Chapitre 19 ~~ Sixième Nuit

Tristan tenait dans ses mains les restes de la carte du joueur de flûte en regardant le lac, les yeux rougies par les pleurs.

Les autres joueurs parlaient à voix basse en l'observant.

- C'est dingue comme il a l'air anéanti. Après tout, c'est tant mieux si il y a plus jdf.

- C'est pas le joueur de flûte qu'il regrette mais son ami.

- Peut-être même plus que son ami, ajouta Cissy avec une moue dégoûtée.

- Vous croyez qu'ils ont.. ? commença Kaelan qui fut coupé par Gabriel.

- Pourquoi penses-tu tout de suites à ça ? Ils se sont enlacés mais c'était un geste d'affection de deux personnes qui se disaient adieux.

- Tristan a quand même l'air super secoué, fit remarquer Mina.

- Tout comme le fut Jakob à la mort de Théo. Comme il l'est encore, souffla Gabriel en regardant le visage grave du brun.

- Amis ou pas, j'veux pas dire mais personne n'a pleuré Radja. J'vois pas pourquoi il pleure pour ce Jdf, attaqua la sulfureuse blonde d'une voix haut perchée.

- C'est pas pareil, Radja a sûrement foutu le feu au bâtiment où la majorité d'entre nous était lors d'une Nuit. Ça n'a rien à voir avec les règles du jeu qu'on est obligé d'accomplir. Elle a vraiment eu envie de nous tuer, de nous brûler vif. Je ne vois pas pourquoi je pleurerais sur son sort, grimaça Kaelan.

- Et puis personne ne t'aurait empêché de pleurer, tu sais. Même si je n'ai jamais été proche de Radja, voir des gens mourir ça ne donne pas envie de hurler de joie. Même si j'ai ressentis une certaine satisfaction quand j'ai vu la carte du joueur de flûte, jamais je ne salirais la mémoire du joueur, clarifia Gabriel.

- Et puis entre Radja et Isaak, il y a un monde. Isaak, je l'ai quasi pas remarqué, fit Mina en se frottant l'arrête du nez.

- Infect père des loups ou Jdf, la bonne affaire. Ça n'empêche qu'à la fin, nous serions morts. Au contraire le Jdf est pire car il joue toutes les Nuits mais on arrive à l'oublier parfois.

- On parle des personnes plus que du rôle. Si Phil s'est mis à exulter quand Sarah a été condamné, c'est parce que c'était quand même une sacré connasse et qu'en plus, elle nous avait cherché avec ses regards moqueurs. Bien sûr, c'est normal d'être soulagé quand nos adversaires tombent mais.. Ça reste des êtres humains et des personnes de notre âge. Aucun d'entre nous n'a choisi d'être ici..

Sur cette conclusion de ce cher Gabriel, nous nous tûmes. Je repensais encore à la mise à mort d'Isaak. Alors qu'il allait entamé le deuxieme couplet de la Marseillaise, il s'était écroulé par terre en poussant des cris étranglés et en se tenant la gorge. Il était resté à se tortiller, les yeux révulsés, pendant un long moment où l'on n'entendait que ses efforts inutiles pour échapper à sa sentence. Quand il avait arrêté de bouger, le Mdj l'avait attrapé et attaché avant d'allumer le bûcher. Alors que le corps du grand métis brulait derrière lui, il nous avait fait un discours sur la grandeur de la France, de l'Empereur Nathaniel. Je frissonnais en me remémorant tout cela.

Je n'arrivais pas à comprendre comment Henrik avait réussi à surmonter sa partie de Loup-Garou. Comment avait-il fait pour ne pas devenir fou ou tomber en dépression après une telle expérience ?

Il faisait plutôt frais cette nuit, il y avait une légère brise. J'entendis Arthur avant de le voir. Il discutait avec Mina. Je me tapis dans l'ombre en essayant de me faire toute petite.

- J'sais pas comment tu fais pour supporter Karl et ce jeu sans logique avec autant de calme.

- C'est dans mon caractère, pouffa Mina avant d'enchaîner. Et puis, malgré ce que vous avez tous l'air de penser, Karl est très sympathique et plutôt... Intéressant.

- S'tu l'dis. T'en pensais quoi d'Isaak ? demanda-t-il d'une voix atone.

- Pas grand chose, je l'avoue. Maintenant qu'il est mort, c'est vrai qu'il serait facile de dire à quel point je le trouvais bizarre et le suspectais, mais ce serait mentir. Je trouvais même qu'il avait le profil d'un simple villageois.

- C'est quoi l'profil d'un simple villageois ? Tu trouves que moi, j'ai le profil d'un simple villageois ? Paraît que j'ai une tête de fourbe ou de naïf. Ouais, c'pas très logique mais il y a des gens qui l'pensent. Il fait un peu frisquet non ? J'viens du Sud, moi. J'suis né sur la côte méditerranéenne mais j'ai grandis dans les environs de Paris. Je me rappelle à peine de ma vie dans le Sud ! Du coup, je n'en parle jamais à personne. Maintenant toi tu le sais ! C'est cool qu'on apprenne un peu à se connaître.

La rousse hochait la tête en souriant et profita de la reprise de respiration d'Arthur​ pour répondre à sa première question.

- T'es trop mignon ! Pour moi, un simple villageois peut avoir deux profils types. Il y a le silencieux, celui qui ne parle jamais ou très peu, tellement que tu l'oublies et les loups aussi l'oublie mais quand il ne reste que très peu de joueurs, il meurt dans un Conseil souvent car les autres le trouvent louche. Le deuxième profil, c'est l'extraverti, il parle tout le temps, avec tout le monde et essaie de trouver les loups par tous les moyens. Le problème avec eux, c'est qu'on peut vite les confondre avec un loup si ils se trompent de cible.

- Tu sais comment on appelle un habitant de Thiercelieux ? demanda soudainement le blond d'une voix facétieuse.

- Non, je ne me le suis jamais demandée.

- Un futur steak ! Saignant pour les loups ou grillé !

Mina ne réagit tout d'abord pas avant d'éclater d'un rire de cristal. Elle était pliée par la blague de l'adolescent que je trouvais de mauvais goût. Je haussai un sourcil surprise de la facette d'Arthur que je découvrais ce soir. Il parlait toujours autant mais loin du garçon stressé à qui me parlait la journée, il semblait détendu en compagnie de la rouquine.

Elle lui prit la main et cela me fit grincer les dents. J'avais l'impression qu'il l'appréciait beaucoup. Je reniflai doucement.

- Tu penses que Mariane est innocente ? demanda Mina en secouant ses cheveux roux.

Ils étaient magnifiques et brillaient sous la lumière de la lune.

J'attendais la réponse du blond avec attention. J'avais très envie de savoir ce qu'il allait dire.

- Je.. Je, j'lui fais confiance. Je ne resterais pas aussi souvent en sa compagnie si je n'la croyais pas innocente.

- Tu ne la soupsconnes  même pas un petit peu ? Pourtant, elle a déjà voté contre toi.

- Toi tu soupsconnes Karl ? demanda mais il fut coupé par un bruyant éternuement.

J'étais démasquée, je sortis lentement de l'ombre et quand ils m'aperçurent, ils eurent la même expression éberluée. Je sentais mes joues rougir mais je n'adressai qu'un bref salut à Arthur puis partis comme si de rien n'était.

Le lendemain, j'eus du mal à regarder le blond dans les yeux et je croisais de temps en temps le regard goguenard de Mina.

Assise sur l'un des blocs de rocher de la place du village, je frottais la cicatrice à mon oreille avec ardeur. Celle-ci me grattait énormément depuis ce matin.

- T'as des tiques poulette ?

J'abaissais la main surprise, cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu Jakob utiliser l'un de ses surnoms idiots. Il se tenait face à moi, les pieds croisés. Je secouai la tête. Nous restâmes face à face un long moment sans parler avant qu'il ne reparte d'où il venait.

Je regardais ma main surprise, j'avais des bouts de peau sous les ongles. Je touchai à nouveau mon oreille, je saignais.

Je grimaçai puis me dirigea vers le lac où j'apercus un spectacle étonnant. Karl et Arthur étaient entrain de se battre. Ou plutôt, Karl était entrain de s'acharner sur le visage du blond. J'écarquillai les yeux en remarquant Mina qui regardait la scène sans rien faire.

Sans même m'en rendre compte, je me jetai dans la bagarre. Heureusement, je ne me pris qu'un seul coup de Karl avant qu'il ne se rende compte de ma présence. Il s'écarta, se leva puis s'enfuit suivi de Mina.

Mon ami blond avait le visage ensanglanté. Il apporta sa main sur son nez puis gémit de douleur. Que s'était-il donc passer ? Après avoir pris une grande goulée d'air, il murmura rageusement :

- J'vais l'éclater ! C'est un homme mort.

Il respirait rapidement en regardant droit devant lui.

- Que s'est-il passé ? demandai-je prudemment.

- Rien. Pas encore du moins.. J'vais lui refaire le portrait tellement bien que même sa mère p'rra pas le reconnaître !

J'étais perplexe. Pourquoi s'était-il bagarré ? Quand il se sentit mieux, nous nous dirigeâmes tous les deux vers l'auberge. Il me saluai d'un signe de la main et je m'éloignai.

Meredith était devant chez elle et m'attendait en sautillant.

- S'lut ! Tu devineras jamais ce que j'ai vu aujourd'hui ! Il y a un magnifique oiseau bleu qui s'est posé à côté de moi ! C'était waw !

Je souris en entrant dans sa maison.

QUE LA SIXIÈME NUIT COMMENCE :

Le village s'endort.

Nous avons un affreux mal de tête. Depuis que le joueur de flûte est mort en chantant l'ancien hymne national francais, nous nous sentons nauséeux et engourdi. Nous entendions un bourdonnement incessant. Nous secouons la tête. Cette Nuit va être géniale, la sorcière est remontée comme jamais et les loups aussi ! Tout le monde est plus ou moins énervé quelque soit les camps. Nous sourions sous notre masque.

La voyante se réveille.

Elle a un air morose. Sans un son, elle tend la main pour que nous lui passions la tablette. Nous nous appuyons contre un mur en attendant qu'elle tape un nom mais elle semble hésiter. Au bout d'un moment, nous lui intimons de se dépêcher.

- L'heure tourne.

Elle saisit un nom avant de me rendre la tablette rapidement. Elle est tombée sur l'un de ses compagnons loups. Elle soupire avant de tourner la tête vers la fenêtre.  Il commence à pleuvoir.

Nous quittons la chambre de la voyante après avoir rangé la tablette.

Les loups-garous se transforment.

Nous allons vers la clairière mais nous sentons soudainement un son extrêmement aigu qui nous transperce les oreilles. Nous nous écroulons au sol en mettant nos mains sur nos oreilles. Tellement mal. Nous n'entendons rien d'autres que ce son infernal.

Ce bruit discordant semble nous trouer les tympans. Nous arrachons notre masque avec violence et griffons notre visage. Le son strident siffle dans nos oreilles. Mal. Tellement mal.

Nous gémissons mais n'arrivons plus à entendre notre propre voix. Quelqu'un semble nous appeler au loin.

Mal. Je souffre et nous hurlons de frayeur et de douleur.

- AAAAAAAAAHHHHHH !!!


Voilà le chapitre 19 avec une Nuit écourté ! J'espère qu'il vous a plu ^^

Je propose à mes lecteurs de voter lors du septième Conseil. Ceux qui veulent bien participer peuvent me le dire en commentaire jusqu'à ce que je poste la Septième Nuit ^^ Après ce sera trop tard.
Il faut juste me dire en commentaire que vous voulez voter lors du septième Conseil. Il y a treize places ( je ne pense pas que vous serez autant mais je peux me tromper ) pour l'instant ^^ Votre vote comptera autant que ceux des joueurs car vous représentez les électeurs du village. Votre but est donc de tuer les loups-garous.

Les votes des joueurs sont déjà déterminés afin que vos votes ne m'influencent pas donc ce sera véritablement vous qui décidez du mort. Vous ne votez pas tout de suite car vous ne savez pas encore qui est mort ou qui le sera d'ici le septième Conseil. Ne vous inquiétez pas, le fait que vous sachiez contrairement aux villageois le rôle de Mariane ne sera pas un problème pour la cohérence de la partie.

Si vous avez des questions, dites le moi 😊

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