Chapitre 3
Je fut comme pétrifié, je croisa le regard de la personne pour laquelle je n'aurait voulu pour rien au monde revoir ses yeux marrons noisettes empli de viscosité. Au contact des miens, ses yeux se plissèrent comme un prédateur ayant repéré sa proie et un sourire sadique je dessina sur son visage.
Angel me secoua le bras, apparemment, j'avais loupé la question d'un de mes camarades. Elle remarqua que j'étais vraiment perturbé par quelques chose et elle se mit à scruter l'endroit que je fixais à l'instant. Elle comprit tout de suite et elle me tourna la tête vers mon assiette de ses deux mains. J'étais dans une sorte d'état de choc, mes mains tremblaient et je fixais mon assiette avec une inquiétude lisible dans les yeux. Coralie brisa le silence:
- Ça va Alice ? (Coralie)
Je hochais légèrement la tête, pas très convaincu moi-même.
- Laisse Coralie, c'est une trop longue histoire. (Angel)
Nicolas, qui était en face d'Aimeryck, qui lui même était à coté d'Angel, qui était à coté de moi, regarda part dessus l'épaule de ma sœur afin d'essayer de comprendre pourquoi j'étais dans cet état. Il remarqua un garçon qui jetait des regards insistants dans notre direction, un gars légèrement bronzé aux cheveux blond foncé coupés en brosse, les yeux noisettes et un sourire arrogant sur le visage. Il renchérit:
-C'est à cause de Maxenss ? (Nicolas)
À l'entente de ce prénom, je me rembrunit. Angel lui jeta un regard plus noir que la mort.
- Oui....A cause de Maxenss... (Angel)
La voix de ma sœur sifflait comme celle d'un serpent dès qu'elle prononçait ce prénom. Afin de rassurer mes camarades, je reprit mes esprits et commença d'une voix plus tremblante qu'à l'habituelle :
- De-de toute façon, c'est de l'histoire ancienne, et puis j-je vais pas me laisser ab- ^^'
Une main claqua sur la table, c'était Maxenss avec son air narquois. Après quelques secondes, je commençais à manquer d'air, et je me rendit compte que je n'avait pas respiré depuis que la main avait claquée, mon corps dérailla et je me mit à avoir d'un coup chaud et moins de 3 secondes après je me serais cru au pôle nord.
-Salut, salut les blancs-becs. Alors comme ça on me prévient pas que la magnifique et populaire Angel Ruewen à retrouvé son très cher et tiiiiimide frère Alice. (Maxenss)
On avait bien entendu qu'il avait insisté à la prononciation de mon prénom, comme si il était une insulte, remarque, un garçon qui s'appelle Alice, ça peut être considéré comme une insulte. Quant à moi, mes tremblements devinrent rapidement légèrement inquiétants. Angel coupa la parole de Maxenss alors qu'il allait de nouveau envoyer une pique.
- C'est bon Maxenss, ferme-la maintenant. T'as fait ton petit sketch, t'es content ? Maintenant fiche nous la paix avant que je m'énerve. (Angel)
J'avais oublié qu'Angel s'énervait facilement, surtout quand il s'agissait de Maxenss.
- T'as dit quoi la blanc-bec ?! (Maxenss)
Maxenss avança le bras pour prendre ma sœur par le col. Soudainement, Coralie se leva, sa carrure extrêmement athlétique imposa le retrait de son geste à Maxenss. C'est vrai, durant le chemin vers le bâtiment qui abritait le restaurant scolaire, Angel m'avait présenté ses amis et avait expliqué que si Coralie était dans ce lycée, ce n'était pas grâce à ses notes mais grâce à son excellence dans les arts martiaux. Le lycée avait une structure spécialisée pour les futurs champions sportifs et apparemment, Coralie serait une étoile montante en karaté.
-T'allais faire quoi à l'instant, beurette ? (Coralie)
Avec une expression de dégoût et de frustration, Maxenss tourna les talons, non sans pester au passage. Marie jeta un œil de mon coté.
- ALICE ?! (Marie)
J'avais un peu de mal à respirer et apparemment, ça se voyait sur mon visage. Mes tremblements n'avaient pas cessés. Et merde, il fallait que je fasse une crise dès mon premier jour.
Angel me prit la tête entre ses mains et me fixa droit dans les yeux, elle resta ainsi, sans parler jusqu'à ce que mon rythme cardiaque se soit stabilisé et que mes mains eurent cessées de trembler. En effet, quand j'avais ce genre de crise pas trop grave, il fallait que je me fixe un point et que je me concentre dessus en m'intimant de me calmer. Là, je n'avait pas les idées assez claires pour me fixer ce genre de chose moi même, et dans ce cas c'était Angel qui le faisait. Sinon, il fallait que je me déplace dans une pièce, seul, pour me calmer. (Et éviter de mourir d'asphyxie au passage)
Nicolas prit la parole, sa tête montrait une inquiétude pure.
- Ç-ça t'arrive souvent ce genre de chose ? (Nicolas)
Je lui répondit, un peu essoufflé.
- Seulement dans les endroits trop bondés, dans une période de stress, ou des chocs émotionnels... Ah, et aussi quand des inconnus me parlent....ou...se montrent intimidants. (Moi)
Personne ne parla tous le reste du repas et ne posa aucune question lorsque je prit mes médicaments pour mon stress.
Nous sortîmes, sans un mot. Je voyais bien que mes camarades étaient plus qu'inquiets. Évidemment, la scène que Maxenss avait fait dans la cantine avait attiré l'attention de 45% du réfectoire et beaucoup d'élèves se retournaient sur notre chemin et nous lançaient des regards....pas du tout agréables... Je serrais le bas de ma chemise tellement fort que je laissais des plis, ma jumelle sortit de son sac de cours une balle anti-stress qu'elle garde tout le temps sur elle, principalement à cause de moi mais aussi parce qu'on avait acheté la même chacun durant des vacances d'hiver quand on était petits.
Je la prit avec un hochement de tête en guise de remerciement et je malmenai la boule de fourrure bleue si bien que mon expression faciale se détendit, elle qui était super crispée à cause de Maxenss.
- Et si on s'asseyait quelque part pour discuter... (Aimeryck)
Sa voix était pleine de sous-entendus et d'après les regards que se lançaient mutuellement mes camarades, il devaient sûrement attendre des explications.
- Trouvons un coin dans l'herbe de libre. (Marie)
Une fois assis à l'ombre d'un charmant saule pleureur, tous les yeux se tournèrent vers moi. Je rendit la boule de fourrure à Angel et respira un grand coup. Je pris une voix assurée et commença.
- Que voulez-vous savoir ? (Moi)
- Tout (Everyone)
Je soupirais légèrement et entamais mon récit.
- Ça a commencé au collège, en fin de 5 ème. Maxenss était dans le même collège que nous. J'étais déjà très timide, je parlais peu, j'avais déja un corps un peu efféminé et j'avais de bonnes notes.... Sauf à l'oral... J'avais pas mal d'amis, pour les filles, j'étais un peu le pote de tout le monde, à qui on se confie. Maxenss était jaloux parce que la fille qu'il aimait me parlait beaucoup et me confiait beaucoup de choses....Parfois très personnelles.... Bref, avec ses amis et d'autres garçons qui ne m'appréciaient pas, il avait créer des groupes Facebook et tout... C'est partit très loin, Ils me suivaient, me lançaient toutes sortes de déchets. Pour ne pas éveiller les soupçons, je souriais tout le temps... Ç-ça fait bizarre d'en parler.....
Un blanc s'était installé, comme si tout le monde avalait la pilule, même Angel. Je savais qu'elle se doutait de quelque chose à propos de Maxenss mais elle ne devait pas s'imaginer ce genre de chose.
Je reprit.
- M-mais ça c'était pas le pire. Un jour, Maxenss m'a suivi... jusqu'à... mes activités sportives.... Il a prit une photo, et l'a postée sur les réseaux sociaux avec des insultes. Il a propagé des rumeurs avec des théories liant mon physique et mes activités, qui ne sont pas communes. Disant même que j'étais une fille transgenre... Ou homosexuel. On m'a traité, avec des insultes homophobes et discriminatoires. Un jour... I-ils sont venus à plusieurs...et...
J'avais du mal à terminer ma phrase. Ma sœur était au bord de la syncope et les autres me regardaient avec compassion.
- T'as pas besoin de terminer, on a compris (Marie)
J'articula faiblement un "merci". Coralie renchéri sans aucun tact.
- C'est quoi comme sport, pour que ce soit pas commun ?
Un silence traversa notre groupe, certains regardaient Coralie avec un air noir, d'autre me regardaient, par curiosité.
- D-de la danse...........classique.......
Mes camarades m'observaient avec des yeux de merlans frits. Aimeryck demanda aux autres.
- J'ai bien entendu ?
Nicolas hocha la tête. Après l'état de choc, je vis leurs visages s'illuminer, à ma grande incompréhension.
- Mais c'est génial ?! (Marie)
- Tu vois quand je te dis que le cacher ne sert à rien... (Angel)
- Tu nous apprendras ? (Aimeryck)
Nos regards se tournèrent vers lui, avec cette même expression d'étonnement. Puis nous explosâmes de rire.
- Bin quoi ?! (Aimeryck)
Nous reprirent de plus belle, emportant Aimeryck au passage. Au bout de quelques minutes, le calme revint. Nous essuyâmes les dernières larmes de rire. Et Coralie entama la discussion.
- En tout cas, que tu nous confie tous ça, ça fait vachement plaisir ! On devraient faire ça plus souvent, non ? Après tous, c'est ce que font les amis (Coralie)
Je la regardais, surpris par ses propos.
- A-Amis ? (Moi)
- Bin oui ! (Everyone)
Amis... Ça fait longtemps que j'avais entendu ce mot. Et en toute honnêteté, ça me fait chaud au cœur... Un sourire rempli de joie se dessina sur mon visage. Ça fait du bien d'avoir enfin de vrais amis....
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