Chapitre 4

Willem resta à l'arrière pour mettre les villageois en garde et trouver une solution pour les protéger. Il avait ordonné à ses fils de rentrer. Lyon n'avait qu'une seule préoccupation : Allait-il revoir sa petite maison toujours debout ?

Tenant sa main endolorie, il la fixait se demandant si ça allait créer des cloques et une cicatrice.

— Fais voir !

Adriel lui attrapa la main et la passa en revu à plusieurs reprises. Il sourit et attrapa une motte de neige qu'il étampa sur la blessure de son frère. Pour la première fois depuis que sa main était marquée, il ressentit un sentiment de confort, un soulagement. Les flocons tournoyaient, tout autour d'eux, dessinant des arabesques éphémères dans l'air glacé.

— C'est toi qui fait ça ?

Adriel semblait aussi surpris que son cadet.

— Je ne sais pas, répondit Adriel en fixant les flocons, soudain songeur.

— Comment ça tu ne sais pas ?

Adriel passa une main dans ses cheveux blonds et cessa tout mouvement. Son regard s'accrocha sur une silhouette encapuchonnée plus loin. Il sembla déçu.

— Non, ce n'est pas moi. Je ne suis pas assez fort pour cela. Je crois que la personne là-bas en est la cause.

Lyon pivota la tête dans la direction que son frère pointait et précipita le pas vers cette personne. La neige le ralentissait, son corps amoché de la veille lui faisait terriblement mal, mais l'homme en face devait être un allié, un maître de l'hiver. Il l'espérait. Il s'avança, ses pas craquant sous la neige fraîche alors qu'il tentait d'atteindre la silhouette effacée.

— Monsieur ! On a besoin de votre aide. Une guerre se prépare. Tous les maîtres devraient être au courant.

Les flocons cessèrent de tournoyer. Il se trouvait à présent face à face. Les yeux blancs de l'homme le scrutaient, tel que Lyon avait l'impression qu'il pouvait voir au travers de lui. Ils restèrent silencieux. Et soudain, un souffle de vent glacé s'éleva autour d'eux, faisant frémir chaque arbre. L'homme portait un manteau en fourrure de loup, dont la tête de l'animal lui servait de capuchon. Sa barbe longue et blanche lui servait de coupe froid. L'homme effectua un mouvement pour replacer sa monture sur la naissance de son nez rond.

— Comment le sais-tu ?

Sa voix allait bien à son visage rond, ses yeux rieurs et ses joues mordus par le froid. Lyon sentit une piqûre de curiosité. Qui était cet homme ? L'homme semblait être en phase avec les éléments, comme s'il était à lui seul une extension de l'hiver.

— J'ai vu le grand maréchal, il a évoqué cette guerre.

— Comment t'appelles-tu ?

— Lyon et voici mon frère Adriel, il est un novice de l'hiver.

L'homme haussa des épaules et poursuivit sa route vers la maison de bois brute. Les frères se lancèrent un regard inquisiteur et le suivit du mieux qu'ils le pouvaient. La lumière crue du soleil d'hiver éclairait la silhouette de l'homme qui disparaissait derrière les arbres. Les deux garçons se mirent à courir et le rattrapa. Debout devant leur maison, il fixait le ciel.

— Votre père est là ?

— Il se trouve au village, il devrait arriver d'ici une heure.

Adriel n'avait prononcé aucun mot depuis l'apparition de cet inconnu. Il se contenta d'entré dans la maison. Lyon put entendre sa voix résonner dans toute la maisonnée, avertissant qu'une guerre se préparait.

— Tu es sûr que ce n'est pas toi le fils choisi par le consulat ?

Lyon haussa des épaules. Comment un maladroit raté pourrait devenir apprenti de l'hiver. Il n'était qu'un simple jeune homme qui vivait une vie remplie de mésaventure. Lyon se sentit un peu désemparé en réalisant qu'on lui attribuait une destinée qu'il n'aurait jamais. Depuis sa tendre enfance, il l'aurait aimé. Il rêvait d'aventures et de bravoure, mais la réalité semblait toujours s'acharner contre lui.

— Je ne suis pas destiné à contrôler cet élément.

— Ton frère ne semble pas très avancé pour son âge pourtant.

— Il apprend ! Le consulat dit que c'est une question de temps et que ses pouvoirs devraient être très puissants.

De toutes façons, Adriel est bien loin d'etre un choix valable, mais il aidait. Lyon savait au fond de lui que s'il ne prenait pas les choses en main, personne d'autre ne le ferait à sa place.

— Vous pouvez me rappelez votre nom ?

Lyon savait pertinemment qu'il ne lui avait jamais poser cette question, mais peut-être qu'ainsi espérait-il avoir une réponse.

— Isha, grand maître... en d'autres thermes...

— Le maître des saisons ! Mais je croyais que vous étiez mort. Visiblement non...

L'homme eut un petit rire enfantin et il scruta le bas de la colline. La silhouette de Willem la gravissait. Il sourit et fit un signe de main au maître qui resta un moment médusé, avant de lui envoyer la main.

— Je dois parler seul à seul à ton père. Cour à l'intérieur pour te réchauffer !

Lyon l'écouta, mais ne put retenir sa curiosité et regarda par la fenêtre. Son frère, tout comme lui, si trouvait déjà.

— Pousse un peu la fenêtre pour entendre, idiot ! s'exclama Lyon.

Adriel sursauta et s'exécuta. Lyon se mit à genoux sur le petit lit et colla son oreille sur la fente.

— ... Une guerre avec Étoya. La reine n'aurait jamais ordonné ça ? À moins que...

Adriel tira son frère pour récupérer sa place. Lyon grogna. Il ne percevait que des bruits à présent. La mâchoire serrée il poussa son frère et regagna sa place.

— Lui ! Mais, il n'a pas... enfin, je doute que ce soit le bon. Isha, je reconnais que vous êtes doué pour ça, mais...

La bouilloire commença à siffler dans toute la maison, si fort que Lyon du plaqué ses mains contre ses oreilles. Lorsque sa mère s'occupa de cesser se son atroce, les deux hommes avaient cessé de parler et Willem invitait Isha à entrer.

Le soleil se couchait peu à peu. Il disparaissait derrière la cime des arbres, laissant sa place à la lune. Aucune étoile ne perçait le ciel, le ciel ombragé cachait même de temps en temps la lune, faisant disparaître la seule source de lumière.
Les sièges de la table ronde se trouvaient inoccupés, sauf un qui accueillait un être dépourvu de bonté.
Sa main ganté placée sous son menton et ses yeux perdus dans l'obscurité. La lueur d'un simple chandelier faisait à lui seul l'éclairage de la salle. Asim réfléchissait. Sans maître de l'hiver, y avait-il tout de même un hiver ? L'hiver devait rester à jamais, un seul faux pas et il perdait son pouvoir. Ses ancêtres ne l'accueilleraient pas en héros. Il n'avait qu'à avoir un héritier, mais même lui, un être sans cœur n'abuserait d'une femme inconsciente. Ça ne serait pas drôle, au contraire...

Les portes s'ouvrirent. Des pas rapides se firent attendre derrière lui. Une main froide et délicate se posa sur son épaule.

— Mon amour, j'ai besoin d'un peu de chaleur.

— Pas ce soir. Ce n'est pas le moment.

Isi effectua un rictus qui accentua ses traits sévères. Des traits qui lui retiraient tout son charme, toute sa délicatesse d'autrefois. Une seule personne pouvait anéantir son plan. Il regrettait. Il ne l'avait pas vu être consumé par le feu. Il le ressentait dans ses os. Il était encore en vie.

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