Chapitre 2

Il trainait des pieds. Une traînée rouge le suivait. Il avait mal. Il mourrait.
Lyon poussa la porte, ses jambes ne répondirent plus et il tomba sur le plancher de bois.
Une exclamation se fit entendre. C'était sa mère qui affaler sur le ragoût l'avait abandonné pour réagir. Il fut placer sur un lit et examiner au peigne fin.

— Qu'est-ce que tu as encore fait ? Qu'est-ce que tu as volé ?

— J'ai rien volé cette fois-ci.

Shanna en avait vu de toutes les couleurs avec son cadet, il était donc dur pour elle de le croire. Néanmoins, un cœur de maman valait toutes les douceurs du monde. Elle ne lui posa pas plus de questions et elle récupéra un sceau qu'elle remplit d'eau. Elle y plongea une débarbouillette et épongea les blessures de son fils.

Au même moment, la porte s'ouvrit, laissant entrée une bourrasque glaciale. Deux hommes, deux yétis apparurent dans le cadre de portes. Adriel retira sa tuque et son foulard et Willem imita son fils. Adriel s'approcha du feu et plaça ses paumes face aux flammes orangés. Il grelotait.

— Je ne comprends pas ! Je ne devrais pas tolérer le froid ?

— Tu n'es pas assez à l'écoute de ton élément.

Le vieil homme récupéra à la hâte sa cane et prit place à la table. Il ferma les yeux et inspira.

— Qu'as-tu encore fait Lyon ?

— J'ai provoqué le grand maréchal. Ils m'ont relâché parce que la Reine à perdu son enfant.

— C'est malheureux, mais grâce à cet évènement tu viens de te rallonger la vie. Tu as conscience que lorsque Asim sera Roi, tu seras exécuté sur la place publique ?

Lyon cessa d'écouter et se redressa trop vite. Sa vision se brouilla et son cerveau semblait enfler et devenir trop petit pour sa boîte crânienne. Il grimaça. Sa mère le repoussa sur le lit et déposa une compresse sur son front. Le message ne pouvait pas être plus clair !

— D'après moi, la reine n'est pas prête de le laisser pénétrer dans son intimité.

Lyon ne put que trouver le sort malheureux de la pauvre Isi. Peut-être était telle la cause de cette fausse couche ?

— T'imagines si tu avais fini ton service militaire ! Tu aurais peut-être été le grand maréchal et tu aurais épousé ta belle Isi.

Adriel effectua une flexion du bassin afin de voir son frère. Lyon serra la mâchoire et se retourna.
Il n'arriva pas à percevoir ce qu'il se passait à l'intérieur. Son reflet lui faisait face, il ne voyait que sa personne. Une larme roula sur sa joue et s'écoula dans sa bouche.

— Où es le bois Lyon ? demanda Adriel.

— Je... je, le Grand Maréchal m'a attrapé avant que je n'arrive à la maison.

— Tu rates toujours tout !

Adriel avait raison. Il ratait toujours tout. Il avait été si proche de réussir, proche d'avoir une vie qu'il aurait pu être fier de vivre. Aux côtés d'Isi...
son amour, son soutien, sa muse.
Son cœur s'emporta et il se laissa tomber dans les abysses. Il n'était qu'un bon à rien, un bon à rien, perdu dans les méandres de sa propre désolation.

— Adriel varie tes propos.

Le vieil homme se leva de peine et de misère, appuya tout son poids contre sa canne. Il s'approcha de son cadet et déposa une main réconfortante sur son épaule.

— Il ne me tarde de manger ! Cet odeur est enivrante.

Lyon leva les yeux, étonné par l'interruption soudaine de son père. Il remarqua alors que son père n'avait pas du tout écouté ses lamentations, absorbé par les délices culinaires.
La porte s'ouvrît de nouveau, laissant entrer une bourrasque plus que glaciale. Des gloussements sortirent de la bouche des quatre filles. Ses sœurs étaient arrivées...
habillées de façon extravagante, leur manteau de fourrure recouvrait leurs épaules frêles et leurs bijoux scintillaient à la lumière du feu qui crépitait dans la cheminée.
Lyon étouffa un soupir de frustration en voyant ses sœurs entrer dans la pièce avec leur air hautain habituel. À dire qu'ils venaient de la même famille !

— Nous avons rencontré le capitaine Finns ! s'exclama l'une d'elle.

— Qu'il est bel homme.

Pour une fois Lyon et Adriel partagea un regard complice. Ils ne comprenaient pas. Comment leurs sœurs pouvaient être si superficielles et obsédées par les apparences.

— Vous faisiez quoi proche des quai ? demanda Adriel.

Les sœurs échangèrent un regard complice avant de répondre simultanément.

— Nous voulions voir les navires.

— Dites plutôt que vous vouliez voir le capitaine, souffla Lyon.

Les sœurs rougirent légèrement, mais elles affichèrent un sourire narquois. Willem tapa dans ses mains pour cesser les bavardages et s'approcha du chaudron. Bientôt le reste de la famille l'imita. Ils se rassemblèrent tous autour du chaudron, curieux de savoir ce que Shanna avait préparé cette fois-ci.
Un ragoût bouillonnant, se présentait à eux. Lyon avait faim, mais une part de lui ne voulait pas. Il pensait trop. Finalement, sa main se posa sur la louche et il se remplit un bol. Il contempla le liquide fumant, sentant les vapeurs chaudes caresser son visage. Il prit une cuillerée hésitante et porta le ragoût à sa bouche. Instantanément, un frisson parcourut le corps de Lyon.
Il avait l'impression d'être retombé en enfance.

Asim faisait les cent pas dans la salle du trône. Mains jointes derrière son dos, mâchoire serrée. Il était perdu dans ses pensées, essayant de comprendre ce qui avait pu conduire sa femme à cette fausse couche. Peut-être n'avait il rien à comprendre ? Mais une rage s'emparait de lui. Cela le rallongerai d'un an dans son accession au trône. Il se sentait trahi et impuissant, ses yeux fixés sur les portes fermées qui séparaient la salle du trône et la salle où dînait sa femme.
Il avait la certitude que sa femme avait quelque chose à cacher, quelque chose de plus sombre et sinistre. Elle ne voulait dans aucun cas qu'il devienne roi.

Il grogna et poussa les portes le menant dans la salle à manger. Sa femme se leva précipitamment de sa chaise, surprise par son entrée soudaine. Son regard était froid et distant, révélant sa colère. Il sentait son propre cœur se liquéfier alors qu'il s'avançait vers elle, ses pas résonnant dans la pièce.

— C'est quoi ce regard, Isi ? hurla-t-il d'une voix chargée d'émotions.

Les mains de la reine serrèrent davantage le dossier de la chaise. À pas de loup, tel un prédateur, Asim approcha de la table. Ses poings viennent la frapper.

— Je ressens une certaine colère en vous.

Ses yeux de lynx se posèrent sur sa femme et il grogna.

— Comment ce fait-il que vous ayez perdu cet enfant ?

— Cela arrive parfois. Je crois même que c'est une bonne chose, vous ne méritez pas le trône de mon père.

Asim fit glisser les couverts sur le sol. Ceux-ci se fracassèrent dans un boucan assourdissant.

— Vous pensez toujours à ce Lyon, avouez-le !

— Il est vrai que c'est un très bon ami.

— Mise à part voler dans nos cuisines, mettre la pagaille en ville que fait-il de mieux que moi ?

— Il a un cœur, voilà la différence.

Isi s'approcha d'Asim et plongea ses yeux dans les siens.

— Ne pensez plus une seconde que je vais vous laisser entrer dans mon intimité une seconde fois. Je resterai jusqu'à ma mort la reine d'Hivena.

Sur ces mots, elle quitta la pièce, claquant les portes derrière elle. Asim serra les poings. Une mort pouvait vite arriver.

Ce n'est qu'une fois que le château n'est éteint sa dernière bougie qu'Asim s'empara d'un poignard. Il pénétra dans la chambre enveloppé dans une nuit sombre. Seul un rayon de lune arrivait à percer cette obscurité, éclairant le doux visage de la reine. À pas feutré, il avança sur le bord du lit, près à enfoncer la pointe de son arme dans le cœur de sa femme. Il se rétracta. Quel gaspillage !
Il soupira et sortit de la chambre. Cela ne lui ressemblait pas.
Une illumination lui venu, il savait pertinemment comment combler son désir.

Il descendit de son étalon noir, ramena sa cape en fourrure de grizzly sur ses épaules. La cabane brute se trouvait là, devant lui, dans l'obscurité de la forêt.
Une légère lumière émanait des fenêtres et du dessous de la porte.
Asim passa une main dans ses cheveux nuit et frappa.
Une voix tonitruante et cassée se fit entendre de l'autre côté. Puis ses oreilles perçu de léger cliquetis, signifiant que les verrous s'ouvraient.

La porte s'ouvrît dans un grincement si fort, qu'elle donnait l'impression qu'elle ne s'était pas ouvrit depuis des siècles.

Une femme se présenta à lui. Une femme aigrie et maigrichonne. Une femme qui ne s'occupait pas de son appearance depuis plusieurs années.

— Grand maréchal, que me vaux votre visite.

Une voix grasse sortie d'entre ses lèvres. Le grand maréchal fronça les sourcils et entra dans la cabane sans recevoir l'autorisation.

— Êtes-vous bien la femme que je recherche ? Je cherche une prénommé Cheyanne, une sorcière.

Il sortit sa bourse de ses poches et la jeta sur la table.

— Il y a à l'intérieur suffisamment d'argent pour que vous viviez cinq ans sans avoir besoin de travailler. Mais, si vous en souhaitez plus, je peux toujours accéder au coffre de la couronne.

— Qu'avez-vous besoin, ô grand maréchal ?

Un sourire apparut sur les lèvres d'Asim. Il savait pertinemment ce qu'il souhaitait. Il se réjouissait déjà de l'influence qu'il aurait sur le royaume.

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