Recroquevillé sur mon matelas, j'essaye de trouver un peu de chaleur. J'ai froid et j'ai mal partout. Le maître m'a fait danser toute la journée. Il ne m'a pas donné à manger parce que je me suis trompé. Il a fini par me jeter sur le matelas là où je dors dans ma chambre. Mon maître dit que c'est une cellule.

J'essaye de dormir, mais j'entends des voix non loin de moi, des cris aussi. Je crois que c'est mon maître qui parle, qui rit et une autre voix. Je ne connais pas l'autre voix qui crie aussi, il a mal.

Je relève la tête parce qu'on m'appelle. Un monsieur est attaché au mur. Le maître a dû le punir comme moi des fois quand je fais une grosse bêtise. Le monsieur a dû faire une grosse bêtise.

Le monsieur me demande mon nom, alors je lui dis et mon âge.

J'ai 10 ans ? ! Je crois ! Je ne sais plus.

...

J'aime bien Magnus. Il est gentil et ça fait plusieurs jours qu'on discute le soir. C'est un sorcier et j'aime ses yeux de chat. Ils sont beaux. Mais il est toujours dans les nuages. J'essaye depuis tout à l'heure de l'appeler, mais il ne me répond pas !

— Magnus ? Magnus, tu m'écoutes ?

— Oui Alec, excuse-moi, répète s'il te plaît ? demande Magnus, souriant en me regardant.

— Tu étais encore dans les nuages ? demandais-je en ricanant.

— Alors... Que veux-tu me dire Alec ? questionne-t-il.

Prenant mon courage à deux mains, je lui demande ce que je souhaite après avoir soufflé un grand coup.

— Heu... ben, je voulais... Tu veux... Tu veux être mon ami ?

Je suis arrivé à lui demander. Je sens la chaleur me monter aux joues en attendant sa réponse... qui ne vient pas.

Pourquoi j'ai demandé ça ? Il ne voudra jamais... C'est sûr ! Je le sais pourtant que je ne peux pas avoir d'ami, personne ne veut de moi. Jamais personne ne voudra de moi. Je commence à pleurer parce qu'il ne répond pas, il ne dit rien.

Je lui dis quand même que ce n'est pas grave s'il ne veut pas être mon ami. Je ne lui en veux pas, je le comprends. Mais, je ne peux pas m'empêcher d'être triste.

— Alec ! Non, ne pleure pas mon ange... Je veux être ton ami. Bien sûr que je veux être ton ami, entendis-je alors que j'allais me recoucher sur mon matelas.

Vraiment ? Il a dit oui ? J'ai bien entendu ?

Je me calme, parce qu'il me demande de ne pas pleurer. Je lui redemande quand même, on ne sait jamais s'il a changé d'avis. Mais non ! Il me dit oui qu'il est mon ami.

Je me recouche sur mon matelas. Je suis fatigué, je m'endors facilement. Je suis tellement content, j'ai enfin un ami.

...

— Maître, pourquoi je dors ici ?

Je lui demande, assis sur le bord de mon nouveau lit, dans une pièce que je n'ai jamais vue.

— Tu ne verras plus ton ami ! Tu n'iras plus dans cette cellule, rit-il avant de continuer en me hurlant dessus. Tu crois que je ne sais pas que tu parles à Magnus. Tu crois que je ne te surveille pas quand tu es en bas avec lui ? Tu me prends pour un con ?

Je ne verrai plus mon ami ? Pourquoi ? J'ai envie de pleurer, parce que je vais être seul encore.

— De toute façon, ton soi-disant ami s'est échappé, il t'a laissé, il n'en a rien à faire de toi ! Il s'est enfui... Sans toi ! cri mon maître alors qui s'en va en claquant la porte.

Je m'essuie les joues tandis que je me couche dans mon nouveau lit. Sanglotant, seul, j'ai froid, même sous les couvertures, j'ai froid. Je suis de nouveau seul, c'était trop beau. Il est parti, il m'a laissé seul. Il m'a abandonné.