Chapitre 11
La créature était immense. Si sombre dans la nuit. Tellement menaçante alors qu'elle était seule et perdue. Si frêle. Qu'une enfant de neuf ans. Elle voulait sa maman. Elle la voit prendre appui sur ses pattes arrière, puis, elle bondit dans sa direction. Elle ne peut retenir un hurlement de peur, fermant les yeux et mettant ses bras devant son visage pour se protéger.
Et pourtant, elle ne sentit aucune douleur. Quant elle rouvrit les yeux, le loup noir avait le ventre à terre, les oreilles en arrière, en position de soumission. Une sorte de couinement sortait de sa gueule, fermée. Était-ce elle ?
La lueur de la lune se voila et bientôt, l'obscurité fut totale dans la forêt. L'air se chargeait d'une lourde tension. Un orage allait bientôt éclater.
Un nouveau grognement surgit derrière elle. La crainte monta en flèche mais elle n'eut pas la force de se retourner. Elle ne pouvait plus bouger. Les grognements se rapprochèrent et le loup noir se mit à reculer. Charlie sentit alors une créature approcher dans son dos, un souffle chaud sur sa nuque. Puis, la créature passa à coté d'elle. Elle pouvait sentir la douceur de son poil, la chaleur de son corps. Il passa devant. Le loup n'était pas plus gros, son poil était d'un gris profond.
Charlie ne voyait presque plus rien. Elle ne distinguait que les deux formes des loups qui se grognaient l'un sur l'autre, le loup gris semblait avoir le dessus sur l'autre. D'ailleurs, le loup noir finit par déguerpir sans demander son reste.
Charlie se retrouva seule avec l'autre loup qui finit par se détendre. Il se tourna vers elle et s'assit, gueule fermée, oreilles droites. Étrangement, la crainte s'envola. Plus de menace.
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Cette fois-ci, Charlie ne se réveilla pas en sursaut. Si à chaque fois, la peur l'accompagnait à son réveil, cette fois, ce sentiment était loin, laissant place à une étrange sérénité.
Était-ce un souvenir ou le fruit de son imagination ? Jamais elle n'avait fait ce genre de rêve. Elle avait commencé à en faire depuis... tout ça. D'un geste agacé, Charlie repoussa les couverture au bout du lit, ouvrit les volets et la fenêtre de la chambre pour prendre un bon bol d'air frais.
De nouveau seule dans l'appartement, Charlie se dépêcha d'enfiler un petit déjeuner et de réunir quelques affaires. Aujourd'hui, elle allait dans le ventre de Paris.
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L'entrée était là, comme l'avait dit Marcel. C'était le petit matin et il n'y avait pas âme qui vive. Après avoir vérifié qu'elle n'était pas suivie, Charlie se faufila dans ce mince espace entre les deux murs, avançant latéralement en tachant de respirer lentement pour ne pas angoisser inutilement. Puis, elle poussa la porte ancienne qui s'ouvrit sans difficulté et pénétra dans un espace clos. De suite, Charlie referma derrière elle et prit la lampe torche que lui avait passé l'archiviste. C'était une sorte de bunker qui devait dater de la seconde guerre mondiale. Il y avait également une autre porte mais qui resta close, malgré ses efforts.
— C'est pas vrai, grogna-t-elle en se tirant les cheveux.
Lassée, elle s'appuya contre le mur, complètement dépitée par cette tentative infructueuse qui brisait tous ses espoirs. Cependant, une étrange sensation lui fit froncer les sourcils. Derechef elle se retourna et se mit à tâtonner le mur jusqu'à ce que ses doigts s'insèrent dans une mince fissure, ce qui lui permit de dégager une large pierre qui coulissa à l'aide d'un mécanisme. Une entrée secrète, dissimulée dans le mur. Le trou n'était pas large, il fallait ramper pour s'y faufiler.
Ce n'était guère rassurant et Charlie n'était pas fan de spéléologie, malgré son caractère aventureux, toutefois, elle mit son appréhension de coté et entra dans ce trou les pieds en avant pour pouvoir fermer cette porte secrète derrière elle. Son avancée fut laborieuse mais elle se retrouva rapidement dans un couloir plus large, qui lui permettait de tenir debout.
D'après le plan, elle devait partir à droite une fois passé l'entrée. Lentement, Charlie se mit à avancer et bientôt, elle rencontra un mur mais surtout une échelle qui s'enfonçait dans les profondeurs de Paris.
— Bienvenue dans les Catacombes, souffla-t-elle pour elle-même.
Et elle descendit. Profondément. Dans le couloir qu'elle trouva après, elle trouva de l'eau. Et plus elle s'enfonçait, plus l'eau montait. Étrangement, c'était une eau clair, transparente et surtout fraiche.
Mais plus que l'eau, ce fut ce silence vaste et inquiétant qui impressionna Charlie. Elle ne percevait que le son de son souffle saccadé et le bruit de l'eau. Charlie doit plusieurs fois s'arrêter et retrouver son calme tant l'environnement est oppressant, d'autant plus qu'elle était seule. Trouver la résistance, scande-t-elle, à voix haute ou dans sa tête, comme un mantra. Cela l'aide à avancer, à éloigner cette peur viscérale.
A quoi doit-elle s'attendre ? Un campement ? Une cachette ? Trois mecs paumés et devenus fous à cause de la solitude ? En tout cas, elle devait tenter sa chance.
Par moment, dans les galeries, elle se retrouve à marcher sur des os. Ça sent la putréfaction. L'humidité. La mort. Le silence est tellement présent que chaque bruit la fait sursauter.
Plusieurs heures passèrent. Jamais elle n'aurait pu croire que ce périple serait si long. Auquel cas, elle aurait prévu quelque chose à manger ou à boire. Avec toutes ces émotions, la faim et la soif la tiraillaient. Pas de portable. Pas de montre. Charlie n'a plus aucune notion du temps.
Alors qu'elle marchait, encore et encore, Charlie se mit à penser. A ce qu'elle était. Ce qu'elle représentait. Rien. Elle n'était qu'un oiseau en cage, retenu prisonnier pour sa propre sécurité, un animal traqué par un homme bien décidé à faire d'elle un trophée de chasse. Un lâche, incapable de résister, de faire quoique ce soit pour se rebeller. Voilà comment les lycans les voyaient... et avaient-ils tort ?
La liberté ? Oh nous l'avions, disaient-ils. Dans certaines régions, comme celle de Charlie, le peuple humain pouvait vivre sans chaîne. Quelle blague. Aucun poste important. Des taxes pesantes. Pas d'accès à certaines choses comme des traitements, des propriétés. L'école ? L'enseignement y est contrôlé. Toute transgression conduisait à la mort ou l'esclavage.
La flamme de l'insurrection brulait en son âme... mais elle était seule. Trouver la résistance. Se libérer des chaînes. Retrouver la liberté.
Les murs se rétrécirent et bientôt Charlie fut obligée de ramper pour avancer. De la sueur se mit à couler le long de son dos mais elle se mordit l'intérieur de la joue pour s'empêcher de hurler ou de pleurer. Quand cette partie plus hardie fut passée, la jeune femme se retrouva à une sorte de carrefour. Le plan ne parlait pas de ça. Était-elle partie trop loin ?
Soudain, un bruit. Charlie sursauta et se mit à agiter sa torche avant de l'éteindre subitement et de se coller au mur. Des murmures. Un bruit de pierres, roulant sur le sol. Discrets. Si le silence des catacombes n'avait pas été si total, Charlie n'aurait rien entendu. Et si c'était l'un d'eux. Et s'ils patrouillaient dans ces lieux souterrains ? Charlie scrutait l'obscurité en vain. Son coeur battait à tout rompre. Elle avait arrêté de respirer. Les loups pouvaient rôder dans l'obscurité la plus totale, vous repérer au moindre soin, la moindre odeur.
Les murmures avaient disparu. Avait-elle rêvé ? Non ! Il y avait dans l'air quelque chose, une odeur, une pesanteur. Lentement, elle se baissa et tâtonna le sol à la recherche d'une pierre, de quelque chose pour se défendre. Même un os, un fémur, ferait l'affaire.
Puis, la lumière fut. Aveuglante. Instinctivement, Charlie mit les mains devant ses yeux pour se protéger.Charlie voyait cette lumière danser derrière ses paupières closes. Mais elle se força à ouvrir les yeux, en papillonnant des yeux, enfin de ne pas rester vulnérable.
— Qui es-tu ?
Une voix froide, tranchante. Masculine. Elle distingue sa silhouette dans le noir mais ne peut voir son visage. Cependant, elle distingue bien dans son autre main la lame d'un long couteau pointé dans sa direction. La peur la rendit aussitôt muette.
— Parle, dit-il à nouveau, le ton plus fort.
— Je...
Sa propre voix lui semble étranglée, si basse... Puis, il y eut d'autres lumières qui éclairèrent les lieux et Charlie ferma à nouveau les yeux, éblouie.
— Oh par le saint cul de la vierge !
Charlie se tendit aussitôt. Cette voix ! Cette expression...
— C'est Charlie !!
— Louis !!! S'écria-t-elle en se redressant.
Malgré la lumière aveuglante, elle vit une silhouette se détacher du groupe et s'avancer vers elle en jouant des coudes.
— Charlie, souffla alors la voix du meneur, dénuée de froideur.
C'est alors qu'elle le reconnut, une fois ses yeux habitués à la lumière.
— Victor.
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— Je suis tellement désolé, Cha'.
La jeune femme posa une main rassurante sur l'épaule de Louis.
— Je suis en vie, c'est tout ce qui compte, lui dit-elle d'un ton rassurant.
Néanmoins, Louis gardait la mine sombre. Le petit groupe de résistant était un groupe d'éclaireur qui parcourait les catacombes pour vérifier qu'aucun lycan ne trainait dans le coin ni ne soupçonnait leur présence. Il avait guidé Charlie jusqu'à leur base, une large place souterraine, décorée de graphes mais le plus impressionnant était cette large fresque imitant la vague de Kanagawa, de Hokusai. La plage, ils appelaient ça, en raison du sable sous leurs pieds.
Elle leur raconta tout ce qu'il s'était passé depuis le Mont Grelle, sa rencontre avec Rolf, le fait qu'elle ait désigné tous les membres sur leur photo de classe, le sauvetage de Wulfran et où elle en était aujourd'hui.
— Vous savez si Thomas...
Son visage en sang, tuméfié, lui revint en mémoire.
— Il est toujours en vie. Ils le questionnent et tant qu'il n'aura rien dit, ils le garderont en vie, déclara Victor d'une voix neutre mais qui trahissait néanmoins son angoisse.
Il avait beaucoup changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vu, et c'était bien avant la Grande Révélation. Ses traits, perpétuellement arrogants, avaient pris une emprunte plus sombre et froide, son regard bleu-vert, dans lequel elle adorait plonger, autrefois, était devenu de marbre, inexpressif et presque calculateur.
Ce n'était pas pour rien qu'il était dans la résistance. Il était combattif, efficace, logique.
— Depuis quand êtes-vous à Paris ? Demanda-t-elle. Je croyais que vous étiez restés dans la région, demanda-t-elle à Victor.
Victor s'approcha et s'assit à ses cotés. Charlie eut un frisson. C'était étrange de le revoir, après si longtemps. Son coeur manqua un battement lorsqu'il ancra son regard en elle. Charlie avait toujours aimé cette façon qu'il avait de la regarder, avec cette étrange intensité et cette chaleur humaine. Aujourd'hui, même s'il semblait plus froid, plus autoritaire, il avait toujours cette même aura séduisante.
Il glissa un pull autour de ses épaules et le plaça correctement, peut-être plus que de mesure. Puis, il dégagea quelques mèches de son visage, en profitant pour caresser ses joues.
— Ça fait un an que je suis arrivé ici, avoua-t-il sans détacher son regard d'elle. On gardait contact avec la région grâce à Louis et Thomas.
Un an... un an à vivre ici, sous terre, comme des rats.
— Quand Louis nous a rejoint ici et qu'il nous a tout raconté, j'ai voulu organiser un raid pour te récupérer mais...
— Mais c'était une opération suicidaire, intervint une voix.
Aussitôt Victor se redressa et Louis en fit de même.
— Général Leroy, s'exclamèrent-ils d'une même voix.
— Vous devez être Charlotte, dit-il en s'avançant dans sa direction après avoir fait un signe de tête aux deux garçons.
— Charlie, rétorqua aussitôt la jeune femme en se redressant et en serrant la main tendue du général.
Le général avait de l'allure. Il devait avoir la quarantaine, le menton fier, le regard brillant d'intelligence.
— Ce n'était pas contre vous, mais Wulfran Byrne n'est pas n'importe qui.
— C'est un Moniris, d'après ce que j'ai entendu mais il ne fait pas parti de... comment ils avaient dit déjà. La Pretoria... mais Rolf en fait partie.
Le général hocha la tête.
— Rolf Andersen. C'est lui qui a mené la charge sur notre village, déclara Louis en serrant les dents.
— La Pretoria est une troupe d'élite, les meilleurs loups au service de Fenrir. Ils chassent, traquent, tuent... et ils sont très bon pour ça. Mais ça, tu le sais déjà, souffla Victor, d'une faible voix.
Charlie secoua la tête.
— Tu ne pouvais pas savoir, Victor.
Victor garda le silence.
— Mais si Andersen est particulièrement dangereux, Byrne l'est encore plus. Il est particulièrement bien renseigné. C'est lui qui organise les rafles, les opérations, rassemble les informations.
— Les rafles ? Demanda Charlie d'une voix blanche tout en se tournant vers Louis.
Ce dernier haussa les épaules.
— Je te l'avais dit, Cha'. Ils veulent tous nous parquer, nous réunir, nous contrôler...
— Et c'est lui qui organise ça ?
Le Général hocha la tête.
— C'est un excellent tacticien et plusieurs fois il a bien failli nous prendre.
— Mais heureusement, Dupin nous a, à chaque fois, évité la catastrophe.
— Dupin ? S'étonna Charlie.
— C'est notre contact à l'extérieur qui nous renseigne sur les intentions de Fenrir et les possibles raids et rafles de la région.
Soudainement, la mine de Louis se fit plus grave.
— Si on n'avait pas fait la randonnée et si je n'avais pas organisé de rendez-vous au sommet avec quelques membres de la résistance locale, on aurait pu y échapper. Si je ne t'avais pas embarqué avec moi, tu aurais pu t'en sortir et éviter tout ça...
— Dupin a pu nous prévenir de ce qui allait se passer dans la région. Avant qu'ils ne brulent tout, la plupart des habitants avaient pu s'échapper.
Alors ils n'étaient pas tous morts ? On avait pu en sauver certains ! Un long soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. En tout cas, ce ou cette Dupin était très certainement quelqu'un qui travaillait à proximité du pouvoir.
— Des magnétos diffusaient des cris pour rester crédible et ne pas attirer les soupçons.
Il y eut un léger silence puis le Général s'approcha plus encore de leur petit groupe et se tourna vers Charlie, le regard fixe.
— Tu vis chez Byrne, c'est ça. Tu dirais qu'il te trouve à son goût ?
Charlie garda la silence un moment, trop choquée pour répondre.
— Général, s'insurgea Victor.
Mais il n'eut pas l'occasion d'en dire davantage, Leroy avait levé la main dans sa direction pour lui intimer de se taire.
— Que serais-tu prête à faire, demanda l'autre.
— C'est à dire ?
— Pour Thomas. Pour nous tous. Jusqu'où serais-tu prête à aller ?
Charlie le regarda droit dans les yeux.
— S je suis prête à baiser, c'est ça ?
L'autre se renfrogna.
— C'est dit vulgairement !
— Mais c'est l'idée non ?
Il y eut un silence.
— Charlie... tu n'es pas... commença Victor.
— Obligée ? Non je ne le suis pas... mais si pour ça on peut sauver Thomas et les faire tomber...
C'est alors qu'elle se rendit compte d'un détail important.
— Quelle heure est-il ? Demanda-t-elle soudainement en se redressant.
— Seize heures passé. Pourquoi ? S'étonna Louis.
— Oh merde, il faut que je sois à l'appartement avant lui. Que va-t-il penser s'il me trouve dans cet état ? S'exclama Charlie en montrant sa tenue, trempée et l'état de ses cheveux.
— Merde, cria Victor tout en lui prenant la main.
Sans perdre un instant, il se précipita hors de leur QG en l'emportant à sa suite.
— Les braises sous la cendre, s'écria le Général tandis qu'ils disparaissaient.
— Suis-moi. Je vais te guider jusqu'à la sortie la plus proche.
— Il y a d'autres sorties ?
— Oui. Nous les scellons de l'intérieur pour que les loups ne soupçonne pas notre présence. La seule entrée est celle que tu as prise et seuls nos membres la connaissent.
Sur le chemin, Charlie ne prêta pas attention aux os, aux graphes, aux oeuvres d'arts sculptées par les cataphiles, bien avant la Grande Révélation. Combien de temps déambulèrent-ils ? Elle n'en avait aucune idée tant elle avait perdu la notion du temps. Ils arrivèrent enfin à un endroit où se tenait une vieille échelle rouillée qu'ils gravirent.
Victor sortit un outil étrange de sa poche et grâce à lui, il put soulever la dalle avec une lenteur calculée et surtout en silence. D'un signe, il lui demanda de grimper et Charlie n'eut d'autres choix que de monter sur son dos, de prendre appui sur ses épaules et enfin de sortir à l'air frais. Il pleuvait des cordes.
La plaque débouchait sur une ruelle déserte de la ville et, peut-être grâce à ce temps orageux, il n'y avait personne en vue.
— Charlie, souffla Victor. Fais attention à toi. Et maintenant... tu sais où nous trouver.
— Merci Victor.
Victor lui offrit un large sourire qui lui fit chaud au coeur.
— C'est bon de te revoir, petite étoile. Les braises sous la cendre.
Puis il disparut dans les profondeurs souterraines de la capitale. Charlie resta un instant immobile, émue par ce petit surnom qui faisait remonter tant de souvenirs, puis elle se leva et se mit à courir. Elle ne devait pas perdre un seul instant.
Quand elle revint à l'appartement, Charlie se précipita dans sa chambre, enleva ses vêtements et les fourra sous le lit. L'odeur... Complètement nue, elle reprit le tas et fourra le tout dans la machine à laver. Une chose de faite. Elle y mit également ses baskets. Ne rien laisser au hasard. Si Wulfran était vraiment ce chef du renseignement, comme l'avait dit le Général, elle devait faire très attention.
Sans perdre une seconde de plus, elle se glissa sous la douche et se lava. Dans sa préicipation, elle ne prenait pas attention aux produits qu'elle prenait. Ce n'est qu'en sentant l'odeur boisée du shampoing qu'elle se rendit compte qu'elle avait pris celui pour homme.
Mais bref, quelle importance.
Quelques minutes plus tard, la salle de bain était embuée mais elle était propre, lavée de tout soupçon. Charlie prit le temps de respirer, le corps et les cheveux enroulés d'une serviette. Un coup de serviette sur le miroir et Charlie put contempler son reflet.
Plus d'hématomes. Plus de trace des coups de Rolf. Son épaule et sa cheville étaient rétablis. Elle semblait néanmoins plus mince. Le choc et l'angoisse avait noué son estomac tant bien qu'elle n'avait que peu d'appétit... mais il revenait petit à petit.
Grâce à lui...
Charlie se secoua la tête. Non, elle devait faire attention à lui. Il était dangereux. Elle enleva la serviette de ses cheveux et peigna ses cheveux blonds. Rapidement, elle les sécha et alors qu'elle allait se vêtir, elle se rendit compte que dans sa précipitation, elle n'avait pas pris ses vêtements.
En pestant, elle sortit de la salle de bain mais quand elle ouvrit la porte, la tête basse, elle ne vit pas Byrne dans le couloir et son corps rencontra le sien.
Dur comme un roc.
Avec le choc, sa serviette se dénoua et Charlie eut bien du mal à le retenir pour dissimuler au moins le devant de son corps. Wulfran inclina la tête avec un sourire en coin.
— Vous savez, je vous...
— ...ai déjà vu nue, oui je sais. Mais ce n'est pas une raison.
Et alors qu'elle le contournait pour se précipiter dans sa chambre, il la retint par le bras.
Dans la lueur diffuse du plafonnier, il ne ressemblait plus à ce loup malicieux et sauvage. La lumière venait chasser ces traits pour révéler un masque à l'expression brute, impérieuse et néanmoins absente. Ses narines se contractaient légèrement. Une légère tension s'installa et Charlie se sentit mal à l'aise. Avait-il remarqué quelque chose ?
— Quelque chose ne va pas, Wulfran ? Demanda-t-elle étourdiment, perdue dans son angoisse d'avoir été découverte.
Il tressaillit, comme si elle venait de le soustraire d'une intense réflexion. Un sourire paresseux étira ses lèvres.
— Je voulais dire Monsieur Byrne, se rattrapa-t-elle aussitôt.
— Vous avez utilisé mon shampoing, dit-il en l'interrompant et en fixant ses cheveux.
Charlie eut une toux gênée.
— Est-ce que ça vous pose un problème ?
— Aucunement. Bien au contraire, dit-il en finissant par un faible murmure presque inaudible.
Cette phrase éveilla en elle une vague de chaleur, qui se renforça face à l'intensité de son regard.
Les mots des membres de la résistance lui revirent alors en mémoire. « Te trouve-t-il à son gout ? » « Jusqu'où serais-tu prête à aller. » Mais surtout, le récit qu'il avait fait de Wulfran, ses actions, sa position... Il était dangereux. Terriblement dangereux. Et le pire... c'était qu'elle n'en avait absolument pas conscience. Et ça, c'était effrayant.
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