Chapitre 3

Charlie avait perdu la notion du temps, enfermée dans le coffre de cette voiture, repliée sur elle-même dans une position foetale. D'abord elle avait hurlé, cognant contre l'habitacle, en vain, puis elle avait pleuré, longuement. À présent, elle était vidée de toute énergie, épuisée par la randonnée, sa chute, ses blessures. Son âme était meurtrie après avoir vu son village pris dans les flammes et entendu les hurlements de ses habitants. Ils se connaissaient tous. Étaient-ils morts par sa faute ? Parce qu'elle était représentée sur une photo avec Louis, Thomas, Victor, et bien d'autres ? Parce qu'elle était amie avec un membre de la Résistance ?

Soudain, elle entendit des mouvements à l'extérieur. Elle se rendit alors compte que le moteur ne tournait plus. C'est alors que le coffre s'ouvrit et Charlie eut aussitôt un maigre mouvement de recul compte-tenu du peu de place dont elle disposait. Elle sentit des mains puissantes la saisir et la sortir de là, sans douceur, lui arrachant un cri. La douleur dans son épaule venait de se réveiller.

— Ces humains sont tellement fragiles.

— Alors pourquoi tu ne l'as pas tuée ?

Charlie reconnaissait la voix de Rolf, celui qui l'avait emmenée de force... Où était-elle d'ailleurs ? Ses pensées étaient floues tout comme sa vision. Il y avait des lumières partout, seulement, avec la douleur et la fatigue, elle avait l'esprit embrumé. Installée sur l'épaule du loup, elle voyait la voiture s'éloigner.

— Parce qu'elle a un lien avec la résistance, même si elle n'en fait apparemment pas partie. Elle pourra nous être utile.

Charlie commençait à y voir de plus en plus clair. Elle commença à se tortiller sur l'épaule de Rolf, mais sentit aussitôt ses mains raffermir leur prise sur son corps, l'empêchant de bouger davantage. Où allaient-ils ? Du mieux qu'elle put, la jeune femme tenta de se redresser pour voir ce lieu vers lequel ils se dirigeraient et elle vit aussitôt qu'il s'agissait d'un hôpital.

Les portes automatiques s'ouvrirent sur leur passage. Il n'y avait pas grand monde compte tenu de l'heure, surement tôt le matin puisque le ciel était moins obscur, le soleil devait déjà amorcer sa lente ascension. Et puis, avec la situation politique, les frais médicaux pour les humains étaient devenus payants, onéreux, beaucoup se soignaient chez eux, du mieux qu'ils le pouvaient, grâce au marché noir ou aux médecines parallèles. Charlie se souvenait encore du lourd traitement qu'aurait dû prendre son père. Peut-être aurait-il pu survivre s'il n'y avait pas eu tout ça.

Charlie sentit une vague de colère et d'indignation lui redonner un peu de force et elle s'agita plus encore sur l'épaule du lycan, le sommant de la relâcher tout en tentant du lui asséner des coups de pieds.

— Quand même, elle a l'air plutôt résistante. Cela risque d'être finalement plus intéressant.

Soudain, Charlie persut une sorte de grognement.

— Je te conseille de ne pas trop l'approcher, Herulf. Je m'occuperai personnellement de son cas.

Charlie vit avec étonnement l'autre homme ralentir le pas et regarder le sol.

— Pardonne-moi, Rolf.

Il semblait tellement vulnérable et soumis à cet instant. Charlie était stupéfaite face à un tel comportement, tant bien qu'elle arrêta un instant de se débattre. Rolf en profita pour pénétrer dans une petite salle et la déposer sans ménagement sur le lit, lui arrachant un cri de douleur.

— Vous allez la soigner, dit-il en s'adressant à un médecin qui venait de pénétrer dans les lieux.

Il tremblait comme une feuille et Charlie aurait sûrement agi pareil face à cette voix agressive et froide. Il hocha la tête en signe de consentement tout en s'approchant. Mais Charlie ne voulait pas. Elle ne comptait pas se laisser faire, même si c'était pour son bien.

Le pauvre médecin tenta bien de l'ausculter, elle agita son bras et sa jambe valide pour l'en empêcher. Il jeta un regard inquiet au loup avant de se diriger vers une petite armoire et d'en sortir un petit flacon et une aiguille.

Aussitôt, Charlie sentit toute couleur quitter son visage.

— Non ! Je ne veux pas.

Elle se débattait, elle ne voulait pas de cette injection qui devait être un calmant. Elle s'agita plus encore. Rolf la prit par les épaules, appuyant même sur celle qui était démise. La jeune femme hurla et sa vision se troubla l'espace d'un instant, laissant le champ libre au médecin. Elle sentit à peine l'aiguille pénétrer sa peau. Le calmant parcourut ses veines, détendant aussitôt ses muscles et la plongeant très rapidement dans un état léthargique. Cumulé à la fatigue, la jeune femme sombra un sommeil profond.

*.*.*.*.*.*.*.*

Trop de bruit. Charlie se sentit froncer les sourcils tandis qu'elle papillonnait des yeux, émergeant lentement. En voulant se redresser, elle rencontra de la difficulté. Quelque chose n'allait pas. Elle ressentait une gêne dans son bras, sa main. 

Les sons devenaient plus net, tout comme sa vision et ses souvenirs. Étouffant un cri d'horreur, Charlie se redressa du mieux qu'elle put. Elle était dans ce qui semblait être une immense maison, luxueuse à voir le marbre blanc sur lequel elle reposait. L'une de ses mains était menottée au pied d'un immense bureau, de style ancien, situé dans une pièce baignée de lumière grâce aux immenses baies vitrées. Elle était au rez-de-chaussée apparemment, elle pouvait voir un jardin bien entretenu juste après une petite terrasse.

Où pouvait-elle bien se trouver ?

Charlie sursauta lorsque la double porte de la pièce s'ouvrit, laissant entrée Rolf, qui était de toute évidence son geôlier.

— Bien dormi ? demanda-t'il d'un air narquois.

Charlie se contenta de serrer les dents en le regardant avec tout le dégout dont elle était capable, provoquant l'hilarité du loup.

— Tout doux. Regarde, on t'a soigné !

— Et c'est sensé me consoler après ce que vous avez fait ? S'écrit-elle, les yeux brillants de colère.

C'est alors qu'elle remarqua son état. Sa jambe droite était maintenue dans une attelle, pour maintenir son genou en place, typique lors d'une entorse à cette articulation, tandis que son bras gauche était maintenu contre son torse.

— Tu en as pour trois bonnes semaines d'après les médecins. Tu ne pourras pas aller très loin dans cet état, une aubaine pour nous.

— Alors pourquoi m'avoir passé les menottes ?

— Question de prudence. Tu nous as montré que tu avais de la ressource, petit agneau.

Charlie frissonna. Le fait qu'il l'appelle petit agneau lui glaçait le sang. Le loup dévorant l'agneau au bord du ruisseau lui vint en tête. Son regard était ancré dans le sien,

— Rolf !

L'attention du loup fut détourné par un homme et Charlie sentit alors l'oppression qui pesait sur elle disparaitre et elle prit une grande inspiration. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle s'était arrêtée de respirer.

— Sofia a reçu un message. Il arrive demain.

Rolf grogna légèrement à l'annonce de cette nouvelle.

— Toujours fidèle, murmura-t'il, le regard pensif et rivé sur le sol.

Charlie fronça les sourcils en se demandant ce que tout cela signifiait tout en détaillant le nouvel arrivant. C'était un homme assez imposant, mais moins que Rolf, brun, aux yeux d'un bleu électrique hypnotisant. Il roulait les r avec gourmandise. Russe ? Ou peu-être Ukrainien ? Il tenait une petite boite entre les mains.

— Fais en sorte qu'elle ne mette pas le nez dans nos affaires.

— Bien.

— Et garde-la à l'oeil.

— Tu as peur qu'elle fasse quelque chose ?

Rolf fit un bruit de bouche en soulevant le coin de sa lèvre, exprimant son agacement.

— Non, elle est sous mes ordres, mais elle appartient à son clan. Nous avons affaibli le mouvement de rébellion là-bas, c'était bien le but de cette mission non ?

— Oui, Rolf.

Charlie était stupéfaite devant tant de soumission et par cette haine qui transperçait sa voix lorsqu'il parlait de Sofia et de son supérieur, qui devait arriver demain si elle avait bien tout suivi.

La jeune femme perdit le fil de ses pensées lorsqu'elle vit son kidnappeur mettre sous son nez la boite que tenait son sbire auparavant. Il avait ouvert le couvercle et une délicieuse odeur s'en dégageait, aiguisant l'appétit de la jeune femme qui fixait son contenu, l'eau à la bouche.

— On a faim, petit agneau ?

Le ton moqueur de Rolf la ramena à la réalité et elle détourna le regard de ce plat de spaghettis, semblait-il à la bolonaise, pour plonger un regard teinté de colère et de mépris dans celui du loup qui se mit à ricaner. Il plongea dans les pâtes une fourchette, surement fournie par l'autre loup avec cette sorte de lunch-box, la faisant tourner pour les entortiller autour des dents de métal. Il souffla dessus, puis lui tendit la fourchette comme pour lui donner la becquée.

Le regard de Charlie s'écarquilla puis elle se recula du mieux qu'elle put et détourna le visage, les prunelles bleus brillantes de défi et les lèvres scellées.

— Allons, tu as faim, je le sais. Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ? Quinze heures ?

Quinze heures ? Intérieurement, Charlie fit le calcul. Elle avait été inconsciente tout ce temps, en comptant le voyage dans la voiture et son passage à la clinique. Comme pour lui donner raison, son estomac émit un léger gargouillement qu'elle tenta de réduire en ramenant ses jambes près d'elle.

Le coin de la lèvre de Rolf se souleva et Charlie se sentit aussitôt indignée. Il se délectait de cette situation, elle pouvait le voir dans son regard moqueur et provocateur au fond duquel dansait une ombre inquiétante. Sans se départir de son sourire, Rolf mangea la bouchée qu'il lui tendait puis il posa la boite à coté d'elle en se frottant les mains.

— Comme tu voudras. On verra dans quelques heures si tu es toujours aussi farouche.

Puis il quitta la pièce. Charlie se sentit aussitôt délestée d'un poids et elle poussa un long soupir. Elle sentait son sang battre dans ses tempes, son coeur prenait petit petit un rythme normal. Il avait laissé le boite par terre, comme une petite provocation. Comment pouvait-elle manger de toute façon, le bras libre en écharpe et l'autre menotté au pied du bureau. Croyait-il qu'elle allait s'abaisser à se nourrir à même le sol, le nez dans cette gamelle improvisée, comme un chien ?

Elle n'était peut-être qu'une humaine, mais elle n'allait pas se laisser faire. Elle se demandait tout de même pourquoi il l'avait gardée en vie. Et pourquoi ici et pas dans une prison.

Lançant un regard amer à cette nourriture qui n'attendait qu'à être dégustée, Charlie la poussa du pied pour l'éloigner d'elle et elle s'installa le plus confortablement possible, le bras menotté plié au-dessus de sa tête, le poignet reposant sur son crâne, le dos appuyé contre le pied du bureau.

Les yeux clos, elle se demandait comment elle avait pu en arriver là. Elle n'avait pas forcé le destin, ni joué avec le danger, elle menait une vie tranquille. Tout cela n'était qu'un coup du sort, une mauvaise rencontre au mauvais moment. Si elle avait fait cette randonnée quelques jours avant, elle n'aurait sûrement pas rencontré Rolf et sa meute. Et si elle était là, aujourd'hui, c'était en raison de son lien avec Louis, Thomas, Victor, Jessica, Mickaël... ils avaient grandi ensemble et évolué dans la même classe, tissant des liens d'amitié très fort même si ceux-ci s'étaient étiolés avec le temps, en raison de leur orientation leurs choix de vie, mais aussi par la prise du pouvoir par les lycans. Et même si elle-même n'appartenait pas à la résistance, ses anciens camarades, eux, en faisaient partie.

Que pouvait-elle leur apporter ? Rien, elle n'avait aucune information et elle leur avait dit tout ce qu'elle savait là-bas, dans sa maison qui devait à présent être réduite en cendres.

Charlie sentit lentement un sentiment de désespoir s'emparer de son coeur. Elle n'avait plus rien, plus de foyer, plus de papier, tout avait brulé. Que pouvait-elle faire à présent ? Rien... c'était la seule réponse qui lui venait à cet instant, attachée au pied du bureau, assise sur le sol, un carrelage froid, sans chaleur, sans douceur.

La porte était entrouverte et elle entendait de l'agitation de l'autre coté, des rires, des éclats de voix. Ils semblaient bien s'amuser. Fêtaient-ils leurs glorieux exploits à Lépin ? Leur bucher ? Leurs centaines d'innocents morts brûlés vifs ? Les cris de douleurs résonnaient encore dans son esprit. Charlie serra les dents pour retenir les larmes qui menaçaient de couler, rejetant la tête et fixant le plafond.

Monstres...

*.*.*.*.*.*.*.*

Entre l'ennui, la faim et le manque d'énergie, Charlie se sentait faible. Plusieurs fois, elle sentit son esprit dériver, la plongeant dans un état de semi-conscience, souvent réveillée par les éclats de voix provenant de l'autre coté de la pièce. A un moment, elle réussit à s'endormir, malgré la position plus qu'inconfortable. Quand elle se réveilla, elle avait le corps endolori et le soir était tombé sur la villa. Charlie s'étira du mieux qu'elle put avant de s'immobiliser.

Il était là, appuyé avec nonchalance dans l'encadrement de la porte. Charlie allait lui lancer une remarque acerbe lorsqu'elle capta son regard. Malgré la semi-pénombre, il semblait légèrement brillant, un peu comme celui d'un chat, mais ce n'était pas le plus inquiétant. Si les mots de Charlie lui restèrent en travers de la gorge, c'était à cause de cet éclat qui brillait au fond de ses prunelles et ce sourire en coin, confiant, malsain tandis qu'il regardait chaque parcelle de son corps.

Charlie était pétrifiée de peur face à ce regard, incapable de dire quoi que ce soit, de bouger ou même de ciller. Dans une main, il tenait deux verres à pieds et de l'autre une bouteille, de vin lui semblait-il. Quand le regard du loup dévia sur son assiette, laissée au sol et toujours pleine, Charlie soupira bruyamment et reprit son souffle. Elle avait même arrêté de respirer, sans s'en rendre compte.

— Ce n'est pas bien de gaspiller, dit-il d'une voix faussement contrite.

— Mieux que de tuer de pauvres innocents ? Cracha-t'elle sans vergogne, la voix emprunte de haine.

Le rire de Rolf lui répondit.

— Bienvenue dans la réalité, petit agneau.

— Arrêtez de m'appeler ainsi ! Je ne suis pas...

Charlie ne put continuer sa phrase. Le loup s'était aussitôt rapproché d'elle, posant bouteille et verres sur le bureau avant de la saisir à la gorge, l'empêchant de parler davantage, mais aussi de respirer. Elle le fixait avec panique, le regard exorbité. Sa poigne était ferme, assurée, son visage si près du sien, tant qu'elle sentait son haleine chaude et alcoolisée contre sa joue.

— Je te conseille de t'adresser à moi sur un autre ton.

Tout en parlant, il relevait le bras, l'obligeant également à se redresser. Elle se retrouva bientôt en position debout, prise en étau entre le bureau et cet homme, entre le bois noble et le torse musclé du loup. La prise sur sa gorge se desserra, mais il ne s'écarta pas pour autant, et Charlie ne pouvait rien faire pour se dégager, sa main encore menottée au pied du bureau et l'autre maintenu en écharpe. Son cou se tendit à l'extrême, comme si elle pouvait ainsi lui échapper. Son coeur battait à la chamade.

— Bien, tu apprends vite.

Il avait parlé d'une voix basse tout en laissant glisser sa main le long de sa gorge, de son épaule, effleurant son sein avec une certaine satisfaction qui lui donna envie de vomir. Ses doigts continuèrent leur lente progression le long de son bras puis il saisit la bouteille et se servit un verre de vin, bien tapé, sans s'écarter d'elle.

— Tu devrais te détendre, dit-il d'un ton railleur avant de vider le verre d'un trait.

Charlie fut surprise par sa capacité à ingérer aussi rapidement ce verre d'alcool. Et ce n'était certainement pas le premier. Il avait une démarche moins assurée, mais il restait parfaitement lucide et sous contrôle. Derechef, il se servit un autre verre.

— Tu as été soignée. Et à présent tu vis dans une villa qui n'a rien à voir avec le taudis dans lequel tu vivais.

Taudis ? Certes sa maison n'avait rien de luxueux cependant elle était plus que correcte. Une maison de village.

— Vous attendez que je vous remercie ? Demanda-t'elle en essayant de contrôler les tremblant de peur dans sa voix.

— Peut-être bien, dit-il d'une voix étrangement douce et basse en la fixant avec intensité.

Charlie avait peur, mais sa fierté l'empêchait de céder facilement à ce monstre.

— Vous risquez d'attendre longtemps.

Son souffle se coupa à nouveau lorsque le loup se colla davantage contre elle.

— Je ne suis pas une personne très patiente. Et ce que je désire, je finis par l'obtenir. Tôt ou tard.

Brusquement, les mains de Rolf se refermèrent sur ses bras, les emprisonnant comme des bracelets de fer, destinés aux esclaves de l'ancien temps. Sa poigne était ferme, violente, il l'écrasait contre son torse, tant bien qu'elle avait l'impression d'être pressée contre une statue de marbre. Charlie en eut le souffle coupé. Ses lèvres entrouvertes par la surprise et la peur ainsi que cette désagréable impression d'étouffer furent aussitôt scellées par la bouche de cet homme. Le baiser forcé la paralysa un instant tant il était violent, empli d'un désir fiévreux. Ce fut la panique qui la fit réagir, mordant la langue du loup pour le forcer à se détacher d'elle, ce qu'il fit avec un grognement.

Rolf portait une main à ses lèvres, touchant l'endroit de la morsure. Le regard baissé l'espace d'un instant, Charlie savoura sa maigre victoire, mais lorsqu'il releva les yeux vers elle, elle constata que ses pupilles étaient presque entièrement dilatées.

— Je sens qu'on va bien s'amuser.

Comme s'il ne s'était rien passé, Rolf se servit un autre verre de vin, seulement, au lieu de le boire et prit le bas de son visage et le maintint fermement, la forçant à pencher la tête légèrement en arrière. Charlie sentit alors les bords du verre forcer ses lèvres et le liquide rouge se déverser dans sa bouche.

— Ça va t'aider à te détendre un peu.

Il se délectait de la situation. Charlie avala quelques gorgées de vin, trop surprise sur le coup. Le reste, elle le recracha allègrement sur Rolf qui s'écarta un instant. Mais c'était reculer pour mieux sauter. Il remplit à nouveau le verre et força une fois encore ses lèvres. Cependant, il força sa mâchoire à se fermer et pinça son nez, l'empêchant de respirer. Charlie se débattit puis avala du mieux qu'elle put le vin pour qu'il relâcha la pression.

— Sois sage, petit agneau. C'est du bon vin, ce serait dommage de le gâcher, dit-il en riant en se servant un nouveau verre tandis qu'elle toussait à cause des quelques gorgées qu'elle avait avalé de travers, mais aussi du manque d'air et de la panique.

Il recommença son manège deux fois. Puis, brusquement, il prit son poignet qui était menotté au bureau, maintenant l'autre menotte et tira violemment dessus. La mince chainette entre les deux anneaux se brisa, la détachant du bureau. Cet instant de liberté fut bien trop bref puisque le loup l'avait jeté sans ménagement sur son épaule. Il quitta le bureau et arriva dans une vaste pièce avec plusieurs espaces, salle à manger, petit salon de lecture, grand salon avec plusieurs canapé et une immense télévision. Il y avait même un petit bar. Il y eut quelques éclats de voix, mais elle ne perçut pas les teneurs de leurs propos. Rolf avait rapidement emprunté un escalier et c'est là qu'elle comprit.

Aussitôt, elle se débattit avec plus de force, mais il la maintenait fermement en place. Elle criait, lui disait de ne pas faire ça, le suppliait même. Rien n'y faisait. Il avançait jusqu'à parvenir à une chambre spacieuse. Là, il la déposa au sol et elle s'empressa de reculer, de s'éloigner de lui le plus possible. Elle voulait s'enfuir. Il resta devant la porte, la fixant d'un air victorieux, les prunelles emplies d'un désir qui l'effraya plus encore.

Il reprit une longue gorgée à même la bouteille de vin puis il la jeta au sol, vidée de son contenu. Comment pouvait-il encore tenir debout ? Là, il commença à déboutonner le haut de sa chemise, sans cesser de la regarder. Charlie se mit à regarder partout, mais il n'y avait aucune issue. Sauter par le balcon n'était pas une option, surtout dans son état. De désespoir, elle ouvrit l'une des portes. Un dressing, vide. Rolf se mit à chantonner doucement tout en se rapprochant d'elle, enlevant sa chemise et la laissant tomber avec négligence sur le parquet.

La peur augmenta d'un cran. Une autre porte. C'était la salle de bain, luxueuse, faite de marbre noir. La robinetterie était dorée, les miroirs nombreux. Il y avait deux grandes vasques et une immense baignoire au fond. Elle fouilla les placards. Rien. Tout était vide. Elle fit demi-tour. Rolf était dans l'encadrement de la porte, a demi-nu, à présent uniquement vêtu d'un boxer qui dissimulait à peine le désir qu'il avait pour elle à cet instant.

— Tu ne peux pas t'échapper. À quoi bon. Laisse-toi faire et peut-être même que tu aimeras ça. Tu en redemanderas.

— Non !

Le sourire de Rolf s'agrandit tandis qu'elle sentait dans son dos le meuble aux vasques. Rapidement, il brisa la distance entre eux et s'empara de son visage pour l'embrasser. Elle tenta bien de le repousser, mais il avait une telle force. De plus, elle avait l'impression d'être vidée de toute énergie et son esprit tanguait. Le loup grogna tandis qu'il lui arrachait son attelle qui maintenait son bras et son épaule. Puis, il prit le col de sa chemise et écarta les pans, faisant sauter les boutons. Rolf contempla sa poitrine, enserrée dans son soutien-gorge qui subit le même sort et fut arraché sans vergogne.

Il se pressait tellement contre elle que Charlie se retrouva presque assise sur la vasque tandis qu'il embrassait ses seins, son ventre, la retenant aisément, les mains dans le creux de ses reins.

Charlie ne put retenir les larmes de peur et de rage. Elle ne voulait pas. Elle voulait se défendre. Mais elle n'y arrivait pas. Puis il la prit par la taille et la souleva en la maintenant contre lui. Elle avait beau le griffer, il ne réagissait pas. Ses jambes s'agitaient dans le vide et ne parvenaient pas à le toucher. Puis, il la lâcha et elle atterrit sur le lit, sur le dos. Rolf en profita pour attraper le haut de son pantalon et tirer dessus. Le bouton subit le même sort et sauta. Habilement, il parvint à lui enlever. Elle avait beau se tortiller, tenter de retenir son vêtement, rien n'y faisait. Et tout était si flou. Elle sentit son corps pesait soudainement sur elle, un poids sur sa poitrine, qui l'écrasait, la maintenait. Les lèvres de Rolf parcourait son corps, fiévreusement.

Puis elle se sentit partir. Le noir complet.

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