- C'est quand même dingue, s'exclama une voix derrière moi.

Je levai la tête et vis Tristan. Qu'est-ce qu'il avait ? Je dûs faire une drôle tête car il me sourit d'un air gêné. Cela me rappella la première fois qu'il m'avait adressé la parole. Je fis l'effort de lui retourner la pareille.

- Qu'est-ce qui est dingue ?

J'étais assise contre un arbre derrière l'auberge et observais ses fissures. Le châtain s'accroupit à côté de moi.

- Elle a clamé son innocence tout le long. Elle est allée jusqu'à faire un faux dévoilement. Elle a eu l'espoir d'être épargner jusqu'au dernier instant.

Je mis un moment à comprendre de qui il parlait. J'étais un peu à l'Ouest. Il s'affala contre moi abandonnant sa dernière position. Je m'écartais un peu mal à l'aise et il prit un air constipé avant de rougir.

- C'est normal. On ne sait jamais ce qui aurait pu se passer. Anastasia pouvait au dernier moment changer de victime.

- Ouais.. Mais je me suis senti un peu mal. Fin.. Elle avait quasi l'air possédée. C'est normal si tous les loups qu'on tue ont l'air tarés ?

J'ai haussé les épaules. Il se frotta le nez et se mit à rire. Sans raison. Il arrivait toujours un moment dans les parties où les joueurs pétaient les plombs d'après Lucas. Ce moment devait être arrivé pour lui.

- Il y a des joueurs que tu trouves.. Fin.. qui ont l'air tarés pour toi ?

J'ai haussé les épaules de nouveau avant de lui retourner la question.

- Chais pas trop.. Meli est un peu chelou mais c'est plutôt... Mignon ? Un peu chelou mais vraiment mignon. Karl et ses phrases semis philosophiques est bizarre mais pas taré taré, quoi. Sinon les joueurs restants ont l'air plutôt sains d'esprit.

- Tu penses quoi d'Arthur ? demandai-je l'air de rien mais Tristan eut l'air de comprendre que c'était important car il me sourit.

- Il est... sympa. En même temps, on est tous plus ou moins sympa ici sauf.. Cinamone, Claire et.. Sarah ? Bref, que des gens morts, ricanna-t-il. Et que des meufs aussi ! Imagine tous les loups sont des filles ?

Il partit sur un fou rire tellement puissant que ses yeux en étaient humides. Je haussai les sourcils ne comprenant pas ce qu'il y avait de si comique. Il n'était pas dans son état habituel.

- Pour en revenir à Arthur, je le trouve fort sympathique mais il peut très bien être loup. C'est pour ça que t'as voté contre lui ?

- Non, répondis-je aussitôt.

Je ne voulais pas qu'Arthur meurt alors que j'avais peut-être tout simplement mal vu.

- Pourquoi alors ? Tu as voté contre lui sans raison ? s'insurgea Tristan.

Je ne voulus pas paraître étrange et sortit de ce fait la première chose qui me passa par la tête. Ce ne fut pas une bonne idée.

- Non, je le pensais joueur de flûte.

Tristan se redressa et me regarda les yeux ronds. Pourquoi avais-je dit cela ? Je me rappelais maintenant pourquoi je n'aimais pas parler.

- Joueur de flûte ? Je l'avais totalement oublié celui-là ! Mais pourquoi avoir voté contre lui ? T'es charmée ?

- Je ne sais pas...

- Mais t'entends la flûte ou pas ?

Je lui fis les yeux ronds. De quoi parlait-il ?

- C'est vrai que tu t'es endormie lors des règles mais personne ne te les a retransmises clairement ? T'as jamais regardé de partie de Loup-Garou ?

Je secouai la tête d'un air surpris et maudis Jakob, Kaelan et Arthur. Qu'est-ce qu'ils avaient oublié de me dire ?

- Bah si t'entends la flûte et qu'elle te troue les tympans, c'est que t'es charmée.

- Tu es charmé ?

- Non et tant mieux ! Si le Jdf gagne, je peux toujours être épargné.

Moi non plus, je ne l'étais parce que je n'avais jamais entendu la flûte. Je regardais ma montre. Il était presque vingt-et-une heures. Je retournais donc sur la berge suivie par Tristan. Celui-ci se dirigea immédiatement vers Isaak qui parlait avec Arthur et Meli. Je m'assis un peu à l'écart.

Comme d'habitude, Mina et Karl discutait ensemble collés l'un à l'autre. Gabriel faisait trempette dans le lac. Tim dormait déjà contre un arbre tout comme Kaelan. Cissy et Jakob étaient aux abonnés absents.

Nous avions décidés de rester ici pour la nuit. Demain soir, nous allions retourner à l'auberge et y dormir. Pas forcément dans nos chambres car pour plusieurs d'entre nous, les portes ne pouvaient plus servir. Ce serait dangereux pour les innocents mais moins que de dormir à la belle étoile.

Je finis au bout d'un moment par me rapprocher du petit groupe de Tristan afin d'épier ce qu'ils racontaient.

- D'ailleurs, le voleur ? fit Tristan en se tournant vers Arthur.

- Ce n'est pas une question, le charria Isaak.

- De toute façon, je te parlais pas ! Donc Arthur ! Le voleur ?

- Quoi l'voleur ?

- Bah le voleur !

- Oui l'voleur ? répéta le blond en écarquillant exagérément les yeux.

- Mais le voleur !

Isaak eut un fou rire. Des larmes coulaient de ses yeux tellement il riait. Meli et moi partagions son hilarité. Nous attirâmes le regard courroucé de Karl.

- Tu t'fiches de moi là ? demanda le blond.

- Un peu, révéla Tristan avec un petit sourire. Ce que je voulais dire avant que Isaak m'interrompe et me fasse perdre le cours de mes pensées. N'est-ce pas Isou ?

- Je n'approuve pas ce surnom, grimaça le grand métis.

- Moi, si. Bref, Arthur. Quand le voleur meurt, le Mdj dit le rôle qu'il a volé ou pas ?

- Pourquoi tu m'le demandes à moi ?

- Comme ça. Je sais que t'as beaucoup vu les parties. Moi, je n'ai jamais trop apprécié.

- Quand l'voleur meurt, le Mdj déchire la carte qu'il a volé. Les gens qu'ont fait ce jeu ont l'sens de la mise en scène. Du coup, quand la personne dont l'voleur a piqué la carte meurt, c'est la carte du voleur que le Mdj déchire mais il annonce le vrai rôle.

- Par contre quand le voleur crève, le Mdj annonce juste le rôle volé.

- Exactement.

Tristan hocha la tête puis remercia Arthur pour son explication.

- Tu aime les affaires des autres Tristan ? demanda distraitement Meli.

Tristan ne répondit pas mais ébouriffa les cheveux de la brune. Celle-ci plissa les yeux puis ils passèrent à autres choses.

Ils discutèrent encore un bon moment puis vers vingt-deux heures trente, Jakob et Cissy revinrent et s'installèrent à côté de nous. Gabriel qui était sorti de l'eau depuis un moment fit de même. Karl et Mina s'approchèrent eux aussi.

- Quelqu'un peut allumer un feu avec des bouts de bois ici ?

Nous toisâmes tous Cissy. Nous n'aimions pas tellement cet élément depuis quelques temps.

- Pourquoi voudrais-tu allumer un feu ? lui demanda Mina en s'adressant à elle comme si elle parlait à une enfant.

- Pour l'atmosphère. Nous sommes tous en rond là. On pourrait se raconter nos vies au coin d'un feu.

Personne ne pipa mot. Nous ne savions pas allumer de feu de toute manière. Celle qui avait déclenché l'incendie avait emporté ses secrets dans la mort. Nous ne saurons sûrement jamais, sauf si nous gagnons le jeu, si c'était Radja ou Anastasia qui fut l'incendiaire. Je préférais penser que c'était la première car l'autre n'avait eut aucune raison de le faire.

- Nat' rêvait d'écrire des livres. Sur l'histoire de notre pays depuis que l'Empereur Nathaniel est au pouvoir. Elle voulait raconter la manière dont il a changé notre pays et énumérer toutes les bonnes choses qu'il a apporté aux Français, commença Tristan.

Nous le regardâmes tous mais il ne continua pas, il avait les yeux fermement clos et la tête sur le torse d'Isaak mais nous pouvions tous voir sa lèvre inférieure et ses poings trembler. Il s'en voulait pour avoir voter contre Natalia lors du Premier Conseil.

- J'ai haïs mon père le jour où il m'a envoyé à l'Orphelinat après la découverte de ma contamination. Je considérais que parce qu'il travaillait dans le gouvernement, il pouvait faire des écarts à la loi pour son fils, pour moi. Il n'avait pas le droit de me laisser croupir avec les autres Impurs. Il m'a rendu visite à l'Orphelinat de nombreuses fois mais j'ai refusé de lui ne serait-ce qu'adresser la parole. Un jour, il a arrêté de venir. Je ne m'étais jamais senti aussi seul que quand le directeur de l'Orphelinat m'a annoncé sa mort, fit Gabriel avant de se taire lui aussi.

Il secoua ses cheveux blonds avant de cligner les yeux pour éviter que des larmes ne coulent.

- Donc, on part sur du pathos les cocos ? réagit Jakob en ricanant.

Cissy et Gabriel lui frappèrent chacun une épaule sans se concerter.

- Aieuuuh, J'veux dire : Vous trouvez pas qu'on leur donne assez de plaisir aux téléspectateurs. Ils veulent du spectacle ? Alors on devrait leur en donner le moins possible. Ils n'ont pas le droit de pénétrer notre cœur en plus de saccager nos vies. J'ai pas envie de mourir ici mais la logique veut que nous ayons chacun beaucoup de chance de crever dans d'atroces souffrances. Déjà que ces vautours s'approprient notre mort, pas envie qu'ils fassent pareil de notre vivant. Leur donner du pathos, c'est ça qu'ils veulent. Une histoire tragique. Vous avez pas plutôt envie qu'on fasse un tournois de pierre, feuille, ciseau ?

On pouffa tous mais je vis que plusieurs d'entre nous avaient les yeux qui brillaient dans la nuit. Nous nous endormîmes les uns contres les autres après avoir fait notre tournoi de Chifumi. Meli avait gagné après une finale sans pitié contre Karl. Jakob lui donna un baiser de la victoire sur le front. L'ambiance était bon enfant mais le poids des évènements qu'ils se passaient à Thiercelieux pesaient sur chacun d'entre nous.

Le lendemain, je ne fus pas la première réveillée. Meli suçait son pouce collé à Arthur en regardant le lac. Jakob. Nu. Je fermais les yeux avant de les ouvrir à nouveau. Je ne croyais pas ce que je voyais.

Jakob se lavait complètement nu et on voyait tout. Absolument tout. Je déglutis. Meli n'était pas la seule à mater. Cissy avait la bouche grande ouverte et clignait régulièrement les yeux. Tristan semblait prêt à éclater de rire à tout moment son auriculaire dans la bouche. Mina se mordait les lèvres violement en dévorant le beau brun des yeux. Qu'est-ce qu'il était sexy..

Soudainement, Tristan éclata d'un rire gras avant de se mettre la main devant la bouche, gêné. Il était rouge et regardait Isaak qui émergeait de son sommeil. Jakob en profita pour remettre son sous-vêtement en attendant de sécher.

Le soleil brillait, les oiseaux chantaient et les fleurs s'épanouissaient.

La journée se déroula très rapidement. Arthur ne m'adressa tout d'abord pas la parole mais finit par se rapprocher de moi sans évoquer ma trahison. Je le présentai rapidement Meredith.

J'étais maintenant dans la maison de cette dernière pour la Nuit.

- Quelle heure est-il ? chuchota-t-elle en pénétrant dans sa chambre.

- 22h54.

Elle hocha la tête puis s'installa à côté de moi dans le lit. Je soupirai en pensant à mon frère. Je ne me rendis pas compte mais je m'endormais déjà.

QUE LA CINQUIÈME NUIT COMMENCE :

Le village s'endort.

Les joueurs sont de plus en plus proches. Cela ne peut durer. Nous nous dirigeons vers l'auberge rapidement. Notre crâne nous lance.

La Voyante se réveille.

Nous ne nous pouvons nous empêcher de sourire en l'observant, elle a l'air si fatiguée. Elle n'est pas du tout enchantée d'avoir été infectée. Nous lui tendons la tablette et elle tape rapidement un nom et soupire quand le rôle s'affiche.

- Joueur de flûte.

Elle nous rend ensuite la tablette avant de faire des étirements.

Le joueur de flûte se réveille.

Assis sur une branche, il apporte doucement la flûte à ses lèvres après nous avoir dit le nom de ses charmés. Les joueurs devraient faire attention à lui car il approche de la fin. Il ne reste qu'une Nuit pour qu'il gagne. Nous frissonnons à l'entente de sa musique.

Nous nous dirigeons ensuite vers la clairière.

Les loups se transforment..

La voyante infectée va vers la clairière pour sa première Nuit en tant que prédateur. Sa forme lupine est grasse et noire. Elle est imposante mais pas de la même manière que l'était l'infecte​ père des loups.

Les deux simples loups sont déjà sur place et une petite fille grimpe sur un arbre.

L'ancien enfant sauvage ne bouge pas de sa chambre toujours mal en point.

- Une nouvelle gueule dans le groupe.

- Qui tue-t-on cette Nuit ?

- Une fille.

- Pourquoi donc ?

- J'en ai très envie. En tant que nouveau, j'ai bien le droit de choisir ! N'est-ce pas ?

- Personne n'a une idée de qui peut-être la Soso ?

- Non.

- Non plus.

- Alors va pour une fille mais laquelle ?

- Meli ou Mariane. Celle qu'on chopera en premier.

- Pourquoi pas.

- Adjugé, vendu !

- On va pécho cette Nuit !

Ils hurlent à la lune avant de se diriger vers l'auberge.

La petite fille cachée dans les buissons ne bouge pas. Elle pince ses lèvres.

Il règne cette Nuit une atmosphère calme à Thiercelieux. Les loups ne font aucune victime supplémentaire sur la route vers l'auberge.

Ils trouve une jeune fille assise sur son lit face à une porte grande ouverte. Elle semble les attendre. Elle est lasse de ce jeu.

- Je ne veut plus voir quelqu'un mourir, chuchote-t-elle en parlant à une personne que nous ne voyons pas.

Quand les loups se jettent sur elle, nous sommes déçus. Ce qu'elle a fait s'apparente à un suicide. Ce n'est pas vraiment drôle même si cela rend particulièrement bien à la télévision. Les loups quittent la pièce et redeviennent douloureusement humains.

La sorcière se réveille.

Elle n'est plus dans sa chambre mais au bord de l'eau. Si les loups avaient voulu la tuer, cela aurait été facile.

- Veux-tu utiliser une de tes potions ?

Elle secoue la tête et balance ses pieds dans l'eau.

Nous sommes vraiment déçus de cette Nuit. Elle était placée sous le signe de l'ennui et de la fatigue. Tous les joueurs semblaient dans en état second.

Nous espérons que le prochain Conseil sera mieux.

FIN DE LA CINQUIÈME NUIT !

Voilà le dix-septième chapitre ! J'espère qu'il vous a plu ! Laissez vos remarques/ hypothèse en commentaires ^^

J'avais changé les règles de l'ange car sinon, soit les joueurs n'avaient aucune raison de vouloir sa mort, soit la partie, en cas de victoire de l'ange, ne durait pas assez longtemps pour la télé et le spectacle.
J'ai changé ceux du Jdf afin que si il joue super bien et que tout le monde se retrouve charmé, il ait la possibilité de sauver la dernière charmée ( pour le public ).