc et je n'écoutai pas la suite car une pré-adolescente arriva vers nous en courant. Elle se jeta dans les bras d'Arthur en pleurant. Sa sœur.
- Lyni... murmura-t-il la voix tremblante.
Ils restèrent un long moment enlacés en pleurnichant, heureux de s'être retrouvés. Je me sentis embarrassée face à cette réjouissance bruyante. Un bébé dans les bras, une femme rousse se montra et avança vers nous. Ma sœur.
Freja lui caressa la joue gentiment et Victor plus distant lui fit la bise. Je restai face à elle sans bouger ne sachant pas quoi faire.
- Bonjour, commença-t-elle.
Je ne répondis pas. J'essayai de me soustraire à son regard et me collai à mon frère. Marc nous expliqua qu'il était en charge de l'endroit et qu'il nous ferait faire une vraie visite demain. Victor rassuré m'annonça qu'il repartait avec le bateau.
- Je ne peux pas rester Mimi. Les personnes qui me connaissent se poseraient trop de questions. Henrik et les autres sont intelligents, ils feraient vite le lien.
- Et ?
- Je dois m'occuper de Lucas et Marie. L'annonce de ta mort va les bouleverser, je ne peux pas les laisser tomber.
- Mais moi si ? Tu veux m'abandonner ?
- Je suis désolé Mimi...
- Menteur !
Je partis. Je marchai pendant plusieurs minutes avant d'arriver sur un étroit chemin à bonne hauteur de l'eau. Si je faisais un pas en avant, je pouvais en mourir. Je grimpai sur un bloc de roc et hurlai.
J'en avais assez. Si j'avais surmonté tous ses obstacles, voulu vivre jusqu'ici c'était dans l'espoir d'un jour revoir mon frère, Lucas et Marie. J'avais espéré qu'à la fin de cette partie, je pourrais vivre heureuse et libre avec eux et finalement, on m'annonçait que ce ne serait pas le cas ? Que j'étais obligée de vivre sur cette île de merde sans eux ?
Mon Sily me prenait à la gorge et crépitait force. Je sentais la roche sous moi en train de lâcher. J'essayais de me contenir mais n'y arrivais plus. Je l'avais fait trop longtemps. Tout ce que j'avais vécu n'avait servi à rien. Depuis le début, depuis que ma mère était morte, tout m'avait amené à cet instant. Mon cerveau surchauffait, mon cœur battait de plus en plus vite, mon souffle se faisait plus profond et des larmes naissaient dans mes yeux. Je n'aurais jamais de fin heureuse, je ne serais jamais libre. Autant en finir maintenant.
Le rocher céda et je fermai les yeux .
Contrairement à ce que je pensais, il n'y eut pas de chute vertigineuse. Juste le contact de ma main avec une autre. J'ouvris les yeux et rencontrai un regard noisette. Arthur. Il m'avait retenue, sauvée. Il m'aida lentement à remonter lentement et je me réfugiai dans ses bras.
- C'tait moins une, souffla-t-il incrédule.
J'essayai de me donner un air indifférent mais je n'y arrivais plus. Des larmes coulaient sur mes joues et je tremblai. Il ne dit rien et me serra simplement dans les bras. Pourquoi était-il là ? Je n'en avais tout simplement aucune idée. M'avait-il suivi ? Peut-être. Je ne lui posai aucune de ses questions, profitant simplement de sa chaleur.
Et voila, c'est fini. Ça me fait un peu bizarre je l'avoue ! C'est la première histoire longue que je finis et j'espère que vous avez apprécié car c'est grâce à vous. Il y aurait du avoir une partie avec Jakob et Gabriel en plus mais je la trouvais assez superflue dans le déroulement. Dites moi ce que vous en avez pensé ! Et... A bientôt pour une nouvelle histoire !
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