Chapitre 1


Ok, ok, ok... Il fallait réellement que je me calme. Bien que je fut dans un bus pratiquement vide, l'idée que dans 5 minutes j'allait me retrouver dans un tout nouveau lycée, en plein milieu de l'année, avec quasiment un post-it fluo avec écrit "NOUVEAU" dessus, collé sur le front, ne m'enchantais pas-du-tout...

Nerveux, je replaçai mon écouteur qui était tombé de mon oreille, rajustai mes lunettes sur mon nez et changeai la page de mon livre.

Voilà à quoi se résumait mon éternel quotidien, je changeais de page et de livre en rajustant mes foutues lunettes.

Mon pied tapait contre le sol du bus à une vitesse effrénée....J'étais de type hypernerveux...non, plutôt hypertimide...j'avais un traitement pour ça et en plus c'était vraiment handicapant...Pour visualiser à quel point je ne pouvais pas fixer quelqu'un dans les yeux 5 secondes, une fois un homme dans la rue m'a juste demandé l'heure. Résultat , j'ai fait tomber mon livre et je ne pouvait même pas lui répondre tellement je n'arrivait pas à aligner deux mots... Au final il m'avait pris pour un bègue et a continué son chemin... non sans me lancer ce genre de regard mi-pitié mi-compassion...

« Hé, p'tit gars, c'est ici que tu descends. », déclara le chauffeur.

Le bus était en effet arrêté et je me rendis compte un peu trop tard que j'étais arrivé. J'essayai tant bien que mal de rassembler mon livre, mon portable et mon sac puis je sortit tellement vite que je faillit m'écraser la face au sol. J'entendis le chauffeur pouffer de rire.

Je traversai ainsi les quelques cents mètres qui séparaient la frontière de la ville et la longue allée menant vers le bâtiment principal de l'école. Arrivé devant le grand et imposant portail fermant l'enceinte scolaire, et d'où pendait une banderole blanche avec écrit dessus « Welcome to Excalyn-High », je me dirigeai dans un coin en espérant que personne ne m'eut remarqué.

Évidemment, pas mal de monde m'avait vu, et chuchotait de la manière la moins discrète au monde tout en me lançant des regards furtifs pas du tout furtifs en ma direction.

Gêné par ces messes basses, j'ouvris de nouveau mon livre afin d'oublier ces regards pesants. Le portail ne s'ouvrit pas aussi rapidement que je l'avais espéré.

En entrant, je daignai enfin regarder les gens autour de moi. J'étais le seul sans avoir passé mon uniforme. Un pantalon tout en sobriété avec une chemise blanche ainsi qu'une paire de basket sans aucun motif. Je me sentais tout de même ridicule face aux uniformes d'été qu'arboraient les élèves de ce lycée réputé. Les garçons portaient une chemise blanche avec un col relevé et droit, en guise de cravate, un très long ruban noir tenu à la base du cou par une une broche ornée de l'emblème du lycée, un veston violet cendré ouvert pour certains, fermé pour la plupart, un pantalon droit noir ainsi que des chaussures cirées de la même couleur... Pour les filles, c'était le même haut. Quoique, le veston avait une forme différente et était tout le temps fermé... Le bas était soit constitué d'une jupe, soit du même pantalon que les garçons. Elles devaient avoir le choix... Celles en jupe portaient des mocassins cirés, ainsi que des chaussettes hautes de la même couleur que le veston. Ça donnait une éthique noble à l'établissement.
Je me sentais déjà mal à l'aise.

J'arrivai après quelques minutes de marches devant un énorme bâtiment de la taille d'un manoir. L'édifice se dressant devant moi était tellement imposant qu'il me faisait presque peur.

Une fois la porte passée se dressait un gigantesque escalier central. Le tout faisait un peu vieille école, mais l'ensemble était saisissant. Je fut tiré de ma contemplation par une grande femme en tailleur qui me fixai depuis quelques minutes. D'une voix qui passa part dessus le brouhaha des élèves, elle dis.

« Vous devez être Alice Ruewen, heureuse de vous rencontrer...Madame Pisces, gouvernante générale. », se présenta-t' elle.

Elle me serra la main et, dissimulant ma gêne, je lui répondis avec une certaine assurance, dont je fus assez fier.

« B-Bonjour, je suis de même...Enchanté de vous rencontrer. »

Elle eût comme un léger mouvement de recul, causé par sa surprise. Puis elle reprît.

« Je m'excuse, je vous avais pris pour une étudiante. C'est assez...Original...Votre prénom. »

Mes joues s'empourprèrent doucement.  Me tournant le dos, la gouvernante me fis signe de la suivre, j'obtempérai. Nous arrivâmes dans ce qui me semblait être un petit vestiaire. Elle me tendit un uniforme qu'elle venait de prendre sur un meuble non loin de là. Je me changeai rapidement une fois seul, puis je m'assis sur le banc, ressentant l'envie de réfléchir... Je ne savais pas ce que je faisais ici. Il fallait être un surdoué ou alors venir d'une famille plutôt aisée...Je me sentais de moins en moins à ma place. C'était le proviseur qui avait envoyé une lettre à mes parents afin de m'inviter à étudier ici. Avançant des qualités dont moi même j'ignorai l'existence et le fait qu'il me proposait des cours spécifiques à mes caractéristiques intellectuelles avec des professeurs particuliers. Je n'avais pas de « talent ». Je lisais juste tout et n'importe quoi, passant du conte pour enfants à des livres très complexes qui ennuieraient probablement la plupart des jeunes de mon âge. C'étaient uniquement des connaissances acquises par simple passion.... Ah, j'étais aussi polyglotte. Ma grand-mère était russe, Mamie Djanov'. C'est avec elle que j'ai appris sa langue, et puis mon père parlait français et ma mère le chinois. Dès l'âge de quatre ans je savais parler ces trois langues plus l'anglais, ma langue natale.Et depuis développé une certaine facilite dans l'apprentissage linguistique. Certes, il fallait les travailler mais c'était vraiment plus simple au bout de quelques cours.

J'entendis toquer à la porte. Rapidement, je sortis, gêné d'avoir mis autant de temps.

« Il vous sied à merveille, et c'est tant mieux. »

Nous nous longeâmes les longs couloirs vides du « manoir », ensuite, nous nous dirigeâmes en dehors du bâtiment, nous arpentâmes un sentier de graviers fins, puis rentrâmes à nouveau dans un autre bâtiment. J'eut le temps de parler un peu avec la gouvernante.

"Ce...Ça fait longtemps que vous travaillez ici ?, la questionnai-je.

- Non, pas tellement, six ans tout aux plus. , répondit-elle d'abord surprise puis plus détendue.

- Combien y a-t' il d'élèves ici ?

- Je dirais mille six cents, en comptant les externes., déclarât-elle. Pourquoi êtes-vous venu ici, Monsieur Ruewen ?

- Je... Je ne sais pas du tout. Je ne suis pas "spécial".

- Qu'entendez-vous par "spécial" ?

- Et bien... Je ne vois pas vraiment un quelconque "talent" ou une quelconque "capacité" qui pourrait...m-me valoir une place dans ce genre d'établissement.

- Vous devez bien occuper vos journées à quelque chose, non ?

- Je lis, principalement... Et sinon je discute avec m-ma famille... Rien de spécial vous voyez.

- Vous discutez avec votre famille ?

- Oui, avec ma grand-mère russe, mon père qui aime parler français, et ma mère qui exerce son mandarin.

- En somme vous êtes polyglotte. Combien de langues parlez vous ?

- Je ne sais pas.... Je parle l'anglais, le russe, le chinois, le français, l'espagnol, l'allemand et le grec. Et je fais du latin aussi, mais c'est une langue morte, que je ne maîtrise pas assez bien. M-Mais c'est plutôt commun d'être polyglotte...

- Pas vraiment, c'est même plutôt rare. Les médias et les films en parlent juste beaucoup.

- N'empêche que je n'ai pas demandé à être "spécial"..., grommelai-je un peu.

- Le fait d'être spécial en soi n'est pas réellement important. Ce qui est important, c'est de mettre à profit ce "spécial" afin d'aider ses proches, des inconnus, ses amis ou la société."

Et c'est sur ces mots que je fus laissé pour compte en face d'une porte en bois représentant l'entrée de ma salle de classe. J'appréhendais ce moment où je rencontrerai celle-ci. J'ai ouïe dire qu'elle n'était réunie que pour les matières principales, les élèves allants à leurs cours approfondis avec leurs professeurs particuliers la plupart du temps. Apparemment, ce moment était...bien trop proche.
Soudainement, la porte s'ouvrit et je découvris un grand homme, possédant des yeux bleus et une houppette qui rappelait légèrement celle de Tintin. Il m'intima d'entrer et je m'exécutai. Je m'arrêtai devant le tableau et attendis, fixant le sol de mes yeux verts émeraude derrière mes verres rectangulaires. Le professeur prit la parole à l'intention de la classe:

"Comme vous devez le savoir, aujourd'hui, nous accueillons un nouvel élève., il s'adressa ensuite à moi; Je suis Monsieur Jourdain, ton professeur principal. Bienvenue dans la Classe de troisième année extra-linguistique A-L."

Mon regard se déplaça vers l'assistance, déjà que le nom de la classe à laquelle j'étais assigné m'avait fait cramé le cerveau, les gens en face de moi me regardaient avec des yeux de merlan fris.... Je n'étais pas à l'aise, vraiment pas à l'aise. Et je commençai légèrement à paniquer. Une voix dans le fond de la salle murmura assez fort pour que tout le monde entende.

"Il est muet ou quoi, le nouveau ?"

Et à ce moment-ci, plusieurs messes basses furent clairement audibles.

- Tu crois qu'il fait quelles options ?

- T'as vu comment il est fin et petit ? On dirait une fille.

- Si ça se trouve, c'est un trans'.

- Taisez-vous, il va vous entendre.

- On s'en fout, par contre il a l'air trop bizarre..."

La main du professeur claqua sur son bureau de bois brut et immédiatement le silence se fit.

"Présente-toi s'il te plait; me déclara-t'il.

J'ouvris la bouche, puis la refermai... Je devais parler ? Là ? Tout de suite ? Maintenant ? Devant tout le monde. Mon cœur battait beaucoup trop vite et ma respiration s'était un peu accélérée. Je déglutit longuement puis articulai.

"B-bonjour... J-je suis Alice R-Ruewen...En-enchanté...

- C'est pas un muet, c'est un bègue..."

Quelques uns gloussèrent à cette remarque. Mais un détail dans la salle attira mon attention. Une fille juste après ma présentation avait tourné vivement la tête vers moi. Et après un court temps de réflexion, certains regards s'étaient dirigés d'elle à moi et de moi à elle. J'eus à peine le temps de reconnaître ces yeux bleus caraïbes qu'elle se leva brusquement, manquant de faire tomber sa chaise, et s'exclamai.

"AL' ?!"

Et c'est à ce moment que mon cerveau se remit à marcher, et que j'affichai des grands yeux ronds à la vue de cette fille que je ne connaissais que trop bien.

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